Le 28e Chapitre Général a pris une conscience accrue qu’en tant que Missionnaires d’Afrique, nous sommes aujourd’hui appelés à annoncer la Bonne Nouvelle dans un monde et dans une Afrique qui change. Pour cela le Chapitre s’est montré désireux de voir notre Société devenir plus créative dans ses manières d’annoncer le Règne de Dieu afin d’atteindre le plus de personnes possible.
L’annonce se fait grâce à la communication, grâce au langage. Dans les dernières décennies, les moyens de communication ont beaucoup évolué. En tant que Missionnaires d’Afrique, nous connaissons l’importance des consignes de notre fondateur, le Cardinal Lavigerie, en ce qui concerne l’apprentissage de la langue et des traditions des peuples auxquels sommes envoyés. L’apprentissage de la langue est la raison sine qua non de la rencontre qui, pour nous, constitue l’essentiel de la mission Ad Gentes.
Le Chapitre a réaffirmé l’importance que tient l’apprentissage des langues dans la tradition missionnaire d’Afrique. Il a réitéré la nécessité de rester fidèles à cette pratique qui a permis à nos prédécesseurs à être proches des gens et qui de nos jours tend à se faire de manière quelque peu aléatoire et raccourcie. Fort de cette tradition, nous pouvons et nous devons, en tant que Société, nous préparer à être missionnaires dans le nouveau « continent numérique » dont la langue est digitale (Cf. AC 2016, 3.3).
Jadis on utilisait des tambours pour communiquer sur de longues distances comme on envoyait aussi des messagers. Aujourd’hui on envoie un sms, un message WhatsApp, un tweet, etc. Nous ne pouvons plus ignorer ces nouveaux moyens de communication et continuer comme si de rien n’était, à faire comme nous avons toujours fait si nous voulons être plus efficaces dans la communication. Nous gagnerons sûrement à apprendre ces nouvelles formes de communication. Peut-être réussirons nous à rejoindre là où ils sont, nombreux ceux que nous n’arrivons plus à rassembler. Ainsi arriverons-nous aussi peut- être, à partager à un public plus large les valeurs pour lesquelles nous nous sommes consacrés au service du Royaume de Dieu pour le monde africain.
Beaucoup d’entre nous utilisent déjà l’un ou l’autre moyen de communication sociale à titre individuel et pour des fins personnelles. Il est plus que temps pour chacun de s’y mettre, si l’on tient à accéder au nouveau « continent numérique ». Cela faciliterait sans doute la communication des nouvelles de la Société entre nous, mais aussi et surtout, ça nous aiderait à être présents, en vue de la mission, dans un monde devenu aujourd’hui accessible au bout des doigts sur les écrans d’ordinateurs, des tablettes et des smart phones.
Il est urgent d’adopter des nouvelles stratégies pour aller à la rencontre de nos contemporains. En septembre 2013, le pape François, dans son allocution aux participants à la plénière du Conseil pontifical des communications sociales, lançait aux chrétiens le défi de : « Faire découvrir, même par les moyens de communication sociale, mais également par la rencontre personnelle, la beauté de tout ce qui est à la base de notre marche et de notre vie, la beauté de la foi, la beauté de la rencontre avec le Christ. »
Le Chapitre nous a en quelque sorte invité à relever ce défi. Il a proposé l’organisation de formations par Province et à tous les niveaux en faisant appel, quand c’est nécessaire, à des laïcs spécialisés. Il a appelé, en ce qui concerne les médias, à établir le pont entre les confrères qui en savent plus et ceux qui ne savent pas ; entre ceux qui aiment et ceux qui ne veulent pas apprendre (Cf. AC 2016 n°3.3). Ce sont là, des propositions que presque la quasi-totalité des Provinces a pris à cœur pendant les assemblées post-capitulaires. Nous devons tous veiller à ce que tout cela ne reste pas lettre morte.
Nous savons combien de gens cherchent à se nourrir spirituellement de ce qu’ils trouvent sur les réseaux sociaux. Pour les Missionnaires d’Afrique que nous sommes, nous devons nous demander ce que nous avons à proposer dans le « continent numérique » sur notre charisme et notre identité. Relever ce défi nous demande d’être créatifs. Le Chapitre est allé loin en appelant à explorer la possibilité de créer une application numérique propre à nous. C’est un défi lancé aux plus jeunes d’entre nous pour mettre leurs talents numériques au service de la mission.
Malgré leur importance, les moyens de communication sociale
restent un défi permanent dont l’utilisation invite évidemment au discernement. A travers eux, c’est toujours notre identité d’apôtres et notre charisme que nous cherchons à vivre et à refléter. « Soyez Apôtres et ne soyez que cela » nous a dit le Cardinal. Peut-être un point de départ vers notre engagement commun dans l’utilisation des moyens de communication sociale serait, pour chacun, de nous de voir ce qu’il y a d’apostolique sur nos pages Facebook, nos blogs etc.
Grâce à des applications digitales il est devenu possible de rester connectés entre nous ! Nous partageons les nouvelles plus facilement. Il existe des plateformes sociales qui unissent par exemple les confrères du même pays, des mêmes années de formation, etc. Depuis quelques mois, le Conseil Général s’est créé un groupe WhatsApp ! Cela nous permet de partager la même information au même moment quand nous sommes en déplacement. Ici et là, quelques confrères entretiennent depuis longtemps des blogs personnels. Si les initiatives restent encore timides, nous avons fait là, quelques pas vers des engagements plus significatifs pour l’utilisation des médias sociaux dans la mission.
Stanley Lubungo
Supérieur général