Combattre l’abus sexuel des enfants (PE n° 1090 – 2018/04)

Stéphane Joulain, Combattre l’abus sexuel des enfants, Qui abuse ? Pourquoi ? Comment soigner?, Desclée de Brouwer, 2018, ISBN : 978-2-220-09204-1, 294 pages, 19 €

Le scandale de l’abus sexuel sur les enfants est désormais sur la place publique. Sachant que le risque d’abus existe partout Continue reading “Combattre l’abus sexuel des enfants (PE n° 1090 – 2018/04)”

Lectures : La joie de l’Amour expérimentée par des familles (PE n° 1090 – 2018/04)

Nicholaus Segeja et  Emmanuel Wabanhu, L’écho d’Amoris Lætitia : pour vivre « la joie de l’Amour expérimentée par des familles » dans l’Église

L’Exhortation apostolique post-synodale Amoris Lætitia publiée en 2016 à Rome, à la Basilique Saint-Pierre le 19 mars, solennité de Saint Joseph, durant le Jubilé extraordinaire de la Miséricorde, était un document très attendu par beaucoup dans l’Église catholique et au-delà. La soif de relever les défis du mariage et de la vie de famille Continue reading “Lectures : La joie de l’Amour expérimentée par des familles (PE n° 1090 – 2018/04)”

LECTURES : Dégonfler des baudruches (PE n° 1090 – 2018/04)

Jean-Michel Laurent, Dégonfler des baudruches. Pensées pour inviter à penser, collection « Béthanie », Fidélité, Namur-Paris, 30 octobre 2017, 128 pages, 9.50 €

Voilà un petit livre sortant de l’ordinaire ! Il s’agit d’un ensemble de pensées, de réflexions que l’auteur à notées au cours du temps (l’an 1993 est cité p. 70). En fait, 134 pensées, parfois très courtes (1 phrase), parfois plus Continue reading “LECTURES : Dégonfler des baudruches (PE n° 1090 – 2018/04)”

Impératifs pastoraux pour un ministère pastoral juste et compatissant (PE n° 1090 – 2018/04)

Nous avons tendance à opposer la charité pastorale à la justice pastorale, au nom de la miséricorde, mais ce sont les deux côtés d’une même médaille : la pastorale du peuple de Dieu. Pour réfléchir à la justice pastorale, il faut d’abord que nous arrivions à une définition commune de ce que nous entendons par ‘justice’ et ‘pastorale’.

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Tous migrants, en recherche d’un sens à la vie et de paix (PE n° 1090 – 2018/04)

Le livre « Découvrir un sens à sa vie » de Viktor Frankl est un bon point de départ pour notre réflexion. Le message de l’auteur, survivant de l’holocauste et psychiatre, affirme que nous sommes tous engagés dans une recherche d’un sens à la vie. Cette recherche implique le désir d’accomplissement de soi et celui d’appartenance. Continue reading “Tous migrants, en recherche d’un sens à la vie et de paix (PE n° 1090 – 2018/04)”

Un mot sur le calendrier nécrologique (PE n° 1090 – 2018/04)

Depuis très longtemps, notre Société a développé une belle tradition de faire mémoire de ses membres décédés. Depuis le début de notre Société, beaucoup d’hommes ont répondu à l’appel du Seigneur et à l’invitation de Lavigerie à la mission africaine. Ils sont nos ancêtres à qui notre Société doit le présent, et nous avons tous noté que la liste alphabétique augmente rapidement. Continue reading “Un mot sur le calendrier nécrologique (PE n° 1090 – 2018/04)”

COMMUNIQUE OFFICIEL [PROT.: 18 0471] (PE n° 1090 – 2018/04)

Il est apparu qu’il y a une erreur malheureuse dans l’article 269 (édition 2018) des nouvelles Constitutions et Lois concernant les procédures à suivre lors de la Consultation pour le renouvellement du mandat d’un Provincial.

L’édition 2006 de la C & L disait: « … le Supérieur général organise une consultation auprès des missionnaires nommés à la Province concernée ».

Dans les années qui ont précédé le Chapitre de 2016, cet article avait été tacitement élargi pour inclure ainsi que ceux qui en sont originaires.

Le Chapitre de 2016 a été invité à se prononcer sur cet élargissement du collège électoral, et après débat, l’a rejeté à la majorité, et a confirmé le texte de l’article 269 tel qu’il se trouve dans l’édition 2006.

Nous ne savons pas comment la phrase «… ainsi que ceux qui en sont originaires…» s’est infiltrée dans le texte de la nouvelle édition des Constitutions et Lois. Je demande à tous les confrères de la supprimer.

Stanley Lubungo, M.Afr
Supérieur général.

Mon expérience d’études spécialisées dans un contexte de formation initiale (PE n° 1090 – 2018/04)

Il m’a été demandé de partager mon expérience comme confrère ayant été aux études, dans un contexte de maison de formation initiale (petit groupe de formation de 4ème étape). Quel lien établir entre l’expérience d’étudiant comme les autres étudiants à l’université, et comme étudiant et collaborateur à la formation ?

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Crise écologique (PE n° 1090 – 2018/04)

C’est un fait que la question de l’écologie concerne toute la planète vu que c’est un bien collectif. En fait, déjà son étymologie, «Ökologie» en allemand, ou “oίkoς” en grec, veut dire ‘maison’ (Terre Mère), nous donnant ce sens de communauté et de collectivité ! Notre responsabilité envers l’écologie s’étend donc aux générations futures.

Le réchauffement climatique n’est pas une histoire en l’air ; c’est une réalité à laquelle nous sommes exposés aujourd’hui, dans notre monde contemporain. Dans le livre de la Genèse, Dieu nous a donné pouvoir sur la création (cf. Gn 1,26-28), mais nous l’avons corrompue par le péché d’égoïsme et de cupidité. Au lieu de disposition, nous l’avons tournée en domination. «Nous en sommes venus à nous considérer comme ses seigneurs et maîtres, habilités à la piller à volonté. La violence présente dans nos cœurs, blessés par le péché, est aussi reflétée dans les symptômes évidents de maladies des sols, de l’eau, de l’air et de toutes les formes de vie» Laudato sí, n°. 2). La pollution, la déforestation, le démantèlement des sources naturelles d’eau, l’exploitation illégale et insensée des ressources naturelles, la manipulation génétique, la traite des êtres humains (qui est la troisième industrie lucrative, illégale et inhumaine, après l’industrie des armes et des stupéfiants), pour n’en mentionner que quelques-unes, font parties intégrantes des causes de la crise écologique.

Tout cela pose une question grave et urgente à notre style de vie aujourd’hui. C’est un appel à orienter nos styles de vie selon les principes de la sobriété, de la tempérance et de la discipline aux niveaux personnel et social. Il faut que les gens sortent de la mentalité de consommation et soutiennent des méthodes de production qui respectent la création, tout en garantissant les besoins de base pour tous. Ce changement de mentalité sera aidé par une plus grande conscience de l’interdépendance entre tous les habitants de la terre. La lettre encyclique du pape François sur le soin à donner à notre maison commune « Laudato si’ » (LS) indique la voie vers une solution de la crise écologique ! En effet, l’Eglise dans son ensemble parle avec une voix claire et forte sur la nature de l’homme (l’être humain) créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, et de sa place dans le monde, en passe de devenir une crise écologique. Clairement, Vatican 2 a marqué la réinsertion de l’Eglise dans l’histoire et la redécouverte du royaume de Dieu (malkuth shamayim) n’est pas étrangère à la réalité des choses terrestres.

En termes pratiques, cela signifie que la crise devient – si elle n’est pas déjà devenue – un des thèmes théologiques majeurs d’anthropologie théologique pleinement consciente de son rapport à Dieu. Il remet en question directement les rapports entre êtres humains (ce qu’est l’écologie sociale), et avec la nature (ce qu’est l’écologie physique). De ce point de vue, la crise écologique peut être perçue comme un aspect du gémissement de la création : « nous sommes bien conscients que toute la création, jusqu’à ce jour, a gémi dans les douleurs de l’enfantement » (Rm 8, 22). Ce gémissement est  déclenché par le péché d’égoïsme des individus et aussi de la société. L’harmonie et l’équilibre de la nature sont détruits ; elle n’est pas respectée selon l’ordre voulu par Dieu, la loi de Dieu : « cette sœur crie vers nous maintenant à cause du mal que nous lui avons fait par notre usage irresponsable et notre abus des biens dont Dieu l’a dotée» (LS, n° 2).

Au cours des décennies récentes, spécialement après Vatican 2, l’Église, théologiens aussi bien que philosophes, ont pris quelques initiatives pour remédier à cette chose grave qu’est la crise écologique. Par exemple, Alasdair MacIntyre a écrit «Après la Vertu» ; James Lovelock, «Gaia» et Stephen Hawking, «Une histoire brève du temps». Leur recherche et leurs écrits pour une solution à la crise écologique sont basés sur des modèles de développement enracinés dans une vision de relation, dans une attitude plus personnaliste et écologique envers le monde, envers la création. On en vient à réaliser qu’il y a un retour à la vérité de la vision biblique de l’humanité, à la compréhension de l’aspect relationnel de la réalité. Cette attitude relationnelle est une caractéristique structurelle de la vision chrétienne à tous les niveaux. L’être est relationnel.

Jardin des femmes avec le système «goutte à goutte» à Guéné-Goré, Mali

Cependant, dans l’Écriture, nous ne trouvons pas de définition de Dieu, de l’être humain ou du monde. Bien entendu, la bible n’est pas faite pour ça. Elle n’est pas un dictionnaire ! Mais il y a un certain nombre de récits où la multiplicité des relations entre Dieu, l’être humain et le monde est rapportée. Un être humain est compris comme étant un complexe de relations avec Dieu, avec ses semblables – hommes et femmes – et avec le monde, la création dont Dieu lui a demandé de se soucier. La nature est toujours vue en rapport à Dieu et à l’humanité. La vie de Dieu Lui-même est comprise comme vie de relations et source de relations. Dieu, comme Trinité, une communion de vie et d’amour, crée le monde comme ‘autre que lui’, comme une réalité distincte avec laquelle Il est en relation. En particulier, Il crée les êtres humains à son image. Cela laisse entendre que l’être humain n’est pas un individu, fermé sur lui-même ou elle-même, centré sur soi, mais une personne, comme un être de dialogue, qui atteint son épanouissement en relation avec les autres et avec la nature.

La dimension relationnelle exprimée dans les Écritures – entre Dieu et les êtres humains, entre Dieu et la création, entre les êtres humains et la création, et entre les êtres humains eux-mêmes – n’est pas limitée à l’esprit, mais est aussi manifestée dans sa corporalité. Le corps est le lieu de l’extériorisation de la communion, de la manifestation physique et spirituelle. La perspective biblique et écologique réduit à néant la théorie de la division, à savoir corps et âme, tête et esprit, êtres humains et monde, hommes et femmes, appréciée par quelques partisans, vieux et modernes, de l’individualisme. Cette perspective biblique et écologique récuse les frontières rigides entre être humain et nature, entre ce qui est «mien» et ce qui est «tien» ; l’esprit de «je, moi et moi-même» ; l’absolutisation de la propriété privée. L’esprit de « je me soucie de moi, je ne me soucie pas des autres», ‘à qui de droit’ !» Tout cela est source de crise écologique !

C’est précisément cette « corporéité » comme immersion dans le cosmos, qui révèle la dimension commune de solidarité humaine qui nous lie à la nature. En un sens, la nature est notre corps commun. Cela nous pousse à repenser notre attitude envers la création au sens de ‘Intégrité de la Création.’ Elle nous amène à entretenir des rapports avec elle (la création) en termes de réciprocité telle qu’elle est posée en termes de solidarité humaine. C’est ici que se trouve la grandeur de la vision de François d’Assise, adoptée par le pape François et clairement énoncée en «Laudato sí». Puisque tout est vraiment connecté, une écologie intégrale doit guider les décisions et les styles de vie de l’humanité et donc influencer la crise écologique à laquelle nous sommes exposés. Nous ne devrions pas oublier que, « nous sommes nous-mêmes poussière de la terre » (Gn 2, 7) : nos corps eux-mêmes sont faits de ses éléments, nous respirons son air et nous recevons vie et rafraîchissement  de ses eaux» (LS n° 2)

James Ngahy, M.Afr.

L’ouragan # moi aussi (PE n°1090 – 2018/04)

Qu’on l’appelle Irma, Maria, Katrina ou Harvey, un ouragan, ça dérange et je ne dis pas cela légèrement.

Depuis le 18 octobre, les différents milieux artistique, politique, sportif, religieux et le milieu des affaires, que ce soit dans notre pays ou ailleurs dans le monde, ressent les effets de ce séisme ! C’est une onde de choc qui traverse les cinq continents. C’est tout un débat qui a cours actuellement et je pense que personne ne pourra l’arrêter, car TOUT LE MONDE EN PARLE.

Que ce débat ait lieu, est-ce une bonne chose ?

J’aime beaucoup l’expression : « J’ai été rattrapé par ce devoir de vérité », que le cinéaste Jean Lemire emploie dans son livre, « L’Odyssée des Illusions », lorsqu’il traite de notre planète blessée par nos mauvais traitements. Comme dit le pape François : « Nous la traitons en prédateurs et non en protecteurs, cette planète ».

Nous pouvons, hélas, également agir de la même façon avec les personnes. Nous pouvons parfois considérer l’autre comme un objet, que ce soit un homme, une femme ou un enfant. J’exerce mon pouvoir sur l’autre, je me l’approprie, je me satisfais. La personne puissante, qui a beaucoup d’argent, qui a l’autorité, qui domine partout, on l’associe au succès. Cette image est dangereuse. Une personne très douée n’est pas dé-responsabilisée de violence sexuelle. Il ne faut jamais oublier les conséquences négatives sur les victimes.

Parfois, nous sommes effrayés par l’ampleur de la criminalité sexuelle. La dimension du problème fait réfléchir. Les cinq continents dénoncent des inconduites sexuelles. La violence sexuelle est peut-être parmi l’une des grandes faiblesses de la société mondiale incluant bien sûr notre société canadienne. Il faut faire l’effort de regarder.

Les agressions sexuelles peuvent vraiment blesser des personnes, on s’en souvient des années plus tard. Le tiers des femmes, dit-on, en seront victimes au moins une fois dans leur vie. Des hommes et beaucoup d‘hommes aussi en seront victimes, des enfants également, pensons à tout ce problème de pédophilie.

Cet ouragan a permis à plusieurs femmes d’oser révéler des blessures et les cicatrices qu’elles portaient depuis longtemps ; cela a également permis à plusieurs hommes de révéler ces agressions sexuelles subies lorsqu’ils étaient enfants.

Quand cela arrive, il est moins compliqué de fermer les yeux, de se taire, que de faire face à la réalité. Personne n’aime se faire considérer comme une victime et ça se comprend.

Il y a sûrement des lois qui existent pour condamner les agressions sexuelles ; également des politiques contre la violence. Les réseaux sociaux ont fait leur possible, ces dernières années, pour faire éclater la vérité en ce domaine. La vérité libère, c’est un fait.

Ce qui découle de cet ouragan du # MOI AUSSI # ME TOO n’est pas la condamnation des uns ou des autres, c’est peut-être un temps pour prendre du recul, pour essayer de comprendre, de chercher des moyens de changer la culture ou de trouver un moyen de contourner ce qui nous fait parfois mal agir.

La crise actuelle que provoque cet ouragan n’est pas que désastre ; elle comprend aussi une chance offerte à chaque personne de ne plus banaliser les violences sexuelles. Il y a des comportements à ne plus tolérer, des silences à ne plus garder

Qu’on le veuille ou non, l’expérience que nous traversons constitue en elle-même une transformation radicale. La révélation de notre faiblesse peut aussi nous apporter une nouvelle libération et le désir de voir advenir des choses nouvelles.

Elle peut aussi nous aider à devenir plus proche de nos valeurs, de nos convictions.

J’aime ces paroles que j’ai lues quelque part : « Il y a un savoir-être à développer pour aider à développer ce savoir-vivre ensemble sainement ».

Sœur Gabrielle Lepage, Smnda