Le père Alain Fontaine témoigne (PE n° 1093 – 2018/07)

Cet article a déjà été publié dans la revue «Voix d’Afrique»; nous vous le proposons car il nous semble très intéressant de voir le témoignage de nos confrères qui ont cheminé à la suite de Jésus.

Le père Alain Fontaine est actuellement, à Ouagadougou, secrétaire du Responsable Pères Blancs d’Afrique de l’Ouest francophone. Il célèbre cette année 50 ans de Serment missionnaire : 24/06/1967 – 25/06/2017

Il y a 50 ans

Il y a 50 ans, le 24 juin 1967, en la fête de Saint Jean-Baptiste, je prononçais, au noviciat de Gap en France, mon premier serment missionnaire. Deux autres suivront et le Jeudi saint 1972, je prononçais, dans l’église paroissiale de Chaville, ma paroisse natale, mon serment missionnaire définitif.

Tout avait commencé en 1964, quand j’entrais au postulat des Missionnaires d’Afrique à Mours au cours du mois d’octobre. Je venais de terminer mes études à l’école d’Optique Appliquée de Paris (EOA) et j’avais pris contact depuis un certain temps avec les Missionnaires d’Afrique sur Paris. L’Afrique m’attirait ! On m’encourageait à me préparer au sacerdoce mais je préférais commencer comme missionnaire Frère pour me donner le temps d’envisager cette préparation pour plus tard. N’ayant jamais fait de séminaire, je me disais que j’avais d’abord beaucoup à apprendre. Je voulais aussi faire une expérience en Afrique et savoir si je pourrais y vivre car ma santé n’a jamais été forte.

Alain Fontaine au noviciat de Gap le 11 septembre 1965

Le 11 septembre 1965, je faisais un nouveau bond en avant, en entrant au noviciat à Gap, dans les Hautes Alpes françaises. Dépaysement, étonnement… le lieu d’abord et l’ambiance quasi monastique du noviciat. J’y demeurais deux ans et ce fut une réelle expérience spirituelle.

En mission à San au Mali

Service militaire oblige, je décidais de partir au titre de la Coopération au Mali pour deux ans où je fus instituteur dans le diocèse de San. Le climat et la situation politique au moment du coup d’État de Moussa Traoré m’ont sérieusement éprouvé. On m’a alors proposé de poursuivre mes études à Strasbourg. Je suis revenu ensuite au Mali, toujours comme Frère, pour trois nouvelles années d’enseignement, au petit séminaire Saint-Paul du diocèse de San.

En France vers la prêtrise

C’est au cours de ce nouveau séjour au Mali qu’avec mon accompagnateur spirituel, je décidais de reprendre mes études en vue de devenir prêtre. Je me sentais prêt et c’était aussi à une période délicate de l’histoire de l’Église de France, après le Concile Vatican II où beaucoup de prêtres quittaient le sacerdoce. Les supérieurs de l’époque m’ont proposé de me préparer dans le cadre du CERM (Centre d’Études et de Recherches Missionnaires). Ce centre était l’un des premiers consortiums missionnaires mis en route à la suite du Concile. Il était ouvert aux Missions étrangères de Paris, Salésiens, Montfortains, Spiritains, Missions Africaines de Lyon et quelques autres encore. Je vais être le premier missionnaire d’Afrique à me préparer au sacerdoce dans le cadre de cet institut.

Nous suivions les cours à l’Institut Catholique de Paris, au séminaire des Missions étrangères de Paris, rue du Bac, et au Grand séminaire St-Sulpice d’Issy les Moulineaux. Après trois ans d’études intensives, je suis ordonné diacre en juin 1977 à Boulogne Billancourt par Monseigneur Jacques Delarue, le premier évêque de Nanterre, qui a proposé que je reçoive, à cette occasion, la double incardination pour bien signifier que c’est mon Église d’origine qui m’envoie en mission. Un an plus tard, dans l’église de mon baptême, de ma confirmation et de mon serment missionnaire, je suis ordonné prêtre. C’était le 28 mai 1978.

Retour au Mali

Je repars au Mali, toujours dans le diocèse de San où je vais travailler d’abord en paroisse à Mandiakuy. J’y apprends le boomu et m’initie aux activités pastorales. C’est à ce moment-là que je participe au lancement des Équipes Notre-Dame, un mouvement de spiritualité familiale, à Mandiakuy. Le mouvement va progressivement s’étendre dans plusieurs diocèses du Mali, à Ségou, Bamako et Kayes.

Après cette première expérience, on me demande de repartir au Petit Séminaire Saint-Paul pour en prendre la responsabilité et surtout pour permettre sa transmission au clergé local. Je vais y résider cinq ans.

À Toulouse

En 1988, la province de France  me nomme à l’animation missionnaire et je pars à Toulouse dans le Sud de la France. Je ne connaissais pas cette grande ville et je commence par m’y perdre. Un soir, je mets plusieurs heures pour retrouver la maison. Je vais travailler 5 ans au service des OPM et vraiment être proche d’une réalité pastorale du Sud de la France.

Radio rurale à San

Entre la fin de l’animation missionnaire et mon retour au Mali, on me demande, pendant une année entière de me préparer à l’ouverture d’une radio rurale dans le diocèse de San au Mali. Je me prépare alors à l’informatique et au travail de mise en route d’une radio. C’était un domaine tout à fait nouveau pour moi et je m’y suis mis avec passion. Pendant 6 ans, je vais travailler à la mise en route, à San au Mali, de la toute première radio privée catholique du Mali. Nous étions trois pour ce travail, l’abbé Alexis Dembélé, le directeur, un laïc formé à Lyon au CREC-AVEX et moi-même formé à Paris. Ce ne fut pas facile au début mais ensuite nous avons pris notre vitesse de croisière et la radio – Radio Parana – est toujours là et fêtera en 2019, ses 25 ans d’existence.

En 2000, on m’accorde une année sabbatique que je comptais organiser à ma guise mais on me demande alors de me préparer dans un centre ignatien à Paris, à l’accompagnement et à l’organisation de retraites spirituelles. De là, on m’envoie à Jérusalem accompagner une retraite pour des prêtres africains francophones.

Le serment missionnaire d’Alain Fontaine

Centre Foi et Rencontre à Bamako
C’est alors qu’on me demande de déménager sur l’archidiocèse de Bamako afin de participer avec Josef Stamer à la mise en route des Centres Foi et Rencontre et de l’IFIC. Je vais travailler 10 ans dans ce secteur en apportant ma compétence sur le plan informatique et pour la logistique des formations données au Centre. J’ai aussi participé à la préparation du lancement de l’IFIC. C’était un gros travail de communication où l’on cherchait à informer tous les évêques francophones d’Afrique. Durant toute cette période, j’ai assuré aussi le secrétariat provincial de la province du Mali et participé, du coup, à tout le cheminement qui va finir par créer la province de la PAO pour l’Afrique de l’Ouest francophone.
Burkina
En 2011, on me demande de remplacer le père Pierre Béné au secrétariat provincial à Ouagadougou. C’est là que je me trouve aujourd’hui et j’en suis à ma septième année de service de la Province.
Quoi dire au terme de ces 50 ans de mission, au Mali, en France et au Burkina Faso ? (40 ans au Mali et 7 ans au Burkina Faso) D’abord je veux exprimer une sincère action de grâce. Je m’estime très chanceux. Toutes les nominations que j’ai reçues – pour certaines, je ne m’y attendais pas du tout – m’ont beaucoup enrichi.
Vraiment la Société a pris soin de moi et malgré un parcours que certains appelleront “mosaïque”, on a su me conseiller avec beaucoup de doigté et me proposer ce que je pouvais faire. On a su me faire confiance et j’en suis très reconnaissant à tous mes supérieurs. J’aurai pu faire davantage encore mais on a su me prendre comme je suis avec les capacités qui étaient les miennes, sans rien forcer. Je n’ai pas à mon actif des constructions grandioses, des postes de premier plan, de grandes responsabilités… J’ai toujours préféré – et je crois que ça me convient mieux – des postes de second où je suis plus efficace. Je n’ai jamais demandé une nomination particulière. J’ai préféré, non pas un suivi docile et sans caractère, mais plutôt laisser l’Esprit m’appeler et me conduire où il croyait que je serais le plus à même de servir la Mission.
Mon parcours missionnaire, de frère d’abord, de prêtre ensuite, n’a pas représenté pour moi une quelconque promotion. C’est la mission qui a compté pour moi et l’appel à rendre tous les services que je pouvais rendre pour que la Bonne Nouvelle trouve son chemin chez les peuples d’Afrique où je serais envoyé. C’est pourquoi ce premier serment en 1967, il y a 50 ans, a vraiment correspondu au oui que je voulais dire au Seigneur pour sa mission en Afrique. Le reste c’est une vocation qui a trouvé son chemin en répondant aux appels que j’entendais et que je faisais vérifier par ceux qui m’accompagnaient. Au terme de ces 50 ans, je dis un sincère merci à tous ceux qui m’ont accompagné d’une manière ou d’une autre, à tous ceux avec lesquels j’ai partagé le travail missionnaire, à tous ceux qui m’ont supporté, malgré toutes mes imperfections, dans la vie communautaire, à tous ceux qui sont devenus mes frères dans cette belle famille des Missionnaires d’Afrique. Au Seigneur Jésus, toujours mon compagnon de route, à sa Mère qui a si bien veillé sur moi, je dis toute ma reconnaissance.

Alain Fontaine, M.Afr.

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