Les « infirmières Lumière » (PE n° 1092 – 2018/06)

A côté du « Docteur Lumière », le père Jean Goarnisson M.Afr., il y a celles que l’on pourrait appeler les « infirmières Lumière », Sr Radegonde et Sr Saint-Nicaise dont on parlera ici plus longuement, mais aussi Sr Oda (Marie-Louise Melotte) et Sr Brigitte (Marcelle Delhomme), et tant d’autres qui ont travaillé dans les dispensaires ophtalmologiques :

  • Sr Radegonde (M. Blanche Côté), canadienne, 1890-1979 à Ouagadougou de 1932 à 1937;
  • Sr Saint-Nicaise (Marie-Louise Pillon), française, 1909-2004 à Ouagadougou et Nouna de 1942 à 1990;
  • Sr Oda (Marie-Louise Melotte), belge, 1905-1998 à Ouagadougou de 1953 à 1983;
  • Sr Brigitte (Marcelle Delhomme), française, 1918-2010 à Nouna de 1955 à 1961 et de 1965 à 1975.

Soeur Radegonde Marie-Blanche Coté est d’origine canadienne, mais sa famille émigre aux Etats-Unis quand Marie-Blanche a 8 ans. Elle entre au postulat des Sœurs Blanches à Québec en 1910. Après sa profession, Sr Radegonde fait des études d’infirmière à la Croix-Rouge en Tunisie. Pendant la guerre, elle est parmi les sœurs envoyées aux ambulances, et elles connaîtront les souffrances des soldats blessés et mourants qu’on amène chaque jour.

 

Sr Radegonde (Marie-Blanche Côté)
1890-1979
Sr Saint-Nicaise (Marie-Louise Pillon)
1909-2004
Sr. Oda (Marie-Louise Melotte)
1905-1998
Sr Brigitte (Marcelle Delhomme)
1918-2010

En 1919, Sr Radegonde est la 1er sœur canadienne partant pour l’Afrique occidentale. Par Ségou, elle se rend à Ouagadougou, en Haute-Volta. Elle y reste trois ans et demi.

Elle doit rentrer au Canada en 1923 pour des raisons de santé. A son retour, elle est nommée à Alger et, en 1929, elle est envoyée au dispensaire de la rue de la Charte, en Basse Casbah, dispensaire ophtalmologique ouvert l’année précédente par « l’Œuvre Valentin Haüy en faveur des aveugles ». Elle travaille sous la direction du Docteur Villemonte de la Clergerie, entièrement dévoué à ses malades et heureux de former des sœurs infirmières à donner tous les soins possibles. Combien de sœurs ont passé dans ce dispensaire six mois, un an ou plus pour se spécialiser dans ces soins, sans lasser la patience de ce médecin chrétien qui savait que son travail était ainsi multiplié à travers toute l’Afrique.

Le Docteur Goarnisson, Père Blanc, vint lui-même faire un stage à la rue de la Charte avant de partir à Ouagadougou où il allait créer, avec l’aide des sœurs, le dispensaire des yeux de Ouaga. Retournant dans sa mission, il emmena Sr Radegonde que les gens appellent « celle qui redonne la vue ».

Elle-même a raconté que pour ses premières opérations de cataractes elle avait pris à Ouaga des yeux de bœuf pour s’exercer ! Le Docteur Goarnisson n’avait jamais non plus opéré des cataractes ; il laissait donc faire Sr Radegonde. Et c’est elle qui forma les Sœurs africaines de l’Immaculée Conception. La réputation du « dispensaire ophtalmologique de Ouagadougou » s’étendait à plus de 150 km à la ronde !

En 1937, Sr Radegonde doit quitter l’Afrique pour des raisons de santé et personne n’aurait pu dire en ce moment-là que sa mission se poursuivrait pendant 42 ans. Sa vie devient contemplative préférant à tout le silence, la solitude de sa chambre. Elle dira : « Depuis mon retour je souffre et je prie pour les Africains. La lumière que je pouvais leur donner, s’est changée en une autre lumière plus merveilleuse encore, que le Seigneur seul peut leur transmettre. Ma part à moi est le don quotidien de ma vie. »

Soeur Saint-Nicaise Marie-Louise Pillon, elle, est française. Vers l’âge de 15 ans, elle sent monter en elle le désir « d’obéir à l’appel du Bon Dieu et de contribuer un peu à l’extension de son Règne ».

Elle entre au postulat des « Sœurs Blanches » le 12 février 1934, à Rennes. Le 28 octobre 1934, elle commence le noviciat à Vénières et reçoit le nom de Sr Saint-Nicaise qu’elle gardera tout au long de sa vie. Après sa profession, elle reste en Algérie et à Alger Verdun, elle acquiert un diplôme simple d’infirmière. Elle fait un stage à Alger Cervantès dans le dispensaire-clinique où on soigne beaucoup de malades atteints de trachome (Les six sœurs de cette communauté meurent dans un bombardement d’Alger en 1942).

En décembre 1940, elle part au Burkina Faso où elle a vécu près de 50 ans (de décembre 1940 au 13 mai 1990). Elle est d’abord nommée à Koupela et travaille au dispensaire.

 En avril 1942, Sr Radegonde avait déjà quitté, Sr Saint-Nicaise arrive à Ouagadougou et travaille au dispensaire ophtalmologique. De nombreux malades affluent pour retrouver la vue. Dans cette première année de Sr Saint-Nicaise, on dénombre 33 000 consultations ophtalmologiques et 88 opérations. Notre sœur devient experte en la matière. La formation des sœurs africaines et des laïques se poursuit. Elles rendent des services inestimables dans les dispensaires des villages. Le Docteur Goarnisson fera tout son possible pour que leur qualification soit reconnue et qu’elles puissent ainsi recevoir une certaine rémunération pour leur travail. Les statistiques de 1949 font état de 6 opérations par jour ;1.202 dans l’année.

En 1954, Sr Saint-Nicaise est parmi les fondatrices du poste de Nouna où elle restera pendant 22 ans et y fonde le dispensaire ophtalmologique. Elle est aidée par Sr Brigitte (Marcelle Delhomme, décédé en 2010) et par trois aides non-diplômés qu’elle forme elle-même. Une autre femme du village travaille avec eux faisant l’interprète des diverses langues parlées à Nouna.

A Nouna, comme à Ouagadougou, la renommée du dispensaire ne cesse de s’étendre. Grâce à tous ces soins, peu à peu les affections de trichiasis diminuent. En 1966, par exemple, on compte chaque jour 275 malades qui se rendent au dispensaire. 800 opérations des yeux se pratiquent chaque année dont 162 de cataracte.

En 1976, Sr Saint-Nicaise part pour un service en France. Les gens lui manifestent leur reconnaissance et diverses fêtes de remerciement s’organisent. Lors de ces fêtes, le Vicaire général l’appelle « la mère des aveugles ». Le sous-préfet de Nouna dira : « La réputation du dispensaire ophtalmologique de Nouna déborda très vite la sous-préfecture pour couvrir l’ensemble de la Haute-Volta et les états voisins de la Côte d’Ivoire et du Niger. » On reconnaît, en matière de soins ophtalmologiques, les exploits de Sr Saint-Nicaise et les populations lui témoignaient une confiance indéfectible.

Sr Saint-Nicaise rentre définitivement en France le 13 mai 1990 où, comme elle dit : « Ma vie est tissée de mille riens du matin au soir, dans la maison et au dehors. Je reste cent pour cent Sœur Blanche !»

Grâce aux générations de missionnaires, les soins des yeux ont été promus de façon consistante et durable, leur savoir a été partagé au-delà des frontières et des milliers de personnes ont vu la « lumière ».

Sr Gisela Schreyer,
archiviste SMNDA

Du bon usage de la vieillesse – une revue (PE n° 1092 – 2018/06)

Alain Quilici o.p.,
Du bon usage de la vieillesse,
Editions du Carmel, 2017,
100 pages,
9 €,
ISBN 978-2-84713-535-0

Voici un petit livre qui pourra aisément devenir le livre de chevet de beaucoup de nos anciens. L’auteur aborde en de courts chapitres plusieurs aspects de la vie des plus âgés.

Dès le chapitre 2, il aborde l’inactivité qui frappe ceux qui maintenant n’ont plus rien à faire. C’est alors, selon le chapitre 3, le moment propice pour revenir à une vie de prières plus intense. A l’Eglise, les vieux sont chez eux. Ils proclament ainsi dans leur vie de tous les jours qu’être présent à Dieu appartient à l’être profond de l’homme. (p.15) Bien sûr, les vieux doivent ensuite faire face aux jeunes, à leurs enfants qui peuvent être des motifs de joies (chapitre 4) ou source de souffrances (chapitre 5). Ces enfants sont parfois une véritable Croix. Tous les anciens le savent « mais comme il est douloureux d’avoir à le vivre » (p. 24) Le chapitre 7 veut approcher quelques questions que se posent les plus âgés face à un futur problématique ou incertain. Ils sont alors invités à l’espérance : « Une forte espérance donne la conviction que la nuit ne l’emportera pas et que le jour finira par venir » (p.34); Car, continue notre auteur et sa sagesse : « la nuit parle du jour – les ténèbres parlent de la lumière » (p.36) Intitulé « Les vieux et leur passé », avec ses 18 pages, le chapitre 8 est le plus long du livre. « C’est tout un art de savoir gérer son passé » (p.37) L’enjeu est de savoir vivre un présent « lourd de son passé et tout tendu vers l’avenir » (p.54) Et il ne faudra surtout pas essayer de gratter ses plaies « même s’il n’est pas facile d’y arriver » (p.44). Bien sûr, les chapitres 9 et 10 ne nous concernent pas tellement puisqu’ils traitent de l’art d’être grands-parents et du veuvage. Mais ils sont d’une lecture intéressante au service d’une pastorale des maisons de retraite. Nous nous retrouvons tous au chapitre 11 intitulé « Préparer son avenir éternel » Nous sommes alors invités à affronter la mort comme une naissance. Ce qui est facile à dire, mais difficile à vivre. Mais ajoute l’auteur : « Le chrétien sait où il va. C’est sa force » (p.77).

Le livre se termine par une invitation à regarder les patriarches qui ont reçu une promesse : « Ils y ont cru – Ils n’ont rien vu venir – Ils ont tenu bon avançant dans la foi comme s’ils voyaient l’invisible » (p.92).

Un livre à lire et à relire pour que toutes ces pensées passent de nos têtes à nos cœurs et puissent nous guider dans notre âge avancé. Pourquoi ne pourrait-on pas trouver un tel petit livre dans nos bibliothèques ?

Gilles Mathorel, M.Afr.

Vieillissant il fructifie encore ! (Ps. 91,15) (PE n° 1092 – 2018/06)

Un jour, lors de mon passage à notre maison provinciale à Montréal, on m’invita à être le célébrant principal pour la messe du matin. Après ma brève homélie et un temps de silence, je fis suite avec l’offertoire. Mais voilà qu’au moment d’offrir le pain et le vin, un confrère me fit signe de lire les quelques noms des confrères de la province inscrits sur un petit bout de papier déposé sur l’autel avec la date du jour au-dessus. J’ai cru qu’il s’agissait de lire les noms des défunts mais, tout au contraire, ceux mentionnés étaient tous bien vivant et l’un d’eux était même devant moi avec un large sourire ! J’ai alors saisi qu’il était question de prier pour les confrères de la province célébrant leur anniversaire en ce jour donné. Ce simple geste m’a touché et l’idée de savoir que les confrères de Montréal prient pour moi et avec moi chaque année le jour de mon anniversaire me fait chaud au cœur.

Je vous invite donc tous, où que vous soyez et si le cœur vous en dit, d’offrir quotidiennement une prière pour nos confrères célébrant leur anniversaire. C’est une façon simple et tangible d’exprimer et de nourrir cet esprit de corps dans notre Société missionnaire et de s’encourager à demeurer assidus à la prière afin qu’elle nous tienne vigilants dans l’action de grâces (cf. Col 4,2).

Pour faciliter cela, vous pouvez télécharger sur notre site internet (https://mafrome.org) un catalogue présentant les anniversaires de nos confrères pour chaque jour de l’année.

De plus, en ce jour de leur anniversaire, pourquoi ne pas leur offrir également ces belles bénédictions en bambara,

Que Dieu t’accorde longue vie !
Que Dieu fasse que tu sois une personne de foi !
Que Dieu fasse que nous soyons encore ici l’an prochain pour te célébrer !

Union de prières !

Martin Grenier, M.Afr.


Téléchargez le livret des anniversaires 2018 ici.

Troisième journée mariale islamo-chrétienne à Notre-Dame d’Afrique (PE n° 1092 – 2018/06)

Alger, 5 mai 2018

En 2016 le jeune recteur de la basilique Notre-Dame d’Afrique, le père Anselme Tarpaga, du Burkina Faso, lance un projet osé et risqué, organiser une journée mariale islamo-chrétienne. Convaincu de l’importance de créer des espaces de convivialité et de réflexion, il veut vivre pleinement le charisme des Pères Blancs sans être ni dans l’attentisme ni dans la figuration : il veut avec tous ses confrères devenir un acteur engagé et donner à d’autres le goût du dialogue.

En 2018 cette initiative des Pères Blancs s’est déjà confirmée comme un rendez-vous amical et ouvert à tous ceux qui, en Algérie, souhaitent favoriser l’amitié entre chrétiens et musulmans. À Alger, la basilique de Notre-Dame d’Afrique, avec son cadre exceptionnel et sa renommée de lieu de paix et de spiritualité ouverte, est le lieu idéal. Merci aux autorités civiles et religieuses qui se sont associées d’une manière ou d’une autre à la réussite de la journée.

Le « marché d’artisanat » prévu sur l’esplanade n’as pas eu lieu pour des raisons de calendrier, mais c’est peut-être une chance car le fort vent et la pluie intermittente auraient dispersé les acheteurs… et même les produits !

L’information avait été diffusée par des affiches et dépliants, par les  réseaux sociaux modernes, par nos listes d’amis et bienfaiteurs, par la presse locale (merci à nos amis ayant fait jouer leurs contacts et attiré l’attention des journalistes nationaux et étrangers, ainsi que des diverses chaînes de télévision) : au total plus de 300 cartes d’accès avaient été sollicitées à travers notre site web (www.notre-dame-afrique.org). D’autres personnes sont arrivées avec l’espoir de trouver « une petite place vide » car le sujet du vivre ensemble les intéressait grandement.

Lorsque le P. Michael O’Sullivan, recteur de la basilique, adresse le mot de bienvenue aux assistants, la nef de la basilique est pleine comme un œuf grâce à la présence de simples citoyens, de représentants des autorités civiles (wali-préfet, maire) de membres du corps diplomatique, du représentant du ministère des Affaires religieuses et des waqf, des associations, de chercheurs, quelques « has been » et une bonne partie de la communauté catholique d’Alger dans sa diversité. L’archevêque d’Alger, Mgr Paul Desfarges, et l’imam Cheikh Hamdan Sahalli (de la mosquée « Al-Oumma » dans notre quartier) ont également pris la parole pour dire l’importance de la journée et du thème.

A 10 h 40 commençait la table ronde tant espérée. Voici, rapidement la liste des intervenantes car toutes les prises de parole, sauf une, ont été assurées par des femmes :

Mme Malika Lafer (co-animatrice du programme « Connaître l’Islam » sur Alger chaîne 3) : Eduquer à travers la radio.

Mme Samira Mekhaldi (« mourchida » ou guide religieuse): Expérience féminine de transmission de la foi.

L’une des conférencières lors de la 3ème journée mariale islamo-chrétienne

Mme Fazia Belaidi : La revue Hayat (co-éditée par le Croissant rouge d’Alger et Caritas Algérie), une expérience islamo-chrétienne en faveur des femmes.

Mme Felicia Volpicella (catéchiste de la communauté italophone) : Les adolescents et leur éducation dans un contexte de minorité religieuse et linguistique.

Dr Mustafa Cherif (ancien ministre et ambassadeur algérien) : La Sainte Vierge Marie vénérée par les musulmans, conformément au Coran et à la Tradition prophétique.

Deux entractes musicaux, magistralement interprétés par le maestro Djamel Ghazi ont permis à l’assistance de préparer les questions destinées aux intervenants lors de deux tours des questions. Les assistants ont interpellés tel ou tel intervenant, en arabe ou en français, mais aussi les autorités responsables de la préservation du patrimoine et de la diversité culturelle et religieuse de l’Algérie. On sentait dans les questions du public, pas habitué aux grandes discussions philosophiques, un réel désir de vivre en paix et harmonie.

A 13h, une longue et bruyante « procession » sortait de la basilique pour se diriger vers la cour paroissiale où un généreux repas était servi. Mais il faut dire que, pour beaucoup, la déception fut grande de ne pas trouver le traditionnel « couscous marial » dont la recette intrigue tous ceux que le découvrent affiché dans le programme. Mais ce fut une occasion de multiplier les contacts, se faire photographier, échanger les adresses, parler des projets communs… le tout avant que la pluie menaçante ne commence à tomber doucement sur nous. Heureusement c’était l’heure de rouvrir la basilique pour accueillir tous ceux qui désiraient assister au concert de clôture à 15 h.

Questions et contributions des participants

Grâce à la sollicitude de l’ambassadeur d’Italie, le groupe de polyphonie à capella Prima Prattica Ensemble, composé de neuf membres, a pu réjouir le public par la qualité de sa prestation. Un silence « religieux » accompagnait les chants à la Vierge Marie,  allant du XVème au XXème siècle. Un pur cadeau du ciel…

L’équipe de trois pères blancs (Michael, Irlandais, Benoît Mwana Nyembo, Congolais et moi, Espagnol) en fermant les portes de la basilique et en nous assurant que tout avait été bien rangé, nous nous sommes laissés tomber dans le sofa de la maison en exclamant : Quelle belle journée, nous devons remercier Dieu ! Nous avons bien fait de l’organiser ! Et, autour d’un apéritif, nous avons passé en revue les nombreuses anecdotes drôles de la journée et, même si personne ne le disait, nous avions une seule idée dans la tête : la 4ème journée mariale islamo-chrétienne en 2019 ! Qui veut nous aider à la rendre réalité ?

José María Cantal Rivas, M.Afr.

Anniversaires de naissance

Ils le font déjà depuis longtemps dans la Province des Amériques… Durant la messe quotidienne, ils prient pour tous les confrères qui ont leur anniversaire de naissance ce jour-là. Une bonne initiative ! Après tout, si l’on mentionne dans notre prière quotidienne les confrères décédés ce jour-là, pourquoi ne prieraient-on pas pour ceux qui sont vivants et qui célèbrent leur anniversaire.

Vous l’aurez remarqué peut-être, sur la page d’accueil du site international, les confrères qui ont leur anniversaires sont mentionnés. Si vous allez dans le menu Société>Calendriers>Anniversaires, vous aurez la liste des confrères qui fêtent leur anniversaire au cours des 7 prochains jours.

Et si vous voulez un petit livret qui vous donne tous les anniversaires de l’année, pour laisser sur l’autel, par exemple, vous pouvez le télécharger ici, ou bien vous le trouverez dans le menus Téléchargements>Documents divers.

Séminaire résidentiel de Sedos : Jeunesse et mission (PE n° 1092 – 2018/06)

Combien d’entre nous savent qui sont les « millénaires » populairement connus comme la génération Y ? A quelle génération appartiens-tu ? Es-tu membre de la génération perdue G ou de la génération I ou encore de la génération silencieuse, baby-boomers, ou génération X, ou Y ou encore génération Z ? Ce serait un sujet intéressant de faire une recherche en ligne pour en savoir plus sur ces classifications. Pour de nombreux participants au séminaire, c’était quelque chose de nouveau à découvrir : des classifications modernes.

En préparation du prochain synode sur la Jeunesse en octobre 2018 au Vatican, SEDOS (Centre de Documentation et de Recherche sur la Mission globale) a organisé un séminaire résidentiel de cinq jours sur le thème « Jeunesse et Mission » à la maison du Divin Maître à Ariccia (Rome) du 30 avril au 4 mai 2018. Plus d’une centaine de personnes représentant les quatre coins du monde ont été invitées à y participer, entre autres 4 confrères : André Schaminée (Rome), Daniel Ntumba Kabuya (Toulouse), Dieudonné Bulambo Amani (Ghana) et Leo Laurence Maria Joseph (Belgique) et une SMNDA, Sr Anafrida Biro (Pologne). La plupart des participants étaient des supérieurs majeurs, des animateurs vocationnels, des administrateurs ou des agents pastoraux travaillant avec les jeunes dans les paroisses et dans les centres spécialisés pour l’apostolat des jeunes.

Les principaux thèmes discutés pendant le séminaire étaient : « La culture contemporaine des jeunes : Entre le bien et le mal » par Emilia Palladino, professeur à l’Université pontificale grégorienne ; « Générée par la vie pour correspondre à l’amour » par Sr Bruna Zaltron (SCM) professeur à l’université Claretianum ; « Le rôle et les défis de l’évangélisation pour les jeunes dans le monde multiculturel et pluraliste d’aujourd’hui » par le Fr Paul Raj FSG, assistant général de la Congrégation des Frères Montfortains de Saint-Gabriel ; « Les évangélisés vont évangéliser : le rôle des laïcs missionnaires aujourd’hui » par M. Michael Papenkordt, professeur à l’Institut d’Évangélisation mondiale (ICPE-Allemagne) ; «Apprendre du ministère vocationnel aux Etats-Unis» par le Fr Paul Bednarczyck CSC, Vicaire général de la Congrégation de la Sainte Croix. La présentation du cardinal Lorenzo Baldisseri intitulée « Le Synode sur la jeunesse : les jeunes, la foi et le discernement vocationnel » a conclu notre séminaire.

Les participants à la rencontre du SEDOS

Un des points forts du séminaire a été la table ronde en séance plénière avec quatre jeunes religieux qui ont ingénieusement partagé leurs expériences personnelles, en particulier leur cheminement vocationnel. Ce fut une découverte pour la plupart des participants d’entendre ce que ces jeunes religieux ont partagé concernant la formation. Un des éléments marquants a été la référence constante aux moyens modernes de communication, si importants autant dans l’animation vocationnelle que pendant la période de formation de nos candidats. Il est nécessaire d’avoir la liberté d’utiliser les téléphones et Internet pendant la période de formation pour apprendre à utiliser ces outils de manière responsable. Un Supérieur général nous a informé que dans leur congrégation, même les novices sont autorisés à utiliser le téléphone et Internet (bien sûr avec prudence et de manière responsable).

 
M.Afr. et SMNDA à la rencontre du SEDOS : Amani B. Dieudonné, Maria J. Léo Laurence, Sr Anafrida Biro, André Schaminée et Daniel K. Ntumba.

Quelle animation vocationnelle ?

Un autre élément important qui a attiré mon attention a été le mot « passion » dans l’apostolat avec les jeunes. Nous ne devons pas rester dans nos maisons et attendre que les jeunes viennent nous visiter. Il est temps que nous sortions de nos zones de confort (maisons religieuses et couvents) pour aller aux endroits où se trouvent les jeunes aujourd’hui. Si les jeunes ne rejoignent pas la vie religieuse, c’est précisément parce que notre mode de vie ne les attire pas. Nous avons perdu la passion pour le Christ, notre charisme et notre engagement missionnaire et nous sommes devenus trop à l’aise derrière des structures. L’un d’entre nous a même fait ressortir l’idée de « suicide collectif » parce qu’il n’avait pas d’espoir pour l’avenir. Cette tendance doit être fermement combattue.

Nous utilisons encore des brochures vocationnelles imprimées en 1920, a mentionné une Sœur en plaisantant et, en plus, une méthode d’animation vocationnelle qui n’attire plus la jeunesse d’aujourd’hui. Est-ce que les pamphlets sont destinés aux membres déjà existants ou aux futurs candidats potentiels ? Sont-ils attrayants pour la jeunesse d’aujourd’hui ? Combien d’entre nous saisissent tout le potentiel des moyens modernes de communication dans notre animation vocationnelle ? Les jeunes d’aujourd’hui sont en ligne 24 heures sur 24 et sont connectés au monde. Imaginez, si nous pouvions créer une application et la commercialiser dans Google Play Store, nous serions probablement les premiers sur le net à avoir une application. Nous pourrions aussi avoir notre propre application M. Afr. afin que les membres soient plus facilement connectés que par le biais d’un site Web.

Un autre élément qui m’a frappé dans les discussions est le fait que l’animation vocationnelle pour certaines congrégations est un travail à temps partiel, bien que l’avenir de la congrégation en dépende entièrement. Par conséquent, un engagement renouvelé de tous les membres à s’engager dans l’animation vocationnelle est nécessaire partout où cela est possible. Un promoteur vocationnel à temps plein est une nécessité absolue si nous voulons recevoir de nouveaux membres dans notre Société. Nous sommes tous appelés à faire la différence et à attirer les jeunes vers la vie religieuse par notre témoignage de vie.

Dans la période de formation, nous ne devons pas considérer les jeunes comme un objet à former, mais comme des sujets actifs capables de contribuer à leur propre formation et croissance. Par conséquent, une attitude plus ouverte et attentive est nécessaire dans les maisons de formation afin d’actualiser constamment notre méthode de formation en fonction des besoins de l’époque. On nous a demandé : Faites-vous confiance aux jeunes ? À notre grande surprise, tous les membres de l’assemblée ont affirmé que nous avons confiance et croyons en la jeunesse qui a un immense potentiel et est l’espoir pour l’avenir. Tout ce que nous devons faire est de les attirer par notre témoignage personnel, aller à leur rencontre et s’approcher d’eux avec espoir. Le prochain Synode sur la jeunesse pourrait apporter des conclusions radicales en raison de la participation active des jeunes qui ont répondu au questionnaire et participé à la préparation du document de travail.

Puissions-nous continuer à prier pour que le Saint-Esprit continue de nous guider dans la prise de bonnes décisions concernant les jeunes, non pas pour eux mais avec eux ! Dans l’ensemble, le séminaire a été instructif, stimulant et engageant. Merci à SEDOS et à la Société de nous avoir invités à participer à cette rencontre qui fut un succès.

Maria Leo Laurence, M.Afr.

Mon Conseil général (PE n° 1092 – 2018/06)

Un fantassin rencontre rarement son général et un ouvrier n’a aucune idée de qui est son P.D.G. C’est plus ou moins comme cela que je perçois notre Conseil général. Ils vivent loin, quelque part à Rome, et semblent toujours sur la route, comme des hommes de feu essayant de résoudre des questions brûlantes. Ils sont absolument nécessaires et utiles pour maintenir une certaine cohérence dans nos activités au niveau de toute la Société. Ils exercent probablement aussi une certaine influence sur mon mode de vie et mon travail, même si je n’en suis pas conscient. Une réponse claire à la question de ma perception du Conseil Général reste donc difficile à donner.

C’est pourquoi j’ai adressé aux 35 confrères vivant ici à la maison, une affiche demandant leur éclaircissement. Après trois semaines, aucune réaction n’a pu être enregistrée. Il semble donc y avoir un problème de communication ou d’information. Bien sûr, les documents officiels donnent une description assez détaillée de leur rôle, mais la question soulevée était celle de la perception. Où vois-je le Conseil au travail ? Où puis-je recevoir des informations sur l’évaluation de leurs déplacements, les problèmes qu’ils rencontrent et les solutions qu’ils ont trouvées ? Où puis-je faire l’expérience de leur travail d’équipe et de leur impact sur les progrès de la mise en œuvre des documents du Chapitre ? Ma perception reste plutôt vague !

Au cours de l’année 2017, la plupart des membres du Conseil Général ont introduit un sujet d’information ou de discussion dans le Petit Echo. Là, je les ai vus au travail, mais pas en équipe, sinon qu’exprimant leurs pensées ou leurs connaissances personnelles sur un sujet donné. Malheureusement, nous n’avons jamais beaucoup lu sur les résultats de ces réflexions. Les mots clés du Chapitre étaient Justice et paix, intégrité de la création, dialogue et rencontre. J’ai rarement découvert des références explicites à ces sujets. Dans ma propre expérience missionnaire, j’ai découvert que notre impact ne dépendait pas du nombre d’écoles, d’églises ou d’hôpitaux construits. Pas du montant d’argent investi ou du développement de projets. Notre simple présence dans l’amour et le dévouement ont finalement été le déclic qui a fait découvrir aux gens que l’évangile a révélé une vision totalement nouvelle de la vie qui les libère de la peur et de la mort. Une présence physique quotidienne qui n’est transmise ni par Internet ni par les médias sociaux, dont l’illusion devient chaque jour plus claire. Une approche plus critique de notre pratique missionnaire qui, à mon sens, devrait être perçue à travers les déplacements des membres du Conseil général n’apparaît pas très clairement dans les quelques contacts qui s’offrent à moi pour le moment.

Vivant dans une maison de repos en Europe, je voudrais entendre ou lire du Conseil, les obstacles dans la mise en œuvre de notre vision. Comment vivons-nous notre spiritualité sur le terrain ? La règle de trois dans les communautés est-elle un rêve ou une réalité ? Internet et les médias sociaux sont-ils une bénédiction ou une malédiction ? Combien de temps consacrons-nous, dépensons-nous ou gaspillons-nous chaque jour derrière l’écran ? Est-il toujours significatif de discuter de l’autorité et de l’obéissance entre nous ? La tâche missionnaire est-elle encore un exercice communautaire ou une entreprise privée ? Voilà quelques-unes des questions que je me pose et auxquelles j’aimerais avoir des réponses du Conseil.

Le plan stratégique du Chapitre consacre une colonne spéciale à l’évaluation. Les fantassins aimeraient recevoir des informations plus détaillées sur les succès, mais aussi sur les échecs de ce qui se passe dans la Société aujourd’hui. Les succès nous rendent reconnaissants, mais les échecs nous font prier et méditer sur nos défauts. Ils nous aident à réfléchir sur notre propre façon de faire ou nous donnent l’inspiration pour ajuster notre approche. N’appelons pas les développements positifs une tendance et les échecs des exceptions individuelles. Les lettres personnelles envoyées à Rome sont certainement aussi une possibilité de jauger l’atmosphère et de nous informer de tout ce qui semble se passer. Ne gardez pas beaucoup de squelettes dans les placards ou la saleté sous les tapis, au cas où il y en aurait dans vos bureaux.

Geert Groenewegen, M.Afr.

Une «relation de travail» qui fonctionne ! (Une collaboration qui marche bien) (PE n°1092 – 2018/06)

« S’il te plaît, pourras-tu écrire comment toi, en tant que Secrétaire général, tu perçois les relations entre le Conseil général (CG) et les confrères  « . C’est la demande qui m’a été faite par l’éditeur du Petit Echo. Quand j’ai commencé à y réfléchir, deux objections principales me sont venues à l’esprit : comment une telle question peut-elle être résolue par quelqu’un qui a passé les six dernières années dans un bureau, à regarder un écran et à traiter des documents, papiers et autres ? En effet, aux antipodes des autres membres du CG, je n’ai jamais fait de longs voyages à travers les provinces, sections ou secteurs, écoutant et partageant avec les confrères. Mais alors une pensée m’est venue à l’esprit: n’existe-t-il pas des mots écrits, sous quelque forme que ce soit, souvent plus fiables que les paroles qui visent souvent à plaire à l’auditeur «  surtout quand ce dernier est un provincial ou un membre du CG ? Ensuite, j’ai dû faire face à une deuxième objection : comment quelqu’un, lié par la règle stricte de la confidentialité, peut-il répondre à cette question ? Peut-être que j’essayais d’esquiver et d’échapper ! Certes, on ne peut entrer dans les détails des cas individuels, mais on peut toujours donner des impressions générales ! Et c’est ce que je vais essayer de faire dans ce qui suit. L’un des dictons les plus connus de certaines personnes âgées est : plus on vieillit, plus le temps semble s’écouler rapidement. Les horloges semblent défier la « limite de vitesse » et tournent sans relâche leurs aiguilles à toute vitesse ! Il est en effet incroyable que, lorsque vous lirez cet article après le 1er juillet, mes six années en tant que Secrétaire général de la Société seront déjà conjuguées « au passé » et un « bon matériel » pour les archives de la Société. Frappez à la porte du bureau du secrétaire général à Rome, et un autre André, pas moi, vous souhaitera la bienvenue ! Ces six années, dont quatre avec Richard Baawobr et son équipe, et deux avec l’équipe actuelle, me semblent avoir été plus courtes, que le noviciat d’un an au milieu des années soixante qui, je dois l’admettre, ne futt, pour le dire modérément, pas l’année la plus heureuse de ma vie !

Je regarde avec gratitude ces six dernières années qui m’ont aidé à apprécier encore plus ma vocation missionnaire et les merveilleux services que notre Société et ses membres rendent à l’Afrique et  « partout où notre charisme est nécessaire » (CA 2016, p. 17). Une partie de ma tâche consistait à « traiter » tous les documents entrants et sortants, comme les lettres adressées au Conseil général (de la part des confrères, des évêques, du Vatican et autres), les procès-verbaux des réunions des Conseils provinciaux, les rapports des Institutions, etc. Ceci faisant, j’ai réalisé que notre Société ressemble beaucoup à notre Fondateur, le cardinal Lavigerie, à la fois très héroïque et généreux, mais aussi frêle et humain. Je suis impressionné par le dévouement des confrères aux ministères qui leur sont confiés, que ce soit dans le leadership, la formation, le travail paroissial ou les services rendus à l’Église locale. La plupart des confrères qui écrivent au CG partagent leurs joies et leurs soucis, souvent de manière proactive, en proposant des solutions à des problèmes existants ou en suggérant des moyens de traiter des questions souvent épineuses, mais aussi en acceptant volontiers, à la fin du dialogue qui s’ensuit, que le « dernier mot » revienne au Conseil général.  Tous les confrères ne suivent cependant pas les procédures appropriées et ne passent pas par la direction locale. Je suis impressionné de voir comment ce Conseil respecte le leadership local et invite doucement le confrère à discuter d’abord avec son provincial ! Il y a sans aucun doute une grande confiance mutuelle.

Il n’est cependant pas surprenant que des confrères se plaignent parfois que les décisions ne soient pas prises aussi rapidement qu’ils le souhaitent. Ils peuvent parfois avoir un point valable, mais je peux vous assurer que le CG prend très au sérieux tout ce qui lui est présenté et essaie d’y faire face sans retard. Ils manque parfois cependant, certaines informations essentielles ou l’agenda est si chargé qu’un certain retard est inévitable. Au demeurant, tous les confrères ne connaissent pas le rythme de rencontres du CG à Rome : deux fois de suite, trois fois dans l’année (janvier-février, mai-juin, septembre-octobre) et les autres mois sont principalement dédiés aux visites dans les provinces, sections ou secteurs.

André Schaminée avec Pello Sala, ancien secrétaire administratif

Comme je l’ai écrit plus haut, la Société est aussi fragile et humaine. Le CG doit également faire face à des problèmes douloureux, voire embarrassants. Certaines questions, qui dépassent l’autorité de la direction locale, sont référées au Conseil général, qui doit trouver le temps de s’occuper d’elles, que cela plaise ou non ! Quand les confrères quittent le droit chemin et deviennent victimes des nombreuses tentations que la vie procure, le CG avec la direction locale, fait tout son possible pour les aider à affronter leur situation souvent désespérée avec honnêteté, courage et détermination. Certains ne veulent pas accepter  « qu’ils ont un problème » , d’autres, grâce à l’approche douce et miséricordieuse des dirigeants locaux et du CG retrouvent le bon chemin.

André Schaminée assurant le secrétariat au Conseil général.

Ce n’est pas un secret que la Société diminue en nombre, mais il y a une augmentation significative de nombreux nouveaux jeunes membres, pour lesquels nous remercions Dieu. L’âge moyen actuel des confrères est d’un peu plus de 67 ans. Je mentionne ceci pour souligner que les demandes de travailleurs pour la vigne dépassent l’offre disponible. Une telle situation pourrait facilement provoquer des tensions entre le CG et les dirigeants locaux. Au moment des nominations, par exemple, une province peut demander quinze stagiaires et huit jeunes confrères mais ne recevra peut être que sept et quatre respectivement, car « personne ne peut donner ce qu’il n’a pas » . Je suis toujours surpris et impressionné qu’à la fin. tout le monde semble être content de ce qu’il a reçu, même si cela n’a été que la moitié de ce qu’il avait demandé. Cela montre qu’il y a un haut degré de réalisme et un bon esprit de coresponsabilité à tous les niveaux.

 

André Schaminée avec Odon Kipili, le nouveau secrétaire administratif

Un regard global me permet de conclure que la relation entre le CG et les confrères est généralement saine et heureuse. La clef de ce succès tient à cette formule : « Montre, autant que se peut, le plus grand respect pour les autres ! »

André Schaminée,
ex-Secrétaire Général

Appelé à servir en Afrique et au-delà ! Expérience de leadership (PE n°1092 – 2018/06)

Mettez la photo dans les toilettes !

Je me souviens encore que lorsque j’ai été élu par les confrères de France pour participer au Chapitre général en tant que Délégué, je me suis dit qu’il n’y avait pas de danger. J’avais « échappé » au Chapitre général de 1998 et je terminais ma thèse tout en me préparant à ouvrir la maison francophone de théologie à Abidjan et à y enseigner au nouveau Institut Catholique Missionnaire d’Abidjan. Les candidats de la Fraternité Lavigerie (Toulouse) me taquinaient en me demandant où ils devaient mettre ma photo si j’étais élu Supérieur général. Je leur ai dit « vous pouvez la mettre dans les toilettes ; je suis sûr que là-bas vous me verrez tous les jours ! » Nous avons tous ri à ce sujet et je suis allé à Rome. C’était en 2004. Je ne savais pas que leur prophétie se réaliserait en 2010 ; mais entre temps le Centre de formation avait déménagé en Côte d’Ivoire. Je suis sûr qu’ils y ont trouvé un endroit différent pour ma photo !

Premier assistant général (2004-2010)

Quand j’ai été élu assistant général puis premier assistant général quelques jours plus tard, cela m’a choqué. Mon expérience dans le leadership était principalement dans le domaine de la formation en plus d’être le deuxième plus jeune de l’équipe du Conseil général. Sachant que ce n’était pas dû à mon talent particulier dans l’animation des confrères, mais plutôt une invitation de ces derniers à être au service de toute la Société dans un rôle de leadership, je l’ai acceptée dans la foi.

Il est vrai que les Constitutions et lois prévoient un rôle pour le Premier assistant, mais en réalité, alors que le Conseil général travaille en équipe, je ne me suis pas senti plus spécial que les autres. J’ai joué mon rôle dans l’équipe, en suivant les différents domaines de la mission et des provinces que le Supérieur général, le père Gérard Chabanon m’avait confiés à moi ainsi qu’à mes collègues assistants (P. Raphael Deillon, Georges Jacques et Jim Greene). Je rendais compte à lui, à l’équipe et, ensemble, nous cherchions le moyen d’avancer. J’ai appris qu’il était important de jouer mon rôle dans le Conseil et d’être vraiment une personne d’équipe plutôt que d’essayer de me montrer et de prendre le crédit d’une chose ou d’une autre, même si j’en étais convaincu ou si j’avais conçu et présenté l’idée.

J’ai senti qu’il était important d’être aussi ouvert que possible avec le Supérieur général et mes collègues assistants pendant les discussions sur les différentes questions et, à la fin, de m’aligner sur la décision commune et d’en payer le prix. Certaines choses m’ont troublé mais quand à la fin de la journée, j’ai prié le Rosaire et que je les ai mises entre les mains de ma Mère, j’ai trouvé le calme dont j’avais besoin pour dormir.

Richard Baawobr
P. Richard Kuuia Baawobr, alors Supérieur Général

En parcourant les communautés et les centres de formation, je me suis rendu compte que ce qui était important était d’être un symbole de l’unité de la Société et de faciliter la construction de ponts en partageant des informations et des idées. Quand nous avions vu qu’une chose était bonne dans une partie de la Société et pouvait donc enrichir l’autre partie, nous l’avons partagée à travers conférences ou articles.

C’est au cours des années comme Assistant général (2004-2010) que j’ai pris davantage conscience que la mission de Dieu que nous avons reçue en tant que Société appartient à tous, peu importe où l’on se trouve. Nous avons tous, par conséquent, le devoir de l’appuyer même, et surtout, lorsque les membres d’un Secteur en question n’ont pas de personnel capable de l’exécuter. J’ai senti que la nomination de confrères en Europe, en Amérique, en Inde et aux Philippines, était une bonne chose en ce qu’elle participe à la mission dans ces lieux comme Missionnaires d’Afrique avec un charisme spécifique, pour promouvoir les vocations et favoriser l’interculturalité dans nos communautés. De telles nominations étaient encore considérées comme spéciales, nécessitant de l’attention et devant être faites après des années d’expérience missionnaire en Afrique, véritable lieu de mission (comme certains ont pensé et l’ont limité géographiquement). Cela a dû évoluer dans notre praxis missiologique. Les ouvertures qui ont été faites ici et là étaient, à mon avis, importantes et nécessaires pour devenir une politique de nomination de stagiaires et de jeunes confrères. Ce n’était pas au détriment des provinces africaines mais plutôt un réveil de notre responsabilité commune à assumer ensemble.

En tant que Supérieur général (2010-2016)

La plus grande surprise est venue quand j’ai été élu Supérieur général au Chapitre général de 2010. J’avais apparemment, miraculeusement, survécu à une thrombose veineuse profonde en 2007 et j’étais maintenant prêt à relever le défi de retourner à la formation si le nouveau Conseil voulait que je me rende à Abidjan. Cette nouvelle invitation à continuer à servir comme chef de l’équipe de direction signifiait que je devais mettre de côté mes projets personnels ! Pas toujours facile mais quand c’est fait dans la foi, c’est gratifiant. Comme le dit l’adage, Dieu écrit tout droit sur des lignes tordues.

Représenter la Société, animer et diriger une équipe, être le gardien d’une vision et d’une mission communes telles qu’expliquées par le Chapitre général et dans la fidélité à la vision de notre Père, le cardinal Charles Lavigerie, etc., voilà quelques-unes des choses que j’ai dû faire comme Supérieur général pendant 6 ans. L’équipe générale qui m’a été donnée par le Chapitre général, composée des pères Jos Van Boxtel, 1er assistant, Emmanuel Ngona, Sergio Villasenor et Peter Welsh a été très utile. Compte tenu de nos expériences et de nos talents missionnaires différents, nous pouvions réaliser le mandat qui nous a été confié par le Chapitre.

P. Richard Kuuia Baawobr, alors Supérieur Général, dans son bureau

Ce fut, pour moi, un moment de mûrissement de la conviction que la mission ne se limitait pas seulement à l’Afrique mais aussi à l’Europe, aux Amériques, à l’Asie, etc. Les mots « en dehors de l’Afrique » devraient être abandonnés. Ma lecture missiologique et le dialogue avec d’autres Sociétés missionnaires m’ont fait prendre conscience de l’importance de la déterritorialisation de la mission et de voir cette mission au-delà des termes géographiques. Même si l’expression « Afrique et au-delà » n’a pas été retenue dans la formulation finale des documents du Chapitre de 2016, elle est reflétée dans les politiques de nomination qui ont été acceptées et qui sont actuellement en place. Nous venons de loin et je suis heureux d’avoir été témoin d’une partie de ce voyage en tant que membre de la Société dans un rôle de leadership au moment où il prenait forme.

Mgr Richard Kuuia Baawobr poussant son véhicule lors d’une tournée dans le diocèse de Wa

Après avoir été exposé aux différentes provinces, aux différentes expressions de la même mission en tant que Société, j’ai senti que j’avais grandi et que je pouvais apporter cela dans un autre domaine de service à la Société. Le pape François a décidé autrement. C’est pourquoi, depuis février 2016, j’ai accepté la nouvelle mission comme Servus Misericordiae Dei parmi le peuple de Dieu à Wa.

Merci à tous de m’avoir formé et de me soutenir encore dans mon apprentissage à servir. Que Dieu vous bénisse ! Priez pour moi !

+ Richard Kuuia Baawobr, M.Afr.,
    Évêque de Wa (Ghana)

Le Conseil général au service de la mission et de la communion fraternelle (PE n°1092 – 2018/06)

Au cours d’une rencontre des Supérieurs généraux à laquelle j’ai participé récemment, un des participants m’a demandé combien nous sommes dans la Société. Me souvenant des statistiques publiées par notre secrétariat administratif au début de l’année, je lui ai répondu que nous étions environ 1200 confrères.

Il s’est exclamé en me regardant et puis il m’a dit « et tu connais tous tes gars ? » Avant de lui répondre par un ‘non’, j’ai eu le temps de sentir dans son exclamation, l’expression d’un aspect qui me paraît non négligeable dans ce qu’on attendrait d’un Conseil général ou de toute instance de leadership : la nécessité d’aller à la rencontre des confrères là où ils habitent afin de sentir comment ils vivent leur vocation de missionnaires d’Afrique. Le leadership requiert d’une façon ou d’une autre, qu’on garde contact avec ceux qu’on est sensé conduire. Cela m’a aussi fait penser aux nombreuses fois dans ma vie de Missionnaire d’Afrique que j’ai entendu les confrères se plaindre qu’ils ne voient jamais leur provincial!

Pour le Conseil général, les visites régulières aux confrères font partie des priorités. En allant à la rencontre des confrères, nous espérons dépasser la connaissance purement virtuelle que nous pouvons avoir d’eux et des lieux où ils habitent, à travers des registres et à partir du livre du personnel, pour arriver à les connaître un peu et à créer des liens. Naturellement, et cela n’est un secret pour personne, cela nous obligent malgré les moyens de communications modernes à être souvent en voyage.

Selon ce qu’écrivait un confrère récemment sur sa page Facebook : « quand tout tourne normalement, la maison généralice est le lieu d’absence du Supérieur général ». Commentant la publication, un autre ajouta : « oui qu’ils continuent (le Supérieur général et son Conseil) à descendre sur le terrain ». Quand tout tourne normalement le Conseil général est à Rome de façon continue en septembre et octobre, en janvier et février et en mai et juin. Les autres mois sont consacrés normalement aux visites dans les provinces et aux congés.

Depuis deux ans, la descente sur le terrain nous a menés dans toutes nos provinces et sections même s’il reste toujours des communautés à visiter. Partout où nous allons, nous faisons l’expérience de notre unité en tant que missionnaires d’Afrique. Nous allons moins pour donner des instructions ; davantage pour écouter et encourager. C’est le moment de se rendre compte des réalités que les confrères vivent concrètement. Nous prenons des renseignements aussi pour éventuellement réfléchir par la suite en conseil sur des décisions à prendre concernant des situations rencontrées. C’est également l’occasion de partager des nouvelles de la Société, d’expliquer certains choix de la Société et de répondre aux questions que posent les confrères.

Ces visites sont pour la plupart édifiantes et encourageantes. Souvent elles font aussi beaucoup du bien à la plupart des confrères que nous rencontrons. Même si nous ne leur apportons pas toujours des nouveautés, les visites sont des moments de vrais sentiments de communion avec la Société. Depuis deux ans que je suis à Rome, sur les 1210 que nous étions au début de l’année, j’ai à moi seul eu à rencontrer 452 confrères lors de mes visites.

En dehors des quatre mois au total, que les membres du Conseil général passent à visiter les confrères dans les provinces, le reste du temps ils sont à la maison généralice en session ordinaire. C’est particulièrement au cours de ces sessions que le discernement se fait et que les décisions sont prises ensemble.

Nous délibérons sur diverses situations que les provinces et les confrères soumettent à notre discernement et sur lesquelles ils attendent que nous donnions une orientation. Dans ce sens, on pourrait dire que nos conseils ordinaires constituent le véritable lieu d’exercice d’autorité que nous tâchons de vivre dans l’esprit indiqué par nos Constitutions et Lois. A la lumière de ces dernières, nous prenons de plus en plus conscience que notre ministère en tant que Conseil général consiste avant tout à favoriser le dynamisme missionnaire chez nos confrères et à construire l’unité de la Société (voir CL 149).

Au Conseil général, nous faisons nôtre le souci de veiller à ce qu’en tant que Société nous restions le plus proche possible de notre identité et de notre charisme tels que les a compris le dernier Chapitre, pour être une « Société missionnaire et interculturelle avec un esprit de famille… envoyé au monde africain et là où notre charisme est sollicité… »

En règle générale, le Conseil général n’intervient pour entrer en dialogue avec une province ou avec des confrères individuels que lorsque selon son discernement, il perçoit que certains engagements et comportements tendent à s’éloigner de l’esprit et des traits essentiels de la Société, en particulier son caractère apostolique et communautaire (voir CL 150). Autrement, la marche et le suivi des activités apostoliques sont assurées par le provincial et son conseil. Ils sont les plus proches collaborateurs du Conseil général. Donc, c’est souvent, et cela est en quelque sorte normal, pour des cas et des situations difficiles que le Conseil général est sollicité.

Pour promouvoir la communion au sein de la Société et offrir une vision d’ensemble de la mission, le Conseil général organise une réunion annuelle avec les provinciaux. Cette rencontre permet de travailler ensemble sur les nominations. C’est aussi l’occasion d’échanger ensemble sur de nombreux sujets qui touchent à la vie de la Société.

Stanley Lubungo,
Supérieur Général