«Homo homini lupus est» est un proverbe latin qui veut dire : “l’homme est un loup pour l’homme”. Si, dans le passé, les êtres humains se sont comportés comme des loups envers leurs semblables, ce comportement continue jusqu’à notre ère. La violence et l’insécurité qui se répandent à travers le monde en sont une illustration.
Qu’est-ce que la violence ?
Dans son rapport de 2002 sur la violence et la santé, l’OMS définit la violence comme « l’utilisation intentionnelle de la force physique, de menaces à l’encontre des autres ou de soi-même, contre un groupe ou une communauté, qui entraîne ou risque fortement d’entraîner un traumatisme, des dommages psychologiques, des problèmes de développement ou un décès ».
« La menace ou l’utilisation intentionnelle de la force physique ou du pouvoir contre soi-même, contre autrui ou contre un groupe ou une communauté qui entraîne ou risque fortement d’entraîner un traumatisme, un décès, des dommages psychologiques, un maldéveloppement ou des privations » (Pg. 5, Krug E, Dahlberg L, Mercy J.et al. Rapport mondial sur la violence et la santé. Genève : Organisation mondiale de la santé, 2002)
Les types de violence
Quand une personne attaque l’autre avec l’intention de nuire, on parle d’une agression. Quand elle tue l’autre, même pour des raisons légalement justifiables, on parle d’homicide. Le brigandage, le pillage, le viol, l’abus sexuel des mineurs et des adultes vulnérables sont autant d’autres types de violence. La violence peut-être aussi psychologique, verbale et passive. La violence structurelle existe aussi. Selon Galtung, cette « violence se ‘construit’ dans une structure et se caractérise par l’inégalité dans l’exercice du pouvoir, et en conséquence conduit aux inégalités d’opportunités ». Le népotisme, un groupement politique, social, culturel ou ethnique, qui opprime ou exclue les autres fait partie de la violence structurelle.
La violence et l’insécurité
Quand la violence prévaut, elle crée la peur au point que les gens se sentent en danger ; on parle de l’insécurité. On pourrait donc déduire que l’insécurité est une conséquence de la violence. Les causes de l’insécurité sont multiples : une personne est socialement insécurisée quand son milieu de vie devient menaçant et dangereux. Par exemple Goma (en province du Nord-Kivu, R.D. Congo) est une ville insécurisée où, vers 21h, on ne voit presque plus de piétons ni de véhicules en circulation. Un ouvrier dont le travail est précaire et instable vivrait dans une situation d’insécurité. L’incertitude d’une prochaine nomination d’un confrère peut provoquer en lui une certaine insécurité. On note que la cause la plus sous-jacente dans la province précitée serait la guerre économique qui s’y vit depuis déjà plus de deux décennies.
La violence et l’insécurité affectent négativement les individus et leurs communautés. Elles provoquent des déplacements massifs des personnes, les isolent les unes des autres et créent le traumatisme, la dépression et éventuellement la mort.
Peut-on prévenir la violence ?
Il est possible de mettre en place des mesures de prévention de la violence comme la promotion des droits et des devoirs des personnes, des mesures contre la consommation nocive de l’alcool et l’usage de la drogue, surtout chez les jeunes. Réduire l’accès aux armes à feu et aux armes blanches, promouvoir l’égalité entre les sexes, éviter la convoitise, le pillage et l’extrait illicite des ressources naturelles par les systèmes mafieux et multinationaux contribueraient à créer des communautés et un monde non-violents.
Quelle place pour la non-violence et l’empathie ?
Si en ternes simples, l’empathie est la capacité de s’identifier à l’autre dans ses ressentis; et la non-violence l’abstention et l’exclusion de toute violence, ces deux concepts ont leur place dans les situations de violence et d’insécurité. Ainsi, refuser toute coopération, complicité et participation dans des actions violentes, dénoncer les propos et les actions violentes, promouvoir l’interculturalité et la paix peuvent promouvoir la non-violence. Se mettre à la place de l’autre, essayer de le comprendre sans le juger, se faire proche de lui, l’aider à exprimer ce qu’il ressent, avoir une écoute de sollicitude sont quelques comportements empathiques envers les victimes de la violence et de l’insécurité.
Quels programmes de lutte contre la violence et l’insécurité ?
Dans les sociétés déchirées par la violence et l’insécurité, on constate souvent la présence des ONG et celles des Nations-Unies qui tentent d’apporter des solutions à ces fléaux. Dans notre milieu et ailleurs, ces organisations sont parfois accusées de ‘créer’ les guerres et prétendre les terminer à travers leurs programmes. Dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu, des programmes de lutte contre les violences basées sur le genre (VBG) sont mis en place afin d’assurer une prise en charge sanitaire, morale, psychologique et l’intégration des victimes dans la société.
Les Médecins Sans Frontières, par exemple, se chargent entre autres des soins des blessés de guerre. La MONUSCO (Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation du Congo), la F.A.O, l’UNICEF, l’O.M.S, le H.C.R, le PNUD, etc. ont mis en place des programmes d’appui à la stabilisation et à la prévention des conflits, l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, l’assistance aux enfants et aux réfugiés, le développement, etc. Au niveau national, il existe aussi des projets comme le PRVBG (Projet de Prévention et de Réponse Basées sur le Genre), le parlement d’enfants pour assister les enfants victimes de la violence et des abus, et aussi juger leurs bourreaux.
Au niveau local, on peut citer la Fondation Panzi initiée par le Prix Nobel de la Paix, le Dr Denis Mukwege qui s’occupe de la santé maternelle et des mutilations génitales pratiquées sur les femmes violées. Il existe aussi des réseaux d’entraide chrétiens et des bureaux d’écoute comme la Caritas diocésaine, le centre Nyota à Bukavu, (où est engagé notre confrère, le père Bernard Ugeux), qui accueille des jeunes filles analphabètes et victimes des viols et des enfants délaissés, pour les aider à recouvrer l’estime de soi. Les patrouilles nocturnes des policiers et des militaires, l’éclairage public dans les quartiers et les avenues de la ville et ses environs sont autant de programmes de lutte contre la violence et l’insécurité.
La paix est possible
La violence et l’insécurité sont des réalités qui demeurent avec et en nous. Elles ont été et restent encore la cause de beaucoup de maux dans la société. Elles peuvent cependant être évitées et éradiquées. La paix est possible ; une paix durable serait une solution à la violence et à l’insécurité.
Par: Jean-Paul Cirhakarhula, M.Afr.