Congrès international Pluriel

Le second congrès international de PLURIEL a eu lieu à Rome du 26 au 28 juin 2018 sur le thème : « Islam et appartenances ».

PLURIEL est la Plateforme Universitaire de Recherche sur l’Islam en Europe et au Liban, dont le PISAI est un partenaire.

Les interventions du congrès seront mises en ligne dans les semaines à venir.

Pour plus d’information veuillez svp consulter : https://pluriel.fuce.eu/

Photos : Prises pendant la conférence de M Gianluca Parolin avec le modérateur, le Père Diego Sarrio du PISAI

Réflexion autour du 150ème

7 ème texte de réflexion pris dans les documents de nos Sociétés.

« Fraternité et lutte contre le racisme (1985) »

Missionnaires par vocation, nous avons épousé l’Afrique et l’Orient en faisant notre serment. Notre mission propre est d’accueillir, comprendre, respecter, aimer les Africains où qu’ils soient, et de faire partager aux autres nos convictions, et cela toute notre vie, ‘jusqu’à la mort’, précise la formule de notre serment. L’action apostolique dans des communautés internationales nous a déjà aidés à dépasser un nationalisme étroit. La vie en Afrique nous a formés à l’estime de ce qui est étranger à notre culture originelle. L’entrée de jeunes Africains dans notre Société Missionnaire se situe dans la même perspective. Nous nous devons d’être cohérents avec l’en- gagement de toute notre vie. Nous devons aller plus loin, du moins si nous voulons rester dans la ligne que nous a tracée notre fondateur, le cardinal Lavigerie, lui qui écrivait d’Alger : « Je suis évêque, c’est-à-dire père, et quoique ceux pour lesquels je plaide ici ne me donnent pas ce titre, je les aime comme mes fils, et je cherche à le leur prouver, heureux, si je ne puis leur communiquer ma foi, d’exercer du moins la charité envers ces créa- tures de Dieu. » Nous sommes ses fils, responsables de son héritage, témoins vivants de la fécondité de sa cha- rité. Son action et ses Instructions aux Missionnaires nous indiquent la voie à suivre.

Le cardinal Lavigerie n’a pas pu supporter les injustices et les souffrances dont étaient victimes tant d’Africains en son temps. Après une période d’action de type caritatif (rachat des esclaves pour les libérer), le Cardinal se lance dans une campagne internationale qu’on qualifierait aujourd’hui de « lutte pour les droits de l’homme ». Entre autres, il écrit aux chrétiens de Sicile : « Je n’ai en vue, en plaidant la cause de tant d’infortunés, que le salut de leurs corps et de leurs âmes, que le respect de la justice, des lois de la nature et des lois de Dieu, d’après lesquelles tous les hommes sont égaux, sont libres, sont frères, et doivent se traiter comme tels, quelles que soient leur origine et leur couleur. Avez-vous oublié, catholiques de Sicile, la règle de la solidarité chrétienne ? Ne savez-vous plus que, quand un membre souffre dans le corps immense de l’humanité, tous les autres lui doivent de compatir ? »

Le Cardinal multiplie les interventions auprès des autorités politiques, et leur signale que les mesures qu’elles prennent « se trouvent insuffisantes parce qu’elles n’atteignent que ceux qui vendent, et ne s’adressent pas à ceux qui achètent ». Il assure qu’il pourrait donner des noms et, comparant les souffrances des esclaves à la passion du Christ, il continue : « rien n’y manque, ni les Hérodes ni les Pilates, ni les Judas, ni la cruauté des flagellations ni les insultes lâches, ni la croix. » (…) Lavigerie a toujours eu un très grand respect des personnes, des langues, des cultures et des traditions africaines ; son action avait pour but de rendre leur dignité aux Africains. En cela aussi il était le disciple du Christ qui a redonné une place aux exclus de la société juive de son temps. Aujourd’hui, nous sommes appelés à faire de même, dans une autre époque et face à d’autres drames. C’est pourquoi : Un missionnaire d’Afrique ne peut être raciste, que ce soit dans l’accueil des étrangers en communauté, dans les conversations ou les réactions devant la télévision, dans les choix des journaux ou publications auxquels il s’abonne ou abonne la communauté. Un missionnaire d’Afrique doit avoir un regard positif sur les hommes et les femmes du Tiers-Monde, qu’ils soient ‘là-bas’ ou ‘ici’. Il doit être attentif à leurs souffrances, à leur faim de pain et d’amitié, comprendre leurs aspirations à prendre en main leur propre destin et les moyens légitimes qu’ils se donnent pour le réaliser.

(Lettre du Conseil provincial de France aux confrères français, in Le Lien, mai-juin 1985)

Texte présenté par Jean-Claude Ceillier
Publié dans le Mini-lien n° 475

C’était une longue fidélité…

Le livre sur nos confrères de Tizi-Ouzou vient de paraître. Même si nous ne savons toujours pas quand la Béatification sera célébrée, n’attendons pas pour nous réjouir et invoquer ces bienheureux.

Dans son Exhortation Apostolique sur la Sainteté, le Pape François écrit : ” Les persécutions ne sont pas une réalité du passé, parce qu’aujourd’hui également, nous en subissons, que ce soit d’une manière sanglante, comme tant de martyrs contemporains, ou d’une façon plus subtile, à travers des calomnies et des mensonges… Accepter chaque jour le chemin de l’Évangile même s’il nous crée des problèmes, c’est cela la sainteté ! “ n° 94

Le Pape François a été très sensible au martyre des 19 frères et sœurs d’Algérie qui ont offert leur vie. Était-ce de l’acharnement que de vouloir rester jusqu’au bout ? La question peut se poser et il ne faut pas l’éluder. Alors, pourquoi ? Comment ? Qui peut en témoigner ? Tout lecteur peut se forger lui-même une réponse à la lecture de cet ouvrage.

Nos quatre confrères de Tizi-Ouzou, ont été tués en présence de gens qui les aimaient. Ils les accueillaient, ils travaillaient avec eux, ils les réconfortaient. Ils menaient une vie de communauté, de prière, de partage et de solidarité.

Ce livre éclaire plusieurs aspects : c’est un discours qui ne craint pas de dire la vérité. C’est un témoignage qui montre jusqu’où peut mener la fidélité, un engagement total en milieu musulman. C’est un parcours missionnaire pour le XXIème siècle. Et qui plus est, il peut être lu par un large public catholique et musulman. ” C’était une longue fidélité… ” D’autres aspects s’en dégagent. C’est la première fois que des confrères sont béatifiés dans notre Société Missionnaire mais ils ne sont pas isolés. D’une part, ils se situent dans la lignée des 61 Pères Blancs et Sœurs Blanches qui ont consacré leur vie à l’Afrique en l’offrant jusqu’au don total. D’autre part ils sont en communion avec tout un peuple, non seulement avec les 19 religieux et religieuses, mais avec tous ceux et celles, musulmans et non-musulmans qui ont connu la même violence, la même souffrance, les même larmes.

Ces béatifications peuvent en susciter trois autres pour nous. Ces derniers-temps, avec notre confrère Terry Madden de Grande-Bretagne, nous nous sommes retrouvés dans la région du pays natal du Père Lourdel. De jeunes ougandais rêvent de voir béatifier, l’un des fondateurs de leur Église. Après la disparition de toutes ces victimes en Algérie, plusieurs se posent la question de la béatification du Cardinal Duval. Et puis tout récemment nous avons reçu une ‘enquête’ qui pose la question de la béatification du Cardinal Lavigerie et qui demande ce que nous en pensons.

Je ne vous demande pas ce que vous en pensez, mais je voudrais vous demander, simplement, si vous êtes heureux lorsque vous pensez à eux, lorsque vous vous rappelez d’eux ? Cela me suffit, car c’est le sens de la béatification : savoir rendre heureux.

Merci Père Armand Duval d’avoir écrit ce livre. Votre nièce nous a dit que vous aviez déjà relu la réédition, à Saint Malo. Nous souhaitons que les jeunes confrères prennent le temps de le lire et en fassent leur livre de référence dans les maisons de formation.

Bernard Lefebvre, M.Afr.
(paru dans le Mini-lien n° 475)


C’était une longue fidélité

Auteur : Père Armand Duval, M.Afr
ISBN 978-2-7122-1501-9
Editions Médiaspaul juin 2018 16 euros

Dans cet ouvrage, le père Armand Duval nous introduit dans la vie des quatre Pères Blancs missionnaires qui, par solidarité avec le peuple algérien, ont donné leur vie en 1994 et ont été reconnus bienheureux par le pape François avec 15 autres religieux et religieuses de l’Église d’Algérie.

Pourquoi rester fidèle à un peuple qui n’est pas le sien quand le péril est omniprésent et l’espoir d’agir sur l’homme si ténu ? Parce que « c’était une longue fidélité ».

À travers cet hommage, l’auteur nous livre « un enseignement sur la mission ». La flamme évangélique qui anime ces témoins de l’amour de Dieu nous fait signe là où nous vivons, et comme le dit Saint Augustin, « tout homme en tant qu’homme a le droit d’être aimé ».

Armand Duval, Père Blanc – Missionnaire d’Afrique, a été missionnaire au Zaïre, actuelle République Démocratique du Congo, ainsi qu’au Mexique. Il a longtemps vécu en Afrique du Nord, à Jérusalem, en Espagne, et a collaboré à Peuples du Monde et à Africana.

Melvin Doucette, R.I.P.

Le Père Gilles Barrette, Provincial des Amériques,
vous fait part du retour au Seigneur du Père

Melvin Doucette

le mercredi 27 juin 2018 à Tignish (Canada)
à l’âge de 79 ans dont 51 ans de vie missionnaire
en Zambie et au Canada.

Prions pour lui et pour ceux qui lui étaient chers.

Melvin Doucette RIP Continue reading “Melvin Doucette, R.I.P.”

Concours de chants Jubilé 150 : 1er Prix

Voici la version finale du chant qui a remporté la première place dans la compétition du 150ème anniversaire de la fondation de notre Famille Lavigerie.

La musique est l’oeuvre d’Emile Kimembe, en première année de stage à Toulouse. Les paroles ont été écrites par Emile Kimembe et Rodrigue Kasereka, en deuxième année de Théologie à Kinshasa. Le chant est exécuté en français et en anglais. Les partitions seront ajoutées dès qu’elles nous parviendront.

Partition du chant Jubilé en français

Music score of Jubilee in English

 

Renouvellement des mandats d’économe

Le Supérieur général, le P. Stanley Lubungo, M.Afr.,
avec l’approbation de son Conseil,
a nommé pour un second mandat comme économe général,
Fr. Anthony BAALADONG, M.Afr.
du 01 juillet 2018 jusqu’au 30 juin 2021
et a approuvé le renouvellement du mandat d’économe provincial,
du 01 juillet 2018 au 30 juin 2021, de
P. John ITARU, M.Afr. pour SAP
P. Jean-Guy LABRECQUE, M.Afr. pour l’AMS
Fr. Jérôme KODJO, M.Afr. pour PAC
P. Edmond BANDA, M.Afr. pour PAO
P. Claude VENNE, M.Afr. pour Mgh.

André Schaminée, M.Afr.
Secrétaire Général
22 juin 2018

18 0769 Publication of appointments of treasurers

Nouvelles des secteurs de la PAC

Flash PAC n° 45 – Echos du Conseil Provincial du 23 au 28 avril 2018 (restreint aux confrères)

BURUNDI

Le gouvernement est déterminé à faire le référendum le 17 mai. Beaucoup de gens ont peur de l’insécurité qui précéderait ou accompagnerait le référendum. Cependant malgré la crise politique burundaise, il y a des rapatriements de réfugiés en provenance de la Tanzanie et du Rwanda, et le taux du dollar a légèrement chuté. On constate ici et là la carence de carburant. Militaires et policiers font des patrouilles plus que d’ordinaire. Quant à la situation de l’Eglise, nous avons eu la circulation d’un tract sur whatsapp qui met en exergue que le nombre d’évêques Hutu est énormément supérieur à celui des Tutsi. Pour ce fait, l’auteur du tract demande qu’on nomme de nouveaux évêques Tutsi pour créer un équilibre ethnique. Malgré ce constat, les évêques du Burundi sont unis.

LUBUMBASHI

Dans la région de l’ancien Katanga, comme dans l’ensemble du territoire national, en décembre et en janvier, il y a eu des marches ou tentatives de marches pour réclamer le respect de la Constitution et la tenue des élections ; comme pour la plupart de ces manifestations, il y a eu une violente répression. A l’église de Sainte Bernadette, on signale un affrontement entre certains membres de partis politiques et des policiers : lancement de pierres et coups de matraque. Tout a commencé à la sortie de la messe dominicale du 21 janvier 2018 quand les promoteurs de la marche ont commencé à crier des slogans pour pousser la foule des chrétiens à s’insérer dans le cortège ; immédiatement la situation a dégénéré et l’incursion de policiers est arrivée jusque dans l’église. L’arrivée de la Monusco a apaisé les esprits et le calme est revenu.

Dans les quartiers de la ville et surtout ceux de la périphérie, les vols organisés suivis parfois de viols et meurtres sont monnaie courante et on ne voit pas un réel engagement des autorités pour essayer de les éradiquer. Les principales routes autour de Kalemie sont devenues dangereuses à cause des groupes armés ; cela bloque la circulation routière.

L’événement majeur a été la célébration du jubilé des 25 ans d’ordination épiscopale de Mgr Jean-Pierre Tafunga du 31 janvier au 4 février 2018. La célébration principale s’est déroulée au stade T.P. Mazembe avec la participation de 20.000 chrétiens (stade rempli) et d’une quinzaine d’évêques. Malgré la situation politique tendue, tout s’est bien passé.

On annonce un autre événement de taille en 2020 : le Congrès Eucharistique National. L’effort actuel du diocèse de Lubumbashi est concentré sur la réalisation du Centre Pastoral commencé, avec la pose de la première pierre, en 2014.

GOMA

Le diocèse de Goma a réussi à mobiliser les jeunes pour la Journée Diocésaine des Jeunes et à impliquer les acteurs politiques pour la construction de la paix : il y a eu un dialogue direct avec le gouverneur de la province.

Le diocèse organise des journées de formation et des sessions pour les agents pastoraux, les fidèles, les secrétaires des paroisses, etc.

Les chrétiens sont bien engagés dans les activités du diocèse, dans la prise en charge de leurs paroisses et de leurs pasteurs.

Le curé de Karambi a été kidnappé le jour de Pâques puis libéré dans la nuit du 4 avril 2018 après versement d’une rançon. Le curé de Kitshanga a été assassiné le 2ème dimanche de Pâques dans l’une de ses succursales.

Un pasteur protestant s’attaquait à l’Eglise catholique dans son église et sur sa chaîne radio par des insultes, des paroles indignes d’un pasteur. Après plainte de l’Eglise catholique, ce pasteur a été arrêté et emprisonné en tant que semeur de troubles et incitateur à la haine. Il était aussi impliqué dans le kidnapping d’un musicien de Goma ainsi que dans l’escroquerie.

Les rapports entre l’Eglise et l’Etat sont conflictuels.

La marche organisée par le comité des laïcs du diocèse suite à l’appel de la CENCO n’a pas été soutenue par le diocèse. Pour l’Evêque, Goma est une zone de fracture qui a toujours connu des problèmes, des troubles auxquels personne n’a jamais pu trouver de réponses pour ramener la paix. De ce fait, il n’est pas prêt d’engager son diocèse dans un bras de fer avec l’Etat. La construction de la nouvelle cathédrale du diocèse est prise en partie en charge par la Première Dame du pays, ce qui met l’Evêque dans une situation délicate. Il ne peut que fermer les yeux sur les réalités politiques. Les constructions se sont arrêtées pendant plusieurs mois.

ITURI

A Mahagi, c’est une situation de peur et d’insécurité. Un nombre grandissant de déplacés cherchent à aller en Ouganda pour trouver un statut de réfugiés à l’étranger. Le coût de vie devient très élevé. Il y a beaucoup de déplacés dans le territoire de Mahagi vers la paroisse d’Angumu (Mahagi Port).

À travers des conférences, des visites des déplacés dans les camps, l’Eglise de Mahagi essaie d’être présente auprès des gens en leur donnant le goût de tenir bon dans les moments difficiles.

A Bunia il y a un climat de peur, de méfiance et de mécontentement à cause du grand nombre de déplacés et de gens tués pendant la crise. La population est déçue de ses responsables. De l’aide est apportée par l’Eglise (Caritas) dans certains camps de déplacés. Certaines familles ont ouvert leurs portes aux déplacés, ainsi que notre paroisse de Yambi (Pukpa). Le secteur intervient matériellement grâce aux soutiens financiers reçus de Rome. La paroisse s’implique aussi à travers les chrétiens qui sont proches de ces déplacés.
Pour le gouvernement, la situation est celle d’une guerre interethnique et pour l’Eglise, c’est une manipulation des gens pour faire croire à une guerre interethnique et le gouverneur serait derrière tout ça.

Actuellement, le gouvernement est en train de forcer les gens contre leur volonté, à rentrer dans leurs villages pour faire disparaître les camps des déplacés en ville mais en vain : les déplacés retournent aux camps les plus proches dès leur arrivée au village où ils ne se sentent pas du tout protégés.
Les consacrés du doyenné du Nord de Bunia se retrouvent à Bunia. Les paroisses de Lita, Jiba et Pimbo sont fermées. Fataki et Drodro sont remplies de déplacés, Mongbwalu et Bambu fonctionnent au ralenti.

Le dimanche des rameaux ont eu lieu les JDJ avec environ 8 000 jeunes autour de l’évêque qui leur a redonné courage et les a exhortés à ne pas se laisser voler leur liberté.

La paroisse de Yambi Yaya a 25 villages pour 14 000 chrétiens, elle a bientôt un an depuis qu’elle a été érigée par son Excellence Mgr Dieudonné Uringi. La construction du presbytère dans la paroisse évolue bien. Les travaux de construction de l’évêché continuent et suivent bon cours.

RWANDA

La vie semble aller après les élections présidentielles qui ont eu lieu en août 2017. Il y a eu quelques changements dans le gouvernement. Beaucoup de réunions dans le cadre socio-politique se passent à Kigali Convention Center. Beaucoup de routes sont macadamisées dans les quartiers de Nyamirambo et Kicyukiro, les routes sont élargies dans Kigali, on construit des écoles et des hôpitaux, on encourage les gens dans l’agriculture, le transport, la sécurité d’une manière générale.

De nouvelles constructions et quartiers continuent à pousser presque partout dans le pays mais aussi des anciennes maisons ou bâtiments sont détruits, soit qu’ils ne vont pas avec la vision 2020, soit qui ont été construits sans autorisation de bâtir validement donnée par l’autorité compétente.

Au plan économique nous sentons que la vie continue à devenir de plus en plus chère malgré que nous trouvions beaucoup de choses sur place. Beaucoup de conditions et de taxes sont imposées pour faire même des petits commerces ; chercher de quoi vivre pour les petites gens est difficile. Beaucoup commencent à quitter Kigali pour la campagne ou pour d’autres pays où ils peuvent faire le business sans payer beaucoup de taxes. On dirait que la ville de Kigali devient de plus en plus une ville pour les riches.
Début 2018, le gouvernement a fermé autour de 700 églises qui n’avaient pas de papiers officiels, d’endroit ni d’aménagement avec tout le nécessaire pour un lieu de rencontre et de prières.

L’Eglise du Rwanda a consacré cette année à la réconciliation et le diocèse de Kigali dans sa pastorale a pris l’option pour les enfants et les jeunes car ils sont l’avenir de l’Eglise.

L’Eglise a perdu l’évêque du diocèse de Cyangugu, Mgr Jean Damascène Bimenyimana décédé le 11 mars 2018.

Le 24 mars 2018 s’est ouverte l’année jubilaire des 100 ans des Sœurs Benebikira, fondées par notre confrère Mgr Jean Joseph Hirth.

La paroisse Saint Pierre se prépare à célébrer ses 15 ans de fondation cette année en juin. La paroisse compte maintenant 14 000 chrétiens catholiques baptisés et 25 CEB. Pour Justice et Paix, notre paroisse est parmi les deux paroisses qui ont été choisies comme modèles dans l’archidiocèse de Kigali. Elle prend l’orientation des cas familiaux et sociaux, pas politiques. Ainsi, avec ses moyens limités, la paroisse fait ce qu’elle peut pour la Caritas.

Le projet CML (Centre Missionnaire Lavigerie) a été présenté au bureau de l’urbanisme de la ville de Kigali pour approbation mais il n’a pas été approuvé en disant que selon le plan du secteur Muhima dans lequel se situe notre parcelle, cette parcelle est réservée pour faire le jardin Sainte Famille, un jardin public. Mais en décembre 2017, après un long dialogue avec les autorités civiles de la ville, le Maire et son vice, expliquant que nous sommes une congrégation missionnaire (et non pas des diocésains de la Paroisse Sainte Famille toute proche), ils nous ont demandé d’écrire une lettre d’appel demandant « the change of land use ». La lettre a été écrite et envoyée au Maire de la ville le 10/12/2017. Après cette lettre, le directeur avec celui qui est chargé de la technique au niveau de la ville, nous ont appelés pour nous dire qu’il faut revoir notre projet. Il s’agit de diminuer l’espace à construire jusqu’à 10 % et dans le reste faire un jardin pour le recueillement. C’est ainsi qu’au niveau du secteur Rwanda on s’est mis d’accord pour enlever du projet tous les bâtiments commerciaux pour rester avec la résidence, le centre de formation et la chapelle dans la partie du bas comme sur l’ancien projet. Le jardin reste mais n’est plus public, il est pour les Missionnaires d’Afrique. Affaire à suivre…

KINSHASA

Nous constatons une accalmie par rapport aux manifestations politiques. La population continue de souffrir. La misère (surtout dans les quartiers périphériques) gagne encore du terrain. Le Franc Congolais a perdu en valeur et les prix des denrées alimentaires sont en hausse. Une trêve a été marquée jusqu’en juin dans les marches organisées par le Comité Laïc de Coordination (CLC). Il y a également une ébullition au niveau des partis politiques avec des regroupements et des coalitions, en vue des élections du 23 décembre. Il y a un éveil des consciences sur la vie politique, de la population et aussi des jeunes. Certaines personnes doutent sur l’organisation effective des élections.
Deux formes d’escroquerie deviennent préoccupantes : le vol des ordinateurs et autres gadgets électroniques dans les petits taxis et les fausses accusations portées par des filles ou femmes contre de généreux conducteurs qui leur donnent un coup de mains sur un trajet.

L’Eglise de Kinshasa a reçu son coadjuteur : Mgr Fridolin Ambongo, le dimanche 11 mars 2018 en la Cathédrale Notre Dame du Congo. Deux des trois Evêques Auxiliaires de l’archidiocèse ont été nommés évêques titulaires dans deux diocèses. L’Eglise a soutenu les trois grandes marches organisées par le Comité Laïc de Coordination pour réclamer l’application intégrale des accords de la Saint Sylvestre 2016. Les trois marches étaient interdites et ont été violemment réprimées dans le sang avec des pertes en vies humaines. Suite aux marches, un climat d’insécurité s’était installé à Kinshasa avec des intimidations de catholiques, des arrestations de laïcs, de prêtres et de religieuses, des profanations de lieux de culte, une stigmatisation de l’Eglise Catholique… Le cardinal est sorti plusieurs fois de sa réserve pour condamner les violences et encourager les chrétiens pendant les moments de tensions. Lors de la messe des Rameaux au stade avec les jeunes, il les a invités à prendre leurs responsabilités face à la crise que traverse le pays. Certaines Eglises protestantes ont soutenu l’Eglise Catholique dans ses initiatives.

Le diocèse de Kisantu (diocèse d’insertion du Philosophât) est en synode diocésain du 2 au 7 avril 2018.

BUKAVU

On constate une montée de l’insécurité et de la criminalité. Des armes sont trouvées dans certaines maisons. En réaction, le gouverneur a décidé des bouclages réguliers et des contrôles plus intensifs, a invité la population à dénoncer les détenteurs d’armes, a promis des récompenses aux motards informateurs. Les motards sont autorisés à rouler de nuit à condition de dénoncer les bandits. La situation sécuritaire s’est calmée depuis. La paupérisation augmente. C’est la lutte pour la survie. On vit au jour le jour. Les bars remarquent une baisse de consommation.

Il y a prolifération d’écoles privées au détriment des écoles catholiques. L’Etat refuse d’agréer de nouvelles classes et ne paie pas les enseignants. Les primes pour les enseignants introduites par l’Eglise s’essoufflent par le manque de capacité des parents.

Dans l’enseignement supérieur, le taux réactualisé du dollar est source de révolte des étudiants. L’évêque a passé des mois de janvier et février difficiles.
Critiqué dans sa position par rapport à la marche du 31 décembre 2017, escorté à sa sortie de la cathédrale, il est loin de son peuple. « Je suis une personne traumatisée » a-t-il dit. Les marches des 31 décembre et 21 janvier ont été dispersées, empêchées. L’archidiocèse de Bukavu a initié une chaîne de prière pour la paix : chaque paroisse a sa semaine d’animation à tour de rôle.

Le CDJP (Comité Diocésain Justice et Paix) dénonce les injustices par son flash. Il a été attaqué par le gouvernement, accusé de provoquer le soulèvement de la population. Des tensions surgissent entre les religieux et l’administration suite au recouvrement des taxes foncières.

La communauté de la Ruzizi a connu plus d’insécurité avec l’augmentation des vols, un cambriolage chez le Père Raphaël Lubala et un autre chez le Père Emmanuel Lengaigne. Comme mesures de sécurité, un chien a été mis du côté des piroguiers et on envisage de planter des sisals épineux, mettre une grille, éclairer la nuit. La communauté a reçu la visite du Supérieur Général qui a été très ouvert. Le Provincial a fait une visite d’une semaine qui s’est bien passée avec de nombreux échanges, y compris avec la communauté chrétienne.

La DGM (Direction Générale des Migrations) construit sur le terrain de la Ruzizi. Un dossier a été préparé avec l’avocat du diocèse pour porter plainte contre cette occupation du terrain par la DGM.

MANIEMA

Le chef de guerre des Maï Maï Malaika Sheik Assani, a conduit un mouvement de revendication de l’exploitation d’une partie de la montagne à la société « Maniema Gold ». Les FARDC (Forces Armées de la RDC) ont été envoyées et une guerre de trois mois s’en est suivie. L’arrivée de la MONUSCO (Mission de l’ONU pour la Stabilisation du Congo) a été annoncée. Le gouvernement impose le silence face à la guerre de la province. Le directeur de radio OKAPI a été interpellé car il avait parlé de la guerre au Maniema. Les policiers, voire la DGM, retournent dans leur poste.

La crise sécuritaire a affecté quatre paroisses : Kabambare, Kibangula, Wamaza et Salamabila dans le territoire de Kabambare. Les populations n’y ont pas cultivé suite à la guerre. Et cela a provoqué une crise alimentaire. Le diocèse de Kasongo organise une quête spéciale dans toutes les paroisses le 27 mai 2018 pour soutenir ces paroisses.

La dégradation de la route limite les déplacements. Quand il pleut, la route devient de plus en plus impraticable. Cela renforce la crise économique. Les articles sont très chers et tardent à arriver. La sécurité n’est pas très bonne. La présence militaire qui devrait être source de consolation et de sécurité devient une source de peur et d’insécurité : viol, réclamations exagérées d’argent aux passagers, etc.

A Kindu, le nouveau gouverneur n’arrive pas à travailler car il n’est pas de la majorité présidentielle. La province est frappée par la polio et le choléra. Malgré l’engagement du gouvernement, la population refuse de collaborer pour la vaccination des enfants. Certains sont convaincus que les vaccinations tuent leurs enfants.

Sur le plan social, le tribalisme est fort présent : il y a beaucoup d’oppositions quand un responsable n’est pas de la tribu de telle ou telle ethnie.

Le diocèse de Kindu a accueilli le 11 février 2018 deux nouveaux prêtres. Le diocèse de Kasongo a célébré l’ordination presbytérale de l’abbé Marcel le 27 janvier 2018 à Kibangula alors qu’il venait de perdre un prêtre, l’abbé Didace Fundi à Kinshasa.

Face au tribalisme qui existe dans le diocèse, l’évêque continue à évangéliser les fidèles à s’accepter comme frères et sœurs à travers ses homélies, ses lettres pastorales : c’est pourquoi il propose comme thème pastoral : « Tout homme est mon frère, toute femme est ma sœur ».

FLASH PAC nr 45 of April to June 2018

Problème technique

Les plus fidèles d’entre vous l’ont remarqué : il y avait quelque chose qui ne fonctionnait pas hier sur le site. Il réclamait l’identification, même pour ceux qui étaient déjà identifiés. Certains ont cru que le Webmaster avait encore inventé quelque chose qui les dépassait… Mais cette fois, même le webmaster était dépassé ! C’était un problème technique qui a finalement été résolu en fin de soirée. Toutes mes excuses pour les frustrations que cela a pu entraîner.

J’en profite pour vous encourager à m’envoyer un petit mot au cas où vous n’auriez pas les identifiants nécessaires pour vous connecter. Je vous aiderai au plus vite.

Bonne fin de semaine.

Philippe,
Webmaster

Vivre ensemble

« Vivre Ensemble » … C’était le thème proposé par l’Algérie à l’ensemble des pays du monde par le biais de l’ONU pour célébrer le 16 mai de chaque année. C’est ainsi que déjà la veille, le 15 mai, un riche débat a eu lieu à la radio et télévision algérienne sur ce thème avec notamment la participation de Mgr. Henri Teissier et d’autres personnalités du pays. Le lendemain, une belle fresque fût inaugurée à la Maison St. Augustin, où justement un groupe de personnes est appelé à partager la vie journalière la plus ordinaire possible « jour après jour ». Or il s’agit de gens qui portent déjà le poids de l’âge, qui ont eu, pour la plupart, des responsabilités assez importantes. Aujourd’hui, ils sont obligés de se faire aider par d’autres. Mais ils ont également la tâche de se rendre ‘supportables’ les uns aux autres. Des amis algériens et étrangers sont là, auprès d’eux, pour leur faciliter la tâche. Nous connaissons tous des situations semblables dans nos familles, avec nos parents et nos proches.

Tout cela rejoint le sens de la conférence de l’après-midi du 16 mai, à la Maison diocésaine où une assistance nombreuse d’environ 200 personnes, musulmans, chrétiens et libre-penseurs ont échangé sur ce sujet de « Vivre ensemble ». Une très belle introduction présentée par quelques membres de la confrérie musulmane, nommée « Tarique des Alouines », puis par Mgr. Teissier et de nombreux autres intervenants venus spontanément de la salle, ont facilité la profondeur et la richesse des échanges. A chaque exemple cité, il en résulte que si nous voulons avancer sur le chemin de la paix, il est indispensable de se respecter les uns et les autres, qu’on soit musulman, chrétien ou libre-penseur. En pensant à la béatification future des 19 martyrs des années 1990 – 2000, nous constatons que la vie de chaque martyr a été justement un témoignage de vie simple, vraie et engagée dans « le va et vient » de tous les jours. En se mettant au diapason « de l’ordinaire », on réalise « l’extraordinaire » ! C’est-à-dire : s’aimer les uns les autres !

Ayant été toute ma vie en contact avec des handicapés, des migrants, des réfugiés, « des gens pas comme tout le monde », j’ai pu sentir combien il est dur de se faire accepter dans la différence et de se sentir différent.

C’est pour cela qu’une journée sur le thème « Vivre ensemble » est importante. Que la construction « de ponts » entre personnes de différentes opinions et de différentes religions est importante, je dirais une obligation pour chacune et chacun. Cette journée du 16 mai, nous a rappelé tout cela.

« Le ftour »

L’iftar (en arabe : إفطار, également ftour ou ftor dans les dialectes maghrébins) est le repas qui est pris chaque soir par les musulmans au coucher du soleil pendant le jeûne du mois de ramadan. Le terme iftar est à rapprocher de fitr (dans Aïd el-Fitr, la fête qui marque la fin du mois de ramadan), avec le sens de « rupture du jeûne ». En dehors de ce contexte, le terme désigne le petit déjeuner. L’iftar peut être un repas pris en famille, ou un banquet se déroulant dans une mosquée ou un autre lieu public. (Wikipedia)

C’est dans le sens de ce que je dis plus haut que nous avons pu vivre aux « Sources » (un quartier d’Alger), une semaine plus tard, le 25 mai, un repas convivial de ramadan où furent présents pas moins de 75 personnes, pour la plupart des musulmans, mais avec la présence de quelques chrétiens et dans la maison d’un chrétien.

Le début du repas de ramadan commence invariablement avec le souhait « Ghafrou Baadakoum » (pardonnez les uns aux autres). Le repas fut suivi d’une belle soirée des chants poétiques qui nous ont tous touchés au cœur. Nous nous sommes quittés vraiment dans une profonde ambiance de paix et de bien-être. Mais d’autres signes semblables ont pu être observés durant ce mois sacré. Malgré tous les refoulements aux frontières, pénibles et parfois brutaux, des migrants subsahariens, des moments positifs ont été vécus à plusieurs endroits. Chaque soir, lorsque je me rendais à la gare routière d’Alger, des migrants furent accueillis « les bras ouverts » à la table du « ftour » avant de les accompagner au bus pour un retour volontaire dans leur pays d’origine. C’était vraiment touchant. D’ailleurs, ces instants de convivialité envers ceux et celles qui n’avaient rien à manger se sont répétés pour de nombreuses personnes de la ville et du pays. . Nous avons constaté ce partage à la Gare ferroviaire d’El Harrach. Puis dans la rue de Didouche Mourad à Alger. Là une table de plus de cent mètres fût dressée pour que tous ceux qui voulaient s’ y asseoir puissent prendre le repas, y compris les femmes.

Oui, nous pouvons dire que cette année, le temps du ramadan fut aussi un temps de grâce favorisant la rencontre les uns avec les autres, mettant en pratique le beau thème du 16 mai : « Vivre Ensemble ».

Alger le 15 juin 2018
1ier jour l’Aïd Seghir
Jan Heuft, M.Afr.