La formation spécialisée : une préparation pour les services missionnaires (PE n° 1089 – 2018/03)

Les Chapitres généraux récents ont insisté sur la nécessité de nommer plus de confrères pour la formation spécialisée. Cette insistance est causée par le changement rapide de la réalité et de notre monde globalisé qui devient plus complexe. Le but de la formation spécialisée est de répondre aux besoins missionnaires de notre temps. Dans le passé, des confrères ont été nommés pour des travaux spécialisés sans avoir eu la formation requise, et nous devons le reconnaître, ils ont fait un excellent travail. Il est vrai aussi que, dans la Société, il y a toujours eu des confrères nommés pour la formation spécialisée, mais la majorité des confrères n’ont pas reçu de telles nominations.

Dans le passé, il était possible de se spécialiser par des lectures et des recherches personnelles dans des disciplines académiques ou des domaines d’intérêt sans avoir à préparer des diplômes universitaires. Cette approche a produit de grands experts parmi nos confrères dans leurs domaines respectifs, et même sans obtenir de degrés académiques, ils ont grandement contribué à la mission confiée à notre Société.

Aujourd’hui, la formation spécialisée est une condition préalable pour certains engagements missionnaires. Dans certaines situations, une qualification académique est nécessaire et cela devient progressivement un critère. Les diplômes universitaires sont devenus une norme pour certains engagements missionnaires. La plupart des Instituts où étudient nos candidats préfèrent nommer des confrères titulaires d’un doctorat comme enseignants plutôt que ceux qui ont une licence. De plus, certaines activités apostoliques nécessitent des compétences particulières qui ne peuvent être acquises que par une formation appropriée. En conséquence, de plus en plus de confrères devront être nommés pour des études spécialisées. Comme la formation spécialisée est un moyen de développer nos ressources humaines, ne pourrait-on pas dire que tous les confrères devraient avoir l’occasion de faire des études spécialisées au cours de leur vie ?

La formation permanente, la thérapie et les temps sabbatiques sont principalement destinés à la guérison personnelle, à la croissance et au renouveau. Par contre, l’objectif principal des études spécialisées est de renforcer et d’habiliter la personne pour une tâche spécifique. La formation spécialisée peut prendre plusieurs formes telles que des études classiques, des formations professionnelles, ainsi que des formations scientifiques et techniques. Il est également devenu nécessaire de diversifier non seulement les lieux où se déroulent les études, mais aussi le type d’études que suivent les confrères. Il va sans dire que les moyens ainsi que le niveau d’études devront également être révisés. Afin de s’assurer que la plupart des formateurs soient également qualifiés pour enseigner, le Chapitre de 2004 a invité le Conseil général « à nommer suffisamment de confrères dans différentes disciplines et d’endroits en vue d’obtenir des diplômes reconnus (y compris des doctorats) après leur deuxième terme de mission. » (AC n ° 4d p.94)

Dans le but d’assurer une meilleure coordination de la formation spécialisée dans la Société et dans l’esprit du chapitre 17 du Vade Mecum de la Formation initiale, un dialogue de discernement entre les provinciaux et le Conseil général est prévu. Ce dialogue nécessite également la collaboration et la disponibilité du confrère qui sera nommé. La pratique exige que le confrère ait complété au moins un premier terme de mission après sa formation initiale. Cependant, avant de finaliser la nomination, il est toujours nécessaire d’assurer non seulement la continuité de nos engagements missionnaires, mais aussi de maintenir une bonne gestion. Dans certains cas, cela peut prendre beaucoup de temps pour libérer un confrère avant qu’il n’entreprenne des études. Cela demande beaucoup de planification et d’ajustements dans la préparation d’un confrère pour un projet d’étude.

Nos besoins en études spécialisées sont énormes mais nos ressources humaines sont limitées. Il est donc nécessaire de faire un usage judicieux et approprié de nos ressources. Il y a, par exemple, des confrères qui font des études spécialisées et ont en plus d’autres responsabilités au nom de la Société. D’autres confrères doivent parfois renoncer aux études supérieures pour des responsabilités importantes pour le bien commun de la Société et de ses engagements missionnaires. Les aspirations de chaque confrère sont légitimes, mais les engagements missionnaires de la Société sont essentiels pour son témoignage. En fait, ce qui est en jeu, c’est l’avenir même du charisme de notre Société.

L’expérience a montré que, dans des situations délicates, la solution n’est pas de réduire ou d’abandonner rapidement certains engagements, mais plutôt de les gérer patiemment avec tact et dans une vision prophétique. Il est vrai que la sagesse pratique se concentrera sur la nécessité de répondre aux demandes urgentes immédiates, mais la prévoyance est davantage focalisée sur l’importance de la planification à long terme. Les temps ont changé et, en conséquence, le ministère apostolique est devenu compliqué et plus exigeant, ce qui nécessite des solutions innovantes. Notre dernier Chapitre l’a reconnu en stipulant « qu’une formation intellectuelle de qualité est nécessaire pour la mission dans un monde complexe. » Dans le but d’être à la hauteur de notre engagement missionnaire dans ce monde complexe, la formation spécialisée de nos confrères est une nécessité. Dans notre planification, nous devrons tenir compte des aspirations, de la disponibilité et de la capacité de nos confrères à la lumière des besoins missionnaires de la Société et de l’Église dans son ensemble.

Ignatius Anipu
Assistant général

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