Lectures (PE n° 1080)

Andrea Riccardi, Périphéries Crises et nouveautés dans l’Eglise, Cerf – 2016, 195 pages, € 18

Dans un premier chapitre, intitulé « Le retour des périphéries », l’auteur essaye de nous communiquer son diagnostic sur l’époque actuelle avec d’importants changements de société qui ne sont pas sans influencer la vie de l’Eglise : La vie communautaire de nos villes n’est plus la même. (p.17). Les Eglises de la périphérie (du Tiers Monde) ont fait une entrée en force dans l’univers du catholicisme universel (p.19) Mais malgré tout cela, notre Eglise a cherché à maintenir son caractère institutionnel. Elle n’a pas choisi les périphéries. Un repositionnement fondamental, une restructuration est tout à fait de mise (p.34) ; de là l’intérêt de l’appel du Pape François en faveur des périphéries (p.7 & 22)

Dans son 2ème chapitre, nous retrouvons le Riccardi, historien, qui nous parle des périphéries dans l’histoire du Christianisme. S’il mentionne que les périphéries n’ont jamais été totalement oubliées, il affirme cependant que « sur le long terme, un divorce tendanciel s’est produit entre l’Eglise et les êtres de la périphérie » (p.53). Souvent, il a fallu un nouveau départ pour l’Eglise. Tels ont été les moines ou ermites au désert, exemple révélateur d’un nouvel essor périphérique par rapport à l’institution (p.60-66).

Le 3ème chapitre veut nous présenter les périphéries d’aujourd’hui avec l’histoire récente du Catholicisme en Europe. L’auteur s’étend sur l’exemple de la ville de Paris avec le Cardinal Suhard : la Mission de Paris (ou Mission de France). Dès 1943, ce dernier perçoit la nécessité de s’insérer dans les mondes périphériques : « Il faut sortir de chez nous, aller chez eux ! » (p.84) Cela revenait à reconstruire des communautés chrétiennes depuis la base ; soit faire renaître l’Eglise depuis l’intérieur du monde périphérique (p.100-102). C’est ce que plusieurs ont essayé et l’auteur nous présente alors les efforts de Charles de Foucauld, la communauté Sant’Egidio (dont il est le fondateur) ; sans oublier quelques femmes comme Petite Sœur Madeleine de Jésus et sa congrégation internationale ainsi que Madeleine Delbrel en banlieue parisienne. Pour tous et toutes, il ne s’agira pas de « guider mais être avec » (p.128), ne pas chercher à exercer une influence mais réaliser une présence humaine et évangélique (p.131). C’est un apostolat et une présence centrée sur l’Evangile « lu et vécu en périphérie » (p.119). Ce sera alors la manifestation d’une « Passion évangélique pour la périphérie » (p.138) ; le début d’un cheminement progressif pour passer d’une communauté ecclésiastique à une Eglise du Peuple (p.149). Ce sera une route que notre auteur identifie à « l’exode » (p.150)

Riccardi n’est ni un anthropologue ni un sociologue. On ne trouvera donc pas une description précise de ces périphéries. Il fait état de notre époque comme « recouverte d’une poussière de formes multiples de religiosité » (p.149) On peut y voir une évocation des sociétés multi religieuses ou multi convictionnelles de nos jours. Deux fois seulement il y fait mention des musulmans (p.137 & 150) en nous interpellant sur notre capacité à nous laisser questionner par la présence des autres.

Il y a bien des années, l’abbé Godin avait écrit un livre emblématique : « France pays de Mission ». Aujourd’hui, nous avons Andrea Riccardi et son livre sur les périphéries. Il nous lance un appel qu’éclaire une de ses conclusions :
« La régénération de l’Eglise et de la vie chrétienne part précisément de la passion pour les périphéries et pour les êtres de la périphérie : on peut même dire qu’elle part de la redécouverte de la tâche joyeuse de vivre et de communiquer l’évangile dans la périphérie. » (p.151)

Allons-nous entendre son appel ? Les plus jeunes oseront ils se lancer au sein des périphéries ? Et les plus anciens sauront ils leur laisser l’espace nécessaire pour répondre à cet appel. L’avenir nous le dira. Ce qui est certain, c’est que la société multi convictionnelle d’aujourd’hui attend notre réponse.

Gilles Mathorel

Publications (PE n° 1080)

Patrick Nuwe-Agabah, Is Thomas Hobbes’ seemingly bleak political anthropology realistic ? Thesis submitted to the University College Dublin in partial fulfillment of the requirements for the degree of Master of Arts in Philosophy, Dublin, 2016, 48 p.

Raphaël Deillon, Comment vivre aujourd’hui la radicalité de l’Évangile. Le 28ème chapitre des Missionnaires d’Afrique in Spiritus N° 224, Septembre 2016, pp. 270-276.

Leo Laurence Maria Joseph, « Je suis avec vous tous les jours… » in Spiritus, n° 224, Septembre 2016, pp. 303-311.

Augustin Arteche Gorostegui, Contornos del Islam en Europa, in SEDOS Bulletin, vol. 48, n° 9/10, september-october 2016, pp. 8-17. English version in SEDOS website : www.sedosmission.org

Jean Fontaine, Du côté des salafistes en Tunisie. 26 juin 2011-25 juin 2013, editions Arabesques, 2016, 256p.

Centre Culturel et de Documentation Saharienne (CCDS) de Ghardaïa, Il y a 100 ans en Algérie, Catalogues d’exposition de photos : 1. Avec le musée de Laghouat (23 avril au 21 mai 2016). 2. Avec le musée de El Menea (8 au 22 octobre 2016). 3. Dans six lieux de la wilaya de Ghardaïa (29 octobre au 12 décembre 2016).

Piet van der Pas, Maurice Bellière, père blanc et Ste Thérèse de Lisieux, carmélite. Récit d’une amitié spirituelle, Heythuysen, M.Afr., 2016, 19p. (existe en trois versions : Flamand, Anglais, Français.)

John Somers, Historia ya parokia ya Bukumbi, Mwaka 1883-2008, Mwanza, 2016, 38p.

Les Pères Blancs au Sénégal (PE n° 1080)

Après son décès, en février dernier, parmi les nombreux écrits laissés par Joseph de Benoist, le P. François Richard a trouvé cet article non publié. Dans notre préparation du 150ème anniversaire de la Société, nous faisons mémoire de certaines figures de confrères qui ont marqué leur entourage… Ici, nous avons plusieurs confrères qui ont écrit une page de l’histoire de l’Eglise au Sénégal, que sans doute beaucoup d’entre nous ne connaissent pas.

Les premiers Pères Blancs à venir au Sénégal sont les PP.Eveillard, Dupuis et Ficheux, compagnons du P.Augustin Hacquard, qui venaient fonder les missions de Ségou et de Tombouctou. Débarqués le 5 janvier 1895 à Dakar, ils prirent le train pour Saint-Louis du Sénégal, où le P.Hacquard donna une conférence à l’Alliance Française. Le 16 janvier 1895, la caravane embarqua sur le Brière de l’Isle, un vapeur de 50 tonneaux qui, en cette période de basses eaux, n’allait que jusqu’à Podor où il arriva le lendemain et où les missionnaires embarquèrent sur des chalands qui les amenèrent à Kayes le 12 février. De là les Pères continuèrent leur route en train, en pirogue, à cheval et à pied jusqu’à Ségou où ils arrivèrent le 1er avril 1895. Les années suivantes, plusieurs caravanes de Pères Blancs transitèrent par le Sénégal, où ils reçurent toujours un accueil très fraternel des PP. Spiritains.

P. Augustin Hacquard et P. Auguste Dupuis

En juin 1947, les Ordinaires appartenant aux trois Instituts missionnaires travaillant en Afrique Occidentale française (Congrégation du Saint-Esprit, Missions Africaines, Pères Blancs) se réunirent à Koumi ; étaient absents, deux évêques spiritains : Mgr Grimault (Dakar, alors démissionnaire) et Mgr Lerouge (Conakry). Les évêques décidèrent de coordonner leurs activités et nommèrent le P. Jacques Bertho (SMA), représentant fédéral de l’Enseignement Privé Catholique, et le P. Georges Courrier, spiritain, directeur fédéral des Œuvres (cela désignait alors toutes les formes d’Apostolat des Laïcs). Ils demandèrent aux Pères Blancs de prendre en charge la communication sociale.

P. Marcel Paternot dirigeant une prière

Cette tâche fut confièe au P. Marcel Paternot, ancien préfet apostolique de Bobo-Dioulasso, démissionnaire à la suite d’un accident et alors procureur à Lyon. En 1948, le P. Paternot arriva à Dakar, mais le P. Salomon, alors vicaire capitulaire, lui demanda de s’installer à Rufisque, à 25 km de Dakar. Le Père obtint bientôt de louer à l’Armée française des baraquements situés à Cambérène , dans les environs immédiats de la capitale. Il reçut du renfort en la personne des PP. Prost, Rummelhardt et Jamet et du Fr. Roger-Marie. Un peu plus tard arriva le P. Henri Etienne qui prit en charge une procure : à l’époque la plupart des Pères Blancs allant au Soudan voyageaient par bateau et transitaient par Dakar. Le P. Paternot acheta un terrain entre le quartier résidentiel et administratif du Plateau et du quartier populaire de la Médina. Il y fit construire un immeuble de deux étages, en face de l’actuelle Grande Mosquée. En même temps il prépara le lancement d’un périodique.

P. Jamet

Le premier numéro d’Afrique Nouvelle parut le 15 juin 1947. D’abord bimensuel, la publication devint très vite hebdomadaire et était diffusée en AOF, au Cameroun et en AEF en attendant que soient créés La Semaine en AEF et l’Effort Camerounais. Dans ce premier numéro, l’éditorial était de Joseph Ki Zerbo, et le P. Paternot expliquait la devise du journal : Connaître, Aimer, Servir. En octobre 1950, le Conseil généralice envoya deux confrères acquérir une formation professionnelle à l’Ecole Supérieure de Journalisme de Lille : les PP. François Jacquet (ordination 1949) et le P. Roger de Benoist (ordination 1950). Le P. Jacquet vint renforcer l’équipe dés octobre 1950, et le P. de Benoist, après quelques stages en France, arriva à Dakar le 15 mai 1951 en remplacement du P.Jamet.

Malgré un tirage qui resta toujours modeste, Afrique Nouvelle devint très vite un élément essentiel de l’évolution socio-politique de l’AOF. Pendant les quinze premières années de son existence, l’hebdomadaire n’eut aucune concurrence (ni radio, ni télévision et presque pas d’autres journaux). Il devint très vite l’unique moyen de dialogue entre les dirigeants africains et leurs électeurs. Félix Houphouët Boigny a dit : « Si vous voulez faire savoir quelque chose en AOF, écrivez-le dans Afrique Nouvelle ». Un procès intenté par le Gouverneur général Béchard en 1951 confirma la conviction des lecteurs que l’équipe du journal était aux côtés des Africains dans leur combat contre les abus de la colonisation et bientôt dans leur aspiration à l’indépendance.

Cette orientation du journal ne plaisait pas à son tuteur ecclésiastique, Mgr Marcel Lefebvre, vicaire apostolique, puis archevêque de Dakar. Ce dernier demanda au Supérieur général des Pères Blancs le départ du P. Paternot en août 1952 , et celui de son successeur, le P. Rummelhardt en septembre 1954. Rome demanda au P. de Benoist d’assurer pour quatre mois un interim de la direction. Faute d’un accord entre Mgr Lefebvre et les Pères Blancs sur la nomination d’un nouveau directeur, cet interim dura jusqu’à la fin de 1959. (Lorsque le P. de Benoist déposa son dossier administratif de directeur de publication, il reçut l‘autorisation de devenir directeur de publication sous les prénoms de Joseph Marie Roger, ce dernier étant le seul couramment utilisé jusque là par ses proches. D’où la modification de l’état-civil du Père : Joseph-Roger.) Entre temps jaillit une autre source de conflit. Le journal était fabriqué dans une imprimerie commerciale. En 1955, pour pouvoir assumer plus complètement la mission reçue en 1945, les Pères Blancs envisagèrent de créer une Oeuvre de presse avec une imprimerie commerciale capable de publier d’autres organes et des livres. Les Sœurs de Saint-Pierre Claver, spécialisées dans l’apostolat du livre, étaient prêtes à venir s’installer à Dakar. Craignant une concurrence pour son imprimerie diocésaine, qui était source de revenus, Mgr Lefèbvre s’opposa à cette fondation, fit appel à l’Œuvre de Saint-Paul (Fribourg) pour diriger sa propre imprimerie et obligea les Pères Blancs à y faire imprimer Afrique Nouvelle. En 1955, le P. Louis Martin fut

P. Louis Martin

affecté à la rédaction. En marge de leur travail au journal, les Pères ont toujours eu une activité apostolique : messe dominicale pour les chrétiens de leur quartier, aumôneries diverses ( Marine française, scouts, JOC/F). En 1958, le P. de Benoist obtint de Rome une importante subvention pour construire une Maison de la Presse, dont il avait déjà les plans, et M.Mamadou Dia, alors chef du gouvernement sénégalais, lui donna pour construire le bâtiment, le terrain situé en face de la maison des Pères Blancs et sur lequel fut édifié plus tard le minaret de la Grande Mosquée…

Le projet ne fut pas réalisé : dans le courant de 1959. Mgr Lefèbvre demanda le départ du P. de Benoist qui fut effectif en décembre. (Le P. de Benoist resta alors quatre ans au Mali : stage de langue à Faladyé, dix-huit mois à Kolongotomo, deux ans à Bamako où il ouvrit la librairie Djoliba, germe du Centre du même nom.) Ce fut l’occasion pour transmettre la responsabilité du journal aux laïcs, seul le P. Martin y travaillant encore quelques mois. Les Pères Blancs souhaitant conserver à Dakar, au moins pendant quelque temps, une procure, ils achetèrent au Point A une villa où s’installa le P. Etienne, bientôt rejoint par les PP. Bouteille (venant de Bamako) et Fournier-Leray (de Guinée). Ceux-ci assuraient l’enseignement religieux dans plusieurs établissements scolaires.

En 1968, Mgr Hyacinthe Thiandoum, successeur de Mgr Lefèbvre à la tête de l’archidiocèse, demanda aux Pères Blancs un prêtre pour desservir la paroisse Saint-Pierre des Baobabs, fondée en 1960 par l’abbé Baudu, prêtre Fidei Donum, qui était rentré en France. Le P. Bouteille s’installa dans la sacristie de la grande salle qui servait d’église. En avril 1976, quand Mgr Thiandoum demanda aux Pères Blancs de prendre la paroisse en charge, ceux-ci acceptèrent à condition que le diocèse construise l’église paroissiale. Pour cela ils firent don de leur immeuble dont la vente aurait dû normalement financer la construction de l’église. Mais l’économe diocésain, le P. Vassal, spiritain, préféra le louer, les loyers permettant de rembourser l’emprunt fait pour édifier un immeuble de rapport, qu’il avait fait construire au sommet du Plateau, connu sous le nom d’immeuble rose (avenue de Jambaar).

Le P. Bouteille travailla alors au Secrétariat Episcopal de Pastorale (SEP) et en prit quelque temps la direction ; il logeait alors à la paroisse des Martyrs de l’Ouganda, chez les PP. Piaristes catalans. Une équipe de Pères Blancs prit alors en charge la paroisse Saint-Pierre des Baobabs : s’y succédèrent les PP. Nellis, Decavelé, Continente, Labiano, Balduz. Le P. Fondeur vint s’occuper pendant quelque temps de l’administration d’Afrique Nouvelle. Faute d’avoir une église, le P. Decavelé trouva auprès de bienfaiteurs belges les fonds pour construire une grande salle polyvalente à côté du presbytère. Il était très populaire auprès des jeunes catholiques sénégalais. En 1986, le Supérieur régional du Mali jugea opportun de retirer les Pères de la paroisse, qui fut alors reprise par les PP. Sacramentins italiens, déjà responsables de la paroisse voisine de Saint-Joseph de Médina. Le départ du P. Etienne, mort à Paris en 1978, avait entraîné la suppression de la Procure et la vente de la villa du Pont A.

En 1973, le P. de Benoist était à Bobo-Dioulasso et il venait de publier la biographie du P. Jean-Louis Goarnisson, qui avait été conseiller général de la Haute-Volta. Cela conduisit le Père à reprendre contact avec l’histoire de la décolonisation. A l’occasion d’une rencontre avec le Président Léopold Sédar Senghor dans sa villa de Verson, en Normandie, celui-ci lui suggéra de venir travailler à Dakar dans le cadre de l’Institut Fondamental d’Afrique Noire (IFAN). Pour cela, le Père s’inscrivit à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes en sciences sociales pour y obtenir en 1976 le diplôme des Hautes Etudes (La balkanisation de l’AOF) et en juillet 1976 le doctorat de 3ème cycle. Il avait passé quelque temps en AOF et notamment au Sénégal, pour y achever sa thèse (L’AOF de 1944 à 1960). Il entra comme chercheur à l’IFAN en octobre 1978, obtint le doctorat d’Etat en avril 1985 (Administration coloniale et Missions catholiques au Soudan et en Haute-Volta) et fut en 1990 le premier directeur de recherche de l’Institut. A partir de 1989, il fut nommé conseiller du Musée historique du Sénégal à Gorée, ce qui l’amena à se spécialiser dans l’histoire de l’île. Pendant toute cette période, il habita un logement personnel et participa au ministère à la Cathédrale comme vicaire dominical (Fonction qu’il a occupée jusqu’à son départ du Sénégal). Le 1er janvier 1993, il fut mis à la retraite de l’IFAN et s’installa à la Procure du diocèse, puis, à partir de 2002 au presbytère de la Cathédrale. Les évêques du Sénégal lui demandèrent de faire l’histoire de l’Eglise catholique au Sénégal. Le livre (Du milieu du XVe siècle à l’aube du 3ème millénaire : l’Eglise catholique au Sénégal) parut aux éditions Karthala en 2008. Entre temps il a publié une Histoire de Gorée (en collaboration, chez Maisonneuve et Larose), un livre sur le Mali (publié et réédité à L’Harmattan) et un portrait de Léopold Sédar Senghor, politique et chrétien (Editions Beauchesne). Le Père de Benoist rentra définitivement en France en 20. La contribution de la Société à la vie de l’Église au Sénégal a duré a duré 60 ans.

Joseph Roger de Benoist

Honneur et dignité de la Vocation Missionnaire (PE n° 1080)

Toute vocation dans l’Église catholique est un don ; c’est un honneur qui nous est offert par Dieu lui-même, et non pas un droit mérité. Comme c’est un don, nous devons y répondre de manière positive. La vocation missionnaire, révélée et exprimée dans le ministère d’un prêtre, d’un frère ou d’une sœur, fait partie de l’éventail des vocations présentes et honorées dans l’Église. Comme nous le savons bien, ce n’est pas un travail, c’est un appel à une vocation spécifique et particulière (réf. Ignatius A. Tambudzai et Chikere C. Ugwuanyi dans “The priestly ministry in Africa” p.204: «Personne ne prend cet honneur pour lui-même, mais reconnait seulement qu’il est appelé par Dieu» (Hébreux 5 : 4). Quand nous regardons la prêtrise dans la lettre aux Hébreux, nous trouvons qu’elle renvoie à la prêtrise de l’Ancien Testament nous conduisant à une compréhension du mystère du Christ prêtre.

«Ce n’est pas le Christ qui s’est glorifié lui-même en devenant le grand prêtre, mais plutôt celui qui lui a dit : vous êtes prêtre pour toujours selon l’ordre de Melchisédek» (Hébreux 5: 5-6).

La vocation missionnaire n’est donc pas une profession, c’est un appel. Les gens dans le monde séculier se conduisent professionnellement, mais ne peuvent pas considérer leur travail comme un appel. La vie missionnaire comme vocation tire sa dignité et son honneur d’une motivation intérieure qui permet de s’identifier à ses fonctions plutôt que de simplement les exécuter. Le missionnaire ne cherche pas la reconnaissance publique, une plus grande autonomie ou une récompense. La dignité et l’honneur dans la vie missionnaire trouvent leur expression dans l’obligation d’être avec et de servir le peuple de Dieu. Par conséquent, l’Église nous envoie comme missionnaires surtout comme membres d’une congrégation missionnaire. Nous devons devenir Eucharistie pour le peuple qui nous est confié. Nous devons être mangés dans le sens que nous devons vraiment et sincèrement nous mettre à la disposition du peuple de Dieu.

Visiter les malades et les personnes âgées, être à la disposition de ceux qui ont besoin de notre service ministériel et partager le peu que nous avons avec ceux qui ont besoin ne peut pas être pris pour acquis. Il est triste et décourageant de voir un prêtre ou un confrère faire le minimum dans son ministère en attendant seulement son allocation mensuelle accordée par son évêque ou son supérieur ou, dans notre cas, par notre Société. Cependant, il se peut qu’un confrère ne s’intéresse qu’aux choses matérielles. L’évêque Kukah du diocèse de Sokoto au Nigéria a déclaré : «Dieu sait ce que vous professez et certainement les gens savent ce que vous professez, mais sans doute aujourd’hui, les gens questionnent votre façon de le vivre. Alors que de nombreuses personnes au Nigeria souffrent aujourd’hui de la pauvreté et de la misère, les dirigeants de l’Église et les hommes de Dieu qui ont fait le vœu de pauvreté profitent d’un confort matériel adéquat et vivent souvent dans des maisons très confortables, ont des autos et profitent de la technologie moderne des téléphones et ordinateurs. (Discussion au symposium en l’honneur de l’archevêque Charles Heerey, 1er archevêque d’Onitsha, Nigeria).

Cependant, la vie missionnaire comme un appel ou une vocation est un mystère. Par conséquent, c’est ouvert à la discussion, et il est nécessaire d’en discuter. Nous ne pouvons jamais arrêter une discussion sur un mystère, que ce soit un mystère aussi élevé que la Trinité, l’Incarnation ou le Salut, ou un mystère d’un autre ordre comme l’Église, l’Eucharistie, la vie humaine, la souffrance et la mort. L’exposé d’un mystère apporte des éclaircissements et peut rendre son contenu pertinent pour le monde contemporain. Le récit du mystère de la vie missionnaire, le sacerdoce en particulier restera ouvert jusqu’à la venue de la Parousie. Cependant, la dignité et l’honneur de cette vocation se réalisent et se concrétisent dans un missionnaire qui est un leader, un presbyteros, un aîné au sens d’un bon berger qui est prêt à partager son leadership avec les fidèles. Il n’est pas un chef « omnipotent » ni un demi-dieu. C’est très différent du leadership politique ou mondain avec ses prix et ses récompenses ! Un bon berger doit embrasser le ministère collaboratif en encourageant les fidèles à prendre des initiatives dans l’Église puisque les fidèles partagent le sacerdoce commun par leur baptême. Bien que nous, en tant que dirigeants de l’Église, ayons de l’autorité, nous ne devons pas réclamer la domination ou le pouvoir pour nous-mêmes. En fait, nous devons être crédibles et responsables dans notre leadership pastoral et notre ministère basé sur l’amour et le service, à l’exemple du grand prêtre Jésus-Christ. Quel sens y-a-t-il pour un missionnaire de quitter son propre pays pour la mission que le Christ lui a confiée par l’Église et de rendre la vie pénible au peuple de Dieu dont il doit prendre soin et qu’il est censé servir et ne pas être servi ?

Quelle joie ou bonne nouvelle un missionnaire, qui se lamente toujours, se plaint, voit tout de façon négative, apporte-t-il à son témoignage missionnaire ? Est-il vraiment un instrument de «la Joie de l’Évangile » ?

Il est évident que tout prêtre, tout missionnaire, motivé par un désir de pouvoir, est enclin à mettre davantage l’accent sur son autorité que sur son service du troupeau qui lui est confié. Dans ce scénario, les décisions sont facilement prises sans compréhension et sans compassion surtout lorsque le presbyteros est considéré comme un titre personnel et ignore son sens original comme une vocation et une responsabilité donnée par Dieu. Cela finit par équivaloir le leadership politique qui favorise l’esprit de «l’égoïsme, la cupidité, la possessivité et le matérialisme.» C’est l’esprit de Moi, Moi et Moi. Cela devient un honneur que le missionnaire s’est approprié et n’est pas de Dieu. Cet esprit éradique la dignité et l’honneur de la vie missionnaire ou du sacerdoce. Jésus était en colère contre les scribes et les pharisiens, parce qu’ils étaient trop occupés par l’honneur, et par la célébrité (voir George Manalel, «Priest as a Man : Counselling for the Clergy», pp. 64-70). Le sacrement du sacerdoce communique une «puissance sacrée» qui n’est autre que celle du Christ Lui-même. L’exercice de cette autorité doit donc être mesuré contre le modèle du Christ qui, par amour, s’est fait le plus petit et le serviteur de tous.

Dans l’ensemble, toute vocation doit être soutenue positivement par les responsabilités et les tâches qui nous sont confiées. Elle doit faire ressortir pleinement la «Joie de l’Évangile», sinon, cette dignité et cet honneur perdent leur sens. En d’autres mots, en tant que missionnaires ou prêtres, nous devrions être heureux et fiers de notre ministère pastoral. Misérable missionnaire, misérable ministère, donc misérable mission! Nous sommes appelés à être et à apporter une Bonne Nouvelle et non vice versa!

Fr. James Ngahy

Le Secteur France se lance dans l’Animation Missionnaire et Vocationnelle (PE n° 1080)

Après une absence plus ou moins longue dans la sphère de l’animation missionnaire et vocationnelle (AMV), voici que l’Esprit Saint, moteur par excellence de la mission, souffle sur le secteur France et nous conduit depuis Avril 2016, dans la relance de l’AMV, l’une des activités principales de notre Société des Missionnaires d’Afrique (Pères Blancs).

Le missionnaire d’Afrique engagé dans l’AMV, peut dans l’exercice de son ministère, être considéré comme un missionnaire sans domicile fixe « SDF » ou, M.Afr itinérant ou encore, M.Afr en tour de France (pour n’utiliser que ces expressions). Notons un fait (non un constat) qui reste indiscutable : Jésus en disant à Simon Pierre lors de son appel : « sois sans crainte, désormais ce sont les hommes que tu prendras » (Lc 5, 10), révèle que le disciple est celui qui se met à la suite de son maître en parcourant l’itinéraire de celui qu’il suit. Ainsi Jésus déclare-t-il à toute personne qui désire se mettre à sa suite : « Les renards ont des terriers et les oiseaux du ciel des nids ; le Fils de l’Homme, lui, n’a pas où reposer la tête. » (Luc 9, 57-58). Cette déclaration de Jésus-Christ révèle le caractère itinérant du disciple qui annonce la Bonne Nouvelle. Ceci exige de l’ouvrier de l’Evangile une mobilité acceptée comme mission reçue de la part du Maître de la moisson. En nous basant sur cette déclaration de Jésus, nous pouvons alors affirmer, la phrase au début de ce paragraphe, que l’activité de l’animation missionnaire et vocationnelle demande de l’ouvrier d’être au service de ceux et celles qu’il rejoint sans cesse non pour son propre plaisir ou pour un désir de tourisme mais, pour réaliser au mieux la tâche qui lui est confiée et qui fait de lui un itinérant.

L’animation missionnaire et vocationnelle comprend deux volets : elle consiste d’une part à faire connaître, parler, présenter … les Missionnaires d’Afrique (Pères Blancs), leur charisme, leur mission, leur style de vie, etc., auprès d’une société humaine donnée ; c’est le volet animation missionnaire ; d’autre part, elle s’engage à stimuler, susciter, réveiller … chez les jeunes et moins jeunes, la réponse positive à l’appel de Dieu dans une vocation sacerdotale, religieuse, missionnaire … qui vient bien sûr de Dieu qui sans cesse continue à appeler des ouvriers à sa moisson. Cela a été possible hier, cela l’est aussi aujourd’hui et il ne cessera de l’être demain. C’est le volet animation vocationnelle. Dans toutes ces activités qui requièrent une responsabilité et assiduité dans le travail, l’animateur missionnaire et vocationnel se met à la suite et à l’écoute du Serviteur par excellence de la moisson, Jésus-Christ. Il revêt son identité Missionnaire d’Afrique en parcourant ces lieux qui figurent dans son programme tout en ayant un pied à terre dans une communauté des missionnaires d’Afrique. Pour mon compte personnel, c’est la communauté de la rue Friant à Paris.

Comme dit les paroles du chant : « Ouvriers de la paix, la moisson vous attend : pour réconcilier le monde n’emportez que l’amour. A ceux qui vous accueillent, comme à ceux qui vous chassent annoncez la nouvelle : Le Royaume de Dieu est là tout prêt de vous » ; Dieu appelle, il a appelé et appellera toujours. Le champ de la moisson est vaste et demande des ouvriers qui à la suite du Christ, annoncent l’Evangile au monde et dans la présence aux communautés croyantes. (Cet appel n’est pas toujours pour les mêmes, il n’est pas non plus toujours pour les autres) Nous, M.Afr, croyons fermement que l’appel que le Cardinal Lavigerie a reçu dans les années 1860, est encore valable pour nous aujourd’hui et qu’il y a réellement un besoin d’évangélisation.

Lancer en 2016, l’AMV en France relève d’une part de la conviction que Dieu appelle et appellera toujours et d’autre part, de la conviction du réalisme et de l’actualité de la fertilité spirituelle et chrétienne de tout baptisé : « Je suis venu pour qu’ils aient la vie et qu’ils l’aient en abondance » (Jn 10,10). Relancer l’AMV aujourd’hui en France découle d’une prise de conscience des appels ressentis au regard de la situation de la foi chrétienne qui prévaut actuellement dans ce pays et qui suscite notre engagement. Cette situation chrétienne ne nous laisse pas indifférents car elle nous pousse à nous engager auprès de l’Eglise locale pour envisager ensemble, une ré-évangélisation et une animation vocationnelle de la France. Nous croyons sans équivoque que le message de l’évangile garde toujours son impact sur la vie de l’homme et la femme de ce pays. Animés par l’esprit apostolique et ayant une expérience dans le travail de l’évangélisation et du dialogue, nous M.Afr (P.B.) avons aujourd’hui quelque chose à apporter avec et aux côtés de l’Eglise locale de France pour sa ré-évangélisation (nouvelle évangélisation) et le travail de rallumer chez les jeunes, la flamme et le goût pour l’engagement missionnaire, sacerdotal, religieux, etc. La réalité inéluctable de la mondialisation, la migration humaine, … sont une opportunité pour notre insertion et renforce notre raison d’être et de relancer l’animation missionnaire et vocationnelle à travers nos engagements en paroisse ou ailleurs.

La mystique paulinienne « Tout à tous » qui est une marque particulière que les M.Afr (PB) ont héritée du Cardinal Lavigerie, fait de nous des itinérants de Dieu avec les hommes et les femmes. Ces hommes et femmes cherchent à travers leurs morts, leurs échecs, leurs angoisses. Ils cherchent à travers leur pouvoir, leur richesse, leur fierté. Ils cherchent à travers leurs rêves ou leurs nostalgies, mais ils ne se décident pas à abandonner leur longue quête. Et ces hommes, c’est nous. Nous sommes là, au milieu d’eux, avec eux, pour proclamer que quelque chose nous est donnée maintenant, et qu’il s’agit de la vie même de Dieu. Voilà pourquoi, marchant, cherchant avec ces hommes et femmes en recherche, nous M.Afr (PB) par la relance de l’AMV dans le secteur France et la reprise du ministère paroissial à Marseille et à Toulouse ainsi que les engagements pastoraux dans nos différents lieux d’insertion et de présence, nous voulons rejoindre en union avec l’Eglise locale, ces lieux de recherche, lieux habités par des hommes et femmes dans l’attente d’une écoute, d’une parole, d’un geste, d’une libération que l’évangile laisse espérer. La recherche du sens à donner à sa vie n’est pas que spirituelle, elle est aussi vocationnelle. Voilà pourquoi conscients du fait que la flamme vocationnelle brûle encore chez les jeunes ou moins jeunes, nous allons à leur rencontre pour la stimuler afin qu’elle porte son effet dans cette catégorie de habitants de ce pays : la France. Comme M.Afr (PB), nous voulons aussi rejoindre cette tranche d’âge et leur proposer notre mode de vie communautaire et missionnaire.

Confiants et conscients du fait que toute vocation vient de Dieu, nous nous lançons dans l’appel des hommes et femmes animés et attiré par l’esprit missionnaire et apostolique afin qu’ils osent l’aventure missionnaire dans les champs qui surgissent partout avec leur fragile couronne dorée secouée par les vents contraires de nos conflits, de nos divisions, de nos haines, de nos erreurs. « Comme oser contacter quelqu’un c’est accepter de faire le pari d’ouverture, de fraternité, d’aventure … de vie dans notre monde actuel géré par l’ADSEL (L’Adoration de Dieu dans le Service, l’Engagement et la Louange) ».

L’AMV étant une activité de témoignage missionnaire et de la pêche non des poissons mais des hommes et femmes, elle engage tout Missionnaire d’Afrique (Père Blanc) où qu’il soit dans son insertion géographique et sa condition physique. Elle ne demande pas d’énergie extraordinaire mais nécessite une présence même aussi humble ou vulnérable qu’elle soit. En ceci donc, l’AMV est une responsabilité communautaire et collégiale pour laquelle chaque membre de la Société des missionnaires d’Afrique (Pères Blancs), est appelé à apporter de son mieux tenant compte de son état. Oui, pour que ce service d’AMV soit et reste le poumon de la Société des missionnaire d’Afrique, tout missionnaire d’Afrique est appelé à être un grain de sel qui donne du goût missionnaire et un faisceau de lumière qui balise et éclaire la route pour qui cherche, frappe et demande. (Mt 5, 13-16).

L’AMV ayant deux volets principaux, a énormément besoin d’un nombre de condiments pour que sa sauce soit appréciable. Parmi ces condiments nous citerons : la patience, l’espérance, le positivisme, l’optimisme, le courage même quand la terre est aride, le discernement, la confiance en Dieu source de tout, le temps pour le temps, etc. Tous ces condiments réunis ensemble font et feront que l’AMV soit et est une cuisine de qualité !

Père Norbert MWISHABONGO MUKWANGA
Responsable de l’AMV en France.

Communauté et Vie Apostolique (PE n° 1080)

Paroisse St. Vincent de Paul, Ogo-Oluwa, Diocese D’osogbo, Nigeria

Introduction

Nous sommes trois confrères dans notre communauté: Gilbert Rukundo, Jonathan Bahago et Virgilius Kawama et 2 stagiaires: Edmond Ouedraogo et Dominic Abiriga Dans la paroisse, il y a quatre églises: St. Vincent de Paul, St. Gerald, St. Paul et Ste. Famille. Pour le moment les centres de St. Gerald et de Ste. Famille sont sous la responsabilité des prêtres diocésains et nous avons la responsabilité des 2 autres centres. Nous avons ouvert récemment un autre centre, St. Jude, pour les célébrations eucharistiques en semaine. Nous célébrons aussi la messe à l’hôpital et dans les paroisses de St. Mary, St. Theresa et St. Thomas qui sont dirigées par les prêtres diocésains.

Célébration de la première communion à Ogo-Oluwa

Communaute et Vie Apostolique

Nous avons eu notre première réunion communautaire le 31 janvier 2017. Le but était de définir l’énoncé de Mission pour le travail pastoral de 2017 en tenant compte des fruits du Chapitre général de 2016 au sujet de l’apostolat paroissial, des Actes post capitulaires, du plan stratégique (2017-2022) de la mission pastorale du diocèse et de la situation spécifique de notre paroisse St. Vincent de Paul. Deuxièmement nous avons regardé quels sont les moyens possibles pour réaliser cet objectif en 2017. Troisièmement, nous avons nommé les attitudes nécessaires des confrères et des laïcs pour la réussite de cette mission. Nous présentons ces points ici.

  1. Énoncé de Mission : Inspirés par l’Évangile et guidés par l’Esprit Saint nous vivons dans une communauté ouverte à la diversité de nos origines et de nos personnalités pour un témoignage prophétique d’espoir et de charité au peuple de Dieu
  2. Moyens :
    1. Vie Communautaire: Participation aux activités communautaires, au travail en équipe, à la planification et à l’évaluation, au respect du jour de congé, et des réunions communautaires régulières.
    2. Vie Spirituelle: Fidélité à la prière communautaire, à la méditation et à la contemplation personnelle, au partage biblique, aux récollections et retraites.
    3. Vie Pastorale: Lire les signes des temps, la collaboration avec l’Eglise locale, la participation à l’association chrétienne du Nigéria (CAN), le dialogue interreligieux, la commission de Justice, Paix et Intégrité de la Création (JPIC) au niveau local, le site Web, la proximité aux personnes, l’administration des sacrements, la participation à toutes les activités paroissiales, la préparation des célébrations eucharistiques, la formation permanente des laïcs, la promotion vocationnelle, la visite pastorale des familles et des communautés.
  3. Attitudes: Respect des autres et de leurs responsabilités, sincérité, transparence, disponibilité, confiance, bonne communication, optimisme, patience, hospitalité, acceptation, responsabilité et coresponsabilité, esprit de pardon et correction fraternelle.

Nous allons élaborer par la suite l’énoncé de Mission, les moyens et les attitudes qui vont définir ce qu’est notre communauté.

Quelques responsabilites spécifiques dans la vie communautaire

Le supérieur Provincial a nommé des confrères pour un service spécifique à la communauté dans le but de bien vivre comme communauté de missionnaires d’Afrique. Gilbert Rukundo est l’économe de la communauté et a la responsabilité du bien-être des confrères et de la maison. Nous lui donnons un coup de main quand cela est nécessaire. Virgilius Kawama est l’animateur de la communauté avec la responsabilité de s’assurer d’avoir les réunions mensuelles, les récollections et de garder un bon esprit dans la communauté en lien avec les activités des confrères. Tous les membres de la communauté apportent librement leur contribution pour le bon fonctionnement communautaire.

Vie apostolique de la paroisse St. Vincent de Paul

Notre vie apostolique se situe à différents niveaux: paroisse, doyenné et diocèse. Chaque confrère a des responsabilités dans la paroisse excepté Dominic Abiriga qui est occupé avec le cours de langue. Notre paroisse est très petite avec environ 201 paroissiens pour les 2 églises, St- Vincent de Paul et St. Paul. Nous avons une messe le samedi, 2 messes le dimanche et lundi, 3 messes le mardi et mercredi et 4 messes le jeudi et vendredi.

L’équipe pastorale est impliquée dans les différents apostolats de la paroisse. Conseil paroissial pastoral (PPC), Conseil paroissial des laïcs (PLC), Société coopérative paroissiale (PCS), Petites communautés chrétiennes (SCCs), Hôpital Jaleyimi, Organisations paroissiales: Organisation catholique des hommes (CMO) et des femmes (CWO), Organisation catholique des Jeunes du Nigeria (CYON), Jeunes Missionnaires (YOM), Sainte Enfance, groupes liturgiques (chorale, servants de messe, gardiens), groupe paroissial de Paix et Justice, Intégrité de la création et dialogue interreligieux, Association chrétienne du Nigeria (CAN), groupes des veufs et veuves, Sociétés: St. Anthony, St. Patrick, St. Luc, St. Vincent de Paul, Sainte Famille, Sociétés pieuses: Charismatiques, Légionnaires, Sacré Cœur, Comités: liturgie, finance, construction, éducation religieuse, santé, communication, activités des jeunes et des enfants, vie familiale, forum sur la doctrine, étude de la Bible, divine miséricorde, catéchistes, bulletin paroissial, enseignement de la catéchèse, administration des sacrements, visites à domicile, communion aux malades et personnes âgées le vendredi et adoration.

En plus de la vie apostolique de la paroisse, nous sommes très impliqués dans le travail pastoral du doyenné et du diocèse. Jonathan Bahago est attaché à la paroisse St. Theresa, dirigé par un prêtre diocésain, spécialement pour les messes du dimanche et comme personne de référence avec notre communauté. Gilbert Rukundo est assistant aumônier à l’hôpital catholique Notre Dame de Fatima à Jayelemi, et l’assistant aumônier des jeunes au doyenné. Virgilius Kawama a été nommé pour 3 ans (2017-2020) au Sénat diocésain et est aumônier des servants de messe du doyenné.

Visite du Provincial, le P. Dominic Apee à la communauté d’Ogo-Oluwa

Conclusion

Dans le diocèse, il y a habituellement un prêtre par paroisse. Par contre nous sommes une communauté missionnaire alors que le travail pourrait être fait par un seul prêtre. Comme résultat nous apportons notre appui à d’autres paroisses. Néanmoins nous n’oublions pas notre communauté d’Ogo-Oluwa qui est la raison d’être de notre présence dans le diocèse d’Osogbo. Nous sommes aussi heureux d’aider dans d’autres paroisses, ce qui est une forme de témoignage. Plusieurs paroissiens apprécient cela spécialement ceux qui ont été évangélisés par les Pères Blancs. Ils nous rappellent l’apostolat de nos confrères ainés. Leurs témoignages sont un défi pour nous de travailler fort pour conserver cette belle image de nos confrères qui ont marqué la vie des gens. Nous essayons de vivre comme communauté témoin en gardant l’esprit de vie apostolique.

Virgilius KAWAMA

Vivement « la règle de trois »  au Brésil ! (PE n° 1080)

Le nouveau projet missionnaire de la Société au Brésil a commencé avec trois confrères, en 2011.  En septembre 2012, nous étions quatre confrères.  Nous formions alors une seule communauté vivant dans la même maison. Un ou deux confrères pouvaient s’absenter pour vacances ou mission, deux autres confrères restaient ensemble. En février 2013, nous avons créé deux communautés de deux confrères chacune dans l’espoir de recevoir de nouveaux confrères.  Malheureusement en mars 2013 un confrère quitte définitivement le Brésil pour raison de santé laissant un confrère seul.  Dans l’autre communauté, quand l’animateur vocationnel voyage, l’autre reste seul.  En avril 2013 un jeune confrère arrive.  Ce dernier doit participer á différents programmes et expériences de formation á la mission au Brésil.  Ce qui implique des séjours hors communauté. En mai 2013 un confrère âgé de 84 ans est venu consolider une de nos communautés. Sa santé fragile fait de lui un locus de missão.  Un confrère avait besoin d’un temps sabbatique pour retrouver ses énergies.  Un part, un arrive, ainsi en est-il de la situation des communautés au Brésil.  Depuis 2011, un confrère reste toujours seul à cause des voyages et autres activités des uns et des autres.  La conséquence est l’instabilité et le confrère s’habitue à vivre seul et à organiser sa vie sans les autres.  Avant même que le Chapitre n’exige « la règle de trois », nous avons décidé de nous regrouper en une seule communauté puisque nous sommes si peu.  Nous sommes réalistes.  Nous n’envisagerons une deuxième communauté seulement quand nous serons six ou plus.

C’est dans ces conditions que nous avons accueilli deux jeunes confrères et deux stagiaires.  Les jeunes confrères sont arrivés á un moment d’instabilité.  Ils n’ont pas reçu toute l’attention dont ils avaient besoin car le confrère avec qui ils devraient vivre continuait sa mission.  Même si on est majeur, quand on est tout nouveau dans un pays on se sent un peu perdu. Conscients de notre faiblesse nous avons dû réorganiser les communautés pour que le jeune confrère fasse l’expérience de construire une nouvelle communauté avec un autre confrère plus stable.  Nous avons veillé á ce que les deux confrères (le jeune et l’autre) n’aient pas de responsabilité qui les ferait s’absenter souvent.  Offrir au confrère un «rester ensemble», «un vivre ensemble», le plus longtemps possible a été notre préoccupation première. Ainsi au Brésil deux confrères et seulement deux confrères, en décembre 2017, auront vécu ensemble de façon constante pendant 3 ans, de 2014 à 2017.  L’autre communauté a connu des mouvements de confrères jusqu’à ce jour.

La Communauté de la Casa Nossa Senhora de Africa à Salvador da Bahia

L’accueil des jeunes confrères dépend beaucoup du type de jeune confrère.  Il y a les confrères de rue qui le jour même de leur arrivée se promènent dans le quartier.  C’est les confrères debout.   D’autres sont les confrères de chapelle.  Ils aiment bien passer leur temps à l’église, à la chapelle où ils prient et rencontrent les paroissiens dévots.  Ce sont les confrères à genoux. D’autres sont les confrères de maison. Ils aiment bien l’intimité de la maison, les repas et pause-café avec ces interminables partages. Ce sont les confrères assis. Et finalement nous avons les e-confrères qui sont en contact avec le monde entier via leurs ordinateurs, internet, e-media, dans leur chambre. C’est les confrères couchés, volant à travers le monde virtuel. Le Missionnaire d’Afrique est un peu de tout cela.  Il faut l’accueillir tel qu’il est et lui donner la possibilité de développer ses dons et talents.  Au Brésil nos jeunes confrères profitent d’une année sans responsabilité pastorale pour se former á la mission au Brésil á travers les programmes de formation organisés et á travers des expériences pastorales missionnaires ici et là.  Nous avons appris á donner le temps qu’il faut aux jeunes confrères pour s’incarner á leur rythme et s’éveiller à une nouvelle conscience missionnaire.

Quant aux stagiaires, nous en avons reçu deux. Le premier est arrivé au moment des remaniements des communautés.  Il a eu quelques difficultés au début á s’ajuster à ses nouveaux confrères. Cependant il a fait l’expérience de commencer une nouvelle communauté avec ses confrères. Le défi était grand. Le deuxième stagiaire quant à lui est entré dans une communauté déjà en place. Il a été d’ailleurs le pilier de cette communauté car en l’absence d’un membre la vie communautaire continuait. La présence des stagiaires a quelque peu consolidé nos communautés. Ils ont été le troisième pion manquant de « la règle de trois ».

Nos communautés au Brésil sont instables par leur forme et leur constitution. Il nous fallait les consolider de l’intérieur. Pour cela nous avions besoin de fidélité á une certaine vie structurelle. La vie communautaire ne peut pas dépendre de sentiments, émotions, philosophie, ou spiritualité personnelle. Elle a besoin d’être construite sur un rythme de vie régulier, un certain rituel.  « La règle de trois » garantit justement une vie de communauté structurée. Une communauté de deux confrères devient très vite soit un couple de copains qui font ce qu’ils veulent, quand ils le veulent et comme ils veulent ou soit deux chefs de guerre ennemis emprisonnés dans la même prison, empêchés de faire la guerre, qui se lancent des flèches.  Pour éviter cela nous avons insisté au Brésil sur la fidélité aux structures traditionnelles de vie communautaire : conseil hebdomadaire, recollection mensuelle, recréation hebdomadaire, sortie mensuelle, liturgie quotidienne. On peut objecter que ces structures ne servent à rien sans amitié ou amour entre les confrères. Elles servent justement car elles ont l’avantage de mettre ensemble les confrères qui s’aiment et ceux qui ne s’aiment pas et de tourner tous les regards vers le projet commun qui les a rassemblés.  Ce projet n’a rien de personnel ni de sentimental. Il faut sortir d’une approche trop personnel, humaine et idéaliste de la communauté.  C’est en dansant la même dance qu’on finit par s’accepter et s’aimer.

Puisque la communauté est le lieu où nous apprenons à nous aimer et à aimer nos ennemis nous avons pris l’habitude, au Brésil, dans nos recréations communautaires de demander á un confrère de nous faire découvrir de façon plaisante la beauté de sa culture, de son pays…  autour d’un verre… on boit coup, on rit, on dance parfois… on s’émerveille… Ainsi on se libère des mêmes conversations interminables qui sont souvent pleines de critiques négatives sur l’état du monde actuel, de l’église, des chrétiens et des autres… ces conversations où se prêche les uns aux autres où on profite pour se lancer des fléchettes de manières voilées.  Le moment de recréation communautaire n’est pas le lieu ni le moment pour vomir ses frustrations et parler des autres.  Les conseils de communauté sont fait pour cela. Nos recréations sont pour s’amuser, et nous le faisons en valorisant le confrère et le monde qu’il porte en lui.

Pour la stabilité de nos communautés, vivement la fidélité à « la règle de 3 ».

Moussa Serge Traore
Délégué Provincial du Brésil

Sainte Bernadette : Une Communauté-Témoin (PE n° 1080)

La communauté Sainte Bernadette et l’une des deux communautés des Missionnaires d’Afrique se trouvant à Lubumbashi dans le Haut Katanga en RD Congo. Elle est située dans un secteur de l’Archidiocèse de Lubumbashi où l’œuvre des missionnaires d’Afrique a brillé depuis plus de 40 ans.

Actuellement notre communauté s’occupe de deux paroisses à savoir ; Sainte Bernadette qui est aussi notre lieu d’habitation et Saint Jean Baptiste à plus au moins 3 km de notre maison. A l’heure actuelle, la communauté compte en son sein 4 confères et 3 stagiaires de six nationalités différentes. Quel bon témoignage de l’internationalité et de l’interculturalité !

La règle des trois :

Le chapitre Générale de 2016, restant fidèle aux instructions de notre fondateur ainsi qu’à nos constitutions et lois, a réitéré avec vigueur et conviction l’importance de la règle de trois. J’avoue en passant que la vie communautaire constituait l’une des motivations qui m’ont poussé à devenir Missionnaire d’Afrique. Durant mes sept année de séjour à Sainte Bernadette, notre communauté a toujours compté en son sein au moins trois confères et deux stagiaires. Certes, ce serait trop prétentieux de parler d’une communauté parfaite, mais chacun des membres fait de son mieux pour favoriser l’unité, la charité fraternelle et le climat d’entente. Le fait que nous provenons de pays différents est en soit un témoignage vivant auprès de la population souvent déchirée par la haine tribale. L’interculturalité est donc acquise et elle constitue pour nous une grande richesse. En cas de tensions internes et externes qui caractérisent toute communauté humaine, il y a toujours une porte de sortie à travers des échanges francs et la compréhension mutuelle. En l’occurrence, ces jours où nous traversons une période de crise politique dans notre pays, ont eu comme conséquence à deux reprises les attaques de nos paroisses. Ces événements malheureux ont occasionné pour nous un moment fort pour nous soutenir et nous encourager mutuellement.

Les confrères de Lubumbashi, lors de la visite de l’Assistant provincial, le P. Gilbert Bujiriri (debout à droite)

Accueille des nouveaux confrères

Accueillir les nouveaux confrères et/ou le stagiaire est devenu notre tradition depuis quelques années. Depuis mon arrivée, il y de cela 7 ans, la communauté a accueilli au moins un confrère et un stagiaire par an. Bien sûr, nous avons aussi dit au revoir à autant en cette même période. Comme notre vie commune et apostolique se construit autour d’un projet communautaire, il va de soi qu’à chaque nouvelle arrivée ce projet est soumis à une révision pour bien intégrer les nouveaux. Cela favorise la prise en compte de leurs desiderata pour leur permettre de se sentir partie intégrante de notre communauté. J’estime que c’est ce bon accueil des confrères et stagiaires qui explique leur bonne intégration et évolution non seulement dans la communauté mais aussi dans la pastorale paroissiale. Ils reçoivent aussi les tâches communautaires et paroissiales selon leurs aptitudes, ce qui favorise la confiance mutuelle et la coresponsabilité.

Les moments de partage communautaire qui impliquent la franchise, l’écoute attentive, le respect et l’acceptation de l’autre signifie pour nous que nous ne vivons pas les uns à côté des autres mais les uns avec les autres dans un esprit de corps. À l’arrivée d’un confrère ou stagiaire, nous organisons un moment de présentation de chaque membre quant à nos origines, notre vie familiale, nous goûts préférés et notre vocation et parcours missionnaire. Cela nous aide à nous connaitre d’avantage. Nous organisons aussi des moments de partage de l’évangile une fois par semaine, le partage des fruits de notre prière lors de notre recollection mensuelle, ou même le partage sur nos activités apostoliques lors de nos conseils hebdomadaires que nous animons à tour de rôle; le partage spontané pendant nos repas, nos soirées communautaires ou même pendant nos fêtes d’anniversaire, n’est pas à négliger.

À table, en communauté, moment de fraternité.

Particularité pastorale

En ce qui concerne notre vie apostolique, notre communauté a depuis longtemps vécu une tradition enrichissante de desservir plusieurs paroisses. Elles étaient au nombre de trois à un certain moment, maintenant il nous en reste deux. C’est une bonne organisation pastorale qui peut aussi être à la base du fait que notre communauté a toujours respecté la règle de trois malgré la crise du personnel qu’a traversé notre Société missionnaire ces dernières années. Avec trois paroisses, il fallait nécessairement trois curés, ce qui veut dire au moins trois confrères en communauté. J’apprécie surtout l’esprit de collaboration qui nous anime, car, dans la mesure du possible, nous essayons de nous entraider et de nous ouvrir aux réalités d’autres paroisses à travers notre travail et nos échanges d’expériences. Cela donne aussi un champ d’activité apostolique assez vaste pour nos stagiaires.

Au soir de mon séjour à Lubumbashi, je peux dire avec fierté que mon expérience de vie communautaire à Sainte Bernadette a été très épanouissante et enrichissante. Elle restera toujours gravée dans ma mémoire. Devenu curé d’une paroisse sans beaucoup d’expérience seulement une année après mon ordination, j’estime que c’est la bonne expérience de vie communautaire qui m’a allégé la tâche autrement lourde. Grâce à cette communauté accueillante et priante, les fruits de mes sept années de vie missionnaire à Lubumbashi sont bien palpables et j’ai foi qu’ils pourront demeurer. Comme notre maître Jésus Lui- même l’a dit dans sa prière sacerdotale ; « … je vous ai donné mission pour que vous alliez et que vous portiez du fruit et que ce fruit demeure. (Jn 15,16). Cela est aussi ma prière !

Theobald Muchunguzi

« Jamais moins de trois » (PE 1080)

Nous avons commencé notre réflexion et nos partages sur la vie communautaire le mois dernier dans le N° 1079. C’est un aspect de notre charisme qui est non négociable et, dès le début, notre fondateur a voulu en faire une caractéristique essentielle de notre vie. Aujourd’hui, nous sommes fiers de dire qu’il fait partie de notre identité. Mgr Birraux, Supérieur général après Voillard, l’a qualifié, en son temps déjà, de patrimoine spirituel de notre Société. Combien de jeunes ont-ils été attirés à la vie missionnaire par le témoignage de notre vie communautaire ?

Oui, la vie communautaire est non négociable, mais chaque chapitre, dans un souci de contextualisation et d’adaptation insiste sur un aspect particulier de ce vivre ensemble. Celui de 2016 a mis l’accent sur quatre éléments à savoir l’esprit de famille, l’interculturalité, la règle de trois et le projet communautaire.
Ce numéro du Petit Echo aborde la fameuse règle de trois aussi connue comme la règle d’or tellement elle était chère à notre fondateur. Lavigerie avait un esprit très pratique. Il voyait dans la règle de trois un moyen efficace pour faire face aux difficultés de la vocation missionnaire. Dans sa lettre aux Missionnaires du 18 septembre 1874, il disait de la règle de trois : « Vous aurez un rempart assuré contre les dangers qui se trouvent partout, mais bien plus encore au milieu des infidèles, dans les prescriptions salutaires qui ne permettent, en aucun cas et sous aucun prétexte, de vous envoyer jamais moins de trois ensembles dans une station. Cette règle est sanctionnée par ces termes énergiques sur lesquels j’attire votre attention parce qu’elle doit être observée à la lettre : On refusera, plutôt que d’y manquer, les offres les plus avantageuses, les plus urgentes, et l’on renoncera à l’existence même de la Société plutôt que de renoncer à ce point capital » (Instructions, p. 43).

Six ans plus tard en 1880, dans une lettre, du 10 octobre, adressée au Père Livinhac, il maintient la même rigueur : « La règle essentielle de votre Société est de rester toujours trois ensemble, tant en voyage que dans les stations. Nous n’admettons pas facilement d’exceptions à cette règle, et en particulier, je ne peux accepter qu’un missionnaire reste tout seul pendant un temps un peu long, loin des confrères. Vous êtes trop jeunes, il y a trop de péril pour que vous puissiez passer par-dessus une règle que commande si strictement la prudence et le soin de sa propre réputation ». Les périls aujourd’hui ne sont pas de même nature qu’en 1874, mais ils sont là. La preuve en est la situation difficile de beaucoup de confrères.

Le XXVIIIème Chapitre général revient avec force sur cette règle de trois qui traverse l’ensemble des Actes Capitulaires. Elle est d’abord mentionnée dans notre texte de découverte sur la vie communautaire où les Capitulants déclarent que « ce qui nous attire dans la vie de communautaire, c’est l’esprit de famille qui nous fait sentir frères les uns des autres. C’est d’autant plus vrai quand la règle de trois est respectée… ». On la retrouve dans le texte des décisions sur la mission où la première décision sur les paroisses exhorte les Provinces à « avoir en paroisse des communautés d’au moins trois confrères qui aient un projet communautaire ». AC3.4.a, p. 31. Enfin, dans le souci de l’accompagnement des jeunes confrères, le Chapitre insiste pour que les communautés d’accueil des jeunes confrères soient viables et d’au moins trois confrères, y compris le jeune confrère.AC5.1.c, p. 43.

Le chapitre nous invite fortement à revenir à la règle de trois qui a connu un certain déclin à partir du chapitre de 1967 marqué par la recherche de liberté personnelle et le renouveau de l’époque. Nous sortions de l’aggiornamento du concile et l’esprit de mai 68 se faisait déjà sentir avec des répercussions sur notre Société comme sur tant d’autres. Nous devons cependant nous rappeler que la règle de trois n’est pas une solution magique. Il apparait dans les textes du Chapitre que nous devons articuler trois éléments intrinsèquement liés : la règle de trois, l’esprit de famille et le projet communautaire. C’est le lieu de nous rappeler les paroles fortes du Chapitre de 1974, celui qui vient après les années d’effervescence et qui déclarent que « quels qu’en soient la composition et le style, l’authenticité d’une communauté Père Blanc se mesure à la qualité des relations personnelles, à sa valeur d’expression évangélique et l’action apostolique ». Act 94. Il ajoutait que la communauté ne nait pas seulement d’un cadre ou d’une règle imposée, mais elle se constitue « par la volonté créatrice des personnes qui vivent ensemble ». Act 87. Il y a donc d’un côté la règle, ce que le Cardinal appelait l’ossature de la communauté. Elle est indispensable, mais elle ne donne pas vie. Il faut aussi le cœur, la charité fraternelle ; c’est ce que le dernier Chapitre appelle l’esprit de famille.

La règle de trois n’est pas simplement une règle, elle est aussi un moyen et une invitation à devenir plus fraternel. La règle de trois nous parle de présence physique. Cette présence physique a besoin de la charité fraternelle pour prendre forme et vie, comme on l’a déjà vu, mais elles ont besoin, règle de trois et esprit de famille, d’être traversées par un projet pour que la vie communautaire réponde à l’exigence évangélique : « Les communautés se créent et se recréent autour d’un projet communautaire », nous disent les Actes Capitulaires de 2016. Le projet est l’expression de la contribution de chacun à l’édification de la communauté, et en même temps, il est le moyen par lequel se réalise l’unité de cette communauté. Mgr Birraux, en son temps déjà, nous mettait en garde contre la simple imposition de règle. On peut vivre à trois en vivant simplement l’un à côté de l’autre. Voici ce qu’il écrivait : « Je sais que dans nombre de nos maisons, la plupart certainement, elle (la communauté) est aussi parfaite que le permet l’humaine faiblesse. Mais nous avons d’autres postes qui ressemblent trop à une hôtellerie dont les habitants se réunissent quatre ou cinq fois par jour pour des besoins précis et où, entre temps, chacun fait à peu près ce qu’il veut, n’acceptant pas d’être dérangé et ne se souciant pas non plus d’entrer dans le travail du voisin, fût-ce pour lui donner un peu d’assistance : le compartimentage est parfait, les cloisons sont étanches, un contrat tacite a réglé la propriété d’un chacun et malheur à qui voudra la violer. On vit sa propre vie à côté de deux autres confrères qui vivent la leur ».

Dans la dynamique du discernement appréciatif, nous avons rêvé et, maintenant, nous prenons les moyens pour faire de notre rêve une réalité, c’est-à-dire, faire de nos communautés, là où elles ne le sont pas encore, des familles ouvertes, accueillantes, rayonnantes, joyeuses, solidaires, attentives aux plus fragiles et composées d’au moins trois confrères.

Didier Sawadogo,
Assistant général

Joseph Olivaud, R.I.P.

Le Père Patrick Bataille, Délégué Provincial du secteur de France,
vous fait part du retour au Seigneur du Père

Joseph Olivaud

le vendredi 9 juin 2017 à Pau – Billière (France)
à l’âge de 94 ans dont 67 ans de vie missionnaire
en Guinée, au Burkina Faso et en France.

Prions pour lui et pour ceux qui lui étaient chers.

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