L’Italie détient les 4% (10 millions) des 244 millions de migrants du monde : 5.200.000 d’Italiens à l’étranger et 5.026.153 les ressortissants étrangers résidant sur le territoire national. Ils sont nombreux les immigrés qui sont arrivés illégalement. Les débarquements en 2015 ont été de 154.000 personnes demandeurs d’asile fuyant la guerre et la persécution, de migrants économiques fuyant la misère.
Toutefois, en 2015, 250.000 ressortissants étrangers ont été enregistrés auprès des autorités communales comme personnes arrivant de l’étranger et 72.000 enfants nés de parents tous deux étrangers, par rapport aux années précédentes, le nombre des immigrés qui ont acquis la nationalité italienne a été exceptionnellement élevé (178.000 en 2015). Cela a porté la population italienne d’origine étrangère à un total de 1.150.000 personnes. Les femmes représentent 52,6% du total et les mineurs en constituent 21,2%.
Les régions de provenance des migrants en 2015 sont en ordre décroissant :
- Europe : 52,4%
- Afrique : 20,6%
- Asie : 19,7%
- Amérique : 7,5%
Les cinq pays les plus représentés sont, en ordre décroissant :
- Roumanie : 1.151.395
- Albanie : 467.687
- Maroc : 437.485
- Chine : 271.330
- Ukraine : 230.728
Les immigrés résidants assurent un soutien à la société italienne : ils représentent les 10,5% de la population active malgré le taux élevé du chômage parmi eux. En outre, la longue crise économique n’a pas affecté le dynamisme entrepreneurial des immigrés : leurs entreprises représentent les 9,1% de celles actives. Toujours selon le dossier Statistico dell’Immigrazione, le solde entre les contributions versées par les immigrés et ce qu’ils perçoivent des fonds publics est de 2,2 milliards d’euros au profit du trésor public.
Sur le plan démographique les immigrés jouent un rôle très important car la dynamique naturelle de la population italienne est déjà déficitaire (différence de 162.000 décès de plus que les naissances en 2015). Cette situation va s’aggraver au cours de la période 2011 – 2065 selon l’Institut National de Statistique (Istat) et ne pourra être compensée que par le flux migratoire. Si l’Italie réussit à engager sa relance, l’immigration sera un levier indispensable et les raisons de vivre ensemble seront mieux comprises.
L’Afrique est présente avec 1.036.653 de résidents : les femmes constituent les 40,6% du total.
- Afrique du Nord : 669.014
- Afrique Occidentale : 304.885
- Afrique Orientale : 39.890
- Afrique Centrale et Méridionale : 22.864
Parmi les Africains titulaires de permis de séjour, les femmes représentent 39,4% .
35,9% des permis de séjour sont pour raisons de travail et 21,4% pour asile ou raisons humanitaires (c’est bien plus que les 2,4% de l’Europe, les 7,0% de l’Asie, le 0,7% de l’Amérique et le 0,1% de l’Océanie pour la même raison).
L’observatoire privilégié qu’est l’Institut National pour la promotion de la santé des populations migrantes et la lutte contre les maladies de la pauvreté (INMP), un Institut du Ministère de la Santé, m’offre l’opportunité de voir la population des migrants du monde entier et la conclusion de ces longues années de travail, même à Lampedusa, est que la population migrante la plus vulnérable est celle de l’Afrique ( elle compte beaucoup de mineurs non accompagnés) et plus particulièrement de l’Afrique subsaharienne car très jeune, comportant beaucoup d’analphabètes, beaucoup de très jeunes femmes dans la filière de la traite des êtres humains pour la prostitution, des jeunes gens dans la filière de la mendicité. Très peu ont les ressources nécessaires pour saisir les occasions qui se présentent ou qu’on leur présente. Ils ne sont pas préparés à leur expérience de migration mais ils ont la force d’une extraordinaire résilience !
L’Afrique est distraite et ne réalise pas qu’elle est en train de perdre une partie de son futur et cela de façon tellement douloureuse, à cause de son instabilité politique et sociale, des conflits armés interne et interétatiques, des conséquences des plans d’ajustement structurel dictés par les institutions financières internationales qui ont miné les investissements des États dans les importants domaines de la santé et de l’éducation nationale, mais surtout pour le manque de patriotisme des dirigeants africains.
Si l’Europe récupère son intelligence, surtout celle du cœur, et en fait des citoyens, les migrants du monde lui offriront un futur.

Docteur Suzanne Mbiye Diku
Bibliography:
B. Coccia, F. Pittau : Le Migrazioni qualificate in Italia, ISP S. PIO V
Idos, Dossier statistico innigrazione 2016