Roquetas de Mar - Mission dans les périphéries
Le phénomène de la migration n’est pas une réalité nouvelle. Même nos pays d’Europe ont été façonnés par la migration tout au long de l’histoire. Aujourd’hui, comme nous pouvons le constater autour de nous, ce phénomène a polarisé certains segments de la population. La mauvaise compréhension du problème de la migration, ainsi que la mauvaise explication des faits, rendent tout aussi insuffisantes les réponses données. Ni les politiques qui investissent des sommes incroyables dans le renforcement des frontières, ni les médias n’aident à voir avec sérénité et une vision positive l’arrivée de personnes nouvelles et différentes sur ces terres. La peur et la suspicion semblent avoir le dessus pour l’instant ; le défi de passer de l’hostilité à l’hospitalité demeure.
La Communauté de Roquetas de Mar est née pendant le mandat du Provincial P. Benito Undurraga (1992-1998). Lors de la rencontre de Noël des prêtres à Aguadulce en 1997, un Missionnaire d’Afrique a proposé à l’évêque une possible collaboration des Missionnaires d’Afrique avec le diocèse d’Almeria parmi les immigrants africains. L’évêque se montra très intéressé et suggéra aux Pères Blancs de faire une proposition. Plusieurs options furent envisagées : prendre en charge une paroisse ou se consacrer à l’intégration des Africains dans les différentes paroisses où ils se trouvent. Cette dernière formule fut choisie, et les missionnaires aidèrent les curés dans cette tâche. Fin 1999, le dialogue avec l’évêque d’Almería a repris et, au début de l’année 2000, un contrat a été signé pour trois ans, valable jusqu’en janvier 2003 et renouvelable tous les trois ans. Le 12 janvier 2000, les Pères Joaquín Alegrías (missionnaire au Malawi) et Gabriel Cuello (missionnaire au Mali) ont été installés provisoirement dans la paroisse du Parador (Roquetas de Mar) et, l’année suivante, ils ont déménagé à Roquetas de Mar, dans une maison du “quartier des 200 maisons”, où se trouvent de nombreux migrants africains ; en même temps, on leur a confié la paroisse de Saint Jean-Baptiste, qui n’était pas encore construite.
La Communauté accueille les migrants (principalement des Subsahariens) qui viennent à Roquetas de Mar, pleins de rêves et d’illusions après avoir mis leur vie en danger au cours du long voyage sur la mer. C’est un projet d’accueil, d’attention à l’autre et d’aide à l’intégration de tant de frères et sœurs du désert et de la mer.
Ce projet comporte deux aspects : Le premier est directement pastoral, avec un catéchuménat de jeunes et d’adultes, et le second est de nature sociale. Dans ces deux domaines, nous collaborons avec un groupe de plus de vingt bénévoles : enseignants retraités ou en activité, médecins, avocats, religieux et prêtres.
Nous sommes une communauté internationale et interculturelle, Oscar, un Mexicain, qui a travaillé au Ghana ; Cesáreo Hoyuela, un Espagnol, missionnaire au Burkina Faso ; Alick Mwamba, un Zambien, missionnaire au Burkina Faso et au Mali, et un séminariste rwandais. Nous vivons dans le “quartier des 200 maisons” qui, malgré sa mauvaise réputation dans le reste de la ville, est un lieu convivial, animé, coloré et multiculturel. Ici, vous avez un avant-goût de l’Afrique dans cette ville qui est réputée dans toute l’Espagne pour son tourisme.
Le quartier où nous vivons est aussi un lieu où les nouveaux arrivants d’Afrique sont souvent accueillis par des gens de leur propre pays : ils les accueillent, les nourrissent et les aident à faire leurs premiers pas dans ce nouveau pays, même pour trouver un petit travail dans l’agriculture.
Accueillir et accompagner, promouvoir et intégrer comme le propose le Pape François, semble être la meilleure façon de décrire notre mission à Roquetas de Mar. Ces attitudes sont unies de manière concrète, d’une part, par la dimension sociale de notre présence (Centre Interculturel Afrique et tous ses services sociaux), et d’autre part, par une dimension spécifiquement religieuse (Catéchuménat pour les migrants africains dans plusieurs paroisses de notre région).
Les expériences de la mission en Afrique, qui nous ont transformés en ce que nous sommes aujourd’hui, sont autant d’aides dans notre ministère de compassion, qui est essentielle dans ces circonstances.
Les migrants vivent dans un contexte social qui ne les valorise pas toujours ; ils vivent en groupe, mais loin de leur propre famille ; ils sont seuls et n’ont guère la possibilité de trouver un conjoint adéquat. Ils vivent avec la douleur de savoir que le “lait et le miel” qu’ils cherchaient sont à portée de leurs mains, sans encore leur appartenir. Ils sont tous des personnes fortes et résistantes.
Voilà comment nous restons fidèles à notre vocation missionnaire et au charisme de notre fondateur Lavigerie qui nous a invités à “aimer l’Afrique et les Africains”. Notre mission se poursuit dans cette ville côtière du sud de l’Espagne, qui se trouve juste en face de l’Afrique. C’est la même mission dont nous avons accepté l’appel dans notre jeunesse pour annoncer la Bonne Nouvelle aux Africains.
Juan Manuel Pérez Charlín