Charles Sarti (1932 – 2017) (PE n°1092 – 2018/06)

Charles est né en Italie, le 15 Mai 1932, sur les rives du lac Majeur, dans une humble famille profondément chrétienne. Son père était carreleur, et sa mère « femme au foyer » comme on dit pudiquement pour cacher une vie entièrement consacrée au service de ses trois enfants, deux garçons et une fille. C’est sa maman qui le marquera le plus et l’accompagnera jusqu’à l’autel ; sa sœur l’accompagnera jusque sur son lit de mort.

Peu après sa naissance, toute la famille émigre en France, à Vitry-le-François ; c’est au petit séminaire de Châlons qu’il fera ses études secondaires, déjà titillé qu’il était par un désir profond de vie sacerdotale, envieux de son curé qu’il admirait. A vingt ans il se fera naturaliser Français, et s’engagera Outre-Mer pour tester et sa vocation, et sa santé, car entre-temps il avait contacté et soigné une tuberculose tenace. C’est ainsi qu’il se trouve dans un premier temps au Camp Militaire d’Abidjan, avant d’être muté à Bobo-Dioulasso, fin décembre 1952. C’est un Père Blanc, le père Gilles de Rasilly, alors aumônier militaire et directeur de l’enseignement catholique, qui le poussera après sa démobilisation à rester un peu plus au Burkina Faso (alors Haute-Volta) comme responsable du CM2 à Tounouma. C’est là qu’il attrapera « le virus Pères Blancs » qui le conduira tout naturellement vers une formation classique à l’époque : noviciat à Maison-Carrée en 1954, suivi logiquement d’une longue formation philosophique et théologique dès l’année suivante à Thibar puis à Carthage (formation interrompue six mois pour rappel sous les drapeaux). C’est à Carthage donc qu’il va prononcer son serment missionnaire le 2 février 1958, pour y être ordonné prêtre le 18 juin 1958.

Pendant ses années de formation, il fera l’unanimité auprès de tous ses formateurs pour ses qualités de futur « bon » missionnaire. Parmi tous les témoignages qui nous restent de cette époque, l’un d’entre eux peut les résumer tous : « Ce qui me frappe au premier abord, c’est son calme, son sérieux, sa mesure. On a pu constater ses qualités d’organisateur, son adaptation aux autres dans leur diversité, en même temps que son zèle dynamique et inventif. Poli, aimable, il est aussi franc et direct : il se caractérise par une simplicité qui va tout droit au but, sans détours inutiles. Très ouvert à ses supérieurs et à ses confrères, il se révèle spécialement apte au travail en commun. Homme de règle et d’obéissance, il a compris le sens et les exigences de sa vocation, et on le sent sincèrement  donné à sa formation. Il est modeste, et prend des initiatives d’une grande délicatesse qu’il prend soin de cacher. Le Fr. Sarti est un de nos meilleurs sujets : pas un intellectuel, mais un homme intelligent et pratique, vraiment mûri, capable de penser son activité, d’une profonde vie spirituelle, fait pour la vie de communauté : bref, un bon Père Blanc sur toute la ligne. » Lequel de tous les confrères qui l’ont côtoyé tout au long de sa vie active ne le reconnaîtrait pas dans cette description ?

Sa première nomination le renvoie tout naturellement en Haute-Volta, à Dedougou, où son évêque lui demande d’étudier d’abord la langue locale, le bwamou. Laissons-le raconter lui-même, avec son humour et son autodérision qui lui seront propres toute sa vie, sa première expérience d’étude d’une langue africaine : « Dieu m’a doté de grandes oreilles, mais je ne sais guère distinguer les différents tons qui donnent des sens différents aux mots. Au bout de deux mois et demi, j’étais complètement découragé, et un après-midi je me suis retrouvé à pleurer toutes les larmes de mon corps devant le Saint-Sacrement. Jésus ne m’est pas apparu, il ne m’a pas parlé non plus comme dans les films de Don Camillo, mais je crois que c’est lui qui m’a inspiré ceci au fond de mon cœur : « Pour qui te prends-tu ? Moi, le Verbe de Dieu, la Parole du Dieu vivant, j’ai appris l’araméen avec Marie et Joseph et les gens de Nazareth pendant trente ans, et toi tu voudrais apprendre le bwamou en trois mois… Tu te crois plus malin que moi, ou quoi ? » Cette sorte de relation familière avec Dieu, empreinte d’une foi et d’une confiance très profondes, ne le quittera jamais plus de la vie. Charles était un « pauvre » !

Dès lors, les nominations vont se succéder. De 65 à 66, il sera économe au petit séminaire de Tionkuy. De 66 à 67, le voilà à l’école de langue de Guilongou pour apprendre le mooré, ce qui l’amène dans le secteur de Toma-Tougan-Kiembara auprès des nombreux mossis qui y vivent. Il s’autorise alors une halte spirituelle à Villa Cavaletti à Rome pour les grands exercices avec le P. Deltijk. De 1974 à 1979, il œuvre auprès des mossis toujours à Dedougou, et de 1979 à 1987, le voilà curé de Toma pour « l’africanisation » de la paroisse comme il aime à le dire. Que retenir de ces années pastorales-là, celles qu’il a, et de loin, préférées ? Son zèle pastoral en étonnera plus d’un, mais c’est surtout sa proximité intelligente avec ‘ses’ gens qui le fera aimer et de ses ‘ouailles’, de ses responsables et de ses confrères, pour sa faculté d’écoute, son attention aux autres religions, surtout animistes, avec un souci respectueux d’adapter les coutumes à l’évangile. Ses relations avec le clergé local diocésain seront aussi d’une telle qualité (contre l’avis parfois de certains confrères), qu’il se sentira obligé de s’en expliquer à son évêque d’alors dans une lettre : « De 1967 à 1987, j’ai vécu et travaillé avec des prêtres du diocèse ; j’étais en symbiose avec eux à 100%. Je n’ai jamais approuvé ce repli sur soi des Pères Blancs. Pour moi, nous avons le même sacerdoce et nous sommes attelés à la même mission. Bien sûr, nos sensibilités et nos façons de réagir sont différentes, mais nous devons être capables d’aller au-delà. C’est en même temps un témoignage aux yeux de nos communautés chrétiennes, des musulmans, des animistes… Comment parler d’amour et d’unité si nous, consacrés par le même sacerdoce, nous faisons tous bande à part ? » Du Charles Sarti tout craché !

Pour mieux comprendre la proximité de Charles avec les gens, et surtout l’extrême délicatesse et compréhension qui marquait ses contacts, il est bon de lire un petit livret qu’il écrira plus tard en France à la demande de son diocèse d’origine, intitulé : « Joies et peines d’un missionnaire ». Il le présentera d’ailleurs lui-même ainsi : « Il ne s’agit pas d’une biographie ni d’une réédition, revue et corrigée, des « Mémoires d’un âne » ; il ne s’agit pas non plus d’une page d’histoire de l’Eglise du Burkina Faso. Simplement quelques faits de vie d’un missionnaire d’Afrique, « père blanc moyen » : le vécu de ceux à qui il a été envoyé, et où il a discerné l’Amour de Dieu pour ces gens-là et pour lui-même. Celui qui sème n’est rien, celui qui arrose n’est rien, seul Dieu compte. Merci à Lui. »

Mais il faut bien souffler un peu, et de 87 à 88 il fera une année sabbatique à la rue Friant, dont il deviendra le responsable jusqu’en 1992. L’Afrique demeure sa raison de vivre, et fin 92 c’est le retour au Burkina Faso, à Solenzo, comme vicaire jusqu’en 2001. Il est alors nommé à Ouagadougou à la maison provinciale comme économe provincial, responsabilité et service qu’il va remplir scrupuleusement jusqu’en 2008. Ce ne fut pas son meilleur souvenir missionnaire, mais il était remarquable par sa délicatesse à l’égard de tous les nombreux confrères qui venaient le voir ‘pour des problèmes d’argent’, et par sa vie de communauté pleine d’humour, de simplicité et de sagesse pour arranger à l’amiable tous les petits conflits qui agitaient parfois la communauté. Quant à la pastorale il ne l’oubliera jamais, rendant de nombreux services soit aux paroisses, soit aux communautés religieuses. Personne n’oubliera sa mobylette asthmatique ni sa sacoche en cuir pourri qui lui permettait d’aller en toute sécurité à la banque tous les matins. Un missionnaire comme on les aime, parce qu’il a marqué les esprits par sa simplicité et sa piété.

Mais la maladie (cancer de la peau au visage) va commencer à l’handicaper et le faire souffrir (même s’il ne se plaignait jamais) ;  il devra rentrer définitivement en France en 2008, décision qu’il accueillit avec sérénité. Il faut dire que cette acceptation a été facilitée par son esprit légendaire d’obéissance comme il va le prouver à travers un mail qu’il a fait parvenir alors à son provincial en France : « En tant que responsable, vous êtes mieux à même d’apprécier les priorités, moi j’obéis. C’est pour cela que j’ai fait le Serment d’obéissance. Vous savez  comment je définis le ‘ Père Blanc moyen’ : pas très malin, mais discipliné ». Il demeurera une petite année rue Verlomme pour s’occuper des archives, puis rue du Printemps pour la gestion de l’économat de la maison et de « Voix d’Afrique ».

Les soins qu’il reçoit se révèlent de plus en plus contraignants et handicapants ; alors, c’est à Tassy, dans un premier temps, qu’il sera envoyé officiellement comme responsable de la communauté, mais surtout pour y recevoir des soins, et même les premières opérations au visage qui petit à petit vont le défigurer. Ce dernier poste de responsabilité, il va l’accueillir avec un grand sens missionnaire  comme il l’expliquera à sa famille et ses amis dans une circulaire : « J’ai toujours eu beaucoup d’admiration pour ces ‘anciens’ qui ont usé le ‘burnous’ et qui se sont usés, durant des décennies en Afrique et au service des africains… d’Alger au Cap et de Dakar à Dar-es-Salaam. Je n’ai donc pas trop de peine à accepter ce nouvel envoi en mission. Priez l’Esprit-Saint pour moi : qu’il me donne suffisamment de délicatesse, de patience et d’écoute pour être au service de mes aînés… 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24. » Le souvenir qu’il a laissé à Tassy restera profondément gravé dans le cœur de tous ses confrères, mais aussi de l’ensemble des résidents de l’EPHAD et du personnel ; il les comprenait : il subissait dans sa chair, mais en pire, les souffrances propres à toute fin de vie, d’autant plus que les opérations vont se succéder (16 au total), qui vont l’obliger à aller terminer sa vie à Bry-sur-Marne, car il était l’avant dernier Père Blanc encore résident à Tassy. Au début de 2017 il rejoindra sa chambre du deuxième étage à l’EPHAD de Bry-sur-Marne où le Seigneur finira enfin (car il le suppliait chaque jour de le prendre) par l’appeler comme il l’avait appelé une première fois lorsqu’il était enfant.

Ses derniers jours ont été un véritable calvaire, admirablement vécu grâce au chapelet qui ne quittait jamais son poignet ; et plus son visage ressemblait à celui du ‘Serviteur Souffrant’, plus son regard reflétait le calme,la paix et l’espérance en Celui qui l’a tout de même abandonné une dizaine de jours dans un semi-coma avant de le prendre enfin dans sa demeure éternelle. On dit : ‘qui aime bien châtie bien’ ; personne ne pouvait imaginer que Charles était autant aimé de Dieu. La messe des funérailles fut toute simple comme il le souhaitait, lui qui disait « vouloir être enterré dans une natte et porté sur une charrette tirée par un âne ». Sa sœur était présente ainsi que quelques neveux et petits-neveux, donc entouré par sa famille dont il avait été si proche toute sa vie. Nombreux aussi les confrères venus des environs, sans oublier quelques connaissances africaines qui ne sont pas près de l’oublier. La chapelle était pleine comme pour tout « père blanc moyen », et la lecture des « Béatitudes » ne détonnait pas dans le concert de louanges sincères qui l’ont accompagné jusqu’au cimetière des Pères Blancs, à Bry-sur-Marne.

« Heureux les pauvres de cœur, ils verront Dieu. »

Clément Forestier, M.Afr.

Conseil élargi des Sœurs Missionnaires de Notre-Dame d’Afrique (PE n°1092 – 2018/06)

Du 30 mai au 7 juin, la Maison généralice des Missionnaires d’Afrique a eu la joie d’héberger les Sœurs Missionnaires de Notre- Dame d’Afrique en Conseil élargi. 19 Sœurs sont venues des différentes entitées pour cette rencontre. Il s’agit des Sœurs (rangée du fond) : Mado Closset ; Elisabeth Villemure ; Marie-José Blain ; Juliana Karomba ; Jeanne d’Arc Ouattara ; Daphné Alphonso ; (2ème rangée) : Diana Hess ; Barungu Zawadi ; Prospérine Samba ; Mapendo Masirika ; Agnès Loiselle ; Elisabeth Biela; Marie McDonald ; (rangée devant) : Maria del Carmen Ocon ; Victoire Niyonzima ; Ingrid   Hager ; Florence Mwamba ; Esther Leon ; Carmen Sammut.

Une atmosphère très fraternelle a régné pendant le séjour des SMNDA dans la maison de leurs frères, malgré l’intensité de leurs travaux.

Freddy Kyombo

 

Session sur la communication (PE n° 1092 – 2018/06)

Organisée par Philippe Docq, une session sur la communication, regroupant les délégués de différentes provinces Missionnaires d’Afrique, s’est tenue à la maison généralice à Rome, du 27 mai au 2 juin 2018.

Au menu : la planification stratégique avec élaboration d’un plan quinquennal, animée par Sœur Marides Santos ; Identité et image de marque animée par le professeur Sean-Patrick Lovett ; Raconter des histoires et marketing de l’évangile par le père Fabrizio Colombo ; La communication et la collecte de fonds par le Docteur Fortuna Mambulu.

Les 10 participants à l’atelier étaient : Abobo Vitus, Agoh Michel, Bahati Patient, Bharotota Venance, Boroto Serge, Hulecki Pawel, Mazurek Pawel, Pam Dennis, Poirier Jacques et Singarajan Johnson.

Ils sont partis avec le sentiment d’avoir acquis un bagage suffisant pour donner un nouvel élan à la communication comme ministère au niveau de chacune de nos provinces. Ils sentent aussi le défi de transmettre ces compétences au plus grand nombre de confrères possible.

Freddy Kyombo

Soeur Marides (au milieu) avec les participants à la session.
Le professeur Sean-Patrick Lovett au cours de son intervention
Le père Fabrizio Colombo et le père Janvier Yaméogo s’adressant aux participants

 

Une visite fraternelle (PE n°1092 – 2018/06)

Le vendredi 25 mai en fin d’après-midi, la Maison généralice des Missionnaires d’Afrique a eu l’honneur d’accueillir la conférence épiscopale du Burkina Faso et du Niger en séjour à Rome pour leur visite Ad limina et des entretiens avec le saint-père.

Ils étaient une vingtaine, Archevêques, évêques, prêtres, et ils ont tenu à rendre visite aux Missionnaires d’Afrique qui ont des missions dans les deux pays.

Après un entretien avec le Conseil général et un repas fraternel avec toute la communauté, ils ont visité la chapelle des martyrs de l’Ouganda avant de se recueillir sur la Tombe de notre fondateur, le cardinal Charles Lavigerie. Ce fut l’occasion de prier pour l’Eglise famille du Burkina et du Niger et pour ces deux pays qui font face aux défis du terrorisme et de l’insécurité.

Ce fut visiblement un moment de joie pour tous ; au moment de partir les adieux s’éternisaient, signe du plaisir des retrouvailles.

Voyons le reste en images.

Freddy Kyombo

Photo de famille
Repas partagé avec la communauté
 Les évêques bénissent la communauté
Au moment des adieux…

Doric Giguère, R.I.P.

Le Père Gilles Barrette, Provincial des Amériques,
vous fait part du retour au Seigneur du Père

Doric Giguère

le mardi 3 juillet 2018 à Québec (Canada)
à l’âge de 89 ans dont 64 ans de vie missionnaire
en Tanzanie et au Canada.

Prions pour lui et pour ceux qui lui étaient chers.

 Doric Giguère

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Les « infirmières Lumière » (PE n° 1092 – 2018/06)

A côté du « Docteur Lumière », le père Jean Goarnisson M.Afr., il y a celles que l’on pourrait appeler les « infirmières Lumière », Sr Radegonde et Sr Saint-Nicaise dont on parlera ici plus longuement, mais aussi Sr Oda (Marie-Louise Melotte) et Sr Brigitte (Marcelle Delhomme), et tant d’autres qui ont travaillé dans les dispensaires ophtalmologiques :

  • Sr Radegonde (M. Blanche Côté), canadienne, 1890-1979 à Ouagadougou de 1932 à 1937;
  • Sr Saint-Nicaise (Marie-Louise Pillon), française, 1909-2004 à Ouagadougou et Nouna de 1942 à 1990;
  • Sr Oda (Marie-Louise Melotte), belge, 1905-1998 à Ouagadougou de 1953 à 1983;
  • Sr Brigitte (Marcelle Delhomme), française, 1918-2010 à Nouna de 1955 à 1961 et de 1965 à 1975.

Soeur Radegonde Marie-Blanche Coté est d’origine canadienne, mais sa famille émigre aux Etats-Unis quand Marie-Blanche a 8 ans. Elle entre au postulat des Sœurs Blanches à Québec en 1910. Après sa profession, Sr Radegonde fait des études d’infirmière à la Croix-Rouge en Tunisie. Pendant la guerre, elle est parmi les sœurs envoyées aux ambulances, et elles connaîtront les souffrances des soldats blessés et mourants qu’on amène chaque jour.

 

Sr Radegonde (Marie-Blanche Côté)
1890-1979
Sr Saint-Nicaise (Marie-Louise Pillon)
1909-2004
Sr. Oda (Marie-Louise Melotte)
1905-1998
Sr Brigitte (Marcelle Delhomme)
1918-2010

En 1919, Sr Radegonde est la 1er sœur canadienne partant pour l’Afrique occidentale. Par Ségou, elle se rend à Ouagadougou, en Haute-Volta. Elle y reste trois ans et demi.

Elle doit rentrer au Canada en 1923 pour des raisons de santé. A son retour, elle est nommée à Alger et, en 1929, elle est envoyée au dispensaire de la rue de la Charte, en Basse Casbah, dispensaire ophtalmologique ouvert l’année précédente par « l’Œuvre Valentin Haüy en faveur des aveugles ». Elle travaille sous la direction du Docteur Villemonte de la Clergerie, entièrement dévoué à ses malades et heureux de former des sœurs infirmières à donner tous les soins possibles. Combien de sœurs ont passé dans ce dispensaire six mois, un an ou plus pour se spécialiser dans ces soins, sans lasser la patience de ce médecin chrétien qui savait que son travail était ainsi multiplié à travers toute l’Afrique.

Le Docteur Goarnisson, Père Blanc, vint lui-même faire un stage à la rue de la Charte avant de partir à Ouagadougou où il allait créer, avec l’aide des sœurs, le dispensaire des yeux de Ouaga. Retournant dans sa mission, il emmena Sr Radegonde que les gens appellent « celle qui redonne la vue ».

Elle-même a raconté que pour ses premières opérations de cataractes elle avait pris à Ouaga des yeux de bœuf pour s’exercer ! Le Docteur Goarnisson n’avait jamais non plus opéré des cataractes ; il laissait donc faire Sr Radegonde. Et c’est elle qui forma les Sœurs africaines de l’Immaculée Conception. La réputation du « dispensaire ophtalmologique de Ouagadougou » s’étendait à plus de 150 km à la ronde !

En 1937, Sr Radegonde doit quitter l’Afrique pour des raisons de santé et personne n’aurait pu dire en ce moment-là que sa mission se poursuivrait pendant 42 ans. Sa vie devient contemplative préférant à tout le silence, la solitude de sa chambre. Elle dira : « Depuis mon retour je souffre et je prie pour les Africains. La lumière que je pouvais leur donner, s’est changée en une autre lumière plus merveilleuse encore, que le Seigneur seul peut leur transmettre. Ma part à moi est le don quotidien de ma vie. »

Soeur Saint-Nicaise Marie-Louise Pillon, elle, est française. Vers l’âge de 15 ans, elle sent monter en elle le désir « d’obéir à l’appel du Bon Dieu et de contribuer un peu à l’extension de son Règne ».

Elle entre au postulat des « Sœurs Blanches » le 12 février 1934, à Rennes. Le 28 octobre 1934, elle commence le noviciat à Vénières et reçoit le nom de Sr Saint-Nicaise qu’elle gardera tout au long de sa vie. Après sa profession, elle reste en Algérie et à Alger Verdun, elle acquiert un diplôme simple d’infirmière. Elle fait un stage à Alger Cervantès dans le dispensaire-clinique où on soigne beaucoup de malades atteints de trachome (Les six sœurs de cette communauté meurent dans un bombardement d’Alger en 1942).

En décembre 1940, elle part au Burkina Faso où elle a vécu près de 50 ans (de décembre 1940 au 13 mai 1990). Elle est d’abord nommée à Koupela et travaille au dispensaire.

 En avril 1942, Sr Radegonde avait déjà quitté, Sr Saint-Nicaise arrive à Ouagadougou et travaille au dispensaire ophtalmologique. De nombreux malades affluent pour retrouver la vue. Dans cette première année de Sr Saint-Nicaise, on dénombre 33 000 consultations ophtalmologiques et 88 opérations. Notre sœur devient experte en la matière. La formation des sœurs africaines et des laïques se poursuit. Elles rendent des services inestimables dans les dispensaires des villages. Le Docteur Goarnisson fera tout son possible pour que leur qualification soit reconnue et qu’elles puissent ainsi recevoir une certaine rémunération pour leur travail. Les statistiques de 1949 font état de 6 opérations par jour ;1.202 dans l’année.

En 1954, Sr Saint-Nicaise est parmi les fondatrices du poste de Nouna où elle restera pendant 22 ans et y fonde le dispensaire ophtalmologique. Elle est aidée par Sr Brigitte (Marcelle Delhomme, décédé en 2010) et par trois aides non-diplômés qu’elle forme elle-même. Une autre femme du village travaille avec eux faisant l’interprète des diverses langues parlées à Nouna.

A Nouna, comme à Ouagadougou, la renommée du dispensaire ne cesse de s’étendre. Grâce à tous ces soins, peu à peu les affections de trichiasis diminuent. En 1966, par exemple, on compte chaque jour 275 malades qui se rendent au dispensaire. 800 opérations des yeux se pratiquent chaque année dont 162 de cataracte.

En 1976, Sr Saint-Nicaise part pour un service en France. Les gens lui manifestent leur reconnaissance et diverses fêtes de remerciement s’organisent. Lors de ces fêtes, le Vicaire général l’appelle « la mère des aveugles ». Le sous-préfet de Nouna dira : « La réputation du dispensaire ophtalmologique de Nouna déborda très vite la sous-préfecture pour couvrir l’ensemble de la Haute-Volta et les états voisins de la Côte d’Ivoire et du Niger. » On reconnaît, en matière de soins ophtalmologiques, les exploits de Sr Saint-Nicaise et les populations lui témoignaient une confiance indéfectible.

Sr Saint-Nicaise rentre définitivement en France le 13 mai 1990 où, comme elle dit : « Ma vie est tissée de mille riens du matin au soir, dans la maison et au dehors. Je reste cent pour cent Sœur Blanche !»

Grâce aux générations de missionnaires, les soins des yeux ont été promus de façon consistante et durable, leur savoir a été partagé au-delà des frontières et des milliers de personnes ont vu la « lumière ».

Sr Gisela Schreyer,
archiviste SMNDA

Du bon usage de la vieillesse – une revue (PE n° 1092 – 2018/06)

Alain Quilici o.p.,
Du bon usage de la vieillesse,
Editions du Carmel, 2017,
100 pages,
9 €,
ISBN 978-2-84713-535-0

Voici un petit livre qui pourra aisément devenir le livre de chevet de beaucoup de nos anciens. L’auteur aborde en de courts chapitres plusieurs aspects de la vie des plus âgés.

Dès le chapitre 2, il aborde l’inactivité qui frappe ceux qui maintenant n’ont plus rien à faire. C’est alors, selon le chapitre 3, le moment propice pour revenir à une vie de prières plus intense. A l’Eglise, les vieux sont chez eux. Ils proclament ainsi dans leur vie de tous les jours qu’être présent à Dieu appartient à l’être profond de l’homme. (p.15) Bien sûr, les vieux doivent ensuite faire face aux jeunes, à leurs enfants qui peuvent être des motifs de joies (chapitre 4) ou source de souffrances (chapitre 5). Ces enfants sont parfois une véritable Croix. Tous les anciens le savent « mais comme il est douloureux d’avoir à le vivre » (p. 24) Le chapitre 7 veut approcher quelques questions que se posent les plus âgés face à un futur problématique ou incertain. Ils sont alors invités à l’espérance : « Une forte espérance donne la conviction que la nuit ne l’emportera pas et que le jour finira par venir » (p.34); Car, continue notre auteur et sa sagesse : « la nuit parle du jour – les ténèbres parlent de la lumière » (p.36) Intitulé « Les vieux et leur passé », avec ses 18 pages, le chapitre 8 est le plus long du livre. « C’est tout un art de savoir gérer son passé » (p.37) L’enjeu est de savoir vivre un présent « lourd de son passé et tout tendu vers l’avenir » (p.54) Et il ne faudra surtout pas essayer de gratter ses plaies « même s’il n’est pas facile d’y arriver » (p.44). Bien sûr, les chapitres 9 et 10 ne nous concernent pas tellement puisqu’ils traitent de l’art d’être grands-parents et du veuvage. Mais ils sont d’une lecture intéressante au service d’une pastorale des maisons de retraite. Nous nous retrouvons tous au chapitre 11 intitulé « Préparer son avenir éternel » Nous sommes alors invités à affronter la mort comme une naissance. Ce qui est facile à dire, mais difficile à vivre. Mais ajoute l’auteur : « Le chrétien sait où il va. C’est sa force » (p.77).

Le livre se termine par une invitation à regarder les patriarches qui ont reçu une promesse : « Ils y ont cru – Ils n’ont rien vu venir – Ils ont tenu bon avançant dans la foi comme s’ils voyaient l’invisible » (p.92).

Un livre à lire et à relire pour que toutes ces pensées passent de nos têtes à nos cœurs et puissent nous guider dans notre âge avancé. Pourquoi ne pourrait-on pas trouver un tel petit livre dans nos bibliothèques ?

Gilles Mathorel, M.Afr.

Vieillissant il fructifie encore ! (Ps. 91,15) (PE n° 1092 – 2018/06)

Un jour, lors de mon passage à notre maison provinciale à Montréal, on m’invita à être le célébrant principal pour la messe du matin. Après ma brève homélie et un temps de silence, je fis suite avec l’offertoire. Mais voilà qu’au moment d’offrir le pain et le vin, un confrère me fit signe de lire les quelques noms des confrères de la province inscrits sur un petit bout de papier déposé sur l’autel avec la date du jour au-dessus. J’ai cru qu’il s’agissait de lire les noms des défunts mais, tout au contraire, ceux mentionnés étaient tous bien vivant et l’un d’eux était même devant moi avec un large sourire ! J’ai alors saisi qu’il était question de prier pour les confrères de la province célébrant leur anniversaire en ce jour donné. Ce simple geste m’a touché et l’idée de savoir que les confrères de Montréal prient pour moi et avec moi chaque année le jour de mon anniversaire me fait chaud au cœur.

Je vous invite donc tous, où que vous soyez et si le cœur vous en dit, d’offrir quotidiennement une prière pour nos confrères célébrant leur anniversaire. C’est une façon simple et tangible d’exprimer et de nourrir cet esprit de corps dans notre Société missionnaire et de s’encourager à demeurer assidus à la prière afin qu’elle nous tienne vigilants dans l’action de grâces (cf. Col 4,2).

Pour faciliter cela, vous pouvez télécharger sur notre site internet (https://mafrome.org) un catalogue présentant les anniversaires de nos confrères pour chaque jour de l’année.

De plus, en ce jour de leur anniversaire, pourquoi ne pas leur offrir également ces belles bénédictions en bambara,

Que Dieu t’accorde longue vie !
Que Dieu fasse que tu sois une personne de foi !
Que Dieu fasse que nous soyons encore ici l’an prochain pour te célébrer !

Union de prières !

Martin Grenier, M.Afr.


Téléchargez le livret des anniversaires 2018 ici.

Troisième journée mariale islamo-chrétienne à Notre-Dame d’Afrique (PE n° 1092 – 2018/06)

Alger, 5 mai 2018

En 2016 le jeune recteur de la basilique Notre-Dame d’Afrique, le père Anselme Tarpaga, du Burkina Faso, lance un projet osé et risqué, organiser une journée mariale islamo-chrétienne. Convaincu de l’importance de créer des espaces de convivialité et de réflexion, il veut vivre pleinement le charisme des Pères Blancs sans être ni dans l’attentisme ni dans la figuration : il veut avec tous ses confrères devenir un acteur engagé et donner à d’autres le goût du dialogue.

En 2018 cette initiative des Pères Blancs s’est déjà confirmée comme un rendez-vous amical et ouvert à tous ceux qui, en Algérie, souhaitent favoriser l’amitié entre chrétiens et musulmans. À Alger, la basilique de Notre-Dame d’Afrique, avec son cadre exceptionnel et sa renommée de lieu de paix et de spiritualité ouverte, est le lieu idéal. Merci aux autorités civiles et religieuses qui se sont associées d’une manière ou d’une autre à la réussite de la journée.

Le « marché d’artisanat » prévu sur l’esplanade n’as pas eu lieu pour des raisons de calendrier, mais c’est peut-être une chance car le fort vent et la pluie intermittente auraient dispersé les acheteurs… et même les produits !

L’information avait été diffusée par des affiches et dépliants, par les  réseaux sociaux modernes, par nos listes d’amis et bienfaiteurs, par la presse locale (merci à nos amis ayant fait jouer leurs contacts et attiré l’attention des journalistes nationaux et étrangers, ainsi que des diverses chaînes de télévision) : au total plus de 300 cartes d’accès avaient été sollicitées à travers notre site web (www.notre-dame-afrique.org). D’autres personnes sont arrivées avec l’espoir de trouver « une petite place vide » car le sujet du vivre ensemble les intéressait grandement.

Lorsque le P. Michael O’Sullivan, recteur de la basilique, adresse le mot de bienvenue aux assistants, la nef de la basilique est pleine comme un œuf grâce à la présence de simples citoyens, de représentants des autorités civiles (wali-préfet, maire) de membres du corps diplomatique, du représentant du ministère des Affaires religieuses et des waqf, des associations, de chercheurs, quelques « has been » et une bonne partie de la communauté catholique d’Alger dans sa diversité. L’archevêque d’Alger, Mgr Paul Desfarges, et l’imam Cheikh Hamdan Sahalli (de la mosquée « Al-Oumma » dans notre quartier) ont également pris la parole pour dire l’importance de la journée et du thème.

A 10 h 40 commençait la table ronde tant espérée. Voici, rapidement la liste des intervenantes car toutes les prises de parole, sauf une, ont été assurées par des femmes :

Mme Malika Lafer (co-animatrice du programme « Connaître l’Islam » sur Alger chaîne 3) : Eduquer à travers la radio.

Mme Samira Mekhaldi (« mourchida » ou guide religieuse): Expérience féminine de transmission de la foi.

L’une des conférencières lors de la 3ème journée mariale islamo-chrétienne

Mme Fazia Belaidi : La revue Hayat (co-éditée par le Croissant rouge d’Alger et Caritas Algérie), une expérience islamo-chrétienne en faveur des femmes.

Mme Felicia Volpicella (catéchiste de la communauté italophone) : Les adolescents et leur éducation dans un contexte de minorité religieuse et linguistique.

Dr Mustafa Cherif (ancien ministre et ambassadeur algérien) : La Sainte Vierge Marie vénérée par les musulmans, conformément au Coran et à la Tradition prophétique.

Deux entractes musicaux, magistralement interprétés par le maestro Djamel Ghazi ont permis à l’assistance de préparer les questions destinées aux intervenants lors de deux tours des questions. Les assistants ont interpellés tel ou tel intervenant, en arabe ou en français, mais aussi les autorités responsables de la préservation du patrimoine et de la diversité culturelle et religieuse de l’Algérie. On sentait dans les questions du public, pas habitué aux grandes discussions philosophiques, un réel désir de vivre en paix et harmonie.

A 13h, une longue et bruyante « procession » sortait de la basilique pour se diriger vers la cour paroissiale où un généreux repas était servi. Mais il faut dire que, pour beaucoup, la déception fut grande de ne pas trouver le traditionnel « couscous marial » dont la recette intrigue tous ceux que le découvrent affiché dans le programme. Mais ce fut une occasion de multiplier les contacts, se faire photographier, échanger les adresses, parler des projets communs… le tout avant que la pluie menaçante ne commence à tomber doucement sur nous. Heureusement c’était l’heure de rouvrir la basilique pour accueillir tous ceux qui désiraient assister au concert de clôture à 15 h.

Questions et contributions des participants

Grâce à la sollicitude de l’ambassadeur d’Italie, le groupe de polyphonie à capella Prima Prattica Ensemble, composé de neuf membres, a pu réjouir le public par la qualité de sa prestation. Un silence « religieux » accompagnait les chants à la Vierge Marie,  allant du XVème au XXème siècle. Un pur cadeau du ciel…

L’équipe de trois pères blancs (Michael, Irlandais, Benoît Mwana Nyembo, Congolais et moi, Espagnol) en fermant les portes de la basilique et en nous assurant que tout avait été bien rangé, nous nous sommes laissés tomber dans le sofa de la maison en exclamant : Quelle belle journée, nous devons remercier Dieu ! Nous avons bien fait de l’organiser ! Et, autour d’un apéritif, nous avons passé en revue les nombreuses anecdotes drôles de la journée et, même si personne ne le disait, nous avions une seule idée dans la tête : la 4ème journée mariale islamo-chrétienne en 2019 ! Qui veut nous aider à la rendre réalité ?

José María Cantal Rivas, M.Afr.

Anniversaires de naissance

Ils le font déjà depuis longtemps dans la Province des Amériques… Durant la messe quotidienne, ils prient pour tous les confrères qui ont leur anniversaire de naissance ce jour-là. Une bonne initiative ! Après tout, si l’on mentionne dans notre prière quotidienne les confrères décédés ce jour-là, pourquoi ne prieraient-on pas pour ceux qui sont vivants et qui célèbrent leur anniversaire.

Vous l’aurez remarqué peut-être, sur la page d’accueil du site international, les confrères qui ont leur anniversaires sont mentionnés. Si vous allez dans le menu Société>Calendriers>Anniversaires, vous aurez la liste des confrères qui fêtent leur anniversaire au cours des 7 prochains jours.

Et si vous voulez un petit livret qui vous donne tous les anniversaires de l’année, pour laisser sur l’autel, par exemple, vous pouvez le télécharger ici, ou bien vous le trouverez dans le menus Téléchargements>Documents divers.