Fratelli Tutti

Encyclique Fratelli Tutti

Découvrez la lettre encyclique du pape François “Fratelli Tutti” à travers cette vidéo inspiratrice et le PDF très pédagogique du Dicastère DPDHI.

ET PUIS… Lisez-la. Elle constitue une magnifique actualisation de la manière dont François d’Assise a compris qu’il était un chrétien, un frère pour tous.

Statistique des étudiants

Statistiques des étudiants en octobre 2020

Vous trouverez ici les statistiques des 460 étudiants des Missionnaires d’Afrique selon leur pays d’origine (en ordonnée) et leur centre de formation (en abscisse du graphe ci-dessous).

Il y a 200 étudiants dans 11 centres de formation de PREMIÈRE ÉTAPE (études de philosophie sur une période de 3 ans) :

    1.  Jinja en Ouganda (EAP)
    2.  Ruzizi en RD Congo (PAC)
    3.  Kinshasa en RD Congo (PAC)
    4. Adigrat en Ethiopie (EPO)
    5.  Balaka au Malawi (SAP)
    6.  Lublin en Pologne (PEP)
    7.  Guadalajara au Mexique (AMS)
    8. Ouagadougou au Burkina Faso (PAO)
    9. Ejisu au Ghana (GhN)
    10. Bangalore en Inde (SOA)
    11. Cebu aux Philippines (SOA)

Il y a 60 étudiants dans 3 centres de la SECONDE ÉTAPE pour l’« Année Spirituelle » (anciennement « Noviciat ») :

    1. Arusha en Tanzanie
    2. Bobo-Dioulasso au Burkina Faso
    3. Kasama en Zambie

Il y a 57 étudiants en TROISIÈME ÉTAPE (“stage”) dans de nombreux pays du monde.

Il y a 143 étudiants dans 5 centres de formation de QUATRIÈME ÉTAPE (études théologiques) :

    1. Limete / Kinshasa en RD Congo
    2. Merrivale en Afrique du Sud
    3. Nairobi au Kenya
    4. Abidjan en Côte d’Ivoire
    5. Jérusalem en Israël / Palestine 

Ces statistiques peuvent également être trouvées sous Formation > Statistiques.

Alfonso Continente Sanz, R.I.P.

Société des Missionnaires d'Afrique

Le Père Jesús Zubiría O. , Délégué Provincial du secteur d’Espagne,
vous fait part du retour au Seigneur du Père

Alfonso Continente Sanz

le vendredi 20 novembre 2020  à l’hôpital de Logroño (Espagne)
à l’âge de 88 ans dont 59 ans de vie missionnaire
au Burkina Faso, en RD Congo, au Sénégal et en Espagne.

Prions pour lui et pour ceux qui lui étaient chers.

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Situation critique en Ethiopie

Notre situation est critique en Ethiopie

Supérieur délégué EPO

Voici une lettre que nous venons de recevoir du supérieur délégué de l’Éthiopie, donnant des nouvelles de ce qu’ils endurent ces jours-ci avec leur cher peuple d’Éthiopie. Je viens de communiquer avec le délégué et nous avons convenu que les noms soient retirés pour des raisons évidentes de sécurité. Ceux qui veulent en savoir plus peuvent consulter le livre du personnel. Joignons-nous à eux dans la prière pour que la paix règne sur cette belle terre.

Philippe Docq, M.Afr.

Photo from NY Times

La crise

Les forces gouvernementales éthiopiennes ont lancé des opérations militaires dans le Tigré (région du Nord) il y a 12 jours après que le gouvernement ait accusé les autorités locales d’avoir attaqué un camp militaire et d’avoir tenté de piller des biens militaires. Le TPLF ( le Front populaire de libération du Tigré ), qui est au pouvoir dans la région, nie cette allégation et a accusé le premier ministre (Abiy Ahmed) d’avoir concocté cette histoire pour justifier l’offensive. Depuis le début de la guerre, les frappes aériennes et les combats au sol entre les forces gouvernementales et le TPLF ont tué des centaines de personnes et causé de nombreux dégâts matériels. Jusqu’à présent, 25 000 réfugiés ont franchi les frontières du Soudan.

Nous venons d’apprendre que dans la région du Tigré, toutes les communications sont coupées (pas de téléphone, pas d’internet, pas de circulation, ni d’électricité) et les médias ont été interdits. Nous arrivons difficilement à obtenir des informations de cette région en dehors de celles que le gouvernement éthiopien diffuse à la télévision nationale et dans d’autres médias.

Nous apprenons également que les gens ont du mal à obtenir de la nourriture, de l’eau et des médicaments. Cette situation humanitaire est réellement critique.

Où sont les Missionnaires d’Afrique (Pères Blancs) en Ethiopie?

En Ethiopie, les communautés des Missionnaires d’Afrique sont réparties sur trois sites : Adigrat, Wukro et Kombolcha. Kombolcha se trouve dans la région d’Amhara, dans le centre de l’Éthiopie, et jusqu’à présent, cette communauté est en sécurité. Elle compte deux Missionnaires d’Afrique et un stagiaire.
Adigrat et Wukro se trouvent dans la région du Tigré, où la guerre fait rage. À Adigrat, nous avons sept confrères. Nous avons également un Missionnaire d’Afrique dans un endroit appelé Abiy Adi, à environ 120 km d’Adigrat. Et à Adigrat, nous avons cinq séminaristes qui sont en pré-premier cycle (maison de formation St Paul).

Enfin, la communauté de Wukro compte un missionnaire d’Afrique qui se trouve actuellement en Espagne et deux prêtres diocésains. Nous avons également plus de 20 employés dans les deux communautés.

Inquiétude et plainte

Depuis le début du conflit, nous n’avons pas de nouvelles de nos confrères d’Adigrat et de Wukro. Sont-ils en sécurité ? Sont-ils toujours dans leurs communautés ? Ont-ils fui ? Ont-ils de la nourriture et de l’eau ?  Nous n’avons aucune information.

J’ai essayé de contacter les bureaux de la Croix-Rouge internationale (CICR) à Addis pour voir s’ils pouvaient m’aider à obtenir des informations sur nos confrères du Tigré et jusqu’à présent, sans succès. J’ai également essayé de joindre l’évêque d’Adigrat et les bureaux diocésains, mais en vain. C’est vraiment très inquiétant de ne pas savoir ce qu’il en est de nos confrères et nous vous demandons donc, ainsi qu’à toutes les personnes de bonne volonté, de prier pour nos confrères et pour toute l’Éthiopie afin que la paix puisse à nouveau régner dans ce beau pays.

Supérieur délégué, EPO
18 novembre 2020

André Bertholet, R.I.P.

Société des Missionnaires d'Afrique

Le Père Yvo Wellens, Délégué Provincial du secteur de Belgique,
vous fait part du retour au Seigneur du Père

André Bertholet

le mardi 17 novembre 2020 à Namur – La Plante (Belgique)
à l’âge de 77 ans dont 53 ans de vie missionnaire
en Algérie, en France et en Belgique.

Prions pour lui et pour ceux qui lui étaient chers.

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Nazzareno Benacchio, R.I.P.

Société des Missionnaires d'Afrique

Le Père Réal Doucet, Provincial des Amériques,
vous fait part du retour au Seigneur du Père

Nazzareno Benacchio

le lundi 16 novembre 2020 à Itapeva – São Paulo (Brésil)
à l’âge de 98 ans dont 73 ans de vie missionnaire
en Italie, au Congo et au Brésil.

Prions pour lui et pour ceux qui lui étaient chers.

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Waly Neven, R.I.P.

Société des Missionnaires d'Afrique

Le Père Yvo Wellens, Délégué Provincial du secteur de Belgique,
vous fait part du retour au Seigneur du Père

Walrave (Waly) Neven

le samedi 14 novembre 2020 à l’hôpital Brugmann – Bruxelles (Belgique)
à l’âge de 93 ans dont 69 ans de vie missionnaire
au Burundi, en Italie, en RD Congo et en Belgique.

Prions pour lui et pour ceux qui lui étaient chers.

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Journée mondiale des pauvres

4ème Journée mondiale des pauvres - 15 novembre 2020

Extrait du message du Pape François : « Tends ta main au pauvre » (Si 7, 32)

… La prière à Dieu et la solidarité avec les pauvres et les souffrants sont inséparables…. Par conséquent, le temps consacré à la prière ne peut jamais devenir un alibi pour négliger le prochain en difficulté. Le contraire est vrai : la bénédiction du Seigneur descend sur nous et la prière atteint son but quand elles sont accompagnées par le service aux pauvres.

Chaque rencontre avec une personne en situation de pauvreté nous provoque et nous interroge. Comment pouvons-nous contribuer à éliminer ou, du moins, à soulager sa marginalisation et sa souffrance ? Comment pouvons-nous l’aider dans sa pauvreté spirituelle ? … Le cri silencieux des nombreux pauvres doit trouver le peuple de Dieu en première ligne, toujours et partout, afin de leur donner une voix, de les défendre et de se solidariser avec eux devant tant d’hypocrisie et devant tant de promesses non tenues, pour les inviter à participer à la vie de la communauté.

…Malheureusement, il arrive de plus en plus souvent que la hâte entraîne dans un tourbillon d’indifférence, au point que l’on ne sait plus reconnaître tout le bien qui se fait quotidiennement, en silence et avec grande générosité…. Certes, la méchanceté et la violence, l’abus et la corruption ne manquent pas, mais la vie est tissée d’actes de respect et de générosité qui, non seulement compensent le mal, mais poussent à aller au-delà et à être remplis d’espérance.

Tendre la main est un signe : un signe qui rappelle immédiatement la proximité, la solidarité, l’amour. En ces mois où le monde entier a été submergé par un virus qui a apporté douleur et mort, détresse et égarement, combien de mains tendues nous avons pu voir ! La main tendue du médecin qui se soucie de chaque patient en essayant de trouver le bon remède. La main tendue de l’infirmière et de l’infirmier qui, bien au-delà de leurs horaires de travail, sont restés pour soigner les malades. La main tendue de ceux qui travaillent dans l’administration et procurent les moyens de sauver le plus de vies possibles. La main tendue du pharmacien exposé à tant de demandes dans un contact risqué avec les gens. La main tendue du prêtre qui bénit avec le déchirement au cœur. La main tendue du bénévole qui secourt ceux qui vivent dans la rue et qui, en plus de ne pas avoir un toit, n’ont rien à manger. La main tendue des hommes et des femmes qui travaillent pour offrir des services essentiels et la sécurité. Et combien d’autres mains tendues que nous pourrions décrire jusqu’à en composer une litanie des œuvres de bien. Toutes ces mains ont défié la contagion et la peur pour apporter soutien et consolation.

… Ce moment que nous vivons a mis en crise beaucoup de certitudes. Nous nous sentons plus pauvres et plus faibles parce que nous avons fait l’expérience de la limite et de la restriction de la liberté. La perte du travail, des relations affectives les plus chères, comme l’absence des relations interpersonnelles habituelles, a tout d’un coup ouvert des horizons que nous n’étions plus habitués à observer. Nos richesses spirituelles et matérielles ont été remises en question et nous avons découvert que nous avions peur. Enfermés dans le silence de nos maisons, nous avons redécouvert l’importance de la simplicité et d’avoir le regard fixé sur l’essentiel. Nous avons mûri l’exigence d’une nouvelle fraternité, capable d’entraide et d’estime réciproque. C’est un temps favorable pour « reprendre conscience que nous avons besoin les uns des autres, que nous avons une responsabilité vis-à-vis des autres et du monde […]. Depuis trop longtemps, déjà, nous avons été dans la dégradation morale, en nous moquant de l’éthique, de la bonté, de la foi, de l’honnêteté. […] Cette destruction de tout fondement de la vie sociale finit par nous opposer les uns aux autres, chacun cherchant à préserver ses propres intérêts ; elle provoque l’émergence de nouvelles formes de violence et de cruauté, et empêche le développement d’une vraie culture de protection de l’environnement » (Laudato Si’ n. 229). En somme, les graves crises économiques, financières et politiques ne cesseront pas tant que nous laisserons en état de veille la responsabilité que chacun doit sentir envers le prochain et chaque personne.

« Tends la main au pauvre », est donc une invitation à la responsabilité comme engagement direct de quiconque se sent participant du même sort. C’est une incitation à prendre en charge le poids des plus faibles, comme le rappelle saint Paul : « Mettez-vous, par amour au service les uns des autres. Car toute la Loi est accomplie dans l’unique parole que voici : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. (…) Portez les fardeaux des uns les autres » (Ga 5,13-14 ; 6,2). L’Apôtre enseigne que la liberté qui nous a été donnée par la mort et la résurrection de Jésus Christ est pour chacun de nous une responsabilité pour se mettre au service des autres, surtout des plus faibles. Il ne s’agit pas d’une exhortation facultative, mais d’une condition de l’authenticité de la foi que nous professons. …

… Presque sans nous en apercevoir, nous devenons incapables d’éprouver de la compassion devant le cri de douleur des autres, nous ne pleurons plus devant le drame des autres, leur prêter attention ne nous intéresse pas, comme si tout nous était une responsabilité étrangère qui n’est pas de notre ressort. » (Evangelii Gaudium n. 54). Nous ne pourrons pas être heureux tant que ces mains qui sèment la mort ne seront pas transformées en instruments de justice et de paix pour le monde entier.

10… Même un sourire que nous partageons avec le pauvre est source d’amour et permet de vivre dans la joie. Que la main tendue, alors, puisse toujours s’enrichir du sourire de celui qui ne fait pas peser sa présence et l’aide qu’il offre, mais ne se réjouit que de vivre à la manière des disciples du Christ.

Que sur ce chemin quotidien de rencontre avec les pauvres nous accompagne la Mère de Dieu, qui plus que tout autre est la Mère des pauvres… Puisse la prière à la Mère des pauvres rassembler ses enfants favoris et tous ceux qui les servent au nom du Christ. Que la prière transforme la main tendue en une étreinte de partage et de fraternité retrouvée.

Si vous voulez lire le message complet, veuillez svp consulter la page web suivante :

http://www.vatican.va/content/francesco/fr/messages/poveri/documents/papa-francesco_20200613_messaggio-iv-giornatamondiale-poveri-2020.html

Prière universelle pour la journée mondiale des pauvres

Un ministère de prise en charge (dans le Petit Echo n° 1114)

Certains de nos confrères, surtout dans les régions éloignées, n’ont peut-être pas la chance de lire le Petit Echo, soit à cause d’un problème de distribution postale, soit parce qu’ils n’ont qu’un accès Internet sur leur téléphone portable. Chaque fois que je lirai des articles particulièrement essentiels, je les publierai sur le site Internet sous forme de postes ordinaires, qui devraient être plus faciles à lire depuis un téléphone portable. Ne les manquez pas. 
Ph. Docq

Intégrité du ministère : un ministère de prise en charge

Peter Joseph Cassidy , M.Afr. (dans le Petit Echo n° 1114)

Depuis la création du ministère tel que nous le connaissons aujourd’hui, nous avons été mis au défi d’évaluer régulièrement notre approche à son égard. Pendant mes années de formation (milieu des années 90), le terme « intégrité du ministère » n’existait pas et la réalité n’était pas mentionnée, mais on sentait qu’il y avait un mot inexprimé en rapport avec l’intégrité de soi et du ministère ; si on l’avait adopté à l’époque, il aurait complété notre approche du ministère et de l’autoprise en charge dans tous ses aspects d’aujourd’hui. Heureusement, actuellement, cette attitude a changé et notre programme de formation intègre désormais cette réalité et, nous l’espérons, prépare mieux nos confrères à leur voyage missionnaire quotidien face aux défis qui y sont associés.

Depuis que j’ai prêté serment en décembre 1996, comme la plupart d’entre nous, nous avons tenu des rôles différents et variés au sein de la Société. Certains de ces rôles, nous y étions préparés ; d’autres, par la nature de notre vocation, nous les avons acquis sans grande préparation, voire sans aucune préparation. En regardant mes années de ministère, je peux honnêtement dire que le point de l’intégrité du ministère a été le plus difficile à assumer, au point de susciter colère et frustration. Depuis le moment de ma première nomination jusqu’à aujourd’hui, j’ai été personnellement confronté, et j’ai également dû confronter les autres dans leur approche de la conscience de soi et du ministère, ce qui n’a pas été une tâche facile. Le plus grand défi lorsque l’on se confronte à soi-même et aux autres est l’image que l’on donne de soi et la façon dont on laisse tomber sa famille et les personnes que l’on sert. Parfois, nous tenons pour certain notre rôle dans la vie et oublions le rôle et l’image que nous donnons à ceux que nous servons. Il existe un certain sentiment d’arrogance lié à notre vocation, né de l’histoire où les gens avaient peur de nous affronter, mais cette attitude a changé : les personnes que nous servons sont prêtes à nous affronter, à nous défier et à nous exposer si nous sortons de notre rôle aujourd’hui.

Mon expérience

Mon séjour en Irlande et maintenant mon retour en Afrique du Sud ont montré clairement que notre peuple veut que nous soyons honnêtes et fidèles à notre vocation. Avec le nombre d’ateliers auxquels j’ai participé et, actuellement, la tenue d’ateliers dans l’archidiocèse de Johannesburg en rapport avec la sauvegarde du ministère, je suis constamment surpris par le nombre de personnes qui assistent à ces ateliers. Cela suggère que les gens que nous servons nous crient qu’ils veulent que nous répondions à notre vocation avec intégrité. Cela suggère également qu’ils se soucient de nous et veulent nous protéger au point d’être prêts à nous aider, non pas à nous couvrir, mais à nous aider si nous empruntons un chemin difficile dans notre ministère et dans notre vie.

Nous devons être proactifs, plutôt que réactifs, et développer une approche positive de la supervision professionnelle. Je me souviens qu’au sein de notre Conseil provincial européen, j’ai posé une question sur cette supervision ; on m’a répondu que nous l’avons dans la direction spirituelle ; mais la supervision est différente de la direction spirituelle. Comme nous le savons, il vaut mieux prévenir que guérir. Je crois qu’il y a un besoin de supervision où nos besoins et nos préoccupations sont suivis par un professionnel qui reconnaît une spirale émotionnelle descendante. C’est le cas de toute aumônerie, où il faut prouver, dans le domaine civil, la fréquence de la supervision. Comme tout conseiller professionnel aujourd’hui, il s’agit de faire de même. Notre ministère a changé aujourd’hui, mais les défis restent les mêmes : sommes-nous assez humbles pour chercher à nous faire soigner par un professionnel ?

En tant que missionnaires d’Afrique, nous avons consacré beaucoup de temps et d’argent à « soigner » nos confrères. Il faut se demander s’il n’aurait pas été plus productif d’investir et d’encourager une supervision professionnelle qui nous permettrait d’avoir un miroir pour regarder notre vie et prendre soin de nous-mêmes. Tous ceux d’entre nous qui se disent missionnaires sont confrontés quotidiennement aux horribles histoires personnelles des personnes que nous servons, qui sont parfois le miroir de nos propres histoires. Une fois que ces histoires ne sont pas prises en compte, elles peuvent nous amener dans un endroit « sombre » qui, à son tour, nous affectera, nous et notre ministère. Notre peuple veut que nous soyons vrais et honnêtes dans nos activités ; cela ne peut être accepté que si nous sommes vrais et honnêtes envers nous-mêmes.

Dans notre Société

Cette même réalité doit être acceptée dans nos communautés de missionnaires d’Afrique. Nous devons également être forts pour affronter nos confrères et en prendre soin si nous les voyons s’engager sur un chemin difficile. Nous avons tendance à nous tourner d’abord vers nos supérieurs, en prenant l’option facile, plutôt que de nous soucier du problème et de confronter le confrère en question. Nos communautés doivent être un « lieu de sécurité » où l’on prend soin de nous et où l’on se sent pris en charge. Parfois, nos communautés ont été un lieu de douleur et de manque de soins. Nous devons développer des communautés qui se soucient des besoins des uns et des autres, en ne faisant pas la police, mais en utilisant les compétences que nous avons acquises, en traitant avec les personnes que nous servons et en les mettant en œuvre dans notre communauté immédiate. Vivre dans une communauté où l’on ne parle pas des problèmes (l’éléphant dans le coin) est très difficile alors qu’on épuise son énergie en soi-même, dans la communauté et dans notre ministère.

La supervision est un moyen de se soigner soi-même et a été mentionnée au dernier Chapitre, mais n’est-elle pas restée lettre morte ? Soyons tous assez humbles pour rechercher des soins par le biais de la supervision avant qu’il ne soit trop tard et construisons sur un ministère qui fait partie intégrante de l’image de Dieu.

Intégrité du ministère et ses conséquences dans l’apostolat (PE n°1114)

Certains de nos confrères, surtout dans les régions éloignées, n’ont peut-être pas la chance de lire le Petit Echo, soit à cause d’un problème de distribution postale, soit parce qu’ils n’ont qu’un accès Internet sur leur téléphone portable. Chaque fois que je lirai des articles particulièrement essentiels, je les afficherai comme des articles ordinaires sur le site web, ce qui devrait être plus facile à lire à partir d’un téléphone portable. Ne les manquez pas. 
Ph. Docq

L'intégrité du ministère et ses conséquences dans l’apostolat

Peter Ekutt, M.Afr. (dans le Petit Echo n° 1114)

Sincérité et humilité

Suite à la récente révélation de nombreux cas d’abus sexuels commis par des prêtres ou personnes consacrées, le pape François a écrit une lettre à l’ensemble du peuple de Dieu. Cette lettre est un cri. Un cri pour exprimer la honte et la douleur du pape et de toute l’Église face à ces scandales des abus sexuels et d’autres formes d’abus avec leurs blessures. Ce cri se joint à celui des victimes dont les blessures accompagnent toute la vie. Nous sommes tous secoués, missionnaires d’Afrique (pères blancs) comme toutes les autres congrégations ainsi que les communautés chrétiennes. La question la plus importante à nous poser n’est pas de savoir qui se trouve derrière ces scandales, mais plutôt ce que ces scandales révèlent de notre manière d’être missionnaires. Comment est-ce que ce cri peut nous aider comme missionnaires d’Afrique à apprendre du passé afin de devenir plus attentifs à l’intégrité de notre ministère. Cette question nous invite aujourd’hui à poser un regard dépassionné et moins stéréotypé sur cette crise, sur les personnes et sur les cultures. Il n’y a ni limite d’âge, ni expérience pastorale, ni culture à l’abri de ce mal. Tout le monde, malgré son âge et son expérience missionnaire, y reste exposé.

Échanges pendant une session avec des religieux, religieuses et prêtres diocésains du diocèse de Mahagji

Expérience de terrain

J’ai eu la chance d’animer une session à des religieux, religieuses et prêtres diocésains. Pour la mise en route de la session, j’ai demandé aux participants un travail de « Brainstorming » sur ce qu’ils pensaient de l’« abus sexuel » et de l’« abus du pouvoir ». L’expression des visages des participants m’a fait comprendre que ces questions les mettaient mal à l’aise : c’était inhabituel et demandait un courage exceptionnel. Alors on comprend que la stigmatisation, la méfiance, la culture du silence et le tabou règnent autour de ces sujets à divers degrés selon les milieux. En général, je constate qu’il y a aussi une mystification autour de ces sujets. La peur de plaintes, de stigmatisations et de la justice, mais aussi les liens familiaux, empêchent les gens d’en parler et de dénoncer les cas qu’ils connaissent pourtant bien.

S’agissant de nos communautés, certains confrères acceptent souvent qu’il y a des abus sexuels et des adultes vulnérables, mais pour balayer du revers la question, on y va par des phrases stéréotypées du genre : «mais c’est rare en Afrique », « cela ne se passe pas dans notre secteur ni dans notre communauté », « l’homosexualité est moins grave que la pédophilie », « coucher avec une jeune fille de 17 ans, ce n’est pas de la pédophilie puisque c’est elle qui est venue vers moi ». Même quand on parle de la politique de protection à signer dans notre Société, d’aucuns pensent que c’est un piège pour attraper les confrères. Je connais même des secteurs où le confrère chargé de la question n’ose pas ou ne veut pas diffuser les documents aux confrères, mais attend que les problèmes éclatent pour commencer à citer les grands principes et sévir. Cela explique en partie la méfiance envers les confrères qui sont dans cet apostolat. Nous sommes considérés comme des policiers à l’affût d’infractions pour incriminer. Ainsi, se développe un blocage sur le sujet.

Si, au milieu des peines et des joies, des succès et des difficultés, la Société des Missionnaires d’Afrique continue son pèlerinage 150 ans après sa fondation, les difficultés de l’intérieur restent toujours les plus douloureuses et les plus destructrices. Le scandale de l’abus sexuel, de l’abus de pouvoir, de l’abus addictif et de l’abus de confiance fait souffrir tout le corps de la Société. Voilà pourquoi nous essayons non pas de chercher les victimes, mais plutôt de sensibiliser les confrères sur ce que le pape Benoît XVI a appelé « la blessure ouverte dans le corps de l’Église » en général, et au sein de notre Société en particulier.

Le père Peter Ekkut (en boubou) lors d’une session avec les candidats missionnaires d'Afrique, étudiants en philosophie à Kimbondo (Kinshasa)

Apprendre à allier rigueur et humilité

Nos approches peuvent avoir leurs limites, nous ne le nions pas. Mais la vérité est têtue. En effet, sur le banc des accusés, on identifie non seulement des acteurs politiques et des opérateurs économiques, mais aussi des enseignants, des responsables de groupes de jeunes, des parents, des ecclésiastiques. Souvent nous sous-estimons la prévalence des abus sexuels envers des mineurs et des adultes vulnérables, mais, en pratique, force est de constater qu’il y a de pénibles traces et des dossiers qui coûtent des fortunes à la Société. Ainsi, cet article veut provoquer une réflexion sur l’intégrité de notre ministère. Le fait d’être chrétien — en particulier consacré — dit le pape François, « ne veut pas dire nous comporter comme un cercle de privilégiés qui croient avoir Dieu dans leur poche ».

Il importe donc de réfléchir sur la sévérité des règles à adopter dans tous nos établissements, pour prévenir des faits semblables et s’inscrire dans la logique du pape François qui demande « plus jamais cela », dans nos communautés, nos secteurs et nos provinces. Il est également important que la Société s’engage pour le respect des droits tant de la victime que de la personne mise en accusation ; qu’elle veille à ce que la vérité soit accompagnée de la charité, tant envers les victimes qu’envers les accusés, afin de les conduire sur le chemin de la guérison et de la réconciliation avec soi-même et avec la société.

Lors d’une campagne de sensibilisation des jeunes dans les ecoles de Mahagji sur “l'agression sexuelle”

« Prudence » est le maître-mot

« Il ne suffit pas que la femme de César soit honnête, elle doit aussi en avoir l’apparence ! » Voilà, selon Plutarque, la réponse du grand César en ce qui concerne la répudiation de sa femme Pompéia, soupçonnée sans preuve explicite de relations extraconjugales avec Clodius ; la leçon de cette histoire est que tout responsable public doit, non seulement être intègre, mais aussi éviter tout comportement pouvant mettre en cause son intégrité ; en régime chrétien, nous appelons cela PRUDENCE.

Pour vivre cette prudence en matière de protection des mineurs et des personnes vulnérables, il est important que les missionnaires respectent les limites des espaces privés de nos communautés missionnaires d’Afrique. Plusieurs maisons de formations, heureusement, ces temps-ci, insistent sur l’interdiction de recevoir les visiteurs dans nos espaces privés à savoir nos chambres à coucher et nos salles d’équipe. Cette décision des formateurs ou des communautés des maisons de formation est à saluer et à encourager ; cela montre le sérieux de notre engagement et forme de futurs missionnaires d’Afrique dans l’esprit du cardinal Lavigerie qui ne cessait d’appeler à cette prudence dans ses lettres adressées aux premiers confrères.

Le monde a changé et cela pour tout le monde y compris les clercs jadis considérés comme des saints vivants sur terre. Je perçois ici un appel pressant à tous : apprendre à allier rigueur et humilité, aussi bien au niveau individuel que communautaire.