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La persécution de l’Eglise en R.D. Congo, défi pour sa mission (PE n° 1091 – 2018/05)

La question de l’insécurité des agents de l’Eglise en R.D. Congo est devenue une préoccupation de toutes personnes de bonne volonté. Notre cher pays, la République Démocratique du Congo, devient de plus en plus impatient et menaçant pour l’Eglise catholique. Les prêtres, les religieux et religieuses et toutes personnes de bonne volonté s’interrogent sur l’avenir de l’Eglise catholique et de sa mission en R.D. Congo. Les accusations, les arrestations ; les attaques et les enlèvements de prêtres nous rendent mal à l’aise, on vit dans l’inquiétude totale et dans la peur. Et pour les jeunes en formation, les séminaristes « propédeutes », c’est un défi total pour la vie à laquelle ils aspirent.

Ici dans la province du nord Kivu, nous avons eu des expériences très touchantes et décourageantes pour les jeunes en formations et pour les religieux et religieuses étrangers. Beaucoup s’interrogent s’il faut rester ou quitter. Nous ne pouvons pas oublier les inquiétudes de nos parents, nos confrères et nos amis qui ne cessent de nous appeler et de nous écrire jour et nuit pour savoir l’état de la sécurité ici au Nord Kivu. Certains événements touchants que nous avons vécus ici au Nord Kivu ont marqués d’un sceau notre vie.

Quelques événements marquants

Nous ne pouvons pas donner la liste de tous les événements que nous subissons ici en R.D. Congo ; en voici certains. Une chapelle de la paroisse Cathédrale de Goma qui se trouve à quelques mètres de notre communauté du Foyer Godefroid Ngongo, a été profanée par des inconnus, pendant longtemps est restée désacralisée. Les fidèles de cette succursale ont alors utilisé l’une de nos salles de Foyer Ngongo pour la prière matinale et la messe. Pour nous c’est une manière de s’entraider avec l’Eglise locale. À la paroisse Notre Dame d’Afrique (Katoy Goma, paroisse gérée par les pères missionnaires d’Afrique), presque chaque dimanche il y a des annonces sur les enlèvements d’enfants par des gens inconnus. Le 21 janvier, à la cathédrale de Goma les chrétiens ont prit la fuite après avoir entendu les bruits de jeunes manifestants à la fin de la première messe. La police a jeté des gaz lacrymogènes, une bombe est tombée sur le presbytère ; la police a tiré aussi quelques balles réelles sur le presbytère et en l’air ; il y eut beaucoup de blessés et plusieurs se sont évanouis à cause du bruit. Les autres messes n’ont pas eu lieu en ce dimanche là. Je me rappelle bien ce jour-là, je revenais de Katoy la paroisse notre Dame d’Afrique où j’avais célébré la première messe de 6h00-8h00 quand j’ai entendu les tirs de balles. J’ai eu peur ; je priais Dieu que j’arrive à la maison en sécurité.

Le diocèse de Beni-Butembo, toujours dans la province du Nord- Kivu a connu plusieurs kidnappings de prêtres. Le 22 janvier 2018, à la paroisse de Bingo dans le territoire de Beni des hommes armés non identifiés ont kidnappé l’abbé Robert Masinda et deux ingénieurs agronomes dont Mr Dieudonné Sangalas et Augustin Nyuza. Deux autres prêtres, les abbés Jean-Pierre Akilimali, et Charles Kipasa venaient d’être kidnappés à la paroisse de Bunyuka le 17 juillet 2017 ; sans oublier les pères assomptionnistes Jean-Pierre Ndulani, Edmond Kisughu et Anselme Wasukundi enlevés de la paroisse de Mbau en territoire de Beni le 19 octobre 2012 et dont nous n’avons toujours pas de nouvelle jusqu’à présent. La situation que nous traversons est déplorable. Nous avons la grande responsabilité de protéger nos brebis. Oui ! C’est dans des situations pareilles qu’on vit les Écritures saintes : « Voici que je vous envoie comme des brebis au milieu des loups ; montrez-vous donc prudents comme les serpents et candides comme les colombes. » (Mt 10, 16).

Relations Église – État

La relation entre l’Eglise catholique et le gouvernement n’est pas bonne. L’Eglise poursuit sa mission prophétique de dénoncer le mal et de former les consciences de ses fidèles. Oui ! Chacun de nous doit donner le meilleur de soi, idées, conseils mais surtout prier pour que le gouvernant qui a, lui, le devoir d’aimer et d’écouter son peuple, puisse gouverner correctement ; tel est le devoir du bon catholique. Mais comment allons-nous nous donner dans un pays où nous ne sommes pas écoutés ? Où les gouvernants dirigent le pays comme des étrangers sans se soucier de rien. Ils ne se sentent pas concernés par les problèmes du pays. Les 4 et 5 février 2018 les peuples Hema et Lendu se sont entretués en Ituri (Bunia) sans pitié ; 23 morts et des nombreux blessés. Les tueries quotidiennes continuent à Butembo-Beni, où même des agents de la MONUSCO sont tués : 14 soldats Tanzaniens ont été tués en 2017 par des gens armés. Ce sont des cas très inquiétants pour nous. Les gouvernants pansent à la légère la blessure du peuple, en disant : « Paix ! Paix ! » alors qu’il n’y a point de paix. C’est vraiment honteux ; nos leaders devraient avoir honte, mais ils ne sentent plus la honte : « Nous espérions la paix : rien de bon ! Le temps de la guérison :voici l’épouvante » (Jr 8,15).

Ici en R.D. Congo, les prêtres, les religieux et les religieuses étaient bien respectés par les agents de sécurité comme la police D.G.M et les autres personnes de bonne volonté. Mais aujourd’hui ce n’est plus le cas. Etre prêtre catholique signifie faire partie de l’opposition. Les anti- président actuel, les antis-démocratie. Nous sommes mal vus par beaucoup d’autorités de l’Etat. Quand nous conduisons nos voitures nous sommes souvent arrêtés plusieurs fois par les agents de la circulation ; il font toutes sortes de contrôle avec une agressivité intolérable. Des sectes avec leurs pasteurs passent toute la journée en train d’insulter l’Église catholique, les évêques, les prêtres et les religieuses/religieux toutes sortes d’insultes. Ici à Goma il y a une station de radio d’une secte qui passe sont temps à accuser l’Église catholique et ses agents. Nous sommes réduits à rien, meurtris jusqu’aux os. Partout les gens nous demandent pourquoi nous ne réagissons pas à ces hommes qui nous insultent jour et nuit ? Mais nous avons choisi la méthode du roi David devant les insultes de Shimeï. Dans le dialogue entre Abishaï et David nous avons ces belles paroles : « Abishaï, fils de Ceruya, dit au roi : « Faut-il que ce chien crevé maudisse monseigneur le roi ? Laisse-moi traverser et lui trancher la tête ». Mais le roi répondit : « Qu’ai-je à faire avec vous, fils de Ceruya ? S’il maudit et si Dieu lui a ordonné : Maudis David, qui donc pourrait lui dire : Pourquoi as-tu agi ainsi ?» David dit à Abishaï et à tous ses officiers : « Voyez : le fils qui est sorti de mes entrailles en veut à ma vie. A plus forte raison maintenant ce Benjaminite ! Laissez-le maudire, si Dieu le lui a commandé. Peut-être Dieu considérera-t-il ma misère et me rendra-t-il le bien au lieu de sa malédiction d’aujourd’hui ? » (2S 16, 9-12).

Prions pour l’Eglise du Congo, prions pour les missionnaires et pour toutes personnes de bonne volonté pour qu’il y ait une bonne compréhension entre l’Eglise et l’Etat en vue de construire un pays habitable pour tous.

Elias Kapange, M.Afr.

Une rencontre d’espérance (PE n° 1091 – 2018/05)

Au Kenya, le dimanche est un week-end ! Mais le dimanche 11 mars 2018 n’était pas un week-end comme les autres. Vers la fin de la journée, tout à coup, les nuages se sont amoncelés ; il a commencé à pleuvoir comme à Gravelotte. Le froid s’est installé et le temps a changé ! Néanmoins toutes les routes ont mené à Karen, chez les Soeurs Dimesse. Nous étions 24 Missionnaires d’Afrique (y compris le provincial de l’EAP) venus de différentes provinces : SAP, PAO, SOA, EPO, PAC, EAP, Ghana-Nigeria et Maghreb, pour cette rencontre historique.  Historique, oui, parce qu’elle fut la première rencontre de son genre à rassembler les animateurs vocationnels et les recteurs des nos propédeutiques en vue de voir d’où nous venons, où nous en sommes et vers où nous voulons aller. Quand Didier Sawadogo, notre Assistant général, venu de Rome pour nous aider à réfléchir ensemble, a pris la parole d’ouverture, tout de suite le mot « Espérance » est sorti comme un fil conducteur ; celui-ci nous a guidés tout au long de cette semaine fraternelle. « La moisson est abondante, mais les ouvriers peu nombreux… » (Mt 9, 37). Il ne faut jamais se lasser de chercher les ouvriers pour la moisson du Seigneur, a réitéré l’un des animateurs présents. Ainsi nous entamions notre semaine d’échanges fructueux et fraternels.

Rencontre des animateurs vocationnels et des recteurs des propédeutiques des Missionnaire d’Afrique

Avec un programme bien chargé, nous avons commencé par les rap- ports de chaque province concernant l’animation vocationnelle. Bien que différents, tant pour le fond que pour la forme (car les réalités ne  sont pas pareilles), les rapports de chaque province et de chaque propé- deutique étaient particulièrement édifiants. À la suite des rapports, nous avons traité le document « A vin nouveau, outres neuves » présenté par Didier Sawadogo. C’est un document du Vatican qui aborde quelques défis que rencontrent les Instituts de vie consacrée et les Sociétés de vie apostolique. Sorti après différentes rencontres de consacrés à l’occasion de l’année de la Vie consacrée, ce document vise à éclairer le discernement des congrégations religieuses face aux appels actuels et aux défis de notre temps.

Pour nous, il nous encourage à revoir les critères de discernement pour l’animation vocationnelle, discerner la qualité du vin nouveau et à emprunter de nouveaux chemins plus adaptés à nos contextes ; autrement dit, être des ‘outres neuves’ pour le ‘vin nouveau’ que le Seigneur ne cesse d’appeler pour sa moisson abondante. Avec ce bon document, bien déchiffré, « il y eut un soir, il y eut un matin » ; ce fut notre premier jour du travail.

Par la suite, avec les dynamiques de petits et grand groupes, nous avons traités plusieurs questions : l’animation vocationnelle et la colla- boration avec l’Eglise locale, avec les Sœurs Missionnaires de Notre Dame d’Afrique (SMNDA), les ordinations de nos confrères, le jubilé de 150 ans de notre Société, la collaboration entre l’animation vocationnelle, les propédeutiques et la première étape de formation. A la fin de la journée, nous avons travaillé le document sur la préparation du Synode des jeunes prévu pour octobre 2018. Présenté par Bob Tebri, notre secrétaire à la Formation initiale, le document traite les questions de la foi et du discernement vocationnel des jeunes. Quelles indications pour l’animation vocationnelle dans nos provinces ? Il faut comprendre les jeunes qui se présentent pour pouvoir les aider à bien discerner leur vocation. Avec ce document bien élaboré, « il y eut un soir, il y eut un matin » ; ce fut notre deuxième jour de travail.

Ensuite, nous nous sommes penchés sur la question du test psychologique de nos aspirants. Olivier Soma, notre confrère psychologue de formation, nous a ouvert l’esprit concernant la psychologie comme un outil clef dans le discernement vocationnel de nos jeunes frères. Ce jour là, la formation humaine, les critères d’admission ont été mis sur la table en petits et en grand groupes. Avec la psychologie bien expliquée, « il y eut un soir, il y eut un matin » ; ce fut notre troisième jour de travail.

Par la suite, les questions telles que les relations entre l’animation vocationnelle et les propédeutiques, les programmes de ces dernières, la collaboration entre l’animation vocationnelle et les propédeutiques ont été débattues en petits et en grand groupes. Avec ce travail bien fait, « il y eut un soir, il y eut un matin » ; ce fut notre quatrième et dernier jour sur l’animation vocationnelle.

Comme l’écrivait le pape François : « Devant la pénurie des vocations, nous faisons parfois les diagnostics des riches : riches du savoir des sciences anthropologiques modernes qui, avec leur masque de suffisance absolue, nous éloignent de l’humble prière de supplication et de demande au maître de la moisson »  

Nous ne sommes ni très riches financièrement, ni très riches spirituellement, ni en nombre, au point de nous contenter des chiffres des vocations actuelles, quand bien même le Seigneur a été si généreux avec nous ces derniers temps (avec 39 premières nominations cette année). Donc, ne cessons pas de lui rendre grâce pour sa générosité et continuons de le supplier et d’œuvrer pour plus de vocations Missionnaires d’Afrique !

C’est dans ce contexte de reconnaissance de la bonté du Seigneur envers notre Société, avec un regard appréciatif que nous avons fait cette rencontre historique dite d’Espérance. Elle eut lieu à Nairobi du 11 au 16 mars 2018 dans une ambiance fraternelle, assidue et joyeuse ! Merci à tous ceux et celles qui ont veillé à ce que cette rencontre historique soit une réussite !

Vincent Kyererezi, M.Afr.

Rencontre des stagiaires de la province d’Europe (PE n° 1091 – 2018/05)

« Ayez un esprit du corps », nous a appris Lavigerie. L’un des défis que nous lance la vie quotidienne c’est ce soutien mutuel de nos joies et peines. Ah ! Si l’on était non seulement unis mais un ; n’est ce pas le souhait de tout être humain dans sa vie sociale, religieuse voire politique ? A notre niveau de formation chez les missionnaires d’Afrique, ce soutien mutuel s’est concrétisé par une rencontre des stagiaires de la province d’Europe et leurs accompagnateurs. Six membres y ont pris part : Georges JACQUES (Assistant provincial et responsable des stagiaires au sein de la province), Bernard DELAY (Coordinateur des sta- giaires dans le secteur de la France), Jésus ZUBIRIA (Délégué provincial et Coordinateur des stagiaires dans le secteur d’Espagne), Jonas YAMBA (2ème année de stage en Espagne/Roquetas de Mar), Moses ARIHO (1ère année de stage en France/Marseille) et Emile KIMEMBE (1ère année de stage France/Toulouse). Réunis à Madrid, du 4 au 6 Avril 2018, cette rencontre s’est déroulée en trois temps. D’abord le temps de prière, ensuite le temps de partage d’expériences apostolique et enfin le temps de détente. Quel est l’impact des cultures de nos milieux de stage sur notre vie spirituelle, sociale et apostolique ? Qu’avons- nous appris ? Comment étions-nous accueillis dans nos secteurs et communautés ? Quelles perspectives pour le futur ? Telle fut, en gros, la problématique majeure de notre rencontre. Cet article donne juste une vue générale. D’abord nous parlerons brièvement de l’accueil au sein de la communauté. Ensuite nous parlerons de nos entretiens. Et enfin nous parlerons de notre temps de détente.

L’accueil au sein de la communauté

Il est un élément très fort et remarquable quand on arrive dans la communauté de Nuestra Senora De Africa : un sens de l’accueil presque inné. Cette attitude chaleureuse, cet esprit de partage de leurs expériences missionnaires, ce bon sens de l’humour, cette joie communautaire qui de- vient contagieuse, cet esprit du corps pendant les services communautaires, etc. ont rendu notre séjour non seulement paisible mais aussi un encouragement dans notre cheminement vocationnel. On se croirait devant les auteurs de cette parole : « A ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres » (Jean 13, 35). Oui, nous avons vu et cru. Il nous serait donc ingrat de ne pas dire merci à toute la communauté.

Notre rencontre a débuté dans la matinée du 4 avril par une récollection sur le thème : « gérer ma liberté ». Animé par Georges JACQUES, ce temps de réflexion nous a rappelé la liberté de Jésus qui s’inscrit dans l’obéissance de la volonté de son Père. Depuis l’aube de l’humanité, disait-il, l’homme a de la peine à gérer sa liberté. Loin d’être un cadeau empoisonné de Dieu aux hommes, elle est un grand signe de confiance et de son amour. Etre libre, ce n’est pas faire ce que je veux, mais vouloir ce que je fais, dit-on ! Etre libre, c’est me reconnaître comme un être limité et ainsi faire le choix de la complémentarité dans le respect des différences. A titre personnel, il nous a été rappelé que c’est au cœur de nos limites que s’inscrit notre liberté. Alors, les reconnaître et les aimer semble un atout dans notre vie.

Rencontre des stagiaires de la PEP avec leurs encadreurs à Madrid

Les entretiens

Pas de temps à perdre ! L’après-midi de la même journée était donc dédié à une présentation globale d’abord des secteurs d’Espagne et de France, ensuite de la province d’Europe et enfin au partage de nos expériences apostoliques, lequel partage prendra fin dans l’après-midi du 5 Avril. Temps d’écoute mutuelle, de soutien et d’enrichissement. C’était pour nous un temps fort ! Est-il de merveille plus belle qu’un échange libre, sincère et riche ? Est-il de temps d’encouragement plus touchant que le partage des différentes difficultés dues au changement social, climatique, linguistique pour certains ? Oui, nous nous sentions bien réconfortés par le partage de l’un et de l’autre. Par ailleurs, nous avons aussi parlé de quelques points pratiques en ce qui concerne notre formation. A titre illustratif : le rapport de stage, la déclaration d’intention, la retraite annuelle et les vacances locales.

Notre temps de détente

Le temps de détente n’a pas été mis aux oubliettes. Nous avons eu l’opportunité de visiter la cathédrale de Madrid, le palais royal, le stade Santiago Bernabéu du Real Madrid, et d’une manière particulière le projet des missionnaires d’Afrique, Africa Fundación Sur. En vue de nous féliciter pour ce beau temps vécu ensemble, une soirée dinatoire était au rendez-vous au musée du Jambon.

Visite du stade du Real Madrid

Une joie vécue et partagée avec ses pairs s’intensifie, mais une difficulté vécue et partagée avec ses contemporains s’adoucit, dit-on. Cette  rencontre des stagiaires organisée au sein de la province en notre faveur nous a apporté une grande joie et pleine satisfaction. Nous nous souviendrons de ces expériences de chacun d’entre nous parce que porteurs d’une grande richesse. Nous nous souviendrons de cette confiance qui nous a caractérisés. Nous nous souviendrons des conseils de nos accompagnateurs. Nous nous souviendrons de ce bel accueil dans la communauté. Tout n’a pas été dit, mais au moins tout reste gravé dans nos cœurs. Saint Jean ne dit-il pas : « Jésus a fait encore beaucoup d’autres choses ; si on les rapportait en détail, je ne pense pas que le monde entier pût contenir les livres qu’il faudrait écrire » (Jn 21, 25).

Jonas Yamba, Moses Ariho et Emile Kimembe

Accueil et accompagnement des jeunes confrères (PE n° 1091 – 2018/05)

Une facette de notre vie missionnaire comporte des allées et venues, des bienvenues et des adieux. Entre les arrivées et les départs, nous sommes appelés à construire une communauté, par un style de vie simple, un esprit de fraternité et de partage, une communion de prière et une collaboration apostolique missionnaire. Cette réalité revêt un caractère unique lors de l’arrivée des jeunes confrères dans leur lieu d’apostolat après le serment, et cela non seulement pour les nouveaux arrivés mais aussi pour les confrères qui les reçoivent.

L’accompagnement des jeunes confrères débute bien avant leur arri- vée. Dès l’annonce de leur nomination à une communauté et lieu d’apostolat, il est important de lui souhaiter la bienvenue et lui dire que nous avons hâte de faire connaissance. Il est opportun de lui décrire brièvement les membres de la communauté, le lieu et le type d’apostolat exercé. Ainsi le jeune confrère devient en mesure de partager cette information avec parents et amis. Il se sent bienvenu et déjà des liens commencent à se tisser. Il reçoit le goût de se rendre sur place et de participer à la vie de la communauté et à l’apostolat. De plus cette communication procure un point de départ pour l’insertion du jeune confrère.

Jean Lamonde avec John Biju et Pascal Durant

Souvenons-nous que l’arrivée d’un jeune confrère transforme la com- munauté d’accueil. Celui-ci possède ses propres qualités, ses dons, ses forces ainsi que ses limites et faiblesses. Il n’est pas une pièce nouvelle de rechange et il n’accomplira pas son apostolat exactement comme celui qui vient de partir.

L’accueil des jeunes confrères

Comment accueillir et accompagner un jeune confrère ? Sur quels points insister ?  

D’abord préparer sa chambre et l’accueillir dès les premiers instants. Passer du temps avec lui. Ainsi chacun parle un peu de lui-même, de sa vie, de sa famille et de son apostolat. Ces rencontres sont cruciales pour établir des liens d’amitié et les dynamiques de collaboration missionnaire. Elles aident les membres de la communauté à faire le point sur leur vécu missionnaire (vie de communauté, prière, apostolat et ses priorités, etc.) et à apporter les ajustements nécessaires. Ainsi l’accueil et l’accompagnement d’un jeune confrère fournissent à la communauté l’occasion d’une relecture et d’un renouvellement.  

Cette démarche est exigeante, plus que de répondre : « Ici, ça ne se fait pas comme cela, et tu verras pourquoi plus tard ». Moi aussi, j’ai été accueilli et initié comme jeune confrère et souvent j’ai ressenti le besoin de poser mes questions. Et parfois, la réponse du confrère « expérimenté » était tout simplement : « Je ne sais pas. Je pense qu’en procédant de cette manière, notre témoignage missionnaire sera plus fructueux ». Réponse humble et honnête sans prétention.

Comment former une communauté ?

Ce procédé ne se construit pas automatiquement et la communauté est invitée à prendre les moyens nécessaires pour le mettre et le garder en marche. La prière est le premier moyen car elle nous soude au Sei- gneur et nous unit. Les conseils communautaires hebdomadaires en constituent un bon instrument car ils aident la communauté à formuler clairement un projet communautaire qui tienne compte de toutes les dimensions de notre charisme missionnaire, prière personnelle et communautaire, vie communautaire, apostolat et ses priorités, détente, formation permanente, etc. La tenue du conseil augmente le partage des informations et favorise la confiance et l’estime mutuelle. Il ne s’agit donc pas que de solutionner des problèmes mais bien de bâtir une communauté et une équipe. D’ailleurs les meilleurs conseils communautaires sont ceux menés lorsqu’il n’y a pas de situation urgente à gérer, ni d’événements immédiats à organiser, car ils permettent une discussion en profondeur sur les différents éléments fondamentaux de la mission, sur la mentalité et situation des gens que nous servons, sur les rapports que nous entretenons entre nous-mêmes et avec nos collaborateurs, etc.

La solidarité fait partie de notre style de vie simple et ne se limite pas qu’à renflouer la caisse d’entraide. Elle inclut la disponibilité d’être « dérangé » par le confrère qui veut vérifier quelques mots de sa nouvelle langue de vie ou s’informer sur son apostolat. Un soutien amical en temps de maladie est toujours le bienvenu.  Comme il est bon de s’entendre dire : « Tu es fatigué, repose-toi; aujourd’hui je prends ton safari ».

Mes réflexions

Les premières années de vie missionnaire s’avèrent une expérience fondatrice. Elles renferment suffisamment d’informations au sujet de toutes les dimensions de notre vie (prière, contact avec les gens, vie communautaire, vie apostolique, conseils évangéliques, gérance de la soli- tude, etc.) pour permettre une bonne relecture du vécu missionnaire dès les débuts de notre engagement. Toutes les dynamiques d’engagement et d’évitement, de croissance et de régression s’y sont manifestées. Et comme elles sont encore récentes, il est alors plus facile de les fortifier ou de les rectifier selon les besoins personnels et ceux de la mission. La retraite annuelle et les récollections sont très bénéfiques dans ce cheminement.  

Finalement l’essentiel est que chacun soit heureux dans sa communauté comme homme et comme missionnaire, qu’il puisse mettre joyeusement tous ses dons au service de la mission et qu’il grandisse en fidélité et en amour avec son Seigneur et les personnes qui leur sont confiées et avec qui il vit.  

Jean Lamonde, M.Afr.

L’accompagnement et l’intégration des jeunes confrères (PE n° 1091 – 2018/05)

Le Petit Echo m’a demandé de partager avec les confrères mon expérience dans l’accompagnement et l’intégration des jeunes confrères. Dans cet article, en plus du partage de mon expérience dans ce domaine, j’indiquerai quelques facteurs qui peuvent aider les jeunes confrères à être davantage résilients dans la mission.   

Lorsque j’ai été nommé Assistant provincial de la PAC (province d’Afrique Centrale) de 2009 à 2013, les deux provinciaux (d’abord Emmanuel Ngona, et ensuite Mgr Placide Lubamba) avec qui j’ai eu à collaborer m’avaient confié, entre autres, l’accompagnement des jeunes confrères de la province. Comme équipe provinciale, nous avions fait de l’accompagnement des jeunes confrères une priorité. Nous étions conscients que les premières années de mission après la formation initiale constituaient une transition qui présente certes des opportunités de grandir sur le plan personnel et dans le service de la mission, mais aussi des risques liés aux difficultés à maintenir un juste équilibre entre les exigences du travail pastoral, la vie communautaire, la vie spirituelle, la détente et les relations à l’extérieur de la communauté. De plus, les tensions socio-politiques, l’instabilité et l’insécurité qui prévalait dans les pays de la région (malheureusement, cet état de fait reste encore d’actualité) exigeaient que nous prêtions davantage attention aux jeunes confrères qui arrivaient dans la province.

Lorsqu’un jeune confrère était nommé à la PAC, avant que ce dernier n’arrive dans sa communauté, le provincial ou l’assistant provincial visitait la communauté. Durant une telle visite la question de l’accueil et de l’intégration du jeune confrère était discutée. L’expérience montre que revisiter le projet communautaire à l’arrivée d’un nouveau membre et le fait de tenir des conseils communautaires réguliers sont des moyens très utiles qui favorisent l’intégration aussi bien dans la communauté que dans la pastorale.

D’autres moyens utilisés pour accompagner les jeunes confrères étaient, entre autres, la rencontre des « confrères en premier terme de mission », la session annuelle de formation à l’intention des jeunes confrères, les visites dans les communautés et les communications informelles. Dans cet article, je m’attarderai surtout sur la rencontre des « confrères en premier terme de mission » et la session annuelle de formation à l’intention des jeunes confrères.

La rencontre des « confrères en premier terme de mission » a lieu tous les trois ans. Elle rassemble les confrères en première, deuxième et troisième année de mission. Cette rencontre dure une bonne semaine, et est organisée autour de quatre grands moments.

Le premier grand moment de la rencontre est consacré au partage et à l’écoute des expériences personnelles des participants. Chaque partage était suivi de questions de clarification ou de mots d’encouragement de la part des autres participants. La prière des laudes, des vêpres et l’eucharistie quotidienne sont des moments privilégiés où les expériences partagées sont aussi présentées à Dieu.

Le deuxième grand moment est consacré à l’approfondissement de certains thèmes qui émergent des partages, et qui sont jugés dignes d’intérêt pour le groupe.

Le troisième grand moment est consacré aux visites : visite de quelques lieux d’espérance (paroisses ou centres où des hommes et des femmes travaillent à être des témoins d’espérance auprès des plus démunis et marginalisés) ; visite des communautés des confrères ; et visite à l’Ordinaire du lieu si les circonstances le permettent.

Le quatrième et dernier grand moment de cette rencontre est consacré à l’évaluation de la rencontre. Tout se termine par une sortie de détente.

Si la rencontre des « confrères en premier terme de mission » constitue un moment important, l’accompagnement des jeunes confrères ne saurait se résumer à cette rencontre. C’est ainsi que chaque année, nous organisions une session de formation à l’intention des jeunes confrères de la province. Les confrères qui étaient dans leur premier terme de mission tout comme ceux qui étaient dans leur second terme de mission participaient à cette session qui avait souvent lieu juste après la retraite annuelle. Selon la nature du thème et la disponibilité du facilitateur, la session pouvait durer de trois à cinq jours. L’objectif de ces sessions annuelles était double. D’une part, elles étaient une occasion de formation permanente, et d’autre part elles permettaient aux jeunes confrères de se retrouver, de partager d’une façon informelle leurs expériences, de s’encourager mutuellement ou de se lancer des défis quand il le fallait. Ceci était une forme d’accompagnement qui se faisait entre jeunes confrères. Ma présence durant ces sessions et les rencontres individuelles avec l’un ou l’autre était également une opportunité de cheminer avec eux.

Le premier terme de mission est un moment d’enthousiasme et de ferveur pour le jeune confrère qui, après plus d’une dizaine d’années de cheminement, a enfin l’occasion de vivre pleinement les valeurs évangéliques et missionnaires qu’il a longtemps nourries et mûries durant le temps de la formation. Au même moment, les premières années de mission ont leurs défis qui sont liés, entre autres, au fait d’avoir un nouveau rôle et de nouvelles responsabilités aussi bien dans l’Eglise que dans la société, au fait de ne plus être dans une maison de formation avec des programmes bien établis, au fait de se retrouver dans un nouveau contexte socio-économique et politique, au fait d’apprendre à vivre avec de nouveaux confrères, au fait d’avoir à apprendre la langue du milieu, et j’en passe. Face à tous ces défis, qu’est-ce qui peut aider le jeune confrère à mieux intégrer ces nouvelles expériences ? Il me semble que construire la résilience peut être un début de réponse à cette question.

Qu’est-ce que la résilience ? La résilience se définit comme étant la capacité humaine à affronter l’adversité, à la surmonter, à en tirer les leçons, et mieux, à être transformé par l’adversité. Même si nous avons des niveaux de résilience variés, chaque personne peut développer ses capacités à être résiliente. Voici cinq facteurs (l’ordre ici n’est pas selon leur importance) qui peuvent favoriser la résilience chez les jeunes confrères.

Rencontre des confrères en premier terme de mission à la PAC

Le premier facteur qui peut favoriser la résilience a affaire avec une perception positive de soi. Cela signifie une certaine confiance en soi, une vision positive de soi, la capacité à reconnaître et accepter ses succès personnels, la capacité à valoriser ses expériences positives, la capacité à reconnaître et accepter ses échecs et à se résoudre à apprendre de ses erreurs, et enfin la capacité à savoir être reconnaissant.

Le deuxième facteur qui peut favoriser la résilience concerne la capacité à entretenir des relations interpersonnelles significatives. Des relations saines et significatives nous permettent de partager avec les autres ce que nous vivons (nos joies, nos peines, nos peurs et nos espoirs). De telles relations accroissent aussi notre sens d’appartenance, nous permettent de recevoir des autres et de devenir aussi sensibles aux besoins des autres. Les recherches en psychologie montrent que lorsque les sentiments et les fortes émotions que nous expérimentons ne sont pas partagés avec quelqu’un, le risque est grand de développer des maladies telles que la dépression, d’avoir des comportements autodestructeurs  ou encore de sombrer dans la dépendance à des substances telles que l’alcool. D’où la nécessité d’avoir aussi un accompagnateur avec qui partager ses expériences.

Moment d’action de grâce

Le troisième facteur qui peut promouvoir la résilience chez les jeunes confrères est la vie spirituelle. Ici la prière personnelle et communautaire, la méditation quotidienne et l’ouverture à recevoir et à donner le pardon sont autant d’expériences qui aident à grandir dans l’assurance de la  fidélité de Dieu, même dans les moments les plus troubles.

Le quatrième facteur qui peut favoriser la résilience est l’espérance. L’espérance n’est pas à confondre avec l’optimisme. L’optimisme peut déformer la réalité pour la rendre plus belle et conduire à caresser de faux espoirs qui seront déçus. En revanche l’espérance se base sur ce regard d’amour sur les réalités du monde, à la lumière de la foi. L’espé- rance nous permet d’oser envisager l’avenir avec Dieu quelles que soient les épreuves du présent.

Le cinquième et dernier facteur important dans la construction de la résilience est la capacité à trouver un sens, une cohérence à sa vie. Des motivations extrinsèques dans le ministère telle la recherche du succès, de la célébrité, du pouvoir, d’un certain rôle social ou de l’argent sont illusoires et ne procurent pas la joie et le bonheur recherchés.  En revanche, c’est dans la simplicité, la proximité avec les gens, le don de soi, l’esprit d’humilité et de service que l’on peut toucher la vie des gens auxquels nous sommes envoyés. Pour paraphraser Mère Teresa de Calcutta, « nous ne sommes pas appelés à réussir – nous sommes appelés à être fidèles ».

Visite à Mgr Kaboy, évêque de Goma

En plus de ces facteurs qui peuvent rendre les jeunes confrères davantage résilients dans la mission, il n’est pas superflu de mentionner ici l’importance d’adopter un style de vie qui favorise une meilleure santé en faisant régulièrement des exercices physiques, en ayant une alimentation équilibrée, et en exerçant de la discipline et de la modération dans la consommation de l’alcool ou des boissons trop sucrées.

En guise de conclusion, il me semble évident que l’équipe provinciale et la communauté d’accueil ont un rôle important à jouer dans l’accompagnement et l’intégration d’un jeune confrère. Toutefois, il appartient au jeune confrère d’être davantage responsable de sa vie s’il veut faire de sa vocation missionnaire une expérience significative qui donne vie non seulement à lui, mais également aux personnes auxquelles il est envoyé. Face à l’adversité, le fait d’adopter une posture de victime en blâmant les supérieurs, les autres membres de la communauté ou de tierces personnes n’aide certainement pas à s’en sortir. Dans les moments de crise, la capacité à reconnaître sa part de responsabilité et le courage de demander une aide appropriée afin de pouvoir rebondir signifient aussi être responsable.

Olivier T. Soma, M.Afr.

« Vous n’avez pas le droit de faire une crevaison ! » (PE n° 1091 – 2018/05)

Il y a à peine 2 semaines que je suis revenu d’un tour qui m’a mené au Niger et au Burkina Faso. Pendant près de 4 semaines, j’ai pu visiter près de 9 communautés en compagnie de Luc Kola, le provincial de la PAO. Je me suis alors rendu compte que les membres de notre équipe provinciale de la PAO font beaucoup de chemin et que le boulot ne manque pas. En effet, comme partout ailleurs, dans nos méga-provinces, les distances sont énormes. À la fin de mon séjour, j’ai eu l’occasion de partager avec tous les membres de l’équipe provinciale mes impressions du rapide survol de la partie est de la province. Les premiers mots que je leur ai alors adressés ont été : « Vous n’avez pas le droit de faire une crevaison ! »

Par ces quelques mots, je tenais simplement à leur dire que l’on a besoin d’eux et que l’on apprécie grandement leur travail, mais qu’il est évident que leur charge est lourde et qu’ils doivent prendre soin d’eux- mêmes. Savoir se donner la chance et le temps de refaire le plein, de refaire ses forces est essentiel et une façon concrète de s’aimer soi-même.

Comme nous le lisons dans le Lévitique 19,18 et en Mathieu 19,19 qui fait l’écho à ce même verset du Lévitique, l’amour de soi est lié à l’amour du prochain : « Aimer son prochain comme soi-même ». Donc, pour paraphraser ce verset célèbre je dirais : « Prends soin de ton prochain comme tu prends soin de toi-même ! » Et qui est mon prochain ? La parabole du bon samaritain mais dans cette édition du Petit Écho de mai 2018 nous insistons que, parmi tous les prochains que nous avons, il nous faut porter une attention particulière envers nos jeunes confrères.

Comment s’y prendre ? C’est la question à laquelle nos confrères Jean Lamonde et Olivier Soma répondent en nous donnant nombre d’exemples concrets basés sur leurs expériences personnelles. En bref, ils nous rappellent, tous deux, l’importance de l’hospitalité à l’arrivée d’un nouveau confrère, de savoir prendre le temps de l’écouter, de se parler, de communiquer, bref de s’encourager et de donner au nouveau venu l’espace voulu pour qu’il prenne son envol et, bien sûr, un lieu où il fait bon atterrir, où il fait bon revenir aux moments des repas, de la prière commune et à la fin du jour sachant que l’on pourra se retrouver en communauté pour causer et non pas se retrouver seul dans sa chambre.

En bref, il s’agit d’être heureux dans notre vie missionnaire. Lors de mes études en Inde, j’ai eu l’occasion d’explorer quelque peu ce thème de la joie de vivre. Une joie de vivre qui fait référence au fait d’être intègre et de sentir en soi un bien-être. De mes études, je retiens entre autres un article écrit par deux Salésiens de Don Bosco, les Pères Jose Parappully et Joe Mannath : “Religious and Priestly Formation and Emotional Health”. Ils font mention de trois éléments essentiels sur lesquels toute personne doit veiller afin de maintenir un niveau de satisfaction dans sa vie, quelque soit son âge ou son statut. Ces trois éléments sont le besoin d’être en relation, d’être autonome et d’être compétent ou créatif.

Le premier point, nous rappelle l’importance de communiquer, de s’exprimer, d’écouter. Quant à la communication, nul doute que l’apprentissage de la langue joue un grand rôle. Cet aspect relationnel peut aussi se comprendre comme étant spirituel faisant alors référence à notre relation à Dieu. Pour l’autonomie, il ne s’agit non pas de faire ce que je veux sous l’impulsion du moment mais, tout en étant ancré à mon idéal missionnaire, d’avoir l’opportunité de prendre des décisions, de pouvoir choisir, de pouvoir planifier avec les autres, par exemple, le programme pastoral du mois. Quant à la compétence, il va de soi que nos nombreuses années d’études nous ont remplis de connaissances diverses, mais il importe aussi de développer l’habileté de les communiquer, de les mettre en pratique s’il y a lieu. Donc, accompagner nos jeunes confrères consiste entre autres à s’assurer de leur offrir un contexte leur permettant de nourrir ces trois éléments.

Nul doute qu’en leur offrant des responsabilités, des défis, donc en leur faisant confiance tout en étant présent, on saura leur offrir un milieu propice pour être bien. Certes les défis pastoraux ne manquent pas. Freddy Kyombo nous en fait d’ailleurs part dans son article de ce mois. Il parle du besoin de se laisser interroger par la multiplication des Églises indépendantes tout en sachant reconnaître la vitalité de nos propres paroisses.

Bien entendu, il est important que l’on regarde tous dans la même direction, c’est-à-dire avoir à cœur de regarder le Christ, d’être à son écoute et discerner ensemble la teneur de nos engagements pastoraux. Bref, tel que mentionné dans nos Actes capitulaires de 2016 : « Que tous les membres de la communauté veillent à témoigner les uns envers les autres d’une vie spirituelle personnelle et communautaire pour un enrichissement mutuel » (p. 44). Et comme le dit si bien Luc Kola : « Pas de prière, pas d’accompagnement, droit dans le mur ! » Oui, le mission- naire est avant tout un homme de prière.

Nous avons un exemple de cet enrichissement mutuel dans la vie de nombreux confrères qui ont su tout donner. L’exemple de notre premier Frère ougandais, Léon Lwanga, dont la vie nous est brièvement partagée dans ce numéro du Petit Écho, en est un de plus qui ne manque pas de nous inspirer. Que cette même ardeur qui a habité le Frère Léon, une ardeur que lui a communiquée Mgr Livinhac, puisse aussi nous envahir toujours plus. L’ardeur de découvrir toujours davantage le Christ et d’être ses témoins.

En laissant ce feu de l’ardeur nous envahir, ce feu de l’Esprit, souhaitons que l’on puisse alors éviter toute forme de crevaison et unir  nos forces en communauté de trois avec celle de l’Esprit pour avancer en 4 x 4, chaussé de bons pneus, sur la route de la mission du Christ.

Bonne route à tous !

 

 

 

 

Martin Grenier,
Assistant général

Mot du rédacteur (PE n°1091 – 2018/05)

« L’accompagnement des jeunes confrères » est le thème de ce présent numéro. La rédaction s’est intéressé à l’accueil leur réservé dans les communautés où ils sont nommés. Les expériences des premières années dans le ministère des jeunes confrères sont très déterminantes. C’est l’un des facteurs qui peut soit stimuler, décourager ou détourner le jeune apôtre.

Le jeune confrère n’est pas un « terrain vide » ; le Seigneur y a fait quelques travaux, déjà dans son milieu d’origine, durant sa vie scolaire, pendant sa formation missionnaire et aussi par d’autres expériences de la vie. En l’accueillant, nous entrons dans une dy- namique du « donner et recevoir ». « Tout homme est une histoire sacrée, l’homme est à l’image de Dieu ».

S’il arrive que le jeune confrère nécessite une attention plus particulière concernant sa vie, sa santé ou son apostolat, ce sont d’abord les membres de sa communauté qui doivent se montrer proches et l’orienter vers ce qui peut mieux l’aider.

Le Chapitre nous a fait comprendre que s’occuper de nos jeunes confrères est le meilleur moyen d’assurer l’avenir de notre petite Société.  

Freddy Kyombo

La vidéo du Pape de Juin 2018 – Les réseaux sociaux

Session Communication à Rome

Voici l’évaluation d’un des participants à la Session sur les Communications qui vient d’avoir lieu à Rome du 27 mai au 2 juin 2018. Le texte a été raccourci et adapté pour cet article.

Récemment, je suis tombé sur un statut WhatsApp qui disait: «Mon patron est un menuisier juif.» Cela m’a vraiment touché. Cela m’a fait réfléchir sur la manière par laquelle Jésus, simple charpentier juif, a réussi à attirer de grandes foules. Son message est encore aujourd’hui si puissant qu’il compte 1,2 milliard de fidèles dans le monde. M’interrogeant  sur ce qui a fait de lui un prédicateur aussi célèbre, j’ai découvert que son message Continue reading “Session Communication à Rome”

AMS – Mission Letter – June 2018 (en anglais)