
Mgr Benoist de Sinety, « Il faut que des voix s’élèvent » Accueil des migrants, Un appel au courage, Flammarion, 2018, 132 pages, 12 €
L’auteur est le Vicaire général du diocèse de Paris. Dans son livre, il nous invite à un regard réaliste, sans compromission, sur notre société d’aujourd’hui multiculturelle comme elle a toujours été et sera encore. Il veut secouer notre passivité ou léthargie devant ces nouveaux migrants qui affluent vers nos côtes.
Il nous invite à ne pas nous enfermer dans une nostalgie d’un passé qui n’a jamais existé car notre continent est toujours le terrain d’un brassage sans fin (p.35) Nous ne devons pas fantasmer une unité nationale illusoire (p.79). Nous sommes face à un problème national et nous nous tournons alors vers nos responsables ou intellectuels pour qu’ils nous éclairent sur les enjeux. Nous avons donc ce qu’il appelle des « prévisiologues » ; et ceux-ci nous offrent souvent des discours qui nous rétrécissent et atrophient nos cœurs au lieu de nous encourager à grandir. Ils n’ont ni vision ni valeurs à mettre en évidence (p.50). Ce ne sont que des discours électoralistes basés sur des sondages (p.82).
Nous devons donc émerger de notre société de l’ultraconsommation scandaleusement indécente (p.67). N’établissons pas une hiérarchie entre nos pauvres auxquels nous sommes habitués et les migrants qui frappent à nos portes (p.65). Pensons à toutes ces « cellules psychologiques » que nous nous empressons de dépêcher vers ceux et celles éprouvés par tout événement inhabituel ; et à l’opposé que faisons-nous pour ces migrants qui ont enduré une traversée très éprouvante ? (p.109) Nous ne faisons que « sous-traiter » cette tâche à quelques associations humanitaires.
Alors, que faire ? L’auteur nous invite à « Ouvrir nos bras et ouvrir nos cœurs ». Il nous présente les orientations de l’Église catholique et plus spécialement, en 4 pages, les 21 suggestions du pape François. Il n’explicite pas tellement chacune de ces suggestions mais son texte pourrait servir de base à un partage en groupe ou en association.
Tout au long du livre, quelques convictions fondamentales sont énoncées. Voici quelques unes que nous pouvons retenir :
« La solidarité doit primer sur la loi » (p.93) ;
« Chez l’individu, c’est l’éthique de la conviction qui doit prévaloir » (p.126) ;
« L’opinion publique ne peut s’estimer supérieure aux opinions personnelles » (p.118).
Un texte établi à partir de la réalité française mais qui a une portée beaucoup plus large et qui ne laissera personne indifférent quelle que soit la communauté où il vit.
Gilles Mathorel, M.Afr.