L’expression « études spécialisées » dans le vocabulaire de la Société des Missionnaires d’Afrique signifie des études supplémentaires nécessaires pour mieux répondre aux besoins et aux objectifs de notre mission en Afrique aujourd’hui. Dès le début, notre fondateur a senti ce besoin. La nature de ce qui est nécessaire varie d’une période à l’autre et d’un endroit à l’autre. Laissons cet aspect historique aux historiens de la Société. Ma tâche dans cet article est de présenter la politique actuelle et la pratique des « études spécialisées » dans la Société des Missionnaires d’Afrique.
La politique concernant les études spécialisées est clairement énoncée dans nos Constitutions et Lois (CL) comme suit : « Le Conseil général assure une formation complémentaire ou spécialisée à certains missionnaires en vue des besoins de la Société ou des Églises locales, en tenant compte du projet apostolique de la Société » (CL 148, 1). Les trois derniers Chapitres généraux sont revenus sur ce sujet à chaque fois pour montrer sa pertinence dans une Afrique en évolution. Les Actes Capitulaires de 2016 le disent bien : « La mission dans un monde complexe requiert une formation intellectuelle de qualité » (p. 40). Par conséquent, même si nous étions principalement fondés pour l’Afrique, nous faisons de plus en plus partie d’un monde complexe qui dépasse les frontières de l’Afrique.
Traditionnellement, les confrères faisaient des études supérieures pour le travail de formation tels que l’enseignement dans les grands séminaires pour les Églises locales ou pour nos propres centres ou maisons de formation, pour des besoins pastoraux spécialisés tels le dialogue avec l’Islam et d’autres religions, Justice, Paix et la protection de l’environnement, etc. Les AC (2010, p. 66) ont mis l’accent sur la « formation des confrères dans la gestion financière et la vente de biens immobiliers ». En plus, les AC de 2016 nous invitent à « ouvrir le champ d’études spécialisées à d’autres domaines que celui de la formation », « en tenant compte de nos origines. » (AC, p. 41), en nous rappelant de garder clairement notre objectif. Il est arrivé dans le passé que des confrères aient été envoyés pour des études spécialisées en réponse à un besoin immédiat. De nos jours, il y a une planification à long terme pour avoir un groupe de confrères qualifiés dans des domaines reconnus importants pour la mission de la Société.
Lors du Conseil plénier de Ouagadougou (2013, p. 21), les conseillers ont insisté sur le fait que c’est la Société des Missionnaires d’Afrique qui nomme certains confrères en fonction de leurs besoins et des besoins de la Mission. Cela se fait en dialogue entre le confrère et ses supérieurs. Ici, je voudrais faire une distinction entre année sabbatique et études spécialisées. Alors qu’« un temps sabbatique vise principalement la croissance personnelle, le repos et le renouveau », les études spécialisées « visent un service spécifique où certains missionnaires sont nommés selon les besoins de la Société ». Il y a évidemment un besoin de discernement par le Conseil général en collaboration avec les conseils provinciaux dans le choix des confrères. Cependant, une sélection à long terme de ces confrères commence déjà pendant la formation initiale quand les membres du staff envoient leur évaluation au secrétaire pour la formation initiale concernant la capacité d’études spécialisées de chaque candidat avant la fin de sa formation initiale (Vade Mecum, Chapitre 15, 17-19).
Le travail pastoral reste l’objectif principal de notre activité missionnaire. Certains confrères manifestent leur désir d’étudier et n’hésitent pas à faire connaître leurs intentions. D’autres sont choisis parce qu’ils ont la capacité et la volonté d’offrir ce service à la Société. Il y a aussi ceux qui ne manifestent aucun intérêt et qui ne veulent pas faire d’efforts pour améliorer la qualité de leur service missionnaire.

Quels sont certains des critères pour choisir des confrères pour des études spécialisées ? Les CL (148.2) affirment que « quelques années d’expérience apostolique en Afrique précèdent la nomination pour une formation spécialisée. » Les AC (2016, p. 41) interprètent l’article ci-dessus des CL en disant « qu’en règle générale, un confrère passe au moins un terme de trois ans d’apostolat avant d’aller aux études ». Cela peut aller au-delà de trois ans en fonction du processus de discernement des personnes concernées.
Un autre point qui n’est écrit nulle part mais qui joue un rôle essentiel dans le choix d’un confrère pour les études est le critère de « l’expérience positive ». Nous comprenons tous ce que cela signifie, mais cela peut susciter des soupçons et des doutes dans certains cas. D’autres facteurs, comme le maintien de l’équilibre entre l’interculturalité et l’internationalité, peuvent limiter le nombre de confrères pouvant être appelés d’un pays ou d’une zone géographique. L’âge peut être un facteur déterminant dans certains cas. Par exemple, une personne âgée de plus de 35 ans ne peut être admise au cours de psychologie dans certaines universités.
Notre participation à des consortiums d’établissements d’enseignement supérieur et d’universités rend nécessaire d’appeler certains confrères à poursuivre un doctorat en vue de rendre des services tels que l’enseignement dans ces consortiums où un doctorat est exigé. Un doctorat peut également être nécessaire pour d’autres aspects de notre mission. Compte tenu des besoins actuels sur le terrain (ex. maisons de formation ou rôles de leadership), il arrive que certains confrères qualifiés et choisis pour faire un doctorat sont appelés à rester au travail tout en poursuivant leurs recherches en vue d’un doctorat un jour. Après tout, le but des études est en vue de la mission.
Statistiquement, il y a pour le moment 35 confrères qui font officiellement des études spécialisées dans différents endroits, à différents niveaux et dans différentes disciplines. Entre autres, 7 en philosophie, 6 en théologie, 6 en finances, 2 en islam, 2 en JPIC, 2 en sociologie, 1 en psychologie. Au cours des 5 prochaines années, en moyenne 6 confrères par an pourraient être appelés pour des études spécialisées si nous voulons nous remettre du manque actuel de personnes nécessaires pour de tels services dans différents domaines de la mission. Comme le dit le dicton, celui qui échoue à planifier, prévoit d’échouer.
Robert Beyuo TEBRI,
Secrétaire à la formation initiale