Hans Sauter (1933 – 2018) (PE n°1092 – 2018/06)

Le jeudi, le 25 janvier 2018, le Seigneur a rappelé Hans Sauter à lui après 37 ans de travail missionnaire au Rwanda et presque 30 ans dans des tâches différentes en Allemagne.

Hans passe son enfance et le temps de l’école primaire à Oggelshausen dans le « Saulgau » à la ferme de ses parents. Il aime mettre la main à la pâte, ce qu’il fera par la suite en Afrique. De 1949 à 1954 il fréquente l’école secondaire des Pères Blancs à Grosskrotzenburg près de Hanau. Il fait ensuite la philosophie à Trèves puis l’année spirituelle à Varsenare en Belgique dans un entourage international. Quatre années d’étude de la théologie suivent à Heverlee près de Louvain, aussi en Belgique où il se montre consciencieux, fiable à 100% et en même temps très discret.

Après son ordination sacerdotale en 1960 à Geislingen le chemin s’ouvre pour un engagement au Rwanda en Afrique Centrale. Là il apprend d’abord la langue du pays, le kinyarwanda, pour travailler ensuite dans le sud du pays dans le diocèse de Butare où il reste jusqu’en 1988. En Afrique, il est chargé de la pastorale dans différentes paroisses, d’abord à Cyanika, pui à Nyanza et Nyamiyaga, quelques années à chaque endroit, jusqu’en 1973. En 1975 son évêque, Mgr Gahamanyi lui confie la charge d’économe diocésain, une grande et difficile tâche qu’il accomplit quatre ans et demi. En 1980 il passe deux mois et demi à Jérusalem pour se rafraîchir spirituellement avec d’autres missionnaires et y puiser de nouvelles forces. Il est vrai qu’il avait dû prendre du temps en 1972, pour guérir d’une hépatite à Riedlingen. Plus tard il a dû se soumettre à un traitement médical à plusieurs reprises. Mais cela ne l’empêchait pas d’être présent pour les hommes et le service de l’évangile au Rwanda.

Quand Hans doit rentrer définitivement en Allemagne en 1988, il est d’abord nommé supérieur de la maison à Haigerloch, responsable de la communauté des confrères et disponible pour des tâches pastorales dans les paroisses environnantes. Il va ensuite à Cologne en 1993, pour y collaborer à la comptabilité ; là aussi il connaît à plusieurs reprises des problèmes de santé. En 2001, il retourne à Haigerloch pour continuer ses services à la communauté et dans la pastorale et cela jusqu’à l’entrée en repos en 2008. Hans donnait tout peu à peu au Seigneur, comme celui-ci l’exigeait fut toujours un confrère fiable et modeste avec lequel chacun pouvait s’entendre.

Hans Vöcking, M.Afr.

Hubert Bonke (1943-2016) (PE n°1092 – 2018/06)

Hubert est né le 29 octobre 1943 à Langseifersdorf en Silésie. Il n’a pas connu son père menuisier,  porté disparu de guerre. Après la guerre, la Silésie devient partie intégrante de la Pologne ; les Allemands y sont des étrangers et sa mère décide de se réfugier en Allemagne Fédérale. Les premières années, la famille vit à Heiden en Basse-Saxe où Hubert suit les  quatres premières années de l’école primaire. Sa famille déménage ensuite à Spreglingen près de Frankfurt.

En 1954, il entre au petit séminaire P.B. à Rietberg, puis en 1959 au petit séminaire P.B. de Grosskrotzenburg où il passe son bac avec succès en 1964. De 1964 à 1966 Il va à Trèves pour les études de philosophie. Les responsables  témoignent de sa grande disponibilité docile et son aptitude à un travail sérieux. En 1967, il entre au noviciat à Hörstel. Le maître de novices le voit comme un candidat ouvert mais avec un peu nervosité qu’on découvre dans sa manière de parler et d’agir. Sa grande disponibilité l’aidera dans sa vie future comme missionnaire. Après son noviciat, il est nommé au scolasticat d’Heverlee en 1968. Il constate le fait qu’il est passé par les écoles des P.B., et n’a jamais eu l’occasion de s’épanouir et de prendre sa vie en main. Il demande de pourvoir faire une année en dehors des cadres P.B. La demande est acceptée et Hubert fait une année de théologie à l’université de Tübingen.

Son séjour à Tübingen est satisfaisant à tout point de vue. Il y acquiert une maturité et surtout il y prend goût pour les études. En 1969 il demande de rejoindre les P.B. Il est nommé au Foyer de la rue de Reims à Strasbourg étant donné que la fermeture d’Heverlee était prévue pour 1970. A l’université il s’inscrit immédiatement en 2ème année du 2ème cycle qui correspond à la 3ème année de théologie du séminaire classique. L’université de Strasbourg a été ouvert pendant l’époque allemande (1871-1914) et a gardé son organisation après l’intégration à la République française.

Le 7 décembre 1970 il prononce son serment et est ordonné prêtre le 10 juillet 1971 à la cathédrale de Mainz. Le 8 septembre 1971, il part pour Kalemie au Congo comme vicaire à la paroisse de Kala. En 1999, il est nommé en Allemagne à München où il fait partie de l’équipe de la paroisse francophone de la ville. Sa tâche  était d’accompagner les chrétiens africains qui vivaient dans la ville et dans les environs. Pendant plusieurs années Hubert est aussi membre du conseil provincial de la province d’Afrique Centrale qui englobe les pays Burundi, Congo et Rwanda.

De mars 2006 à juin 2006 Hubert suit le cours de Bible et la retraite à Jérusalem. En novembre 2006 il est arrivé a Laybo, puis en 2007 à Kindu pour continuer son travail pastoral au Congo. Les années de l’engagement missionnaire au Congo et à München ont laissé des traces. Pour cela il passe cinq mois en Allemagne en 2015 pour être suivi par les médecins qui lui conseillent un repos prolongé. Mais Hubert est retourné à Kindu. Les confrères constatent son état de faiblesse, qu’il n’avait plus la force ni de suivre le travail régulier ni de mettre les confrères au courant des choses. Le 27 mai 2016 il s’éteint un jour avant son départ pour l’Allemagne où il devait se faire soigner. Pendant son enterrement à Kindu les chrétiens ont témoigné que Hubert était un prêtre, facile à aborder et toujours disponible pour écouter les petits et les grands soucis des gens.

Hans Vöcking, M.Afr.

Bruno Loiselle (1929 – 2018) (PE n°1092 – 2018/06)

Bruno est né le 30 novembre 1929 à Salaberry-de-Valleyfield, province de Québec. Il fait son école primaire à Valleyfield et ses études classiques au séminaire de la même ville. À l’âge de 12 ans, il devient scout. Toutes ses années de scoutisme qu’il apprécie beaucoup, le préparent, selon ses propres paroles, à une vie de service. Bruno pense déjà à une vie missionnaire en Afrique. En 1947, avec quelques amis, il participe à un Congrès marial à Ottawa. Ce séjour dans la capitale nationale lui donne l’occasion de visiter le scolasticat des Pères Blancs où il rencontre des étudiants Missionnaires d’Afrique portant la gandoura et le burnous.

Au printemps 1950, vient le temps pour Bruno de faire le choix d’une carrière ou d’une vocation missionnaire. Il est intéressé par des études à l’École polytechnique, mais la vocation missionnaire chez les Pères Blancs l’attire fortement. Hésitant entre ces deux choix de vie, il consulte son accompagnateur spirituel qui lui conseille de devenir Missionnaire d’Afrique, lui disant qu’il sera plus heureux dans cette vocation. C’est ainsi que Bruno demande son admission au noviciat St-Martin de Laval. Le 12 août 1950, il reçoit l’habit des Pères Blancs des mains de Monseigneur Durieux, alors Supérieur général des Missionnaires d’Afrique. Bruno va ensuite au scolasticat d’Eastview pour ses études de théologie. C’est là qu’il fait son serment le 18 juin 1954 et qu’il est ordonné prêtre le 29 janvier 1955.

Ce temps de formation chez les Missionnaires d’Afrique sont pour Bruno un temps de prière et d’études qui lui permettent d’atteindre une plus grande maturité, un temps de réflexion qui lui fait approfondir sa vocation missionnaire et augmente son désir de prendre la route de la mission en Afrique. Ses quatre années de théologie au scolasticat d’Ottawa sont aussi pour lui une occasion d’adaptation à un groupe d’étudiants de mentalités et de nationalités différentes. Comme Bruno l’écrit un jour : « J’ai apprécié mes années de formation dans une communauté internationale. Elles m’ont préparé à bien m’adapter plus tard à l’Afrique ».

Dans la vie communautaire, Bruno se montre un peu réservé et d’un tempérament nerveux. Cependant, il fait toujours preuve de dévouement et de générosité. Doté d’une volonté énergique, il accepte toutes les tâches qu’on lui demande et les exécute de son mieux. Il aime bien discuter avec ses confrères, tout en les taquinant et les faisant rire, ce qui met de la joie dans la communauté et lui gagne l’estime de tous. Très attaché à sa vocation missionnaire, il se distingue par sa piété, sa charité et ses qualités pour l’apostolat. Une remarque qui revient souvent sous la plume de ses supérieurs résume bien la personnalité du père Loiselle : « Bruno promet d’être un de ces missionnaires très précieux, dont les tâches sont toujours faites à temps et toujours bien accomplies, et cela par amour pour le Seigneur Jésus qu’il veut bien servir ».

Le 24 août 1955, le père Loiselle, accompagné de ses parents, se rend à Québec pour son départ, par bateau, pour l’Afrique. Huit jours plus tard, il arrive à Dorking, en Angleterre, pour y approfondir sa connaissance de l’anglais et s’initier aux coutumes britanniques. Le 10 décembre, ile atterrit à Entebbe en Ouganda pour atteindre ensuite sa destination finale, Mbarara. C’est dans ce diocèse que Bruno passera toute l’étape africaine de sa vie missionnaire. Il se met aussitôt à l’étude de la langue locale, le Rutoro. Après six mois, il se sent suffisamment à l’aise dans cette langue pour parcourir en motocyclette les succursales de brousse, visiter les écoles et administrer les sacrements. Il est alors nommé vicaire dans sa première paroisse, Butiti. Au cours des années suivantes, Bruno est respectivement vicaire ou curé dans diverses paroisses du diocèse de Mbarara. Dans une lettre au provincial du Canada, il fait part de son bonheur de se trouver en Afrique : « C’est en Ouganda que j’ai été nommé pour faire la mission, dans un climat merveilleux, dans un pays montagneux près du lac Victoria. Comme tous mes confrères Pères Blancs, j’ai commencé par du ministère en paroisse où je me suis mis à l’étude de la langue locale. Je me suis aussi occupé de nos écoles primaires. J’avais même créé ma petite menuiserie pour faire des bancs d’école. J’achetais des arbres dans la forêt que je faisais couper pour avoir des planches à bon marché ».

Le Père Loiselle est toujours disponible pour les diverses tâches que lui demande son évêque. C’est ainsi qu’il accepte de superviser les écoles primaires du diocèse et de fonder une nouvelle paroisse, la paroisse de Rubindi, qu’il nomme ‘paroisse Saint Joseph, en honneur à son père nommé Joseph’.

Connaissant la générosité de Bruno, son évêque lui demande ensuite d’assurer l’économat du diocèse et de veiller à la comptabilité des écoles secondaires. Bruno trouve ce genre de travail plutôt aride mais il l’accomplit avec tout le dévouement dont il est capable. En 1961, il est nommé, à sa grande surprise, professeur au petit séminaire de Kitabi où il enseigne les mathématiques et les sciences. Il doit, en plus de son travail d’enseignement et de formation, trouver l’argent nécessaire pour rénover les bâtiments du séminaire, acheter des livres de classe et agrandir la bibliothèque. Dans une lettre à sa famille, Bruno écrit : « J’ai mis tout mon cœur dans ce ministère d’enseignement et j’ai beaucoup aimé les confrères et les élèves du séminaire. J’ai été très heureux d’accompagner et former de futurs prêtres pour l’Ouganda. Malheureusement, le 8 novembre 1962, j’ai dû revenir hâtivement au Canada pour une question de santé ».

Après quelques mois de repos au Canada, il est autorisé à retourner en Ouganda. Il rejoint le séminaire de Kitabi, mais maintenant comme recteur. C’est une nomination qui, au début, lui donne le vertige car il ne pense pas avoir l’expérience suffisante pour occuper ce poste important. Très tôt, se retrouvant avec une bonne équipe de collaborateurs, il se lance avec courage et confiance dans cette responsabilité. Cependant, ne voulant pas exercer cette fonction de recteur trop longtemps, Bruno s’organise pour faire nommer trois prêtres africains comme professeurs afin d’avoir bientôt un successeur à la direction du séminaire. De plus, ce qui est remarquable, dans le but de développer un esprit positif parmi les séminaristes, Bruno compose aussi un petit livre intitulé « La vie quotidienne au séminaire de Kitabi » dans lequel il présente diverses formules pour améliorer la qualité des cours et des relations entre professeurs et étudiants au petit séminaire.

De 1968 à 1973, l’évêque de Mbarara fait encore appel à la générosité et aux compétences de Bruno et lui demande de fonder et diriger une école secondaire pour garçons à Bushenyi. St. Kagwa Bushenyi High School devient ainsi un pensionnat pour 250 étudiants. Durant ces cinq années, il est le seul Père Blanc au sein d’une équipe de coopérants laïcs. Ensemble, ils réussissent à mettre sur pied un programme d’enseignement qui donne d’excellents résultats académiques parmi les étudiants. Bon nombre d’entre eux feront plus tard des études supérieures dans des collèges ou à l’université.

En 1980, Bruno accepte d’ériger une autre école secondaire privée à Mbarara, l’École de vocations St-Joseph (St.Joseph Vocational School). Mais à cause de problèmes de santé, il doit abandonner la direction de cette école. Il accepte cependant de s’occuper de son agrandissement et de diverses constructions. Ses confrères Pères Blancs qui ont la responsabilité de cette école font un excellent travail. Quand on célèbre le jubilé d’argent de l’école en 2005, on fait remarquer à Bruno que plusieurs élèves sont devenus prêtres diocésains et quelques-uns Missionnaires d’Afrique.

En 1987, le père Loiselle est nommé curé de la paroisse de Kagamba et il y restera jusqu’en 1998, année où la paroisse passe aux mains du clergé diocésain. Bruno juge alors qu’il y a suffisamment de prêtres diocésains et, en accord avec son Supérieur régional, décide qu’il est temps pour lui de rentrer définitivement au Canada, après 42 ans vécus en Ouganda.

Au Canada, il fait du ministère pastoral : d’abord à Toronto (Notre-Dame de l’Assomption) pendant une année, puis dans le diocèse de Valleyfield, pendant deux ans. Des problèmes de santé l’obligent à donner sa démission et revenir à Montréal. Il est alors chargé de l’économat local dans notre communauté de St-Hubert à Montréal jusqu’en 2005. Il continue ensuite de rendre divers services à cette communauté. En 2013, alors qu’il est âgé de 84 ans, Bruno est nommé à la communauté de Sherbrooke. Il se sent faiblir et a besoin d’un milieu plus sécuritaire où il peut accéder plus facilement à des soins de santé appropriés. C’est ici que sa santé devient graduellement plus fragile ; en juillet 2017, il doit être emmené au Centre d’Hébergement d’Youville. C’est là qu’il décède le 24 avril 2018. La célébration des funérailles, en présence de la dépouille, a lieu le 5 mai, dans la chapelle des Missionnaires d’Afrique de Sherbrooke. Ses cendres sont ensuite déposées dans le lot des Pères Blancs au cimetière Saint-Antoine.

La vie missionnaire du P. Bruno Loiselle en Ouganda, en plus de quelques années passée dans l’économat et la comptabilité du diocèse, se déroule surtout dans l’enseignement, la formation des étudiants, et dans le ministère paroissial. Dans toutes les situations où il se trouve, Bruno a toujours le souci d’assurer un bel avenir aux jeunes. Il fait preuve d’initiative pour développer leurs talents. C’est ainsi qu’il leur enseigne divers métiers dans les domaines de la cordonnerie, la menuiserie, la couture et la construction.

En terminant, il est important de souligner ceci : le père Loiselle, que ce soit en Ouganda ou au Canada, a toujours donné le meilleur de lui-même dans une grande variété de ministères. Dans toutes ces activités, qu’il n’a pas toujours choisies, mais qu’il a toujours acceptées généreusement, Bruno a exprimé son engagement missionnaire et son sacerdoce à la suite du Christ Jésus. C’est lui, le Seigneur, qu’il a aimé et qu’il a voulu faire connaître à ceux et celles qu’il rencontrait.

Bruno a vraiment mis en pratique le conseil du Seigneur à ses disciples : « Restez en tenue de service et gardez vos lampes allumées ». Il a toujours été un missionnaire disponible, accueillant, prêt à rendre service et accepter les tâches qui lui étaient demandées. Comme le Seigneur Jésus à qui il a donné sa vie, il est venu pour servir. Il est l’exemple du serviteur selon le cœur de Dieu. Le Seigneur l’accueille maintenant à sa table dans son Royaume.

Michel Carbonneau, M.Afr.

André de Thézy (1925 – 2015) (PE n°1092 – 2018/06)

« Piot bruiteu, grand tavailleu », « faisant peu de bruit, mais grand travailleur », cette locution picarde est une bonne première approche de notre confrère André. Peu communicatif, mais ardent à la tâche, il a vu le jour un 23 avril 1925 à Ercheu, en terre picarde, dans une grande famille profondément chrétienne. Cette terre de Picardie, il aimait s’y retrouver durant ses congés, et y retrouver les siens qui l’entouraient d’une grande affection.

C’est en 1947 qu’il commença son noviciat à Maison-Carrée. Il poursuivit ses études en Tunisie, et fut ordonné prêtre le 12 avril 1952 dans la cathédrale de Carthage

Il fut alors nommé au Mali, au diocèse de Sikasso, où, dans les jeunes paroisses de Kimparana, puis Koutiala ou Karangasso, il donnera le meilleur de lui-même pendant une trentaine d’années, jusqu’en 1982. C’était le pays Minyanka, tellement attachant pour lui qu’il était devenu sa terre d’adoption. Il parcourait les villages, accueillant et attirant la population par son sourire rayonnant.

Sa bonne connaissance de la langue facilitait les contacts. Voici ce qu’écrivait son responsable de mission : « Le père de Thézy m’est un auxiliaire irremplaçable. Beaucoup plus fort en langue que moi, C’est lui qui règle les questions délicates, quand je sens mon incapacité à saisir les nuances de la conversation. Il est toujours prêt à répondre au premier appel de ma part. Dès qu’on parle de ce qui regarde les coutumes, il s’anime et fait des remarques précieuses et judicieuses. Il ne cesse de travailler à acquérir de nouvelles connaissances à ce sujet. Les Minyanka apprécient beaucoup les contacts qu’ils ont avec lui, car lui, si réservé qu’il puisse être parfois avec ses confrères, s’ouvre très facilement dans ses contacts avec la population qui nous entoure ».

Il se rendit ensuite en pays bambara, ce qui l’obligea à s’initier à une nouvelle langue africaine. Il le fit avec sa grande disponibilité habituelle, pendant deux ans seulement, car sa mauvaise vue l’obligea à revenir en France en 1984. Il se rendra alors à Vitry-sur-Seine, en paroisse où il demeura trois ans.

Sa nouvelle terre de mission fut alors Mours, à partir du 10 octobre 1988, pendant 27 ans. Il y sera toujours à la tâche, souriant, tant que ses forces vont le lui permettre.

On se souvient de lui comme d’un confrère aimé de tous : ses confrères, certes, mais aussi les employés de la maison, les membres de sa famille, les visiteurs de passage. Il parlait à chacun comme s’il les avait toujours connus. Il était aidé par sa mémoire phénoménale et s’intéressait à chacun avec son cœur. Il les portait « dans la mémoire de Dieu », avec une grande délicatesse. Personne ne lui était étranger.

Le travail manuel et les services de toutes sortes, même les plus humbles, comme pousser les poubelles ou ranger les encombrants ne le rebutait pas, bien au contraire. Et même lorsque ses forces ont commencé à diminuer, il resta encore et toujours disponible. Dans le parc, son principal lieu de travail, on aimait le voir, assis sur sa chaise, surveillant le feu des branches mortes, fumant sa vieille pipe, ou récitant son chapelet qui le mettait en communion avec tout le monde,

Jusqu’au bout il a « tenu », sans jamais se plaindre, alors qu’il sentait ses forces le lâcher. Deux jours avant de nous quitter, il s’obstinait encore à arracher les mauvaises herbes qui poussaient entre les pavés. Il voyait de moins en moins pourtant. Mais il voyait « avec le cœur ».

Lors de ses obsèques la chapelle contint avec difficulté les nombreuses personnes, famille et amis, qui vinrent l’entourer au cours d’une belle cérémonie, où de nombreux confrères de la région parisienne concélébrèrent. Puis ce fut le départ pour Ercheu où le caveau familial l’accueillit. Il repose désormais en sa Picardie natale.

Merci, André, d’avoir demandé à rester jusqu’à ton dernier souffle au sein de la communauté de Mours. Tu nous laisses un témoignage précieux que la communauté gardera longtemps et dont elle essaiera de vivre. Tu nous fais nous souvenir de l’évangile : « Celui qui parmi vous apparaît comme le plus petit, c’est celui-là qui est le plus grand ».

Michel Groiselle, M.Afr.

Charles Sarti (1932 – 2017) (PE n°1092 – 2018/06)

Charles est né en Italie, le 15 Mai 1932, sur les rives du lac Majeur, dans une humble famille profondément chrétienne. Son père était carreleur, et sa mère « femme au foyer » comme on dit pudiquement pour cacher une vie entièrement consacrée au service de ses trois enfants, deux garçons et une fille. C’est sa maman qui le marquera le plus et l’accompagnera jusqu’à l’autel ; sa sœur l’accompagnera jusque sur son lit de mort.

Peu après sa naissance, toute la famille émigre en France, à Vitry-le-François ; c’est au petit séminaire de Châlons qu’il fera ses études secondaires, déjà titillé qu’il était par un désir profond de vie sacerdotale, envieux de son curé qu’il admirait. A vingt ans il se fera naturaliser Français, et s’engagera Outre-Mer pour tester et sa vocation, et sa santé, car entre-temps il avait contacté et soigné une tuberculose tenace. C’est ainsi qu’il se trouve dans un premier temps au Camp Militaire d’Abidjan, avant d’être muté à Bobo-Dioulasso, fin décembre 1952. C’est un Père Blanc, le père Gilles de Rasilly, alors aumônier militaire et directeur de l’enseignement catholique, qui le poussera après sa démobilisation à rester un peu plus au Burkina Faso (alors Haute-Volta) comme responsable du CM2 à Tounouma. C’est là qu’il attrapera « le virus Pères Blancs » qui le conduira tout naturellement vers une formation classique à l’époque : noviciat à Maison-Carrée en 1954, suivi logiquement d’une longue formation philosophique et théologique dès l’année suivante à Thibar puis à Carthage (formation interrompue six mois pour rappel sous les drapeaux). C’est à Carthage donc qu’il va prononcer son serment missionnaire le 2 février 1958, pour y être ordonné prêtre le 18 juin 1958.

Pendant ses années de formation, il fera l’unanimité auprès de tous ses formateurs pour ses qualités de futur « bon » missionnaire. Parmi tous les témoignages qui nous restent de cette époque, l’un d’entre eux peut les résumer tous : « Ce qui me frappe au premier abord, c’est son calme, son sérieux, sa mesure. On a pu constater ses qualités d’organisateur, son adaptation aux autres dans leur diversité, en même temps que son zèle dynamique et inventif. Poli, aimable, il est aussi franc et direct : il se caractérise par une simplicité qui va tout droit au but, sans détours inutiles. Très ouvert à ses supérieurs et à ses confrères, il se révèle spécialement apte au travail en commun. Homme de règle et d’obéissance, il a compris le sens et les exigences de sa vocation, et on le sent sincèrement  donné à sa formation. Il est modeste, et prend des initiatives d’une grande délicatesse qu’il prend soin de cacher. Le Fr. Sarti est un de nos meilleurs sujets : pas un intellectuel, mais un homme intelligent et pratique, vraiment mûri, capable de penser son activité, d’une profonde vie spirituelle, fait pour la vie de communauté : bref, un bon Père Blanc sur toute la ligne. » Lequel de tous les confrères qui l’ont côtoyé tout au long de sa vie active ne le reconnaîtrait pas dans cette description ?

Sa première nomination le renvoie tout naturellement en Haute-Volta, à Dedougou, où son évêque lui demande d’étudier d’abord la langue locale, le bwamou. Laissons-le raconter lui-même, avec son humour et son autodérision qui lui seront propres toute sa vie, sa première expérience d’étude d’une langue africaine : « Dieu m’a doté de grandes oreilles, mais je ne sais guère distinguer les différents tons qui donnent des sens différents aux mots. Au bout de deux mois et demi, j’étais complètement découragé, et un après-midi je me suis retrouvé à pleurer toutes les larmes de mon corps devant le Saint-Sacrement. Jésus ne m’est pas apparu, il ne m’a pas parlé non plus comme dans les films de Don Camillo, mais je crois que c’est lui qui m’a inspiré ceci au fond de mon cœur : « Pour qui te prends-tu ? Moi, le Verbe de Dieu, la Parole du Dieu vivant, j’ai appris l’araméen avec Marie et Joseph et les gens de Nazareth pendant trente ans, et toi tu voudrais apprendre le bwamou en trois mois… Tu te crois plus malin que moi, ou quoi ? » Cette sorte de relation familière avec Dieu, empreinte d’une foi et d’une confiance très profondes, ne le quittera jamais plus de la vie. Charles était un « pauvre » !

Dès lors, les nominations vont se succéder. De 65 à 66, il sera économe au petit séminaire de Tionkuy. De 66 à 67, le voilà à l’école de langue de Guilongou pour apprendre le mooré, ce qui l’amène dans le secteur de Toma-Tougan-Kiembara auprès des nombreux mossis qui y vivent. Il s’autorise alors une halte spirituelle à Villa Cavaletti à Rome pour les grands exercices avec le P. Deltijk. De 1974 à 1979, il œuvre auprès des mossis toujours à Dedougou, et de 1979 à 1987, le voilà curé de Toma pour « l’africanisation » de la paroisse comme il aime à le dire. Que retenir de ces années pastorales-là, celles qu’il a, et de loin, préférées ? Son zèle pastoral en étonnera plus d’un, mais c’est surtout sa proximité intelligente avec ‘ses’ gens qui le fera aimer et de ses ‘ouailles’, de ses responsables et de ses confrères, pour sa faculté d’écoute, son attention aux autres religions, surtout animistes, avec un souci respectueux d’adapter les coutumes à l’évangile. Ses relations avec le clergé local diocésain seront aussi d’une telle qualité (contre l’avis parfois de certains confrères), qu’il se sentira obligé de s’en expliquer à son évêque d’alors dans une lettre : « De 1967 à 1987, j’ai vécu et travaillé avec des prêtres du diocèse ; j’étais en symbiose avec eux à 100%. Je n’ai jamais approuvé ce repli sur soi des Pères Blancs. Pour moi, nous avons le même sacerdoce et nous sommes attelés à la même mission. Bien sûr, nos sensibilités et nos façons de réagir sont différentes, mais nous devons être capables d’aller au-delà. C’est en même temps un témoignage aux yeux de nos communautés chrétiennes, des musulmans, des animistes… Comment parler d’amour et d’unité si nous, consacrés par le même sacerdoce, nous faisons tous bande à part ? » Du Charles Sarti tout craché !

Pour mieux comprendre la proximité de Charles avec les gens, et surtout l’extrême délicatesse et compréhension qui marquait ses contacts, il est bon de lire un petit livret qu’il écrira plus tard en France à la demande de son diocèse d’origine, intitulé : « Joies et peines d’un missionnaire ». Il le présentera d’ailleurs lui-même ainsi : « Il ne s’agit pas d’une biographie ni d’une réédition, revue et corrigée, des « Mémoires d’un âne » ; il ne s’agit pas non plus d’une page d’histoire de l’Eglise du Burkina Faso. Simplement quelques faits de vie d’un missionnaire d’Afrique, « père blanc moyen » : le vécu de ceux à qui il a été envoyé, et où il a discerné l’Amour de Dieu pour ces gens-là et pour lui-même. Celui qui sème n’est rien, celui qui arrose n’est rien, seul Dieu compte. Merci à Lui. »

Mais il faut bien souffler un peu, et de 87 à 88 il fera une année sabbatique à la rue Friant, dont il deviendra le responsable jusqu’en 1992. L’Afrique demeure sa raison de vivre, et fin 92 c’est le retour au Burkina Faso, à Solenzo, comme vicaire jusqu’en 2001. Il est alors nommé à Ouagadougou à la maison provinciale comme économe provincial, responsabilité et service qu’il va remplir scrupuleusement jusqu’en 2008. Ce ne fut pas son meilleur souvenir missionnaire, mais il était remarquable par sa délicatesse à l’égard de tous les nombreux confrères qui venaient le voir ‘pour des problèmes d’argent’, et par sa vie de communauté pleine d’humour, de simplicité et de sagesse pour arranger à l’amiable tous les petits conflits qui agitaient parfois la communauté. Quant à la pastorale il ne l’oubliera jamais, rendant de nombreux services soit aux paroisses, soit aux communautés religieuses. Personne n’oubliera sa mobylette asthmatique ni sa sacoche en cuir pourri qui lui permettait d’aller en toute sécurité à la banque tous les matins. Un missionnaire comme on les aime, parce qu’il a marqué les esprits par sa simplicité et sa piété.

Mais la maladie (cancer de la peau au visage) va commencer à l’handicaper et le faire souffrir (même s’il ne se plaignait jamais) ;  il devra rentrer définitivement en France en 2008, décision qu’il accueillit avec sérénité. Il faut dire que cette acceptation a été facilitée par son esprit légendaire d’obéissance comme il va le prouver à travers un mail qu’il a fait parvenir alors à son provincial en France : « En tant que responsable, vous êtes mieux à même d’apprécier les priorités, moi j’obéis. C’est pour cela que j’ai fait le Serment d’obéissance. Vous savez  comment je définis le ‘ Père Blanc moyen’ : pas très malin, mais discipliné ». Il demeurera une petite année rue Verlomme pour s’occuper des archives, puis rue du Printemps pour la gestion de l’économat de la maison et de « Voix d’Afrique ».

Les soins qu’il reçoit se révèlent de plus en plus contraignants et handicapants ; alors, c’est à Tassy, dans un premier temps, qu’il sera envoyé officiellement comme responsable de la communauté, mais surtout pour y recevoir des soins, et même les premières opérations au visage qui petit à petit vont le défigurer. Ce dernier poste de responsabilité, il va l’accueillir avec un grand sens missionnaire  comme il l’expliquera à sa famille et ses amis dans une circulaire : « J’ai toujours eu beaucoup d’admiration pour ces ‘anciens’ qui ont usé le ‘burnous’ et qui se sont usés, durant des décennies en Afrique et au service des africains… d’Alger au Cap et de Dakar à Dar-es-Salaam. Je n’ai donc pas trop de peine à accepter ce nouvel envoi en mission. Priez l’Esprit-Saint pour moi : qu’il me donne suffisamment de délicatesse, de patience et d’écoute pour être au service de mes aînés… 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24. » Le souvenir qu’il a laissé à Tassy restera profondément gravé dans le cœur de tous ses confrères, mais aussi de l’ensemble des résidents de l’EPHAD et du personnel ; il les comprenait : il subissait dans sa chair, mais en pire, les souffrances propres à toute fin de vie, d’autant plus que les opérations vont se succéder (16 au total), qui vont l’obliger à aller terminer sa vie à Bry-sur-Marne, car il était l’avant dernier Père Blanc encore résident à Tassy. Au début de 2017 il rejoindra sa chambre du deuxième étage à l’EPHAD de Bry-sur-Marne où le Seigneur finira enfin (car il le suppliait chaque jour de le prendre) par l’appeler comme il l’avait appelé une première fois lorsqu’il était enfant.

Ses derniers jours ont été un véritable calvaire, admirablement vécu grâce au chapelet qui ne quittait jamais son poignet ; et plus son visage ressemblait à celui du ‘Serviteur Souffrant’, plus son regard reflétait le calme,la paix et l’espérance en Celui qui l’a tout de même abandonné une dizaine de jours dans un semi-coma avant de le prendre enfin dans sa demeure éternelle. On dit : ‘qui aime bien châtie bien’ ; personne ne pouvait imaginer que Charles était autant aimé de Dieu. La messe des funérailles fut toute simple comme il le souhaitait, lui qui disait « vouloir être enterré dans une natte et porté sur une charrette tirée par un âne ». Sa sœur était présente ainsi que quelques neveux et petits-neveux, donc entouré par sa famille dont il avait été si proche toute sa vie. Nombreux aussi les confrères venus des environs, sans oublier quelques connaissances africaines qui ne sont pas près de l’oublier. La chapelle était pleine comme pour tout « père blanc moyen », et la lecture des « Béatitudes » ne détonnait pas dans le concert de louanges sincères qui l’ont accompagné jusqu’au cimetière des Pères Blancs, à Bry-sur-Marne.

« Heureux les pauvres de cœur, ils verront Dieu. »

Clément Forestier, M.Afr.

Conseil élargi des Sœurs Missionnaires de Notre-Dame d’Afrique (PE n°1092 – 2018/06)

Du 30 mai au 7 juin, la Maison généralice des Missionnaires d’Afrique a eu la joie d’héberger les Sœurs Missionnaires de Notre- Dame d’Afrique en Conseil élargi. 19 Sœurs sont venues des différentes entitées pour cette rencontre. Il s’agit des Sœurs (rangée du fond) : Mado Closset ; Elisabeth Villemure ; Marie-José Blain ; Juliana Karomba ; Jeanne d’Arc Ouattara ; Daphné Alphonso ; (2ème rangée) : Diana Hess ; Barungu Zawadi ; Prospérine Samba ; Mapendo Masirika ; Agnès Loiselle ; Elisabeth Biela; Marie McDonald ; (rangée devant) : Maria del Carmen Ocon ; Victoire Niyonzima ; Ingrid   Hager ; Florence Mwamba ; Esther Leon ; Carmen Sammut.

Une atmosphère très fraternelle a régné pendant le séjour des SMNDA dans la maison de leurs frères, malgré l’intensité de leurs travaux.

Freddy Kyombo

 

Session sur la communication (PE n° 1092 – 2018/06)

Organisée par Philippe Docq, une session sur la communication, regroupant les délégués de différentes provinces Missionnaires d’Afrique, s’est tenue à la maison généralice à Rome, du 27 mai au 2 juin 2018.

Au menu : la planification stratégique avec élaboration d’un plan quinquennal, animée par Sœur Marides Santos ; Identité et image de marque animée par le professeur Sean-Patrick Lovett ; Raconter des histoires et marketing de l’évangile par le père Fabrizio Colombo ; La communication et la collecte de fonds par le Docteur Fortuna Mambulu.

Les 10 participants à l’atelier étaient : Abobo Vitus, Agoh Michel, Bahati Patient, Bharotota Venance, Boroto Serge, Hulecki Pawel, Mazurek Pawel, Pam Dennis, Poirier Jacques et Singarajan Johnson.

Ils sont partis avec le sentiment d’avoir acquis un bagage suffisant pour donner un nouvel élan à la communication comme ministère au niveau de chacune de nos provinces. Ils sentent aussi le défi de transmettre ces compétences au plus grand nombre de confrères possible.

Freddy Kyombo

Soeur Marides (au milieu) avec les participants à la session.
Le professeur Sean-Patrick Lovett au cours de son intervention
Le père Fabrizio Colombo et le père Janvier Yaméogo s’adressant aux participants

 

Une visite fraternelle (PE n°1092 – 2018/06)

Le vendredi 25 mai en fin d’après-midi, la Maison généralice des Missionnaires d’Afrique a eu l’honneur d’accueillir la conférence épiscopale du Burkina Faso et du Niger en séjour à Rome pour leur visite Ad limina et des entretiens avec le saint-père.

Ils étaient une vingtaine, Archevêques, évêques, prêtres, et ils ont tenu à rendre visite aux Missionnaires d’Afrique qui ont des missions dans les deux pays.

Après un entretien avec le Conseil général et un repas fraternel avec toute la communauté, ils ont visité la chapelle des martyrs de l’Ouganda avant de se recueillir sur la Tombe de notre fondateur, le cardinal Charles Lavigerie. Ce fut l’occasion de prier pour l’Eglise famille du Burkina et du Niger et pour ces deux pays qui font face aux défis du terrorisme et de l’insécurité.

Ce fut visiblement un moment de joie pour tous ; au moment de partir les adieux s’éternisaient, signe du plaisir des retrouvailles.

Voyons le reste en images.

Freddy Kyombo

Photo de famille
Repas partagé avec la communauté
 Les évêques bénissent la communauté
Au moment des adieux…

Doric Giguère, R.I.P.

Le Père Gilles Barrette, Provincial des Amériques,
vous fait part du retour au Seigneur du Père

Doric Giguère

le mardi 3 juillet 2018 à Québec (Canada)
à l’âge de 89 ans dont 64 ans de vie missionnaire
en Tanzanie et au Canada.

Prions pour lui et pour ceux qui lui étaient chers.

 Doric Giguère

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Les « infirmières Lumière » (PE n° 1092 – 2018/06)

A côté du « Docteur Lumière », le père Jean Goarnisson M.Afr., il y a celles que l’on pourrait appeler les « infirmières Lumière », Sr Radegonde et Sr Saint-Nicaise dont on parlera ici plus longuement, mais aussi Sr Oda (Marie-Louise Melotte) et Sr Brigitte (Marcelle Delhomme), et tant d’autres qui ont travaillé dans les dispensaires ophtalmologiques :

  • Sr Radegonde (M. Blanche Côté), canadienne, 1890-1979 à Ouagadougou de 1932 à 1937;
  • Sr Saint-Nicaise (Marie-Louise Pillon), française, 1909-2004 à Ouagadougou et Nouna de 1942 à 1990;
  • Sr Oda (Marie-Louise Melotte), belge, 1905-1998 à Ouagadougou de 1953 à 1983;
  • Sr Brigitte (Marcelle Delhomme), française, 1918-2010 à Nouna de 1955 à 1961 et de 1965 à 1975.

Soeur Radegonde Marie-Blanche Coté est d’origine canadienne, mais sa famille émigre aux Etats-Unis quand Marie-Blanche a 8 ans. Elle entre au postulat des Sœurs Blanches à Québec en 1910. Après sa profession, Sr Radegonde fait des études d’infirmière à la Croix-Rouge en Tunisie. Pendant la guerre, elle est parmi les sœurs envoyées aux ambulances, et elles connaîtront les souffrances des soldats blessés et mourants qu’on amène chaque jour.

 

Sr Radegonde (Marie-Blanche Côté)
1890-1979
Sr Saint-Nicaise (Marie-Louise Pillon)
1909-2004
Sr. Oda (Marie-Louise Melotte)
1905-1998
Sr Brigitte (Marcelle Delhomme)
1918-2010

En 1919, Sr Radegonde est la 1er sœur canadienne partant pour l’Afrique occidentale. Par Ségou, elle se rend à Ouagadougou, en Haute-Volta. Elle y reste trois ans et demi.

Elle doit rentrer au Canada en 1923 pour des raisons de santé. A son retour, elle est nommée à Alger et, en 1929, elle est envoyée au dispensaire de la rue de la Charte, en Basse Casbah, dispensaire ophtalmologique ouvert l’année précédente par « l’Œuvre Valentin Haüy en faveur des aveugles ». Elle travaille sous la direction du Docteur Villemonte de la Clergerie, entièrement dévoué à ses malades et heureux de former des sœurs infirmières à donner tous les soins possibles. Combien de sœurs ont passé dans ce dispensaire six mois, un an ou plus pour se spécialiser dans ces soins, sans lasser la patience de ce médecin chrétien qui savait que son travail était ainsi multiplié à travers toute l’Afrique.

Le Docteur Goarnisson, Père Blanc, vint lui-même faire un stage à la rue de la Charte avant de partir à Ouagadougou où il allait créer, avec l’aide des sœurs, le dispensaire des yeux de Ouaga. Retournant dans sa mission, il emmena Sr Radegonde que les gens appellent « celle qui redonne la vue ».

Elle-même a raconté que pour ses premières opérations de cataractes elle avait pris à Ouaga des yeux de bœuf pour s’exercer ! Le Docteur Goarnisson n’avait jamais non plus opéré des cataractes ; il laissait donc faire Sr Radegonde. Et c’est elle qui forma les Sœurs africaines de l’Immaculée Conception. La réputation du « dispensaire ophtalmologique de Ouagadougou » s’étendait à plus de 150 km à la ronde !

En 1937, Sr Radegonde doit quitter l’Afrique pour des raisons de santé et personne n’aurait pu dire en ce moment-là que sa mission se poursuivrait pendant 42 ans. Sa vie devient contemplative préférant à tout le silence, la solitude de sa chambre. Elle dira : « Depuis mon retour je souffre et je prie pour les Africains. La lumière que je pouvais leur donner, s’est changée en une autre lumière plus merveilleuse encore, que le Seigneur seul peut leur transmettre. Ma part à moi est le don quotidien de ma vie. »

Soeur Saint-Nicaise Marie-Louise Pillon, elle, est française. Vers l’âge de 15 ans, elle sent monter en elle le désir « d’obéir à l’appel du Bon Dieu et de contribuer un peu à l’extension de son Règne ».

Elle entre au postulat des « Sœurs Blanches » le 12 février 1934, à Rennes. Le 28 octobre 1934, elle commence le noviciat à Vénières et reçoit le nom de Sr Saint-Nicaise qu’elle gardera tout au long de sa vie. Après sa profession, elle reste en Algérie et à Alger Verdun, elle acquiert un diplôme simple d’infirmière. Elle fait un stage à Alger Cervantès dans le dispensaire-clinique où on soigne beaucoup de malades atteints de trachome (Les six sœurs de cette communauté meurent dans un bombardement d’Alger en 1942).

En décembre 1940, elle part au Burkina Faso où elle a vécu près de 50 ans (de décembre 1940 au 13 mai 1990). Elle est d’abord nommée à Koupela et travaille au dispensaire.

 En avril 1942, Sr Radegonde avait déjà quitté, Sr Saint-Nicaise arrive à Ouagadougou et travaille au dispensaire ophtalmologique. De nombreux malades affluent pour retrouver la vue. Dans cette première année de Sr Saint-Nicaise, on dénombre 33 000 consultations ophtalmologiques et 88 opérations. Notre sœur devient experte en la matière. La formation des sœurs africaines et des laïques se poursuit. Elles rendent des services inestimables dans les dispensaires des villages. Le Docteur Goarnisson fera tout son possible pour que leur qualification soit reconnue et qu’elles puissent ainsi recevoir une certaine rémunération pour leur travail. Les statistiques de 1949 font état de 6 opérations par jour ;1.202 dans l’année.

En 1954, Sr Saint-Nicaise est parmi les fondatrices du poste de Nouna où elle restera pendant 22 ans et y fonde le dispensaire ophtalmologique. Elle est aidée par Sr Brigitte (Marcelle Delhomme, décédé en 2010) et par trois aides non-diplômés qu’elle forme elle-même. Une autre femme du village travaille avec eux faisant l’interprète des diverses langues parlées à Nouna.

A Nouna, comme à Ouagadougou, la renommée du dispensaire ne cesse de s’étendre. Grâce à tous ces soins, peu à peu les affections de trichiasis diminuent. En 1966, par exemple, on compte chaque jour 275 malades qui se rendent au dispensaire. 800 opérations des yeux se pratiquent chaque année dont 162 de cataracte.

En 1976, Sr Saint-Nicaise part pour un service en France. Les gens lui manifestent leur reconnaissance et diverses fêtes de remerciement s’organisent. Lors de ces fêtes, le Vicaire général l’appelle « la mère des aveugles ». Le sous-préfet de Nouna dira : « La réputation du dispensaire ophtalmologique de Nouna déborda très vite la sous-préfecture pour couvrir l’ensemble de la Haute-Volta et les états voisins de la Côte d’Ivoire et du Niger. » On reconnaît, en matière de soins ophtalmologiques, les exploits de Sr Saint-Nicaise et les populations lui témoignaient une confiance indéfectible.

Sr Saint-Nicaise rentre définitivement en France le 13 mai 1990 où, comme elle dit : « Ma vie est tissée de mille riens du matin au soir, dans la maison et au dehors. Je reste cent pour cent Sœur Blanche !»

Grâce aux générations de missionnaires, les soins des yeux ont été promus de façon consistante et durable, leur savoir a été partagé au-delà des frontières et des milliers de personnes ont vu la « lumière ».

Sr Gisela Schreyer,
archiviste SMNDA