Eglise et pédophilie : récit d’une journée choc

C’est dans son diocèse d’origine cette fois que notre confrère Stéphane Joulain partage son expertise, très appréciée, avec des prêtres, religieux et laïcs engagés dans le diocèse. L’article ci-dessous est tiré du journal “Ouest-France” du 22 mars 2019. Son journaliste, Thomas Heng, avait été invité aux conférences et aux assemblées générales. Ce poste est réservé aux Missionnaires d’Afrique pour des raisons de copyright.

Le vicaire général du diocèse de Nantes, François Renaud. | OUEST-FRANCE

170 prêtres et laïcs se sont pressés à une formation de lutte contre les abus sexuels, mercredi, à Nantes. Sans discours convenus. Pour les catholiques. l’urgence est décrétée.

Mardi. à Rome. le pape François refusait la démission de l’archevêque de Lyon. le cardinal Philippe Barbarln, condamné à six mois de prison avec sursis pour non-dénonciation d’agressions sexuelles sur mineurs.

Quelques heures plus tard, à 1 500 kilomètres du Vatican. à la maison diocésaine de Nantes, 170 prêtres, diacres et laïcs missionnés participaient à une journée baptisée ” Luttons ensemble contre la pédophilie en Église », Sujet sensible et douloureux.

« Crise des abus sexuels »

Le diocèse, dans une démarche de transparence, a accepté notre présence. On redoutait un certain « ronron » Au contraire, ici, pas de discours pesés au trébuchet, de précautions oratoires, de circonvolutions.

Mettre le fer dans la plaie pour vider l’abcès de la « crise des abus sexuels ». L’intervenant venu de Rome, Stéphane Joulain. père missionnaire, psychothérapeute formé en criminologie, sait faire. Il est spécialiste de la lutte contre la pédophilie. « Régler le problème en autorisant le mariage du prêtre ? Mettre une femme dans le lit d’un pédophile n’a jamais réglé la question. » Le ton est donné.

« Pour beaucoup, constate-t-il, le synonyme de « prêtre » c’est devenu « pédophile ». L’Église essaye de régler ces questions depuis le… III° siècle. » À la pause déjeuner, il précise : « Si on applique toujours la même solution à un même problème en espérant le résoudre, on n’est pas loin de la folie. »

D’abord, donc, se départir de réflexes ancestraux. « Quand un père est mis en cause pour des abus sexuels, des paroissiens s’inquiètent de son moral plutôt que de la victime, déplore un religieux. Inversons le regard. » « Les catholiques sont un peu obsédés par… le pardon ». résume, lapidaire, Stéphane Joulain. Autrement dit, le pardon, c’est « un chemin ». pas un automatisme.

Un long chemin parfois. On écoute l’histoire de cette femme de 87 ans, qui a attendu de voir la mort venir, pour enfin parvenir à dire ses blessures. Pendant quatre-vingts ans, elle a porté seule le fardeau d’une agression vieille de sa première communion. Une ombre se lève, quitte la salle en larmes. « Des choses remontent…», glisse un participant.

Parler, parler, parler. Stéphane Joulain s’agace contre un autre réflexe observé dans les paroisses : la protection de l’institution : « Quelques fois. on transforme la victime en ennemi ! Mais le scandale arrive par ceux qui ont commis ces abus ! Pas par ceux qui les relaient. »

Derechef. une question monte dans la salle : quand même. « Les médias », ils exagèrent, non ? « Sans les journalistes, on en serait encore à balayer la poussière sous le tapis », réplique l’orateur.

A la pause nicotine, dans les couloirs. un prêtre du sud de Nantes. embraye : « Des fois, on s’inquiète plus de l’institution que des Évangiles. » Autour de lui, Grâce à Dieu, le film de François Ozon, consacré aux abus du père Preynat, fait beaucoup parler, en bien.

Libérer la parole, point de départ

Face aux abus, l’Église aurait eu le tort de gérer « des situations individuelles », un peu comme des fusibles, pour protéger l’édifice général. « C’était la théorie de la pomme pourrie, de cas isolés, poursuit Stéphane Joulain. Mais la crise actuelle révèle qu’il y a quelque chose de pourri dans le panier. Et même dans le haut du panier. »

Manière de dire que les solutions passent par une prise de conscience collective, la « supervision » de tous, quitte à rogner sur la « confiance » accordée traditionnellement à chacun. En somme. une responsabilité partagée, évêques inclus.

Mais gare à ne pas se payer de mots. Libérer la parole, c’est le point de départ, pas d’arrivée. « Si vous pensez que c’est terminé l’an prochain, vous vous mettez le doigt dans l’œil ! prévient Stéphane Joulain. II faut changer, en profondeur. Nous devons passer par une phase de purification de l’Église, apprendre à travailler avec les victimes. »

« Ça ébranle leur foi »

Sur le terrain, on assure que la crise ne détourne pas les fidèles de l’Église. « Mais beaucoup, y compris parmi les plus solides, disent que ça ébranle leur foi », reconnaît le vicaire général, François Renaud.

Dans l’assistance, on s’inquiète quand même de « la diminution des inscriptions dans les camps d’été ou à la catéchèse ». Et, surtout, de ce « soupçon généralisé » qui pèse sur les prêtres.

Après le constat, des ébauches de solutions

Comment « faire de l’Église un lieu sûr ? » Stéphane Joulain invite à améliorer la formation des prêtres. Le temps de la formation au séminaire est d’au moins six ans. « Quand un séminariste ne veut être qu’au contact d’enfants, sans capacité de développer des relations avec des adultes… Attention ! »

Dans les paroisses, il ne faut jamais laisser courir une rumeur : « Il faut investlguer et faire la vérité ! »

Un travail strict s’impose aussi sur les « lieux ». « Les salles fermées où personne ne voit rien de l’extérieur, c’est à bannir. Pareil pour la catéchèse : si un animateur colle des posters sur les fenêtres, qu’est-ce que ça veut dire ? »

Jusque dans le confessionnal, transparence et prudence prévalent : « A Notre-Dame de Paris. la confession se déroule dans un aquarium vitré. Aux yeux de tous. Et alors ? C’est un moment où la personne livre sa vulnérabilité affective. Certains pourraient abuser de cette fragilité. »

Thomas Heng,
Ouest-France du 22 mars 2019

Téléchargez ici le PDF de l’article.

Méditations de Carême 2019 – Semaine 4

La branche allemande d’AEFJN – Netzwerk Afrika Deutschland – a préparé une série de méditations en préparation au “Mois Extraordinaire sur la Mission” que le Pape François a annoncé pour le mois d’octobre prochain. Voici le texte d’introduction. Chaque lundi du carême, la méditation suivante sera postée.

« Les méditations de Carême vous invitent à une réflexion personnelle et communautaire sur les dimensions multiples de la mission de l’Eglise:

  1. Mission est rencontre personnelle avec Jésus-Christ dans Eucharistie, Parole de Dieu, prière personnelle et communautaire. Seulement si le Christ est présent dans notre vie, nous pouvons le communiquer avec les autres.
  2. Mission est témoignage : Laissons-nous nous inspirer par les saints, les martyrs de la mission et les confesseurs de la foi d’hier et d’aujourd’hui.
  3. Mission demande une formation à vie: Evêques et prêtres, hommes, femmes et jeunes doivent chercher comment communiquer l’évangile dans notre culture en transformation.
  4. Mission est être au service des tous : C’est le témoignage d’amour et de solidarité avec les pauvres qui seul peut démontrer l’amour de Dieu pour tous. »

Semaine 1 : Le Mois Extraordinaire de Mission 2019 – Un survol

Semaine 2 : Le Mois Extraordinaire de Mission 2019 – Documents de l’Eglise

Semaine 3 : Le Mois Extraordinaire de Mission 2019 – Ressources

Semaine 4 : Mission – rencontre Jésus-Christ

Nouvelles de Beira – Mozambique

Depuis le retour du cyclone Idai sur le Corridor de Beira (centre du Mozambique), la région était complètement coupée du reste du monde.  Notre confrère Claudio Zuccala, un “ancient” du Mozambique est aux premières loges pour récolter des nouvelles. Il tient à jour son blog personnel en italien et m’a autorisé à en traduire, pour vous, les deux derniers postes pour vous tenir au courant de ce que la population et l’église (dont 4 communautés M.Afr.) endurent. Je commence par la lettre de nouvelles qu’a réussi à envoyer l’archevêque de Beira le 19 mars.

 

19 mars 2019 – Beira. Communiqué de l’archevêque

Après des jours d’isolement, aujourd’hui l’archevêque de Beira, l’Italien Claudio Dalla Zuanna, a réussi à envoyer quelques messages en profitant du signal d’une compagnie téléphonique qui a été restaurée dans un secteur circonscrit de la ville. La maison de l’évêque a également été privée de son toit alors que, depuis quatre jours, il pleut sans interruption.

Chers amis,

Le fragile tissu urbain et social de la ville de Beira et de la zone dite du “corridor de Beira”, où vivent environ un million de personnes, a été secoué par un ouragan de force 4 sur une échelle de 5 dans la nuit du jeudi 14 au vendredi 15 mars, avec des vents d’environ 200 km par heure.

Dans la ville : bâtiments découverts et vitres brisées, arbres déracinés ou cassés, pylônes électriques et mâts de téléphone démolis, dans les banlieues, de nombreuses maisons démolies. Les victimes que nous connaissons se comptent par dizaines, mais il est difficile d’avoir des données exactes car les réseaux téléphoniques ne fonctionnent pas et l’État n’a pas la capacité de collecter des données.

Depuis jeudi, il n’y a plus d’électricité, plus d’approvisionnement en eau, plus de communications téléphoniques et même la seule route qui relie la ville au reste du pays a été coupée l’eau. Ce message peut finalement vous parvenir grâce au rétablissement d’une antenne téléphonique, fermée pendant trois jours, dans la zone de l’aéroport. Le seul bloc opératoire de toute la région, celui de l’hôpital central, a été découvert et inondé, ce qui l’a rendu inopérant. Les écoles ont été fermées indéfiniment. La plupart des salles de classe ont des toits en tôle, presque tous déchirés. Le diocèse a des écoles dans cette région pour plus de 9 000 élèves.

Pour de nombreuses familles, la nourriture est désormais l’urgence. En ville, en plus de prix plus élevés, les approvisionnements sont limités car de nombreux entrepôts et magasins ont été découverts (par le cyclone) et la nourriture perdue.

Et…. il continue à pleuvoir. En plus des nombreuses maisons qui n’ont plus de toit et qui sont donc exposées à la pluie, certaines rivières, alimentées par les pluies du cyclone dans les régions intérieures et dans le Zimbabwe voisin, débordent.

Sur les 25 paroisses que nous avons dans cette région, presque toutes ont subi des dommages plus ou moins graves, trois églises ont été littéralement rasées au sol. Les maisons des prêtres qui travaillent dans ces paroisses, le séminaire (nous étions en train de terminer la construction du réfectoire et de la chapelle), la radio diocésaine et de nombreuses autres structures diocésaines ont également été endommagés.

Ma maison, où se trouvent aussi les bureaux de la Curie, a été aussi complètement découverte par l’ouragan et le premier étage, celui des chambres à coucher… est ouvert sur le ciel, exposé à la pluie. Nous nous sommes “réfugiés” au rez-de-chaussée, mais l’eau dégouline les escaliers et perce les plafonds en plusieurs endroits.

On ne peut pas faire grand-chose pour l’instant. Les magasins qui vendent du matériel pour couvrir les maisons, malgré les prix “adaptés” pour l’occasion, ont tout vendu en deux jours. Même si le matériel était disponible, il y aurait du travail pendant des mois pour les quelques travailleurs qualifiés disponibles. Nous essayons de recueillir des données pour dresser une liste des dommages au moins au niveau des structures, de dégager les arbres tombés dans les cours et les décombres des toits.

Il est impressionnant que, malgré un tel scénario, quand on demande à quelqu’un comment il va, il répond généralement avec un sourire : “bien”. Dans les banlieues, où les maisons sont très précaires, toutes les toitures arrachées ont été ramassées et chacun a essayé de construire un petit abri pour sa famille, parfois en dressant quelques draps aux deux seuls murs restants de ce qu’il appelait sa maison.

Alors moi aussi, je dis : “Je vais bien”. Nous essayons de faire face à ce qui arrive tous les jours, en espérant au moins que… la pluie s’arrête.

Salutations à tous

P. Claude

Voici le dernier poste de notre confrère Claudio Zuccala, écrit hier, 21 mars 2019

Catastrophe causée par le Cyclone Idai. Mises à jour sur la situation à Beira et dans les environs

Premier jour sans pluie

Huit jours après l’arrivée du cyclone, la pluie a finalement cessé. Ici et là le signal de quelques opérateurs de téléphonie mobile réapparaît. Le revers de la médaille, c’est que Beira est toujours une ville sans eau potable, avec des pénuries alimentaires, sans électricité et sans accès au monde extérieur. Pour l’instant, l’aide ne peut arriver que par bateau, par avion et par hélicoptère.

Nouveau communiqué de l’archidiocèse de Beira

Le diocèse a publié un communiqué expliquant la gravité de la situation, soulignant que l’eau potable et la nourriture sont ce dont les gens ont le plus besoin. Le diocèse a créé une commission d’urgence ad hoc qui coordonne les interventions avec la “Caritas” diocésaine. Dès demain, trois centres de distribution du précieux liquide vital devraient être opérationnels. On tente également de récupérer des produits de survie qui seront distribués à la majorité, en collaboration avec les commissions paroissiales “Caritas”. Tous les bâtiments des 25 paroisses du diocèse ont subi des dommages plus ou moins graves et la Commission d’urgence s’en occupe également. Pour beaucoup de gens, la survie est la seule préoccupation. La reconstruction, la récupération des biens perdus, les projets pour plus tard, passent en second lorsque vous n’avez ni pain ni eau. La situation dans la ville voisine de Buzi, où la vie de milliers de personnes est en danger à cause des inondations provoquées par le débordement des rivières Pungue et Buzi, est peut-être encore plus dramatique.

Nouvelles de nos communautés Pères Blancs

Les Missionnaires d’Afrique sont présents dans quatre communautés, deux dans la province de Sofala, dont la capitale est Beira, et deux dans la province de Manica, avec sa capitale Chimoio. Ils vont tous bien même si l’un d’eux n’est vivant que par miracle. Tôt le matin, alors qu’il faisait encore sombre, sa voiture a été engloutie par les eaux d’une rivière qui avait envahi le réseau routier et a été emportée par le courant. Heureusement, le père Raphaël Gasimba a réussi à sortir de la voiture et à s’accrocher à un arbre sur lequel il a été projeté par la force de l’eau. Là, perché entre les branches, il a dû attendre les secours qui sont arrivés quelques heures plus tard, lorsqu’il a fait jour.

Situation générale

Il y a 36 000 personnes dans 96 centres de rassemblement, bien que des sources ministérielles suggèrent qu’ils sont presque deux fois plus nombreux. 40 000 personnes ont été secourues des toits, des arbres, des îlots et des tronçons routiers. Mais les chiffres réels de la catastrophe ne seront connus que dans quelques jours. De nouveaux centres sont ouverts tous les jours parce que les sans-abri seraient 280 000. Près de trois mille salles de classe ont été détruites ou endommagées et 39 cliniques ont été ouvertes.

Dans de nombreux milieux, on dit que derrière l’anomalie déconcertante du mouvement du cyclone Idai (qui a quitté le canal du Mozambique comme une dépression tropicale, s’est déplacé vers le Zambèze et le Malawi, est retourné dans le canal où il s’est renforcé, se dirige vers Madagascar, puis fait un brusque retournement et se lance, de façon exagérée, sur Beira, au centre du Mozambique et sur le Zimbabwe), il y a la question du réchauffement planétaire. Ceux qui manient bien l’anglais trouveront certainement intéressant l’excellent article de Matt McGrath, correspondant de la BBC et expert en questions environnementales :

https://www.bbc.co.uk/news/science-environment-47638588

Claudio Zuccala, M.Afr.
http://claudiozuccala.blogspot.com/

 

Une amitié fidèle – Conférences Romaines

Nous savions tous, plus ou moins, que les Petites Sœurs de Jésus (de Charles de Foucauld) avaient une relation spéciale avec la famille Lavigerie. Ce que nous ne savions peut-être pas, c’est que la fondatrice, la “Petite Sœur Magdeleine” avait eu comme maîtresse des Novices et comme “amie de cœur” la sœur Augustin Marie, Sœur Blanche.

Dans le cadre des Conférences Romaines du 150°, Sœur Paola Francesca, Petite Sœur de Jésus, nous entretient de cette amitié fidèle jusqu’à entrer dans la Vie Éternelle à 6 semaines d’intervalle.

Méditations de Carême 2019 – Semaine 3

La branche allemande d’AEFJN – Netzwerk Afrika Deutschland – a préparé une série de méditations en préparation au “Mois Extraordinaire sur la Mission” que le Pape François a annoncé pour le mois d’octobre prochain. Voici le texte d’introduction. Chaque lundi du carême, la méditation suivante sera postée.

« Les méditations de Carême vous invitent à une réflexion personnelle et communautaire sur les dimensions multiples de la mission de l’Eglise:

  1. Mission est rencontre personnelle avec Jésus-Christ dans Eucharistie, Parole de Dieu, prière personnelle et communautaire. Seulement si le Christ est présent dans notre vie, nous pouvons le communiquer avec les autres.
  2. Mission est témoignage : Laissons-nous nous inspirer par les saints, les martyrs de la mission et les confesseurs de la foi d’hier et d’aujourd’hui.
  3. Mission demande une formation à vie: Evêques et prêtres, hommes, femmes et jeunes doivent chercher comment communiquer l’évangile dans notre culture en transformation.
  4. Mission est être au service des tous : C’est le témoignage d’amour et de solidarité avec les pauvres qui seul peut démontrer l’amour de Dieu pour tous. »

Semaine 1 : Le Mois Extraordinaire de Mission 2019 – Un survol

Semaine 2 : Le Mois Extraordinaire de Mission 2019 – Documents de l’Eglise

Semaine 3 : Le Mois Extraordinaire de Mission 2019 – Ressources

Hans Zoller, R.I.P.

Le Père Gérard Chabanon, Supérieur Provincial d’Europe,
vous fait part du retour au Seigneur du Père

Hans Zoller

le mardi 12 mars 2019 au Foyer St-Joseph à Sierre (Suisse)
à l’âge de 89 ans dont 61 ans de vie missionnaire
en R.D. Congo (Zaïre) et en Suisse.

Prions pour lui et pour ceux qui lui étaient chers.

Téléchargez ici l’annonce du décès du Père Hans Zoller Continue reading “Hans Zoller, R.I.P.”

Chemin de Croix africain 2019

Voici un Chemin de Croix “africain” – très beau et très priant – proposé par notre confrère Manu Quertemont. Il s’agit d’une présentation PowerPoint enregistrée en format vidéo MP4. Le chemin de croix a été réalisé par l’artiste peintre Charles Ndege pour l’église paroissiale de Nyakato, dans le diocèse de Mwanza, au nord de la Tanzanie. Le chemin de croix est habilement actualisé avec les thèmes contemporains de souffrance et de libération.

Etant donné la législation sur le Copyright et sur la protection des données numériques, il est impossible de mettre cette vidéo sur YouTube, ni même de la proposer à tout le monde sur notre site internet. Et donc, ce poste requiert d’être enregistré.

Vous pouvez la visionner ici à titre purement personnel :

… et la télécharger ici :

https://1drv.ms/v/s!ArWERpqiNo6QmgOnarCCfaoFqVKh (85,6 Mo)

 

Notice biographique de Fernand Gruber (1934-2018)

Voici la notice biographique provisoire de Fernand Gruber, la définitive paraîtra plus tard dans le Petit Echo.

Fernand est né le 10 Juin 1934 à Ingwiller, diocèse de Strasbourg, dans le Bas‑Rhin.

Alsacien, et fier de l’être, Fernand a toujours aimé se retrouver dans sa famille, auprès de ses deux sœurs, de sa maman. Celle-ci est restée veuve, car Georges son mari, a été mobilisé par les Allemands en 1944, et on n’a jamais eu de nouvelles de lui par la suite ; sans doute disparu sur le front de Russie. Malgré bien des recherches, consultant bien des archives, Fernand n’a pas réussi à élucider le sort de son père, ce qui l’a fortement et durablement marqué.

Son école primaire se fit d’abord en allemand de 1940 à 1944 ; puis, de 1945 à 1948, en français. Quant à ses études secondaires, elles se déroulèrent d’abord au petit séminaire des Pères Blancs à Altkirch en Alsace, pour se poursuivre à Bonnelles en Seine-et-Oise.

Ce fut ensuite le cursus normal : philosophie à Kerlois – noviciat à Maison Carrée ; sa théologie, commencée à S’Heerenberg (Pays Bas), fut interrompue par le service militaire en France et en Allemagne ; démobilisé, il se rendit alors à Totteridge pour trois années de théologie. Il fut ordonné prêtre le 29 juin 1963 à Strasbourg.

Commencèrent alors six longues années d’études. Etant donné les aptitudes intellectuelles de Fernand, qu’accompagnaient de bonnes connaissances linguistiques (français, allemand, anglais), les responsables de la Société voulurent préparer Fernand à un service particulier de la mission : on l’orienta vers l’étude des problèmes posés dans nos missions par la présence d’Eglises aux dénominations diverses, protestantes surtout, et d’une manière plus générale, c’était le faire entrer dans le domaine de l’œcuménisme.

Ce furent d’abord des études de théologie catholique à Paris où il obtint en1965 une licence en théologie . Puis une année passée à la faculté de théologie protestante de Paris en vue du doctorat. On le retrouve ensuite à l’Institut Œcuménique du Conseil Œcuménique des Eglises à Céligny en Suisse ; après quoi il passe un semestre auprès d’organismes oecuméniques aux Etats-Unis. Et, pour finir, deux années d’études à l’Institut Supérieur d’Etudes Œcuméniques de Paris . Nous sommes alors en Juin 1969. Les portes de l’Afrique vont s’ouvrir pour Fernand. Ce fut la Zambie qui  l’accueillit.

Dès septembre 1969 Fernand est au centre de langue d’Ilondola où il apprend le Bemba qu’il parle très correctement ; ce qui lui permet d’être à l’aise comme vicaire à Chiboté, dans le diocèse de Mansa. Il a aimé le contact quotidien avec les paroissiens, s’intéressant à leur genre de vie et à leurs préoccupations. Il dut cependant assurer un « intérim » au petit séminaire de Bahati durant deux ans. Après quoi il se retrouva vicaire à la paroisse de Nsakaluba — et professeur de religion au collège pour garçons.

Mais ses compétences en matière doctrinale le firent nommer au Grand Séminaire national de Zambie, à Kabwe, puis à Lusaka. Il y enseigna la théologie dogmatique et pastorale, la liturgie, l’oecuménisme et.. la Bible. Tout en étant doyen des études, et responsable d’une paroisse rurale.

C’est avec regret qu’il quitta la Zambie pour se rendre à Sainte Anne de Jérusalem, le 16 septembre 1981. Son activité principale jusqu’en juillet 1998 concerna la « Revue Proche-Orient Chrétien » dont il était le secrétaire administratif. Responsable de la bibliothèque, il fut aussi « vicaire » de la paroisse allemande de Jérusalem. Cela dura 18 ans.

A partir de septembre 1998, sa vie va se dérouler en Europe. D’abord en France, où il fut secrétaire provincial cinq ans. Puis, en décembre 2003 en Allemagne, à Francfort où il s’adonna au ministère paroissial.

Fatigué, il s’établit alors à Mours, où, pendant cinq ans, il assura le service « accueil », tout en faisant du ministère dans les environs. Il s’y donna totalement ; et le frère Muratet, économe de la maison, nous dit : « Fernand laisse un excellent souvenir au service de la communaué Pères Blancs comme des visiteurs ; il a su faire lever beaucoup d’affection, d’amitié, d’estime ».

Le temps de la retraite sonna en 2012. D’abord à Bry-sur-Marne, de 2012 à 2015. Puis, souhaitant se rapprocher de sa famille et de la zone alsacienne, il fut nommé à la maison de retraite des Missions Africaines, à St. Pierre. Il fut hospitalisé durant l’été 2018 à l’hôpital de Sélestat d’où il nous quitta, le 16 juillet 2018.

Le frère Gabriel Muratet qui fit l’homélie lors des obsèques, souligna le rayonnement de Fernand jusqu’à la fin de sa vie. En est témoin ce groupe d’hommes, lui disant sous le porche de l’église : « nous ne sommes pas tous de bons pratiquants, mais nous venons ce jour à l’église pour recueillir l’héritage moral que nous laisse cet enfant du pays, le missionnaire Fernand Gruber. Il va nous manquer »

Merci, Fernand, d’avoir été un excellent confrère et un bon ouvrier dans les différents champs d’apostolat qui furent les tiens. Dieu t’accueille dans sa demeure, où tu as retrouvé ton père, dont le souvenir est resté vivant en toi toute la vie, et ta maman.

Jean-Marie Vasseur, M.Afr.

Notice biographique de Pierre Du Suau de la Croix

Voici la notice biographique provisoire du Père Pierre Du Suau de la Croix. La notice définitive sera publiée plus tard dans le Petit Echo.

Le 4 mars 1923, Pierre est né dans une famille de médecin à ‘le Houga d’Armagnac’ dans le Gers. Il était le quatrième d’une famille de 7 enfants. Il y vécut une enfance et une adolescence heureuses où, dans un contexte très chrétien, se développa, aidé par le scoutisme, une forte personnalité. Dès cette époque, se précise sa vocation artistique. Sa famille lui fait suivre des cours de peinture à Auch où il résidait alors.

L’appel missionnaire retentit très tôt. Il mûrit au séminaire d’Auch qui l’accompagna jusqu’à la philosophie incluse. Il se rendit alors au noviciat des Pères Blancs à Maison Carrée (1941-1942).

Ce fut ensuite la formation Père Blanc classique, interrompue cependant par la guerre, ce qui l’a amené à participer à 3 débarquements : la Corse en septembre 1943, l’Italie en janvier 1944 et la Provence en septembre de la même année. Suivit la campagne d’Alsace qui le conduisit jusqu’à l’été 1945 date à laquelle il fut démobilisé. Il s’adonne alors durant quatre ans à la théologie en Tunisie. Il Fut ordonné prêtre en 1949 et fut nommé en Haute-Volta Burkina Faso où il se rendit en 1950, affecté au diocèse de Nouna.

Le Sourou fut son premier poste, transféré dès 1952 à Zaba, paroisse qu’il fonda. Il y apprit trois langues. L’apostolat, avec ses différents aspects : culte, catéchèse, …. etc. l’absorba totalement, et il a gardé un bon souvenir de ces treize ans de pastorale rurale, y compris le temps passé à Tansilla. Il revint en congé en 1957 et en 1963, mais le climat très chaud qui l’affaiblissait lui fit comprendre qu’un changement de pays s’imposait. Ce fut le Rwanda qui l’accueillit.

Il y vécut 25 ans, pays qu’il a beaucoup aimé. Le paysage certes, mais surtout la population dont il apprit la difficile langue. Cela lui permit d’être un pasteur actif à Rwaza dans la région des volcans. Il y déploya une activité pastorale débordante. Mais en 1990 on lui demanda de mettre en sourdine l’apostolat paroissial pour s’occuper à temps plein de la décoration  des églises : mosaïques, vitraux et peintures. Avant d’installer son atelier à Kigali d’où il rayonnait sur tout le Rwanda, il travailla chez un maître-verrier à Paris qui l’initia à la technique du vitrail. Il aurait aimé continuer ce travail qui lui plaisait et que bien des visiteurs admiraient, mais les événements de 1994 le forcèrent à accepter l’invitation du régional à profiter des évacuations des ressortissants étrangers par les soldats Français. En avril 1994, on le retrouve donc à Paris.

Il avait alors 72 ans et se sentait en forme. Aussi, après un bon temps de repos, il accepta la proposition que le provincial lui transmit, proposition émanant du P. Louis Blondel en Afrique du Sud : « Faut que tu viennes me rejoindre car j’ai un centre de formation et on veut y créer un atelier d’Art ». C’est ainsi qu’en juin 1995 il atterrit à Johannesburg, et se dirigea vers Orange­Farm à 80 km de là. Il se mit courageusement à l’anglais, et très vite, les commandes affluèrent si bien qu’il était souvent absent de sa communauté ( 2 français, 1 irlandais et 1 canadien) et il dut abandonner le projet d’atelier d’Art. Sa voiture l’emmenait alors pour plusieurs semaines au Transvaal, au Lesotho, au Swaziland, … Une œuvre  qui lui tint particulièrement à cœur fut un chemin de croix avec 15 stations et un chemin de lumière avec également 15 stations. Cela lui prit quatre mois. Hélas ! « monter sur des échafaudages à parfois plusieurs mètres de haut, pour peindre fresques et mosaïques commencèrent à devenir problématique à 80 ans ». En juin 2005, la décision fut prise d’un retour en France. Pierre avait passé 9 ans en Afrique du Sud et ce lui fut pénible de s’en arracher.

En septembre 2005, Pierre est à Billère. Ce sera difficile pour lui de devenir sédentaire après des années de vie indépendante en différents pays. Mais l’atelier qui lui fut réservé lui permit de continuer son travail artistique : mosaïques à l’entrée de la maison, peintures diverses, entre autres, Notre-Dame d’Afrique. Il écrit alors : « l’aide fraternelle de la communauté, la prière et l’eucharistie quotidienne sont une source d’optimisme et de joie ». Et de fait, les témoignages concernant cette époque nous parlent d’un Pierre avec un certain entrain, commentant la télé, toujours amateur de courses automobiles et de football.

Mais, les infirmités, la vieillesse, amenèrent une dépendance que Pierre vécu difficilement, rendant sa vie pénible pour lui et pour son entourage pourtant très prévenant.

Cependant, il garde à travers sa souffrance une sérénité que sous-tend un de ces derniers écrits : « pour moi, la vieillesse n’est pas un naufrage comme disait le Général de Gaulle. C’est plutôt la vue prochaine du port après une traversée pleine d’écueils dont j’ai été protégé par le Seigneur. Aussi, ma prière est un magnificat, celle du P. de Foucault : ‘Seigneur, je m’abandonne à toi. Fais de moi ce qui te plaira. Quoique tu fasses de moi, je te remercie »

Merci Pierre. Tu nous laisses le souvenir d’un confrère dont les œuvres  continuent à faire l’admiration des visiteurs, tant à l’entrée de la maison (mosaïque) qu’à la chapelle (Notre-Dame d’Afrique), souvenir d’un confrère zélé pour l’apostolat, plein d’une ardeur artistique qui lui a permis d’embellir notre vie.

Jean-Marie Vasseur, M.Afr.

Notice biographique de Rolf Rosin

Voici la notice biographique provisoire de Rolf Rosin. La notice biographique définitive sera publiée plus tard dans le petit écho.

Rolf a vu le jour le 6 mai 1940 à Karlsbad, dans la province de Sudetenland, créée comme une province autonome en 1918 par les germanophones. La Monarchie Autriche-Hongroie était en décomposition et pour ne pas être intégrée dans la République Tchèque, fondée le 28 octobre 1918 à Prague, les germanophones ont préféré une autonomie relative. Après la 2ème guerre mondiale, l’autonomie de Sudetenland fût supprimée et la plupart des germanophones se sont réfugiés en Allemagne. La famille de Rolf a choisi Bamberg en Bavière comme nouveau lieu de résidence.

Il a grandi avec deux frères dans une famille très chrétienne et musicale. Il a fréquenté le Deutsche Gymnasium à Bamberg et le 18 juillet il a passé son bac. Son professeur de religion a témoigné qu’il était un des plus attentifs aux thèmes religieux et n’était donc pas étonné que Rolf se soit décidé pour une vie missionnaire.

En septembre 1962, il est rentré au grand séminaire des Pères Blancs à Trêves. De 1964 à 1965 il a fait son noviciat à Hörstel et ensuite, pour la théologie, il est allé à Totteridge. Le 26 juin 1968, il prononça son serment missionnaire et fut ordonné prêtre à Bamberg le 29 juin 1969.

Il fut alors nommé en Zambie, au diocèse de Kasama. Il suivit le cours de langue à Ilondola et, en février 1970, il commença les activités pastorales dans les paroisses Mulobola, puis Chilubi et à Malole pendant plus que trente ans. Dans ses lettres aux parents, amis et bienfaiteurs, il parle surtout de trois réalités de sa vie en Zambie : la situation politique et économique, les paroisses avec quelques dizaines de succursales, les petits communautés chrétiennes et leur glorification en Europe.

Ses éducateurs ont constaté que Rolf se faisait remarquer pour bien faire les tâches demandées sans exagération. Dans son travail pastoral, il a souffert de cette qualité. A l’exception de six mois comme remplaçant de l’économe diocésain à Kasama et comme économe dans le centre de langue à Ilondola, il a travaillé dans les trois très grandes paroisses Ilondola, Chilugi et Lubishi. Toutes les trois constituées d’un centre et de quelques dizaines de succursales ou sous-centres, visités seulement deux à trois fois par an par le prêtre pour célébrer l’Eucharistie. L’Evêque venait irrégulièrement dans les succursales pour donner le sacrement de la confirmation. La pastorale était assurée par les catéchistes.

Après le Concile Vatican II. l’Eglise a développé la « petite communauté chrétienne » comme organisme vital de la pastorale en créant des petits groupes qui se réunissaient chaque semaine pour lire l’Evangile dans le contexte social donné. Rolf connaissait bien la situation en Zambie et lorsqu’il était en vacances en Allemagne et en Autriche, il s’étonnait de l’enthousiasme des chrétiens qui, de loin,  voyaient ces petites communautés chrétiennes comme des solutions miraculeuses aux problèmes pastoraux de l’Afrique comme de l’Europe. Il en reparlait dans toutes ses lettres aux amis.

Lorsque Rolf arrive en Zambie, le pays, devenu indépendant en 1964, est à la recherche de son identité. La politique proclame un « humanisme zambien » pour résoudre les difficultés économiques. Les responsables des Eglises chrétiennes publient en août 1979 une déclaration pour s’opposer au socialisme scientifique, caché dans « l’humanisme zambien », qui n’aidera pas à sortir du sous-développement et qui ne garantira pas les droits humains. Ralf, lui-même réfugié du communisme soviétique, revient régulièrement sur ce problème dans ses lettres. Ses préoccupations pour la situation politique et sociale ont sûrement son origine dans le fait qu’il est passé par la perte de son pays d’enfance, l’exil et l’intégration dans un autre milieux accompagné par la pauvreté matérielle.

Rolf interrompit son travail pastoral par trois fois, deux fois pour se rendre à Jérusalem, en 1979 pour faire la grande retraite et en 1999 pour le cours biblique, la troisième fois lorsqu’il revient en 1985 pour quatre ans en Europe. Il est nommé à Axams, à 10 km d’Innsbruck an Tirol où il vit dans une communauté, nouvellement implantée comme projet nouveau, avec deux confrères, P. Anton Mettrop, un confrère hollandais et le P. Walter Vogt. L’équipe est chargée de l’animation missionnaire et vocationnelle. Elle mettra en place tous les moyens pour se faire connaître et pas seulement dans les paroisses du diocèse et les mouvements catholiques mais aussi au-delà des frontières diocésaines. Les confrères ouvriront notamment les portes de leur maison en organisant des journées de réflexion pour les jeunes.

En décembre 1989, Rolf retourna dans le diocèse de Kasama, mais il dut interrompre plusieurs fois son séjour pour se soigner en Allemagne. En décembre 2006 il est nommé en province. De 2007 à 2018 il est en charge de l’économat à Haigerloch, dans la communauté des confrères âgés.

Pendant la dernière année de sa vie, il a dû endurer une épreuve de plus lorsque le secteur a vendu la maison de Haigerloch, la deuxième fondation après Trier. La communauté s’est installé dans une maison de la CARITAS à Hechingen, à une dizaine de kilomètre de Haigerloch. En février 2019, Rolf est rentré dans la clinique universitaire à Tübingen où il est mort le 2 mars dans la matinée et enterré le 8 mars dans la section des Missionnaires d’Afrique au cimetière de Haigerloch.

Hans Vöcking, M.Afr.