Homélie de Mgr Michael Fitzgerald

Abbaye de Worth, Angleterre, le 20 mai 2017
« Simon, fils de Jean, m’aimes-tu plus que ceux-ci ? »
« Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime. »
Comme Simon, John, tu as répondu « oui ». Ce jour où le Nonce t’a appelé à le rencontrer, tu n’avais pas beaucoup de temps pour réfléchir avant de répondre positivement à l’invitation du Saint Père, le pape François, à accepter la responsabilité du diocèse de Laghouat. Comme preuve de ton consentement, nous avons le mandat qui vient d’être proclamé.
Conscient d’avoir été choisi, et t’appuyant sur l’Esprit du Seigneur que tu as déjà reçu, tu as répondu en effet : « Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime. »
Tu as répondu en toute confiance, j’en suis sûr, car tu sais que l’amour de Dieu t’entoure comme il t’a toujours entouré : ici, à Worth, pendant ton adolescence ; au cours de tes années de service dans les Forces Armées; et tout au long du temps que tu as servi comme prêtre dans la Société des Missionnaires d’Afrique.
Tu sais avec certitude que cet amour continuera de t’entourer, quelles que soient les difficultés que tu pourras rencontrer. Cette certitude est fondée sur le Christ, notre Rocher, celui qui ayant « aimé les siens qui sont dans le monde, les aima jusqu’à l’extrême », celui que nous célébrons en ce temps pascal, Jésus qui est passé par sa passion et par la mort et qui est ressuscité à la vie nouvelle, une vie qu’il veut partager avec tous.
Tu as déjà eu des responsabilités, non seulement à l’armée mais aussi dans l’Eglise, comme supérieur de la communauté de l’Institut des Belles Lettres Arabes, à Tunis et comme supérieur provincial des Missionnaires d’Afrique au Maghreb ; mais maintenant, à la suite de ta réponse confiante au Seigneur, tu te vois confier une nouvelle responsabilité. Comme Simon, tu entends les paroles : « Pais mes agneaux. Pais mes brebis. Avec amour prends soin du peuple du diocèse de Laghouat.”
J’aimerais faire remarquer que Jésus dit à Simon : “Pais mes agneaux. Pais mes brebis. » Il te dit : « Prends soin de mon peuple de Laghouat. » Ton amour et ta sollicitude doivent être inclusifs, universels. Permets-moi de citer ici le Droit Canon :
« Que dans l’exercice de sa charge pastorale, l’évêque diocésain montre sa sollicitude à l’égard de tous les fidèles confiés à ses soins, quels que soient leur âge, leur condition ou leur nationalité, qu’ils habitent sur son territoire ou qu’ils s’y trouvent pour un temps » (c. 383 §1).
Cette dernière catégorie comprendrait non seulement les pétroliers qui viennent travailler dans la région, mais aussi les étudiants africains et les migrants qui traversent le Sahara à la suite de leur rêve d’une vie meilleure.
Le même canon poursuit:
« Il considérera comme confiés à lui dans le Seigneur les non-baptisés pour que, à eux aussi, se manifeste la charité du Christ dont l’évêque doit être le témoin devant tous » (c.383 §4).
Par conséquent, comme tu le sais très bien, ta sollicitude pastorale ne doit pas se limiter au petit nombre des catholiques dans ton diocèse, mais doit s’étendre à toute la population de plus de quatre millions et demi. Si préférence il doit y avoir dans les personnes qui attireront ton attention, ce sera pour ceux mentionnés par Isaïe dans la première lecture : « les pauvres, ceux qui souffrent, ceux qui ont le coeur brisé, les prisonniers ou ceux qui sont enchainés d’une manière ou d’une autre. »
Au cours de la célébration de l’installation de Mgr John à GhardaïaCe diocèse qui t’est confié est extrêmement vaste et, comme nous le savons, le désert est ta cathédrale. Tu auras, comme le suggèrent tes armoiries, à piloter la barque de l’Eglise locale sur une mer de sable ou, si tu préfères, à suivre à travers les dunes, et faire suivre ton peuple, l’Agneau immolé qui est toujours vivant. Pourtant cet immense espace n’est nullement un ‘Quart Vide’. Je suis certain que tu découvriras que partout l’amour de Dieu t’a précédé. En disant cela, je pense à tes prédécesseurs sur le siège de Laghouat : Charles Lavigerie, Charles Guérin, Henri Bardou, Louis David, Gustave Nouet, parmi les ‘ancêtres dans la foi’, et ceux que j’ai connus moi-même, Georges Mercier, Jean-Marie Raimbaud, Michel Gagnon, et Claude Rault, ton prédécesseur immédiat que nous avons le bonheur d’avoir présent avec nous aujourd’hui. Je pense aussi à tous les Missionnaires d’Afrique, hommes et femmes, et les autres prêtres, religieux, religieuses et laïcs, qui ont contribué à la vie et à l’apostolat du diocèse, et puis également à ceux et celles qui se trouvent actuellement dans le diocèse et que tu es appelé à conduire comme le Bon Pasteur. Je prie donc que tu puisses comprendre la largeur, la longueur, la hauteur, la profondeur de l’amour de Dieu, afin que tu puisses être comblé jusqu’à recevoir toute la plénitude de Dieu (cf. Eph. 3, 18), à partager ensuite avec d’autres.
Le passage de l’évangile proclamé aujourd’hui se termine avec les paroles de Jésus à Simon : « Pais mes brebis ». Je crois qu’il serait bon de considérer aussi les versets qui suivent. Jésus rappelle à Simon : « Quand tu étais jeune, tu nouais ta ceinture et tu allais où tu voulais ». Toi, John, comme jeune homme tu as eu la même liberté, bien que tu te sois engagé à obéir aux ordres comme membre des Forces Armées de Sa Majesté, et qu’ensuite tu aies prêté serment à obéir au Supérieur général de la Société des Missionnaires d’Afrique. Aujourd’hui ‘ un autre’ – et j’ai le privilège d’être cette personne – ne nouera pas ta ceinture, mais te donnera un anneau, et cet anneau sera le signe qui tu es lié, que tu es donné comme époux à une seule Église, l’Église qui est à Laghouat.
Se créeront aussi de nouveaux liens, avec les autres évêques de l’Algérie, avec les membres de la Conférence des Evêques de la Région de l’Afrique du Nord, et en même temps avec le Collège universel des évêques, avec le Pape François à sa tête.
Ainsi tes préoccupations devront s’étendre de plus en plus, pour embrasser tout le territoire de ton diocèse, tout le pays où tu es envoyé, la région toute entière, et de fait l’Eglise universelle.
Le nouvel évêque recevant sa crosseAlors, avec toi et pour toi, nous prions pour que ton amour puisse croître en profondeur et en extension, tout en restant éminemment pratique et efficace, à l’exemple de notre Fondateur, Charles Lavigerie, dont le ministère pastoral fut inspiré par un seul mot : CHARITAS.
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