Le lundi, 27 mars 2017, à l’âge de 84 ans, est décédé le P. Pedro Molina García à l’Hôpital « Ruíz de Alda », Granada (Espagne), où il avait été hospitalisé d’urgence deux jours plus tôt, le samedi 25 mars, après avoir subi une crise cardiaque.
Bien que ses parents fussent originaires de la province de Granada (ce qui lui tenait à cœur), le P. Pedro est né le 11 septembre 1932 dans la ville de Córdoba (Espagne), où ses parents s’étaient déplacés pour des raisons de travail : son papa a travaillé au chemin de fer. C’est au Séminaire de cette ville qu’il a fait ses études de philosophie. Le 27 septembre 1956, il commence son noviciat chez les missionnaires d’Afrique à Maison-Carrée (Alger) et continue ses études théologiques à Carthage (Tunis). C’est à Tunis qu’il prononce son serment missionnaire le 27 juin 1960, et qu’il sera ordonné prêtre le 29 janvier 1961.
Sa première et unique nomination en Afrique a été le Burundi ( « le Burundi de son cœur » ) où, après le temps d’apprentissage de la langue, il travaille dans différentes paroisses : Gitongo, Bugenyuzi, Nyabiraba, Gitwenge, Mbogora, Ruyigi, Bukirazasi, Butwe et Rumeza. Compte tenu de ses dons d’artiste, on le trouve aussi pendant un temps à l’Ecole d’Art à Giheta.
En 1968, le P. Pedro Molina se rend à Rome où il fera sa grande retraite à Villa Cavalletti, après quoi, il retourne en Afrique jusqu’en 1974. Il rentre en Europe et est nommé en Italie (Marano, Treviglio et Castelfranco) jusqu’au début de 1978. Il retourne en Afrique, toujours au Burundi, à Ijene, diocèse de Ngozi. Il n’y restera pas longtemps car, au début 1981, il revient en Espagne à cause de la santé défaillante de sa mère ; il vit alors « hors communauté » s’occupant de sa maman, tout en assurant un travail pastoral dans une paroisse du diocèse de Córdoba.
A la mort de sa mère, en 1992, le P. Pedro retourne au Burundi où il s’occupe de la construction de l’église de Murore et de la peinture décorative de celle de Giharo, au diocèse de Ruyigi. Mais peu de temps après, en 1996, il doit abandonner définitivement le pays à cause d’un grave accident de voiture, où il perd son bras gauche. Cet accident ainsi que le fait de devoir abandonner définitivement le Burundi, l’affecta profondément, au point qu’il parviendra difficilement à surmonter cela, même s’il réalise encore diverses activités. C’est lui, par exemple, qui avec ses dons d’artiste, remodèle la crypte de la Maison Généralice. En 1997, Pedro est nommé au Canada, où il rendra plusieurs services jusqu’en 2004, date à laquelle, il rentre définitivement en Espagne où il est nommé à la communauté de Benicassim (Castellón).
Au début de son séjour à Benicassim, la santé de P. Molina est encore relativement bonne. Il montre un intérêt pour plusieurs activités. Surtout pour la peinture – il était un grand amateur d’icônes, et il en réalisa lui-même un bon nombre. Il disait qu’il fallait les peindre à genoux… Il avait aussi une bonne collection de timbres, à laquelle il consacrait de longs moments et recevait avec joie et gratitude ceux que les confrères lui envoyaient. Il aimait aussi la lecture et participait activement aux différents engagements de la communauté dans la pastorale. Peu à peu, sa santé décline et, avec elle, ses différents centres d’intérêt. Il a des problèmes de mobilité, et il semble faire peu d’effort pour les affronter : il restait souvent enfermé dans sa chambre et n’acceptait pas facilement qu’on l’aide.
À plusieurs reprises, à cause de sa santé, le P. Pedro dut être hospitalisé à Castellón. Après sa dernière hospitalisation, à la fin du mois d’octobre 2016, il devra rejoindre la maison de Repos « El Oasis » – à côté de la Résidence des Missionnaires d’Afrique de Benicassim. Mais ayant manifesté le désir de rejoindre Granada, la région d’origine de ses parents, Pedro sera conduit à la maison de Repos « Perpetuo Socorro » de Santa Fe (Granada) le 28 novembre. C’est là-bas qu’il subit le 25 mars, une crise cardiaque qui le mène à la mort, deux jours après, le lundi 27, à 16h.
Sur proposition du responsable diocésain de la pastorale missionnaire de Granada, sa dépouille mortelle fut veillée au Foyer sacerdotal du diocèse ; la célébration de l’eucharistie eut lieu le mardi 28 mars à la paroisse de Nuestra Señora de Gracia, de Granada, ancienne chapelle du Petit séminaire, en présence de sa famille de Granada et de Córdoba ainsi que de nombreux parents et amis des missionnaires d’Afrique de Granada. Pendant l’eucharistie, présidée par le P. José Morales, Délégué provincial du Secteur Espagne, le P. Aurelio prononça l’homélie et le P. German Arconada donna un témoignage sur le P. Pedro Molina et son travail au Burundi.
Voici quelques extraits de ce témoignage :
« Le P. Pedro arriva au Burundi en 1961, et quelque chose de lui y est resté pour toujours ; et ce quelque chose est beaucoup plus que son bras gauche…Bien des fois il pleura la perte du bras qui l’avait contraint à quitter définitivement le pays ! »… « La dernière fois où je l’ai rencontré à Benicassim, Pedro me montra le Nouveau Testament en kirundi…; il priait mieux en kirundi parce que cela lui permettait de présenter à Dieu les nombreuses personnes qu’il avait connues et aimées au Burundi…». « Pedro, maintenant que tu es auprès du Seigneur, je suis sûr que tu continues à aimer et à prier pour ce pays qui a tant marqué ta vie. »
Les restes mortels du P. Pedro Molina reposent dans le cimetière de Córdoba auprès de ceux de sa maman qu’il aimait tant.
Que le Seigneur le comble de son bonheur éternel !
Agustín Arteche, M.Afr.