Message reçu des Scheutistes et publiés en mode restreint.
OSCAR NKOLO (futur évêque de Mweko) et JOS DAS NOUS EN PARLENT
Les médias européens et belges ne parlent pratiquement plus des drames que vivent les Congolais, tellement nous sommes submergés de drames dans le monde. Pourtant nous Scheutistes, surtout les anciens du Congo, sommes appelés à être plus attentifs aux souffrances de nos amis. Oscar Nkolo qui devrait être ordonné évêque le 20 mai et Jos Das étaient parmi nous pour nous en parler. Même si nous sommes totalement impuissants face à ces situations, nous pouvons porter ces souffrances dans nos prières.
Le Père Oscar originaire de Mbuji-Mayi a commencé sa Mission en République Dominicaine (en 1987) où il est resté une dizaine d’années avant de faire une année d’études en 1998 aux USA. De retour en RDC, il assumera plusieurs responsabilités, dont celle de recteur au scolasticat pour terminer comme économe dans notre noviciat à Mbudi à partir de 2014. C’est là que le pape François a été le pêcher à l’âge de 60 ans pour remplacer Mgr Gérard Mulumba Kalemba qui avait donné sa démission depuis longtemps, vu son âge avancé.
Nous l’avons rencontré en Belgique et il raconte avec émotion : d’ici quelques jours, je serai de retour dans mon pays, mais la situation (dans le grand Kasaï) et dans mon diocèse est catastrophique. Personne n’aurait pu imaginer une situation pareille. En effet, la population avait mis sa confiance en l’assemblée des Évêques pour régler la succession de Kabila. Malheureusement, avec le décès de Tshisekedi l’opposant historique et l’assassinat d’un chef traditionnel (Kamuina nsapu) la situation s’est totalement détériorée.
En effet, le pouvoir en place n’ayant plus cet opposant de taille en a profité pour imaginer tous les stratagèmes possibles pour empêcher que les accords de la St Sylvestre se réalisent[1]. C’est ainsi que le mécontentement s’amplifia de plus en plus et se focalisa principalement sur tous les symboles du Pouvoir : commissariat de police, autorités locales, commissaires et même les paroisses catholiques et les écoles.
A ce désordre, le Pouvoir ne pouvait qu’envoyer la troupe, mais comme rien n’était prévu pour le logement, l’alimentation et le matériel, c’est sur la population que les soldats se sont jetés. Plus les soldats maltraitent la population, plus cette dernière détruit les symboles du pouvoir, et plus il y a des soldats appelés en renfort. Et en plus des attaques contre les symboles du pouvoir, c’est également contre l’Église que certains s’attaquent ; en effet ils accusent l’Église de ne pas avoir, selon eux, bien joué son rôle de médiateur pour apporter le changement du régime et d’avoir protégé les gens du pouvoir.
Tout cet imbroglio fait que depuis tout un temps, les tueries, les massacres, les viols, la destruction de bâtiments ne font que s’amplifier, que ce soit de la part des militaires ou des civils. Les villages sont déserts car la population a fui en forêt, les cultures sont délaissées ainsi que les écoles et les soins de santé.
À notre question de savoir s’il avait peur de prendre poste dans son diocèse, Oscar le futur évêque dit simplement que voulez-vous, les simples chrétiens et la population ne peut pas fuir et se sauver en Europe, moi non plus je ne le ferai pas.
Jos Das confirme évidemment ces événements et l’analyse qui en est faite, mais il ajoute une note positive : à Kinshasa malgré toutes les mauvaises nouvelles et le pillage de plusieurs cures ou maisons de religieuses à Kin, la vie continue comme avant. Ainsi, la paroisse de Mbudi où Bodi di Tsiku Flori est curé a rassemblé 31.000$ pour la construction de leur église, et des milliers de francs congolais.
PS : ce vendredi 29, nous venons de recevoir une lettre dramatique d’une religieuse de Mwene Ditu qui explique comment, avec des enfants orphelins, elles ont dû fuir en brousse pendant une semaine, et ensuite de cachette en cachette. Plusieurs églises, cures et couvents ont été pillés et saccagés. Plusieurs fois, des prêtres et des religieuses sont arrêtés et tabassés avant d’être libérés. Le motif est toujours le même : « vos évêques nous ont trompés, les accords du Nouvel An ne sont pas respectés par Kabila, vous êtes des traîtres ».
Mais en réalité, ce sont bien souvent des pillards, c’est encouragé par le Pouvoir qui envoie ses soldats sans soutient logistique et qui dons doivent saccager la population. C’est un cercle vicieux : + de troubles + de soldats + de troubles !
[1] Ndlr : Les observateurs sont d’accords pour dire que tout ce qui peut retarder les élections en RDC est mis en œuvre par les gens au Pouvoir. L’objectif est simple : créer le plus de désordre possible pour arriver au constat que dans ces circonstances, il est impossible d’organiser des élections démocratiques, et donc le pouvoir actuel reste en place. Certains avancent même l’hypothèse qu’au Kasaï, des « infiltrés » venus du Rwanda attiseraient le feu dans le pays, mais ça …..