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Financement pour la Mission

FINANCEMENT POUR LA MISSION

UNE FORMATION SUR LA GESTION DE PROJET
À NAMUGONGO / OUGANDA

Introduction

Du 15 au 26 octobre 2017, la Société des Missionnaires d’Afrique a organisé une formation sur la gestion de projet pour les provinces de SAP, EAP, Ghana / Nigeria et les sections de EPO et SOA à Namugongo, Ouganda. Vingt-six (26) confrères ont participé à la session. Les facilitateurs étaient Richard Bock et Claudia Grot d’Allemagne, Tony Baaladong notre trésorier général et PJ Cassidy d’Irlande. Bien que la formation portait sur la gestion de projet, l’accent était davantage mis sur les PGR (projets générateurs de revenus) car il s’agit d’un nouveau domaine dans lequel la Société se lance.

 
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Mais pourquoi donc se former à la gestion de projet?

« Nous sommes des apôtres et rien que des apôtres ». Mais nous savons très bien que pour réaliser nos œuvres apostoliques en tant que missionnaires, nous avons besoin de fonds. Bien sûr, ces fonds peuvent provenir de différentes sources telles que les bienfaiteurs, les pensions des confrères, les paroisses et d’autres ministères, de collectes spéciales et d’autres agences de financement. Mais la réalité sur le terrain nous montre que ces méthodes traditionnelles de collecte de fonds ne suffisent plus et nous devons donc être plus créatifs et inventifs pour trouver de nouvelles façons de collecter des fonds pour la mission. C’est pourquoi l’idée des PGR est apparue, que nous devons prendre au sérieux et cela nécessite des compétences en gestion de projet.

Compte tenu des leçons dures et amères d’un passé récent dans certains projets, il devient impératif qu’en tant que Société, nous ayons les compétences et l’accompagnement nécessaires à la gestion de projet. Nous avons besoin de ces compétences pour passer de la façon traditionnelle de faire les choses à une façon plus professionnelle et responsable de faire les choses. Cela signifie que nous avons besoin de lignes directrices et c’est pourquoi la Société a élaboré une brochure contenant ces lignes directrices pour les projets générateurs de revenus (PGR). Lors de notre formation à Namugongo, nous avons parcouru le livret afin de comprendre ces lignes directrices et de les appliquer aux différents contextes de chaque province et section.

Il est évident que les PGR constituent un tout nouveau domaine pour la Société des Missionnaires d’Afrique et c’est pourquoi il faut considérer tous les aspects d’un projet avant sa mise en œuvre, en identifier les risques, savoir comment le gérer, comment en évaluer la qualité et comment suivre les procédures courantes.

Comment s’y prendre alors pour les PGR?

Afin de se lancer dans les PGR, l’un des moyens discutés à Namugongo est d’établir ce qu’on appelle des Comités de Développement (CD) au niveau de chaque province et secteur. De cette manière, tout projet potentiel des Missionnaires d’Afrique devra être étudié et scruté par le Comité de Développement au niveau sectoriel et provincial avant d’être envoyé à Rome ou aux donateurs.

Il a également été estimé qu’il était nécessaire d’avoir un coordinateur au développement au niveau de la Société qui superviserait la collecte de fonds pour les projets de développement et de pastorale des confrères. Il serait aussi la personne qui ferait le lien entre les donateurs et les provinces et les secteurs et aiderait au suivi des projets de la Société.

Un autre élément important est qu’à chaque étape du projet (de la conception à la mise en œuvre et à l’exploitation), il doit y avoir un travail d’équipe et un esprit de collaboration. Nous passons d’une mentalité de « l’homme qui fait tout, tout seul » à un travail de groupe ou d’équipe. La Société ne tolèrera plus les projets individuels ou personnels. Nous devons faire des projets en tant que communauté et, de cette façon, nous pouvons être sûrs qu’il y aura une appropriation collective à long terme avec plus de transparence et de responsabilité. La communication et l’esprit de dialogue au sein de la communauté, du secteur et de la province et avec les différentes parties prenantes sont essentiels.

L’autre élément est que pour toute PGR, les nouvelles directives de gestion de projet doivent être strictement appliquées. Elles sont là pour nous aider à chaque étape du projet (document de conception initial, « Feu vert pour le plan », « Feu vert pour le projet », mise en œuvre, fonctionnement, suivi & évaluation, etc.).

Que gagnerons-nous à appliquer ces nouvelles lignes directrices sur les PGR ?

Lorsque les nouvelles directives sont bien appliquées à tous les projets générateurs de revenus, il ne fait aucun doute qu’il y aura une meilleure mise en œuvre du projet: différents niveaux de prise de décision seront impliqués et cela réduira les risques, il y aura plus de collaboration et de travail d’équipe, de propriété collective et de communication, il y aura aussi plus de conformité aux lois et règlements en fonction de chaque contexte. Nous avons donc intérêt à appliquer ces nouvelles lignes directrices si nous voulons aller de l’avant et éviter de tomber dans les expériences amères et difficiles que nous avons connues dans certaines provinces au cours des dernières années.

Conclusion

Comme nous le dit Luc l’évangéliste: « En effet, si l’un de vous veut bâtir une tour, est-ce qu’il ne prend pas d’abord le temps de s’asseoir pour calculer ce qu’elle lui coûtera et de vérifier s’il a les moyens de mener son entreprise à bonne fin? Sans quoi, s’il n’arrive pas à terminer sa construction après avoir posé les fondations, il risque d’être la risée de tous les témoins de son échec. » (Luc 14, 28-29). C’est l’esprit qui sous-tend les directives pour la gestion de projet. Si nous les appliquons, nous avons de grandes chances de réussir. Ainsi, chacun est encouragé à étudier les nouvelles lignes directrices sur les PGR et à travailler avec les CD (Comités de développement) à tous les niveaux (que ce soit le secteur ou la province) pour le succès de nos projets.

Bonaventure BWANAKWERI. M.Afr
et Paul REILLY, M.Afr

n.b.: La traduction de l’anglais a été faite très rapidement par le Webmaster avec l’aide de Google Traduction. Elle ne se veut pas être une oeuvre littéraire mais juste un service à ceux qui ne comprendraient pas la langue originale de l’article. Soyez donc indulgents.

Nos confrères décédés à Rome

Plusieurs membres de la communauté de la maison généralice ont célébré le Jour des Morts, le deux novembre, au cimetière de Verano à Rome.

Sous la chapelle se trouvent les tombeaux de plusieurs confrères. Le caveau est partagé avec plusieurs congrégations religieuses. Ainsi, lors de la célébration, plusieurs religieuses ont aussi commémoré leur défunts avec nous.

Mgr Toulotte Anatole +1907
P. Delpuch Antoine +1936
P. Burtin Louis +1942
P. Lans Michel +1947
P. Liebsch Alexis +1949

P. Cottino Giovanni +1959
P. Arnoux Alexandre +1959
P. Rivière Jean-Baptiste +1959
P. Magnin Jean-Gabriel +1977
P. Robinson John Metcal +1980

P. Murphy Donald +1981
P. Lachance Gérald +1984
P. Garon Arnaud +1989
P. Lamey René Xavier +1993
P. Guérin Christian +1993

P. Kaufmann Leonhard +1995
P. Renault François ,+1996
P. Voet Jan +1996
P. Delbé Gérald +1999
Mgr Duprey Pierre +2007

 
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Journée mondiale des pauvres

19 novembre : Journée mondiale des pauvres

« N’aimons pas en paroles, mais par des actes »

Fixée au 33ème dimanche du temps ordinaire, la première édition aura lieu le 19 novembre prochain. La Journée Mondiale des Pauvres est une invitation à vivre et à dynamiser une charité inventive dans les communautés et associations. Elle nous appelle aussi à plus de justice.

« Ce sera une journée qui aidera les communautés et chaque baptisé à réfléchir sur la manière dont la pauvreté est au cœur de l’Évangile et sur le fait que, tant que Lazare git à la porte de notre maison (cf. Lc 16,19-21), il ne pourra y avoir ni justice ni de paix sociale. Cette Journée constituera aussi une authentique forme de nouvelle évangélisation (cf. Mt 11,5) par laquelle se renouvellera le visage de l’Église dans son action continuelle de conversion pastorale pour être témoin de la miséricorde. » (Misericordia et misera, n°21). La Charité que nous sommes appelés à vivre doit être contagieuse. « Je souhaite que les communautés chrétiennes, (…) œuvrent pour créer de nombreux moments de rencontre et d’amitié, de solidarité et d’aide concrète », écrit Pape Francois dans son message « N’aimons pas en paroles, mais par des actes ».

Voici les documents :

www.pcpne.va/content/dam/pcpne/pdf/giornata-poveri/GiornataPoveri_FR.pdf

Marche contre la traite des femmes

Notre confrère italien Pino Locati, avec son Groupe « La Strada di Arcene », ont marché pendant cinq jours sur la Via Francigena pour attirer l’attention sur et protester contre la traîte des femmes (surtout africaines) en Italie.

18 octobre : Viterbo – Vetralla : 18 kms
19 octobre : Vetralla – Sutri : 24 kms
20 octobre : Sutri – Campagnano : 27 kms
21 octobre : Campagnano – La Storta : 24 kms
22 octobre : La Storta – Rome : 19 kms

Au total : 112 kms

 
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Jean-Marie Provost, R.I.P.

Le Père Patrick Bataille, Délégué Provincial du secteur de France,
vous fait part du retour au Seigneur du Père

Jean-Marie Provost

le mardi 31 octobre 2017 à Billère (Pau – France)
à l’âge de 95 ans dont 67 ans de vie missionnaire
au Ghana et en France.

Prions pour lui et pour ceux qui lui étaient chers.

Continue reading “Jean-Marie Provost, R.I.P.”

Intention du Pape

NOVEMBRE : Témoigner de l’Évangile en Asie

Pour les chrétiens d’Asie afin qu’en témoignant de l’Évangile par la parole et l’action, ils favorisent le dialogue, la paix et la compréhension réciproque, particulièrement avec les membres d’autres religions.

Continue reading “Intention du Pape”

Combat d’un père blanc en faveur des victimes d’abus sexuels

« En République Démocratique du Congo, de nombreuses femmes subissent des agressions sexuelles. Le père Bernard Ugeux, de la congrégation des Missionnaires d’Afrique (Pères blancs) mène un combat sans relâche pour les aider à se reconstruire… »

https://africa.la-croix.com/rd-congo-combat-dun-pere-blanc-faveur-victimes-dabus-sexuels/

Contribution de Marien van den Eijnden au «Musée virtuel» (PE n° 1084)

Objets significatifs de notre vie missionnaire

Dans le Petit Echo n° 1081, l’on vous proposait d’envoyer des récits concernant les objets insolites que vous auriez rencontrés, voir utilisés, pendant votre vie missionnaire. Voici la contribution d’un premier confrère, Marien van den Eijnden. 

Partageras-tu, toi-aussi tes souvenirs … et tes photos ?

Caisse chapelle épiscopale pour la messe

Quand je suis arrivé au diocèse de Kigoma, en Tanzanie, en novembre 1966, j’ai informé les confrères que je n’avais pas de caisse chapelle. L’évêque émérite Jan van Sambeek (+ 25.12.1966) m’a donné celle de l’évêque Birraux (1884-1947) qui avait quitté le diocèse pour devenir notre Supérieur général. J’ai été frappé par sa simplicité. C’était une valise en bois rectangulaire, contenant une aube à dentelle, une chasuble tridentine usagée (en Hollande on appelle cela un « étui en violon ») que j’ai remplacé par une chasuble fabriquée en matériel local «khanga» et un calice en argent d’une douzaine de centimètres de hauteur ; il n’y avait aucune dalmatique épiscopale, ni des souliers de couleur liturgique ! Je l’attachais sur ma moto Honda-150 avec des vieilles chambres à air qu’on pouvait trouver au marché. Mais après quelques années sur nos routes et chemins cahoteux, la valise s’est désintégrée. L’évêque de l’époque, Mgr Holmes-Siedle (+1995), a bien voulu me donner son panier rectangulaire en osier, ce qui était tout à fait symbolique pour l’Eucharistie ! Cela m’a servi de façon célèbre jusqu’à mon départ de la Tanzanie en 2006, à l’exception de la poignée d’osier que j’ai remplacée par une vieille ceinture en cuir. J’ai remis le calice en argent à la communauté de Dar-es-Salaam, en spécifiant qu’il avait appartenu à Mgr Birraux.

Pinces à combinaison avec des griffes pour hacher la viande

Des confrères âgés résidaient habituellement au presbytère de Ndala dans l’archidiocèse de Tabora, en Tanzanie, puisqu’il était voisin de l’hôpital diocésain. Avant la venue des prothèses dentaires (en Swahili «meno ya duka» = les dents d’un magasin), ces confrères avaient du mal à manger de la viande. En plus du couteau et de la fourchette, ils avaient fabriqué un dispositif intelligent pour hacher la viande : une espèce de pince combinée avec des griffes travaillant comme des doigts croisés ! Durant l’une de mes visites à la communauté, j’ai vu quelqu’un l’utiliser.

Dans les années 2000, lorsque je vivais à la paroisse de Kaliua dans ce même diocèse, j’ai dû faire extraire mes molaires. Je me suis souvenu de ce dispositif spécial de Ndala. Je suis allé demander aux confrères résidents s’ils pouvaient m’en trouver un. Ils n’utilisaient plus ce genre de hachoir mais j’étais bienvenu dans leur grenier où les pièces de musée les plus extraordinaires étaient conservées ! Malheureusement, aucune pince avec des broches !

« Arbre de Noël en métal »

Quand j’ai visité pour la première fois, dans les années 60, la communauté des M. Afr. à Dar-es-Salaam, en Tanzanie, «Atiman House», j’ai vu dans la cour une sorte de sapin de Noël en métal. Je me demandais à quoi cela pouvait servir. Il mesurait environ 1 m 50 de haut et comportait une cinquantaine de branches ascendantes.

Les confrères m’ont expliqué qu’on l’utilisait pour égoutter les bouteilles de vin après avoir les avoir nettoyées et rincées, mais on l’utilisait maintenant rarement. Cette communauté était la procure et on importait le vin de messe et le vin de table du Nord du pays. En plus des bouteilles individuelles, on utilisait aussi des bouteilles d’environ 20 litres entourées d’un panier en osier « damjan » (dame-jeanne). On a utilisé par la suite des récipients de 100 litres dans les différents diocèses.

Marien van den Eijnden, M.Afr.
Heythuysen (Nederland)

Lectures (PE n° 1084)

Alphonse BORRAS,
Quand LES PRETRES viennent à manquer,
Repères théologiques et canoniques en temps de précarité,
Médiaspaul 2017 – 203 pages – 17 €

Avec ce livre, Alphonse Borras, prêtre belge du diocèse de Liège, nous invite à un regard lucide sur le manque de prêtres au service des communautés chrétiennes. Pour lui, il ne faudrait pas stigmatiser ce manque. Car cela a été et est toujours encore une caractéristique permanente de notre Eglise. Face à la grandeur sans limite de l’amour de Dieu, nous serons toujours « en manque ». Et c’est « du cœur de ce manque qu’il nous faut communiquer l’Evangile. » (p.12) Il nous faut donc habiter ce manque qui est une interpellation pour notre foi, un chemin vers une spiritualité pascale pour traverser et assumer la situation.

Comment habiter ce manque ? Nous le savons, il nous faut des prêtres. Mais pour quelle mission ? demande l’auteur avec insistance (p. 47 et 194) S’agira-t-il d’attribuer des compétences qui permettront à d’autres de conférer les sacrements ? (p.43) L’auteur répond à cette question dans son chapitre 2, sur les repères théologiques. Il nous invite à ne pas considérer la prêtrise comme une fonction au service de la communauté mais comme un « être, une existence ». Nous sommes face à un sacerdoce d’existence plus radical qu’un sacerdoce de fonction (p.61). Le prêtre et tout ministre ordonné « représentent l’apostolicité du ministère ». Et c’est le curé qui peut inscrire ministères et services (des laïcs) dans l’apostolicité de l’Eglise (p. 81 & 92). Nous devons éviter une « dérive fonctionnaliste de communautés obnubilés par leur survie (p.88). Toute communauté doit vivre le mystère pascal, par « de nouvelles naissance ou renaissance dans la foi » (p. 90)

L’Eglise étant là où sont les baptisés, la paroisse est là où sont les paroissiens ! (p.64) mais nous devons le reconnaître, il y a une crise de la paroisse (p.104). Cependant, si la paroisse de type rural est en déclin, il y a d’autres réalités ecclésiales qui émergent, de nouvelles communautés qui se forment et qui peuvent devenir d’authentiques lieux d’Eglise (p.100 & 108). Il nous faut donc articuler une véritable communion entre ces différentes réalités, non pas en vue d’une administration plus efficace mais pour un meilleur rayonnement et vitalité de chacune de ces communautés. (p.110)

Le chapitre 4 veut envisager les cas de « précarité absolue en prêtres ». L’auteur nous lance alors un avertissement solennel : « Attention au risque de désacramentalisation de la direction ou de la conduite de l’Eglise » ou encore « l’érosion de la compréhension sacramentelle du ministère de présidence » (p.159). Pour pallier à ces éventualités, il envisage alors des solutions possibles :

Appel à des prêtres venus d’ailleurs. En une dizaine de pages, il souligne les problèmes éventuels que pourraient rencontrer les communautés locales, comme les prêtres allochtones. Parmi ceux-ci, il note : l’attention à la mémoire de l’Eglise locale, l’esprit démocratique, l’unité du presbyterium. L’auteur touche un peu trop brièvement un point important qui aurait besoin d’approfondissement. On pourra déjà consulter avec profit le « Document Episcopat n.1/2 – 2017 », intitulé ‘Les prêtres venus d’autres pays – typologies et enjeux’.

Une autre solution serait l’ordination des « viri probati » parmi lesquels les diacres permanents ont déjà une place de choix. Ceux-ci ont une triple fonction : Parole – Liturgie – Charité. En tant que tel, ils ne sont pas ordonnés comme Berger. Si donc on leur demande de prendre en charge la pastorale, il serait mieux de les ordonner prêtres. Il nous faut prendre garde de ce que l’auteur nomme « l’attraction de l’autel » qui nous ferait regarder les diacres comme des prêtres incomplets (p.175).

Concernant les « viri probati » non déjà diacre, on pourrait abolir le célibat ; mais souligne l’auteur « faudrait-il voir si tout le recommande ». Cela pourrait créer un préjudice à l’unité de l’Eglise, ce serait brader ou rejeter un acquis précieux. On peut alors admettre qu’il ne serait ni heureux ni opportun de remettre en cause la discipline commune (p.184). Malgré tout, en réponse aux besoins de l’Eglise (et non aux requêtes personnelles) on pourrait admettre des exceptions s’il y a urgente nécessité et évidente utilité (p. 185).

Alphonse Borras n’apporte pas de solutions précises. Mais il nous présente des éléments de réflexions en vue d’une solution. En cela, la lecture de son livre est très éclairante et fructueuse. Il nous interpelle dans notre foi. Il interpelle aussi plus spécialement les congrégations missionnaires qui peuvent contribuer à un meilleur accueil de ces « prêtres venus d’ailleurs » (ou d’autres pays) qui ne devront jamais être des « bouche-trous » ou des supplétifs mais de véritables partenaires dans un témoignage sacerdotal commun.

La conclusion du livre (p. 201 à 205) nous oriente vers l’avenir :

  • « Avec peu ou pas de prêtres, qui soutiendra l’élan missionnaire des catholiques ? – Il est difficile, éprouvant d’habiter le présent – Le futur est de soi à venir – Il nous sera donné en son temps. »
  • « La foi est un acte de confiance sans cesse à reprendre – Avoir le courage de l’avenir. »

Gilles Mathorel, M.Afr.

Spiritualité intégrale (PE n° 1084)

1. Une approche personnelle

Un des derniers ‘Petit Echo’ n° 1077 (2017/01) se centrait sur le thème : Spiritualité. Introduit de façon profonde et globale par Francis Barnes : « … la spiritualité est ce désir de vivre plus authentiquement, de façon plus responsable et plus à fond la foi… un cheminement de toute une vie pour approfondir notre relation avec Dieu… fondée sur la personne de Jésus et l’appel de l’Evangile à aimer… C’est une addiction à vivre notre vie à un niveau plus profond, parce que tout ce qui est authentique est situé profondément en nous, et notre éveil à cette authenticité est notre éveil à la vie en Jésus Christ… » (p.3-5). Vision qui se prête à être creusée… et vécue, bien sûr.

Mais je n’ai plus compris quand John Itaru écrit « Nous sommes appellés à être des hommes de prière » (p. 11). C’est vrai. Mais si la prière est « devenue le ‘centre de gravité’ et le point central de ma vie missionnaire » (p. 12), pour lui, l’est-elle pour tous ? Je ne comprends pas Prosper Mbusa craignant que « le candidat… n’expérimente pas l’importance et la centralité de la prière dans sa vie chrétienne comme dans sa vocation missionnaire… » (p. 20). Ni « Ma première tâche de missionnaire : la prière » de Pierre Petitfour (p. 21-25), mais que signifie « première » ? Il se pourrait qu’aux yeux du Seigneur sa présence assidue aux malades soit « première », qui sait ? J’incline davantage vers ’le secret’ (p. 26) de Joël Ouédraogo, quand poétiquement il écoute ‘la voix du Seigneur qui murmure toujours à nos oreilles’ (p. 27) et quand apostoliquement il joint prière à activité et activité à partir de la prière ‘la méditation personnelle nous aide à discerner la volonté de Dieu dans nos activités pastorales et à leur donner sens, (p. 28).

Ces confrères partagent avec nous ce qui fait « la vie de leur vie ». Je les en remercie et de tout cœur j’admire leur existence tout en service. A la fois, je m’étonne de leur singulière accentuation de la prière dans la vie spirituelle. La vie est première, pas la prière. Même si la prière a sa place évidente dans une vie de foi.

Mais il se peut que je comprenne mal, que je m’exprime mal : je ne saisis d’aucune manière qu’un numéro dédié à la spiritualité (p. 2) commence, après une introduction toute en largeur, par cinq articles centrés sur la prière. Dans notre revue officielle de la Société, est-ce la vision officielle de la Société : ramener en premier lieu la ‘spiritualité’ à la ‘prière’ ou la centrer sur elle ?

J’avais déjà des soupçons après la post-capitulaire PEP où la brochure-résumé traite en premier lieu de spiritualité (p. 4) et propose à ce sujet 1/ les écrits du Cardinal 2/ élargir la vie de prière 3/ avoir un guide spirituel 4/ organiser des retraites communes et 5/ des récollections. Basta !

Cela me fait mal au cœur quand on ramène notre spiritualité ou, si l’on veut, notre vie spirituelle à la vie de prière. Evidemment, je ne pourrais être ‘spirituel’ sans prier, mais je ne prie pas – pas moi ! – du matin au soir. Evidemment, il me faut être ‘spirituel’ du matin au soir, à travers mon apostolat et mes contacts multiples, à travers tout ce qui me mange, me stimule, tout ce qui sourd du plus profond de moi-même et pourrait, devrait, exprimer le Visage de Jésus.

Ce que le mot spiritualité évoque en moi, en premier lieu, ce n’est pas la prière, mais : l’élan en moi, l’allant pour aller chez les gens, pour leur être proche, celles/ceux à qui j’étais envoyé par l’évêque et/ou la Société. Mais aussi par choix personnel, p.ex. à Kigali de 1971 à 1986 quand rattaché à la paroisse cathédrale, j’avais cherché un job auprès des élèves de l’Ecole d’Infirmiers, du Collège Officiel, des Ecoles Belge et Française, milieux plutôt non-chrétiens.

Et depuis, de 1986 à 1998, à la paroisse St-Antoine à Bruxelles (quartier gare du Midi) : proximité aux petites gens ; catéchuménat des adultes ; pastorale des milieux défavorisés, CEFOC Centre de formation Cardijn (théologie pour et à partir du Quart-Monde). Plus tard, comme curé à Wezembeek, auprès des personnes âgées dans les hômes, – « les Réserves » je les appelle, comme pour les Indiens en USA – les sans-voix, les hors-circuit, les à-peine-respectés.

En tout cela, plutôt que de porter une charge, je me sentais porté par cette tâche, porté par la conscience d’être envoyé, après avoir reçu, reçu gratuitement, la vie, encore à chaque seconde, et tout ce qui, dans ma vie personnelle, fut positif, constructeur, épanouissant. En famille, chez les P.B., au fil des années dans des situations où des liens se nouèrent, où le « fil rouge » de mon existence se fit jour (retraite Kigali 1985), où en 1972 je vis autrement ma prière.

Il faut que je raconte : chez les bénédictines, à Kigufi au bord du lac Kivu, je me dis que ‘réciter’ seul le bréviaire avait peu de sens… puisque sa structure même suppose d’être à plusieurs. Je décidai : « Terminé, le bréviaire seul. Mais sois sérieux, Lambert : prie 1 h chaque jour ». Ce que j’ai fait. Ce que je fais (souvent en tournant autour de la fontaine du parc proche, ici à Bruxelles). Je me rends compte, actuellement, qu’à travers la prière, les récollections, les retraites d’une part, et d’autre part, à travers les contacts, les conversations avec les gens, croyants non-croyants, ainsi qu’à travers joies et peines, succès et échecs, humiliations et louanges, je fus habité par l’Esprit, illuminé, guidé, rappelé. Rendu fort aussi aux moments durs, pleinement à la tâche jusqu’à mes 85 ans (puis une AIT, Attaque Ischémique Transitoire). Cherchant tout le temps comment parler aux gens un langage d’aujourd’hui, comment leur proposer un évangile, une foi qui ne soit pas un amalgame d’impossibilités, comment souder aux évènements qu’ils vivent, aux situations dont ils sont témoins une attitude de ‘reconnaissance’ soit du don que le Seigneur leur fait, soit de l’appel qu’Il leur lance.

La spiritualité n’est-elle pas immensément plus large, plus profonde, plus envahissante que ‘la prière’ puisqu’il s’agit de l’envahissement des sentiments, d’un esprit, d’un cœur, oui, de l’emprise de toute la personne accueillante par l’Esprit de Dieu ? A l’image de ce que Jésus a vécu à son baptême et, exactement la même chose, ce que l’Eglise naissante a vécu à la Pentecôte. N’est-ce pas de là, de cet intérieur habité, visité de tous les vents « venant d’où ? allant où ? », brûlant du désir de parler, transmettre, que vient l’élan, l’allant du croyant ?

La spiritualité, n’est-elle pas, avant d’être attitude ‘humaine’, pur don d’Esprit-se-communiquant à qui, sans cesse, a faim a soif de Vie, oui, de vie débordante… ?

Spirit-ualité…. laisser l’Esprit m’envahir de plus en plus, me transformer de plus en plus, me rendre écho de plus en plus, le laisser me remplir à déborder littéralement sur les autres.

Spiritualité… au fond, n’est-ce pas « être missionnaire à fond » ? Comme je l’ai écrit dans mon texte ‘La/Le Missionnaire’ (Texte écrit en 2009. Aujourd’hui, je suis moins sûr quant à l’authentique identité de la/du missionnaire). Notre être profond, ne devrait-il pas être orienté par une vision qui vient non pas du provincial (dans tel ou tel contexte) ni de Rome, mais par une vision à partir de ceux auxquels nous sommes envoyés, auxquels nous avons affaire, une vision à partir de la périphérie ? Quelle conversion !

Je ne veux pas simplifier les choses, mais nous sommes bien d’accord : la spiritualité de St François d’Assise n’est pas sa prière. La spiritualité de St Ignace n’est pas sa prière. La spiritualité de Ste Thérèse de Lisieux n’est pas sa prière. Ma spiritualité n’est pas de prier (peut-être est-il temps à mon âge de m’y consacrer davantage), mais de me donner (comme des centaines de confrères le font) selon les besoins des personnes. De m’engager, d’être présent où il faut, de combattre où il faut, de consoler où il faut. En vue de l’Eglise ? non ! En vue du Royaume de Dieu ? oui, c-à-d ce que j’appellerais volontiers ‘le Rêve de Dieu’ sur une humanité plus filiale et plus fraternelle.

Alors, j’écris… ces bêtises, ces vantardises ? Que non, très petitement j’exprime mon désaccord du dedans. C’est trop important pour ne pas en parler. La Société met en avant sa spiritualité en deux textes denses (Actes Capitulaires, p. 19 dernier § et p. 20 premier §). Quant au reste, quelle tristesse, cela n’inspire guère. Il est grand temps de constituer ‘la petite équipe’ appelée à expliciter ‘les valeurs-clés de notre charisme concernant la spiritualité, la communauté et la mission’ (p. 20).

2. Approche plus globale

Jusqu’à présent, je parlais à partir de mon expérience personnelle. J’en ajoute une qui fut plutôt communautaire. La veille du carême 2017 – façon d’y entrer – nous avons fait récollection avec Mme Monique FOKET, prof. émérite de théologie à l’Université de Louvain la Neuve. La matinée, nous avons eu son exégèse des trois tentations de Jésus au désert. L’après-midi, ce fut un exposé  « La spiritualité est une relation : elle concerne toute la personne ». Je reprends quelques-unes de ses considérations :

L’identité chrétienne propose un être humain fait de plusieurs dimensions : le sentir, le réfléchir et l’agir. Il y a d’autres dimensions, mais dont on ne peut rien dire, qui sont en dehors d’une analyse possible, c’est tout le thème du subconscient, de l’inconscient, des rêves et aussi des évènements indépendants de moi : je me casse la jambe en descendant de l’estrade ; il y a des choses qui arrivent et je ne peux pas bouger. Mais toute pédagogie correcte, qui est le reflet du respect de l’identité chrétienne, va rejoindre les gens dans toutes ces dimensions.

1° dimension : toute la partie affective. Il est important de sentir que c’est bon d’être chrétien, sentir que ça vaut la peine. Les 5 sens sont impliqués et tous les sentiments ; mais apprendre à sentir «bien», c’est ne pas plonger d’abord et tout de suite dans l’immédiat.

2° dimension : la réflexion. La dimension de réflexion, c’est ce qui donne du fondement; mais cela doit toujours être ouvert parce que ce que je dis maintenant vaut maintenant et ne vaudra peut-être plus dans un an, ni dans 20 ans. Cette capacité de fonder des repères d’une part et d’ouverture d’autre part, c’est un travail de la raison. Réfléchir, c’est toujours fournir une base, une information et ouvrir : «on peut encore faire autrement» ou «il y a encore d’autres manières de voir».

3° dimension : agir, une action intérieure sur moi-même, je me transforme, et une action extérieure : comment agir et mettre en œuvre ce que je suis avec les autres et au service de tous ?

Cet ensemble est une anthropologie qu’on trouve beaucoup chez les mystiques parce qu’ils vivent la relation à Dieu dans toutes ses dimensions. Chacune de ces dimensions passe par sa propre «nuit»: celle des sens, celle de l’intelligence et celle de l’action. Ces passages «à vide» font partie de la relation à Dieu. Cfr FORUM Pédagogies, janvier 1999.

3. Approche de AEFJN

Voir son Echo 36 du 6 mai 2017 : Réformer la spiritualité chrétienne pour justice, paix et intégrité de la création durables.

En conclusion, je voudrais renvoyer au premier commandement : « … Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée et de toute ta force… » (Mc 12, 30). Je comprends : à partir de tes cinq sens et de ton émotivité, en passant par la recherche de ton intelligence (et de ta foi), tu passeras à l’action selon l’ardeur qui est en toi. Tout ton être y est engagé. A ma surprise, je retrouve cela dans les paroles du cardinal Cardijn voir-juger-agir. Et ne suis pas étonné d’en trouver de multiples échos chez le Cardinal Lavigerie.

Fernand LAMBERT, M.Afr.