Intégrité et mission, toujours d’actualité (PE n°1114)

Certains de nos confrères, surtout dans les régions éloignées, n’ont peut-être pas la chance de lire le Petit Echo, soit à cause d’un problème de distribution postale, soit parce qu’ils n’ont qu’un accès Internet sur leur téléphone portable. Chaque fois que je lirai des articles particulièrement essentiels, je les publierai sur le site Internet sous forme de postes ordinaires, qui devraient être plus faciles à lire depuis un téléphone portable. Ne les manquez pas. 
Ph. Docq

Intégrité et mission, toujours d’actualité

Stéphane Joulain, M.Afr. (dans le Petit Echo n° 1114)

Au début des années 1960, notre Société mit fin à la publication de ce que l’on appelait les directoires. Ces documents prévoyaient les différents aspects de la vie des missionnaires. On y retrouvait des directives très claires quant à la manière d’être en relation avec les autres : hommes, femmes et enfants, laïcs et religieuses. On y retrouvait des indications sur les lieux où recevoir les personnes que les missionnaires accueillaient : dans les bureaux, jamais dans les chambres, etc. La Société était consciente depuis le début de sa fondation des limites de la nature humaine et des risques que ces limites faisaient planer au-dessus de l’œuvre des missions. Puis, plus rien. Les vents de liberté des années 1960-70 balayèrent ces documents. Seule la conscience individuelle devait être le guide pour discerner la moralité et l’intégrité de l’action du missionnaire.

Cette méconnaissance de la nature humaine, pour une Église qui s’autoproclamait pourtant par la voix de Paul VI comme « experte en humanité », amena de nombreux maux. Même s’ils n’étaient pas nouveaux, ces maux furent dramatiques pour beaucoup. Le risque, en supprimant toute forme de discipline ou de législation, est que l’individu se retrouve confronté à la dictature de son ego et de sa toute-puissance. Si l’individu n’a pas internalisé un cadre inhibiteur à sa toute-puissance, les dérives sont un risque très réel. L’apport d’un cadre inhibiteur externe, qui rappelle la loi fondamentale du respect de l’altérité du prochain, est alors indispensable. Autrement, le risque est trop grand que ce qui est central ne soit plus l’annonce de la Bonne Nouvelle du Christ ressuscité, mais l’annonce de la supériorité du missionnaire sur le reste des fidèles.

Heureusement, la vaste majorité des missionnaires sont des hommes de foi et de moralité, entièrement donnés à la mission du Christ, avec leurs limites certes, mais avec une générosité et un amour du prochain évidents. Toutefois, certains se sont glissés dans notre Société avec une intégrité moindre, et ils se sont alors servis de leur prochain ; ce sont les mercenaires pour lesquels « les brebis ne comptent pas vraiment », dont parle le Christ (Jn 10,13) ; ce ne sont pas des missionnaires.

Mesures récentes

Il était donc devenu important d’avoir dans notre Société des cadres clairs pour protéger ceux que nous servons. Pour cela, dès 2008, notre Société s’est dotée de ses premiers instruments pour encadrer le ministère auprès des plus vulnérables. Ces instruments ont été révisés régulièrement jusqu’à nous donner notre Politique actuelle sur la prévention des abus (2015), ainsi que différents outils du vade-mecum pour la gouvernance ou pour la formation initiale. Au niveau des provinces et des secteurs, différents instruments plus contextualisés ont été élaborés.

Certains, bien souvent les confrères ayant le plus de difficulté avec leur toute-puissance, les ont perçus comme une limitation de leur liberté. Mais ces instruments ne sont pas là pour limiter la liberté, mais pour protéger les plus faibles.

Certaines infoxs (fakenews) ont alors commencé à circuler ; par exemple, affirmer que l’on ne pouvait plus toucher les enfants même pour les bénir ; dire qu’une chasse aux sorcières était organisée ; que le coordinateur à l’intégrité du ministère (CIM) était le nouvel inquisiteur ; que le droit canonique et notre serment seraient suffisants, etc.

Ces infoxs sont autant de fantasmes qui reflètent la difficulté à intégrer de nouveaux paramètres de travail missionnaire et la difficulté de certains à sortir de la toute-puissance. Cela reflète aussi une autre difficulté : celle d’intégrer l’obéissance à la chasteté.

Soyons ici très clairs, il n’a jamais été interdit de « toucher chastement » les enfants pour les bénir. En Afrique, c’est fréquent à la fin de la messe de voir les petits venir vers le prêtre pour recevoir leur bénédiction ; c’est une belle expérience évangélique ; cela, il n’est pas question de l’interdire. Ce n’est pas ce qui se passe devant tout le monde qui est source d’inquiétude, c’est ce qui se passe derrière des portes closes, loin du regard inhibiteur d’autrui, qu’il faut encadrer.

De même aucune chasse aux sorcières n’est organisée mais, comme demandé par l’Église universelle et les successeurs de l’apôtre Pierre, nous devons répondre à un devoir de justice envers celles et ceux qui ont souffert des comportements de certains de nos confrères et ont dû vivre pendant des dizaines d’années, parfois toute leur vie, avec des conséquences dramatiques, pendant que le confrère, auteur des abus, continuait lui à jouir de tous les bienfaits de notre petite Société.

Le CIM n’est pas non plus un inquisiteur. Les seules personnes pouvant exercer le pouvoir de gouvernance dans notre Société concernant ce genre d’affaires sont le Supérieur général et les provinciaux. Ils sont les seuls autorisés à entreprendre les procédures canoniques qui pourraient s’imposer. Le CIM agit simplement comme conseiller et peut parfois rappeler le cadre de la loi.

Finalement, ni le droit canonique ni notre serment ne sont des instruments suffisant pour assurer une prévention efficace et une protection maximale des plus vulnérables. C’est pour cette raison que le Vatican, en particulier la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, a dû compléter les outils à sa disposition pour œuvrer à rendre la maison Église plus sûre. Tous les diocèses du monde, les congrégations religieuses et les Instituts de vie consacrée ont aussi été invités à le faire. Nous devrions nous réjouir que, depuis 2008, nous ayons de tels instruments dans notre Société.

Mahagi Sisters
Après une session du Père Peter Ekkut aux religieuses de Mahagi sur la protection des enfants et des personnes vulnérables

Le serment ne parle pas de la protection des plus vulnérables ; peut-être devrait-il le faire ? C’est une question légitime. Dans le passé, le serment n’incluait pas la formule d’engagement au célibat, puis elle fut introduite. Pourquoi ne pas introduire une petite formule dans laquelle nous nous engagerions à respecter l’intégrité physique, morale et spirituelle des personnes que nous servons ?

Le cardinal Lavigerie

Notre fondateur était très conscient des risques de l’apostolat missionnaire sans cadre précis. Je l’avais déjà rappelé dans un numéro précédent du Petit Écho. Notre archiviste à la maison généralice me partagea récemment un autre texte intéressant de notre vénéré fondateur. Alors qu’il était bloqué à Carthage à cause d’une épidémie de choléra (circonstances passées qui nous semblent aujourd’hui plus familières), il écrit, en 1885, aux missionnaires en retraite spirituelle. Au milieu de différents encouragements face aux critiques extérieures, il signale toutefois une situation de dérive intérieure inquiétante déjà à l’époque : « C’est donc à vous, mes chers enfants, que je m’adresse aujourd’hui.

La malice et l’audace de vos ennemis échappent à votre action et vous devez être résignés à les subir. Mais ce qui dépend de vous, c’est d’éviter tout ce qui pourrait dans votre vie de missionnaires refroidir le cœur de Dieu, arrêter le cours de ses bénédictions et amener ainsi une ruine bien plus douloureuse encore et plus irrémédiable que celle qui viendrait du dehors (…) Par suite des plus graves motifs et dans la crainte de malheurs à jamais déplorables, je me vois obligé de mettre un terme aux rapports trop fréquents et trop étroits qui existaient presque partout entre les sœurs et les missionnaires. Je laisse à votre père supérieur le soin de vous donner à cet égard les éclaircissements et les détails que la prudence m’empêche de confier au papier. Je me borne à dire que, de plusieurs côtés à la fois, 1l m’est arrivé, de personnes les plus graves et les moins suspectes de partialité, des observations et des plaintes sur ces rapports trop multipliés et sur les calomnies qui en étaient la conséquence. Après avoir donc pesé devant Dieu toutes ces considérations, J’ai décidé également de séparer complètement, au moins pour un temps et jusqu’à ce que les congrégations aient vieilli, la direction des sœurs et celle des missionnaires, quant à sa direction générale et particulière. » (Cardinal Lavigerie, Anthologie de textes, volume V (1885-1887), 29e texte : Lettre aux missionnaires réunis pour leur retraite annuelle à Maison-Carrée, 19 septembre 1885).

Notre fondateur était un visionnaire et un homme d’intégrité morale certaine. Il savait tous les dégâts que peuvent faire certains comportements : dégâts sur les personnes, dégâts pour l’annonce de la Bonne Nouvelle. Puissions-nous puiser à son exemple notre détermination et l’intégrité nécessaire à notre mission !

+ Herman Verhaeghe

Ce n’est pas notre habitude d’annoncer le décès de nos ex-confrères, mais vous comprendrez en lisant ce billet de Jef Vleugels, ancien Provincial de Belgique et actuellement archiviste du Secteur, que cet ex-confrère a sans doute connu et rendu beaucoup de services à bien des confrères. Voilà pourquoi, nous publions cette notice envoyée par Jef Vleugels. 

Nous venons d’apprendre le décès d’un ex-confrère, Monsieur Herman Verhaeghe, à Heverlee, le mardi 27 octobre, époux de Madame Maria Concetta Casarano et papa de Benedikt, David et Sarah.

Herman est né à Izegem en Flandre occidentale, le 24 juillet 1928. Après les humanités gréco-latines dans sa ville natale, il entra chez les Pères Blancs à Boechout en septembre 1946. Après le noviciat à Varsenare, il partit en septembre 1949 pour Thibar et Carthage pour la théologie. Après son serment missionnaire à Thibar le 27 juin 1952, il est ordonné prêtre le 5 avril 1953 à Carthage. Il fait ensuite un doctorat en Droit canonique à la Gregorienne à Rome.

Pendant son service militaire à l’université de Louvain, il remplace temporairement le titulaire du droit canon au scolasticat de Heverlee, le père Edgard Declercq, qui s’est cassé une jambe pendant un match de football contre les Scheutistes. Début mai 1957 Herman part pour le grand séminaire de Baudouinville, où il enseigne jusqu’en 1960. De 1960 jusqu’en 1964 il est professeur et depuis 1963 également recteur de notre grand séminaire de Carthage. En 1964 il est chargé de fermer définitivement la maison. Le 1er janvier 1964 on l’appelle à Rome comme Procureur général de la Société. Les dernières années dans cette fonction, il était également “Defensor vinculi” auprès du tribunal de la “Sacra Rota” au Vatican. Il était fier du rôle qu’il avait pu jouer dans le déroulement rapide du procès de béatification des Martyrs baganda. Durant les années après le Concile, Herman a aidé nombre de confrères désireux de quitter dans l’élaboration de leur dossier…

En 1973 lui-même décide de quitter. Il obtient la “dispensatio ab omnibus” (en d’autres mot le retour à l’état laïc) et se met en quête d’un travail comme traducteur assermenté (français, italien, anglais). Dans l’église de La Cambre il épouse Madame Maria Concetta Casarano. Il trouve un emploi à la banque KBC, où il devient en 1982 regional manager Africa. Leurs trois enfants réussissent fort bien leurs études. Lorsqu’en 1994 il est officiellement pensionné, Herman continue à travailler comme interprête et traducteur.

Herman et Concetta habitèrent à Heverlee. Une dizaine de petits-enfants vinrent compléter la famille. Chaque dimanche Herman en Concetta assistèrent fidèlement à l’eucharistie chez les jésuites de la chaussée de Wavre. Jusqu’à ce qu’il tomba malade et reçut le sacrement des malades. Il s’est éteint doucement le mardi 27. “Il a toujours parlé avec éloge et considération du temps qu’il a passé chez vous”, nous écrit sa fille Sarah. Et d’ajouter qu’une présence PB à l’adieu serait appréciée. Yvo et moi y serons mardi prochain.

Jef Vleugels, M.Afr.

Un siècle d’histoire de l’Eglise d’Afrique devant vous !

Un siècle d'histoire de l'Eglise d'Afrique devant vous !

Mini-Lien du Secteur France – 1er Novembre 2020 – Editorial

 « Évidemment, évidemment, on rit encore pour des bêtises comme des enfants… mais pas comme avant, pas comme avant », chantait France Gall sur des paroles de Michel Berger, après le départ d’un être qui lui était très cher. Ah le vide ressenti après un décès! Et il faut reconnaître que lorsqu’en ce 2 novembre nous visiterons les caveaux de nos confrères décédés, nous prendrons encore un peu plus conscience à quel point ils nous manquent.

Les noms sont gravés dans le granit, mais moins profondément que dans nos cœurs ou tout au moins dans nos mémoires. Plus rien en effet ne sera « comme avant ». Et cette triste année 2020 va marquer indélébilement nos mémoires : seulement en France – et l’année n’est pas terminée – 20 confrères nous ont quittés et c’est énorme.

Qui plus est, trop d’entre eux sont partis sans aucun confrère pour les accompagner, portés à la morgue par des fantômes en tenue de films d’horreur et puis tout aussi directement au cimetière sans passer par la case obligée d’une chapelle ou d’une église. Inhumain ! Non, ils ne se sont pas dévoués tant d’années en Afrique au service de l’Évangile, portés par un renoncement improbable propre aux Pères Blancs pour finir comme cela ! Ils ne méritaient pas ça ! Et pendant que les pompes funèbres faisaient leur travail, nous les « vivants » nous étions seuls dans nos chambres les yeux secs, mais le cœur bouleversé, murmurant sans fin comme pour stimuler notre espérance: « Ô mort, où donc est ta victoire ? »

Heureusement, la foi et la raison ont vite fait de prendre le dessus au point même de nous rendre plus forts ; la fête de la Toussaint est là pour nous le rappeler : « Oui, nous le savons », nos confrères sont vivants, et pour toujours, à l’apogée de leur vie active missionnaire et sacerdotale. Et leur départ, aussi douloureux a-t-il été, n’était que leur ultime épreuve, celle-là même qu’a vécue le Christ avant sa résurrection. Oui, ils sont vivants et nous y croyons profondément.

Comment alors, en ce 2 novembre, ne pas partager la fierté que nous sommes en droit de ressentir en voyant tout ce que Dieu a réalisé à travers eux en Afrique ou ailleurs ? Ce n’est pas pour rien qu’Il a choisi ses ouvriers dans une diversité et une richesse incroyables ; chacun d’eux a travaillé à sa façon à la vigne du Seigneur apportant à l’immense vitrail de la Mission ce petit coup de pinceau personnel qui lui donne toute sa luminosité : tous les champs humains comme spirituels ont été merveilleusement labourés depuis 150 ans. Et c’est bien cette diversité qui a fait de l’Église d’Afrique la perle qu’elle est aujourd’hui.

Mais la fête de Toussaint est aussi celle du pardon ou de l’oubli selon nos conceptions. Le départ de nos confrères en effet a aboli en nos mémoires tout le négatif qui leur était reproché de leur vivant. Et surtout, avec du recul, ce que nous pensions être des défauts n’a-t- il pas été finalement utile, voire nécessaire à la construction de l’Église d’Afrique ? C’est fou ce qu’elle a pu progresser grâce à toutes les imperfections de ses ouvriers !
Ce sont bien ces petites, mais nombreuses croix qui l’ont façonnée, et ce sont de multiples petites croix qui façonnent encore et toujours ce chef-d’œuvre en devenir. Ce sont les ombres qui depuis toujours font ressortir la splendeur de la lumière et des couleurs ! C’est alors que nous revient cet aveu réconfortant de Saint-Paul : « Quand je suis faible, c’est alors que je suis fort ! » « Tout est grâce ! » écrivait Bernanos.

Au cimetière de Bry comme dans d’autres cimetières, 10 caveaux « Missionnaires d’Afrique » sont alignés avec des dizaines de noms gravés dans la pierre, dans le ‘Livre de vie’. À un jeune couple venu se recueillir sur la tombe de leur oncle, je me suis permis de dire avec fierté : « Vous avez devant vous plus d’un siècle de l’histoire de l’Église d’Afrique. »

Rendons grâce à Dieu pour nos confrères décédés ! Qu’ils reposent en paix !

Père Clément Forestier, M.Afr.

Ecoutez ces belles paroles de Michel Berger, chantées par France Gall, en mémoire de nos confrères décédés depuis le 2 novembre 2019.

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NomNation

Adriaan van de Laak, R.I.P.

Société des Missionnaires d'Afrique

Le Père Jozef de Bekker, Délégué Provincial du secteur des Pays-Bas,
vous fait part du retour au Seigneur du Père

Adriaan van de Laak

le samedi 31 octobre 2020 à la Maison de Soins de Horn (Pays-Bas)
à l’âge de 99 ans dont 75 ans de vie missionnaire
en RD Congo et aux Pays-Bas.

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Le Père Rosner, “baptisé” Abooki

Le Père Rosner, 'baptisé' Abooki

Par Matthias Mazinga

Dans sa rubrique « Célébrons la Vie » du dimanche 25 octobre 2020, le premier quotidien ougandais “New Vision” a publié, sous la plume de son journaliste Matthias Mazinga, un hommage en l’honneur de notre confrère le Père Gotthard Rosner, décédé le 2 septembre dernier. Merci à Otto Katto pour nous en avoir envoyé la copie.

Rev. P. Gotthard Rosner

‘Abooki’

Du : 5 mai 1941
Au : 2 septembre 2020

Le révérend père Gotthard Rosner Abooki, en Ouganda dans les années 1970, était l’un des confrères de la Société Catholique Missionnaire des Pères Blancs (alias Missionnaires d’Afrique), qui a servi la congrégation et l’Eglise en Afrique avec un amour et un dévouement total.

Après son ordination sacerdotale en 1968, Rosner a été affecté à la paroisse catholique de Mugalike à Hoima, où il a travaillé en tant que vicaire puis curé de 1969 à 1973. Il a ensuite enseigné aux futurs prêtres au grand séminaire national d’Alokulum à Gulu (1977-79). Rosner a ensuite servi la congrégation et l’Église ailleurs en Afrique, en Europe et aux États-Unis.

Le temps que Rosner a passé en Ouganda a été de toute évidence le plus mémorable de sa vie. Il est resté en contact avec les chrétiens de la région de Mugalike et de Gulu, même après avoir été déplacé d’Ouganda. On se souvient généralement de Rosner comme d’un missionnaire pieux, qui prêchait l’évangile avec une admirable dévotion. Il a touché les gens partout où ils se trouvaient et leur a prêché l’évangile du salut. Rosner a permis aux gens de connaître et d’expérimenter la bonté de Dieu au travers de ses paroles et de son exemple.

En raison de sa vie vertueuse et de ses admirables qualités de prêtre, les chrétiens de Mugalike ont donné à Rosner (dont ils prononçaient le nom Gotihati) des noms traditionnels tels que Atalyeeba (celui qui ne pourra jamais être oublié), et Abooki, un nom d’animal de compagnie populaire (empaako) des Banyoro. Les habitants ont également donné à leurs enfants le nom de Gothard en reconnaissance de son ministère sacerdotal.

Josephine Kasaija Bigabwa, une paroissienne de Mugalike (qui est également la vice-présidente en exercice de l’Association des résidents extérieurs du diocèse de Hoima), est l’une des chrétiennes qui se souvient de Rosner avec beaucoup d’admiration. “C’était un prêtre terre-à-terre, qui se mêlait volontiers aux habitants et vivait aussi leur culture. Il a appris et parlé le runyoro encore mieux que certains banyoros. Il pimentait toujours ses homélies avec des proverbes intéressants. Ses homélies fascinantes attiraient les gens à l’Église. Sa générosité est aussi considérable. Il a aidé des centaines d’enfants nécessiteux et de femmes vulnérables. Il a soutenu des maisons de bienfaisance pour enfants. Son engagement en faveur des enfants était si solide que ceux-ci ne voulaient jamais le quitter après la messe. Les enfants voulaient aussi l’accompagner chaque fois qu’il était déplacé vers un autre poste de mission”.

Peter Bernard Kidega, un membre de la paroisse catholique de Layibi (Gulu), admirait également le Gothard, le qualifiant de “merveilleux prêtre dont on garde de doux souvenirs”. C’était un prêtre désintéressé et diplomate. Il servait le Seigneur de tout son cœur. C’était un vrai missionnaire de l’Afrique, qui aimait les Ougandais et tous les Africains”.

Un chrétien, qui a vécu au Lacor dans les années 1970, a également parlé avec gentillesse de Rosner. “Le père Rosner a payé les frais de scolarité de mon fils de la première année primaire à la sixième année secondaire. Lorsque notre maison a été pillée pendant la guerre de 1979, il nous a apporté des tasses, des assiettes et des casseroles de Nairobi et nous a aidés à reconstruire notre vie”.

L’évêque Vincent Kirabo du diocèse de Hoima a qualifié le Gothard de serviteur dévoué de Dieu. “J’ai eu l’occasion de collaborer avec lui lorsqu’il était encore ici. Il avait cette capacité unique de garder l’intérêt et de rester en contact avec les lieux et les personnes qu’il rencontrait”.

Contre toute attente, il a apporté un soutien énorme à la construction du centre de santé Mugalike III, longtemps après avoir quitté la paroisse. Il a écrit des lettres aux chrétiens, demandant à être informé des dernières nouvelles concernant la paroisse, les chrétiens et les projets de l’église.

Le dialogue œcuménique et interreligieux autour de Kampala (EAP Flashes n° 28)

Le dialogue œcuménique et interreligieux autour de Kampala

Kampala est au centre des principaux aspects de la vie de la nation ougandaise : la politique, l’économie, l’éducation, la santé, sans oublier la religion. Sa population est la plus diversifiée sur le plan religieux comparée à toute autre partie de l’Ouganda. Les sièges de l’Église catholique, de l’Église d’Ouganda, de l’Église orthodoxe et de l’Islam sont tous ici. La plupart des églises pentecôtistes ont leurs églises principales ici. Les deux conseils œcuméniques et interreligieux nationaux – le Conseil chrétien mixte d’Ouganda (UJCC) et le Conseil interreligieux d’Ouganda (IRCU) – ont leur siège ici.

La population de Kampala est donc naturellement multiconfessionnelle et est destinée à le rester à l’avenir. Les interactions et la vie interreligieuses et œcuméniques font partie intégrante de la vie des gens, que ce soit dans les quartiers résidentiels ou non. On peut dire qu’à Kampala, ce qui unit les gens de différentes confessions est plus fort que ce qui les divise et les oppose les uns aux autres.

Tous les partis politiques de ce pays ont leur quartier général ici à Kampala et cherchent à se doter d’une identité religieuse tant au niveau de leur présidence que de leurs membres. Dans la même veine, Kampala étant le siège du Royaume du Buganda, l’esprit œcuménique et interreligieux est plus prononcé dans sa population qu’ailleurs. Le Kabaka est le roi pour tous, indépendamment de leurs affiliations religieuses, et la plupart des activités initiées et promues par le Royaume sont inclusives.

Les mariages interconfessionnels sont l’un des défis pastoraux qui, à mon avis, est plus aigu à Kampala que dans toute autre partie du pays. Un certain nombre de couples, mariés à l’église ou non, vivent dans cette situation et il existe un grand besoin d’une catéchèse œcuménique – interreligieuse adaptée et de lignes directrices pastorales sur cette question particulière.

À Kampala, la solidarité œcuménique et interreligieuse se pratique surtout dans l’adversité et la souffrance : la pauvreté dans un nombre croissant de bidonvilles, les crimes et les injustices, sans oublier la mort qui survient plus souvent en ville que dans les villages. L’une de ces adversités s’est produite récemment lorsque l’une des églises protestantes de Kampala a été démolie par des personnes qui prétendaient être propriétaires du terrain sur lequel elle était construite. La solidarité qui s’est manifestée à cette occasion de la part de toutes les personnes, indépendamment de leur foi, a été une voix prophétique forte qui nous a rappelé l’importance et le rôle clé de la religion dans notre société.

Eglise St. Pierre à Ndeeba

Du côté officiel du dialogue œcuménique et interreligieux, les interventions des deux conseils œcuméniques et interreligieux nationaux mentionnés ci-dessus sont plus efficaces à Kampala qu’ailleurs dans le pays. Leurs interventions, souvent sur des questions de justice et de paix, par exemple, concernant la violation des droits de l’homme, la gouvernance et la démocratie, etc. deviennent le sujet de conversation du jour dans la ville.

Enfin, il convient d’observer que si “ce qui unit les personnes de différentes confessions à Kampala est plus fort que ce qui les divise et les oppose les unes aux autres”, il existe également une crainte – fondée ou non – chez certains chefs religieux et fidèles laïcs de différentes communautés religieuses à l’égard les uns des autres. Il est également triste de constater que certaines activités œcuméniques communes, comme par exemple la semaine annuelle de prière pour l’unité des chrétiens, ont récemment connu un certain relâchement. La pandémie COVID-19 pourrait-elle être un rappel de Dieu de la nécessité de renforcer notre coexistence pacifique et notre collaboration œcuménique et interreligieuse ? En fait, les habitants de Kampala ont été plus touchés par la pandémie que ceux des autres régions du pays.

Père Richard Nnyombi, M.Afr.

Bernard Baudon, R.I.P.

Société des Missionnaires d'Afrique

Le Père Emmanuel Lengaigne, Délégué Provincial du secteur de France,
vous fait part du retour au Seigneur du Père

Bernard Baudon

le mercredi 21 octobre 2020 à Pau-Billère (France)
à l’âge de 85 ans dont 56 ans de vie missionnaire
au Burundi, en Tanzanie et en France.

Prions pour lui et pour ceux qui lui étaient chers.

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Germán Arconada del Valle, R.I.P.

Société des Missionnaires d'Afrique

Le Père Jesús Zubiría O. , Délégué Provincial du secteur d’Espagne,
vous fait part du retour au Seigneur du Père

Germán Arconada del Valle

le dimanche 18 octobre 2020 à l’hôpital Ramón y Cajal de Madrid (Espagne)
à l’âge de 83 ans dont 58 ans de vie missionnaire
au Burundi, en Tanzanie et en Espagne.

Prions pour lui et pour ceux qui lui étaient chers.

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Cela vous concerne aussi ! (EAP Flashes)

Cela vous concerne aussi !

EAP Flashes n° 28 - Octobre 2020

Le minuscule et invisible coronavirus nous a fait prendre conscience que ce qui se passe dans le monde nous concerne tous. Il a changé nos vies et notre monde au-delà de ce que les superpuissances pourraient jamais faire. Ces dernières années, nous en savons plus sur la Chine grâce aux produits chinois sur le marché et aux entreprises travaillant en Afrique. Néanmoins, je suis de ceux qui avoueront que ce qui se passe en Chine ne me concerne pas. J’ai pourtant appris à mes dépens que ce qui se passe dans le monde me concerne aussi.

Cela fait plusieurs années que notre Société donne la priorité à la Justice, la Paix, l’Intégrité de la Création, la Rencontre et le Dialogue (JPIC-RD) et elle est présentée comme telle dans notre communication officielle. Nous avons nommé des confrères pour nous guider dans ces domaines et en avons formé plusieurs autres pour qu’ils se spécialisent dans le travail pour JPIC-RD. Malheureusement, nous avons trop tendance à laisser JPIC-RD aux experts. Nous apprécions son importance, nous en parlons de temps en temps à nos paroissiens, mais notre comportement montre souvent que ce n’est pas vraiment notre affaire. Le pape François le note : “Le mouvement écologique mondial a déjà fait des progrès considérables et a contribué à la création de nombreuses organisations engagées dans la sensibilisation à ces défis. Malheureusement, de nombreux efforts pour trouver des solutions concrètes à la crise environnementale se sont révélés inefficaces, non seulement en raison d’une opposition puissante, mais aussi d’un manque d’intérêt plus général. Les attitudes obstructionnistes, même de la part des croyants, peuvent aller de la négation du problème à l’indifférence, à la résignation nonchalante ou à la confiance aveugle dans les solutions techniques. Nous avons besoin d’une nouvelle solidarité… Nous tous, en tant qu’instruments de Dieu, nous pouvons coopérer à prendre soin de la création, avec notre culture, nos expériences, nos engagements et nos talents (Laudato Si, n° 14). Ce que le Pape dit de l’écologie est vrai pour les autres crises qui affectent notre monde – l’immigration des peuples, le chômage, la pauvreté, la discrimination raciale, etc. Le dernier chapitre de 2016 nous met au défi de considérer JPIC-RD comme faisant partie intégrante de notre être de Missionnaires d’Afrique. Et le Pape François, à l’occasion de la célébration du jubilé des 150 ans de notre fondation, nous a exhortés en disant : “Que l’Esprit Saint vous fasse construire des ponts entre les peuples. Là où le Seigneur vous a envoyés, contribuez à la promotion d’une culture de la rencontre ; continuez à être les serviteurs d’un dialogue qui, tout en respectant les différences, sait s’enrichir de la différence des autres… Par le style et la simplicité de votre vie, vous montrez aussi la nécessité de prendre soin de notre maison commune, la terre. Enfin, dans la foulée du cardinal Lavigerie, soyez des semeurs d’espoir, en luttant contre toutes les formes actuelles d’esclavage. Cherchez toujours à être proches des petits et des pauvres, de ceux qui attendent, à la périphérie de nos sociétés, d’être reconnus dans leur dignité, d’être accueillis, protégés, élevés, accompagnés, promus et intégrés”. Cet appel est encore plus pertinent en Afrique face au défi de la pandémie du covid-19.

Dans ce volume de Flashes, plusieurs confrères et collaborateurs partagent avec nous ce qu’ils font dans le domaine de JPIC-RD dans notre province. Je profite de cette occasion pour remercier tous ceux qui participent activement au travail de JPIC-RD et pour lancer un appel à tous les confrères en leur disant : c’est aussi votre affaire ! Soyez prudents !

Aloysius Ssekamatte, M.Afr.
Provincial

 

Gérard Bouchard, M.Afr.

Société des Missionnaires d'Afrique

Le Père Réal Doucet, Provincial des Amériques,
vous fait part du retour au Seigneur du Père

Gérard Bouchard

le vendredi 16 octobre 2020 au CHSLD Argyle de Sherbrooke (Canada)
à l’âge de 89 ans dont 61 ans de vie missionnaire
en Tanzanie et au Canada.

Prions pour lui et pour ceux qui lui étaient chers.

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