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21 mai dans la vie de Charles Cardinal Lavigerie

20 mai dans la vie de Charles Cardinal Lavigerie

19 mai dans la vie de Charles Cardinal Lavigerie

Une vie de témoignage à travers le dialogue et la fraternité dans la diversité à Tunis

La Tunisie, à la croisée de la Méditerranée et de l’Afrique du Nord, est un pays riche en histoire et en diversité culturelle. Sa capitale, Tunis, où je vis depuis presque trois ans, est un véritable carrefour cosmopolite qui favorise les échanges culturels et interreligieux. En parcourant ses rues, on perçoit l’héritage d’une cohabitation entre diverses communautés, illustrée par la médina de Tunis avec ses mosquées, églises et synagogues qui témoignent de cette pluralité religieuse. Tunis est ainsi un lieu d’échanges où se rencontrent les influences européennes, africaines et arabes, cultivant un climat de tolérance et d’enrichissement mutuel.

L’Institut des Belles Lettres Arabes (IBLA), mon principal lieu d’apostolat et zone de confort, est un Institut spécialisé, fondé en 1929 par les Missionnaires d’Afrique à Tunis. Son objectif est d’approfondir la compréhension de la culture et de la foi du monde musulman tunisien en se basant sur trois piliers essentiels : la bibliothèque de recherche, la revue IBLA et l’Espace Jeunes dont j’ai la charge. Pour moi, l’IBLA incarne la rencontre culturelle et le dialogue ; il reflète parfaitement la philosophie du “donner et recevoir” chère à Léopold Sédar Senghor qui prônait l’enrichissement mutuel des cultures. Chaque jour, je croise des personnes de tous horizons. Ainsi, l’IBLA constitue un véritable carrefour humain et intellectuel, où les échanges se font tant au niveau des idées que des expériences de vie.

Le dialogue comme outil de paix : suivre l’appel du pape François

À travers mon expérience à l’Espace Jeunes de l’IBLA et les nombreuses interactions que j’ai la chance de vivre chaque jour, même lors de brefs moments de partage, j’adhère pleinement à la vision du pape François selon laquelle le dialogue interculturel et interreligieux est essentiel pour promouvoir la paix et la compréhension dans un monde diversifié. Ce dialogue, comme l’indique le Saint Père, doit s’appuyer sur le respect mutuel et une écoute attentive, tout en reconnaissant les différences qui nous enrichissent.

Dans son encyclique Fratelli Tutti, il affirme que « le dialogue entre les personnes de différentes cultures ou religions ne peut être réduit à un simple échange d’idées, mais doit inclure une ouverture à la vérité de l’autre et un respect pour sa dignité » (n° 198). Cette approche trouve écho dans mon apostolat à l’IBLA, où chaque rencontre avec des jeunes tunisiens est l’occasion d’une véritable ouverture à l’autre, d’une rencontre authentique, où je m’efforce non seulement de transmettre, mais aussi d’apprendre d’eux. Ce travail quotidien reflète l’appel du pape à une rencontre sincère et transformative, où chacun s’enrichit de l’expérience et de la sagesse de l’autre, dans une quête commune de paix et d’harmonie sociale.

Etant membre de l’Association tunisienne d’anthropologie, j’échange régulièrement avec des universitaires sur des sujets variés, y compris l’extrémisme religieux. Les perspectives et propositions pour y faire face, diffèrent selon les croyances, soulignant la complexité de la situation et l’importance du dialogue pour trouver des solutions. Dans ce cadre, le discours du pape François à l’Université Al-Azhar en 2017 a influencé ma compréhension du dialogue interculturel et interreligieux. Le pape a affirmé que le dialogue est essentiel pour combattre le fanatisme et promouvoir la paix, rappelant que « la violence provient de l’obscurcissement de la conscience humaine, pas de la religion ». Cette vision résonne avec nos réflexions, nous incitant à privilégier un dialogue basé sur l’ouverture et le respect mutuel pour construire un monde plus pacifique.

Le dialogue interculturel et interreligieux, un chemin vers la paix et la compréhension

En tant que prêtre et témoin de l’amour du Christ à l’IBLA, j’interagis quotidiennement avec des jeunes tunisiens, tous musulmans, souvent fiers de leur foi et de leur identité religieuse. Beaucoup d’entre eux citent avec ferveur des sourates coraniques, témoignant de leur attachement à leur religion. Il est important de souligner que les Tunisiens sont généralement un peuple pacifique, humble et accueillant. Je vis ma foi en silence, abordant le dialogue interculturel et interreligieux à travers des actions concrètes : soutien scolaire, aide aux devoirs, clubs de lecture et de conversation. Avec sérieux et abnégation, je m’engage auprès de ces jeunes, dont certains sont surpris par ma bienveillance lorsqu’ils découvrent que je ne suis pas musulman. C’est dans les échanges sincères et respectueux que se manifeste pour moi la réalité du dialogue interreligieux.

Inspiré par le pape François et son appel dans Fratelli Tutti, je suis convaincu que le dialogue se vit avant tout à travers l’exemple du quotidien. Comme le rappelle le Saint Père, nous sommes appelés à témoigner de l’amour de Dieu avec humilité, respect et ouverture, en reconnaissant la dignité de chaque personne, quelle que soit sa croyance. En suivant l’exemple du Christ, qui tendait la main à ceux qui étaient différents, nous pouvons créer des espaces de rencontre authentiques et fraternels, où les différences sont perçues comme des richesses, plutôt que des menaces. Ici, en Tunisie, mon témoignage d’amour authentique contribue à cette vision : vivre une foi qui cherche la réconciliation, la paix et le respect mutuel, tout en honorant profondément la culture et la religion des autres, comme le pape nous y invite.

L’apostolat de proximité à l’IBLA, un engagement pour la coexistence pacifique et la solidarité

L’IBLA, situé au cœur d’un quartier populaire de Tunis, est un espace où l’apostolat de proximité prend tout son sens. J’y tisse des liens profonds avec des familles vivant souvent dans des conditions modestes. Mon engagement quotidien vise à promouvoir des valeurs universelles telles que l’amour, la justice, la paix et la dignité humaine, transcendant ainsi les différences culturelles et religieuses. Je partage des moments simples avec ces familles, qu’il s’agisse de visites, d’échanges autour d’un café ou de célébrations chrétiennes ou musulmanes. Ces interactions me permettent de vivre et de témoigner de l’amour universel du Christ. Le soutien que j’ai reçu de mes amis tunisiens lors du décès de ma maman, l’été dernier, a renforcé mon engagement à aider ceux qui en ont besoin, dans un esprit de solidarité et de respect mutuel.

Fort de cette expérience, je constate qu’en Tunisie, où cohabitent quotidiennement musulmans, chrétiens, juifs, arabes, européens et africains, il est possible de créer un environnement favorable à la coexistence pacifique et à la collaboration. Je crois que cela repose sur la promotion d’une culture de dialogue, d’éducation mutuelle et de respect des différences. Des initiatives telles que des événements interculturels, des projets communs et des discussions ouvertes peuvent favoriser les rencontres et les échanges entre les diverses communautés.

En cherchant à établir des espaces de dialogue inclusifs, où chaque voix est respectée, je m’efforce de désamorcer les tensions et de tisser des liens de confiance. Il me paraît essentiel d’enseigner et de sensibiliser les jeunes à la richesse des traditions culturelles et religieuses diverses, en mettant en avant des valeurs partagées telles que la dignité humaine, la paix et la solidarité. Enfin, en m’engageant dans des actions sociales et caritatives communes, je renforce l’esprit de collaboration, montrant ainsi que, malgré nos différences, nous pouvons travailler ensemble pour le bien commun. C’est ce que je m’efforce de réaliser dans chacune de mes interactions avec les autres.

Par: Larme Naba Pierre, M.Afr.

18 mai dans la vie de Charles Cardinal Lavigerie

17 mai dans la vie de Charles Cardinal Lavigerie

Dialogue interculturel et interreligieux à Kungoni : un chemin vers l’unité et la paix au Malawi

Dans une société de plus en plus diversifiée, le dialogue interculturel et interreligieux joue un rôle essentiel dans la promotion de la paix, de la compréhension et de la collaboration entre les communautés missionnaires. Fondé en 1976, le Centre Kungoni de la culture et des arts, situé dans la mission de Mua, profondément enraciné dans le riche patrimoine culturel du Malawi, souligne l’importance d’encourager de tels dialogues. Sous la nouvelle direction du père Brendan O’Shea, missionnaire d’Afrique, le centre a consacré de nombreuses années à la documentation et à la célébration de la culture malawite. En facilitant les dialogues interculturels et interreligieux, le centre crée des ponts de compréhension qui transcendent les différences culturelles et permettent une coexistence pacifique. Cet article explore la manière dont nous pouvons nourrir ces dialogues à Kungoni, leur relation avec notre foi et la manière dont ils promeuvent l’unité au sein des communautés entourant la mission de Mua.

Comprendre le dialogue interculturel et interreligieux

Le dialogue interculturel fait référence à l’échange ouvert de points de vue et de connaissances entre des individus et des groupes issus de milieux culturels différents. À Kungoni, il s’exprime à travers les arts, les traditions et les spectacles culturels célèbrant les identités uniques du peuple malawite. Le dialogue interreligieux, quant à lui, est une communication respectueuse entre des individus de croyances religieuses différentes, favorisant la compréhension mutuelle et la collaboration. À Kungoni, où la culture et la religion se croisent, nous avons une occasion unique de nous engager dans ces deux types de dialogue, en créant un environnement où l’expression culturelle et les croyances spirituelles sont à la fois respectées et célébrées.

Promouvoir cette pratique à Kungoni ne consiste pas seulement à présenter des œuvres d’art, mais aussi à approfondir la question de savoir ce que signifie faire partie d’une société diversifiée. Par le biais d’expositions, d’ateliers et de spectacles, le centre offre un espace permettant à des personnes d’origines culturelles et religieuses différentes d’interagir, d’apprendre et de partager. Cet échange favorise le respect mutuel, la tolérance et la compréhension, réduisant les préjugés et promouvant l’unité.

Engager le dialogue avec les Chewa, les Yao et les Ngoni, témoins de l’amour de Dieu

En tant que témoins de l’amour de Dieu, nous sommes appelés à promouvoir l’unité et la paix au-delà des clivages culturels et religieux. Dans les communautés qui entourent la mission de Mua, les Chewa, les Yao et les Ngoni ont des identités culturelles et religieuses distinctes. Les Chewa conservent leurs croyances et pratiques traditionnelles, les Yao sont majoritairement musulmans et les Ngoni embrassent à la fois le christianisme et leurs traditions guerrières.

Pour engager un dialogue interculturel et interreligieux constructif avec ces communautés, il faut d’abord reconnaître la valeur inhérente de chaque tradition et religion. Un véritable dialogue exige de reconnaître que l’amour de Dieu transcende les différences humaines et amène tous les peuples à une relation commune. Kungoni, en tant que Centre culturel et artistique, est un lieu de rencontre naturel pour ces dialogues. Par le biais d’ateliers et d’échanges culturels mettant en avant les danses chewa, la musique yao et les contes ngoni lors de la journée annuelle « Kungoni Open Day », le Centre offre la possibilité d’explorer les valeurs spirituelles les plus profondes chères à chaque groupe.

Promouvoir des valeurs universelles transcendant les différences culturelles et religieuses à la mission de Mua

À la lumière de l’évangile, nous sommes appelés à promouvoir des valeurs universelles telles que l’amour, la paix, la justice et le respect de la dignité humaine. Ces valeurs transcendent les différences culturelles et religieuses et peuvent constituer, à la mission de Mua, un terrain d’entente pour le dialogue entre les catholiques et les membres d’autres traditions religieuses.

Pour promouvoir ces valeurs, le Centre culturel et artistique de Kungoni, par exemple, organise des événements qui soulignent l’importance de la tolérance et de la compréhension entre les différents groupes culturels et religieux. Le Centre de Kungoni encourage des organisations confessionnelles, telles que le Centre de Kumbewu pour l’Autonomisation des Femmes (KUCEWO), utilisant la collaboration interreligieuse et interculturelle pour aborder des questions sociales, telles que l’autonomisation des femmes par le biais de formations techniques et de compétences.

L’appel de l’évangile à « aimer son prochain » nous encourage également à créer des espaces où les différences culturelles et religieuses ne sont pas simplement tolérées, mais appréciées comme faisant partie de la richesse de la diversité humaine.

Favoriser la coexistence pacifique et la collaboration au Centre Kungoni

La création d’un environnement de coexistence pacifique et de collaboration autour du Centre Kungoni nécessite une action délibérée. Tout d’abord, il est essentiel de cultiver une culture de respect et d’ouverture, où le dialogue est encouragé à tous les niveaux d’interaction. Le Centre Kungoni accueille constamment des étudiants de tous niveaux afin qu’ils puissent découvrir et apprécier la diversité qui existe au Malawi.

Cette interaction rassemble diverses communautés pour célébrer leurs traditions, échanger des idées et nouer des relations. Les festivals peuvent inclure un mélange de spectacles, comme un service de prière interreligieux et des vitrines artistiques, soulignant la beauté et les valeurs communes des différentes traditions culturelles et religieuses.

Pour favoriser l’interaction et la collaboration, il faut également que les communautés travaillent ensemble à la réalisation d’objectifs communs. Kungoni est une passerelle pour des projets communs qui s’attaquent aux défis locaux, tels que la réduction de la pauvreté, la durabilité de l’environnement et l’éducation. En travaillant ensemble sur ces questions, les habitants de Mua peuvent établir des relations fondées sur le respect mutuel et une vision partagée du bien commun.

Les responsables de notre paroisse et de notre communauté jouent également un rôle essentiel dans la promotion d’une culture du dialogue et de la paix. La paroisse participe activement et montre l’exemple aux paroissiens, en s’engageant dans des conversations avec d’autres responsables d’Église issus de milieux culturels et religieux différents. Des réunions régulières entre ces responsables aident à relever les nouveaux défis et à approfondir la coopération, encourageant ainsi la communauté dans son ensemble à promouvoir la paix et la collaboration.

Le dialogue interculturel et interreligieux n’est pas seulement une pratique bénéfique, c’est aussi une nécessité dans le monde d’aujourd’hui, en particulier dans des lieux comme la mission de Mua où la diversité culturelle et religieuse est prédominante. Le Centre culturel et artistique de Kungoni offre une plateforme unique pour promouvoir ces dialogues, favoriser la compréhension, la paix et la collaboration entre les Chewa, les Yao, les Ngoni et d’autres groupes. En promouvant des valeurs universelles enracinées dans l’évangile et en créant un environnement propice à la coexistence pacifique, Kungoni contribue à rendre la communauté plus unie et plus compatissante. C’est en fin de compte l’appel de l’évangile et la mission de Kungoni : témoigner de l’amour de Dieu en célébrant notre diversité et notre humanité commune.

Par: Ryan Contamina, M.Afr.

La pertinence durable de Laudato Si’

 Laudato Si’ est-il toujours d’actualité ? Sans violer les règles de la logique, la réponse est oui. Bien que cette encyclique reste encore à découvrir, à comprendre et à apprécier, la Société des Missionnaires d’Afrique la trouve utile. Elle est d’avis que prendre soin de notre maison commune favorise le bien commun. C’est pourquoi, le 10 mai 2025, huit membres de la Communauté généralice de Rome, se sont joints à d’autres volontaires dans le cadre du projet de l’hospice de Roma Cura Roma (« Rome prend soin de Rome »), pour sa 4e édition. L’objectif du projet est de garder la ville de Rome propre. Roma Cura Roma est une initiative annuelle qui rassemble diverses organisations gouvernementales, non gouvernementales, confessionnelles et des personnes de bonne volonté pour nettoyer et entretenir les espaces publics tels que les parcs, les places, les jardins, les rues, etc., dans toutes les municipalités de Rome. Cette année, 365 initiatives ont été enregistrées et ont réuni environ 19000 participants.

Pourquoi les Missionnaires d’Afrique participent-ils à de telles activités ? Prendre soin de notre maison commune n’est pas quelque chose de nouveau dans notre vocation évangélisatrice. Comme certains d’entre nous l’ont vécu depuis leur plus jeune âge, nous avons rencontré des missionnaires, qui intègrent sans cesse la protection de l’environnement dans leurs efforts missionnaires-pastoraux, en plantant des arbres, en introduisant de nouvelles cultures (graines) dans leur zone de mission, en luttant contre l’érosion, en sensibilisant aux dangers des semences génétiquement modifiées, en entretenant les routes et les ponts qui relient les villages, etc. Aujourd’hui, comme le recommandait le dernier Chapitre général (cf. Recommandation n° 6, Actes capitulaires : 29e Chapitre général, p. 28), l’adhésion  à Roma Cura Roma Roma est une manière d’actualiser les idéaux de notre apostolat missionnaire. Les sages disent que « les actes valent mieux que les paroles ». Et nous voulons, non seulement parler, mais aussi traiter de petites actions qui, étape par étape, mènent au changement et à la transformation sociale.

Cette année, le Roma Cura Roma est spécial. Le fait d’être dans l’année jubilaire de l’Eglise lui donne une saveur particulière. À Rome, la plupart des espaces publics tels que les terminus de train et de bus, les arrêts de bus, les monuments historiques, les trottoirs, etc., ont été rénovés pour marquer les événements du jubilé. Roma Cura Roma réitère d’une manière ou d’une autre la nécessité de garder la ville de Rome propre pour les pèlerins et les résidents. C’est aussi un rappel pour nous, Missionnaires d’Afrique, que le soin de notre maison commune fait partie intégrante de notre charisme. Il y a beaucoup à imiter de nos ancêtres dans la Mission, dans d’autres instituts religieux et dans la société civile en général.

Nous tenons à souligner que l’organisation ou la participation à de telles initiatives n’est pas l’œuvre d’experts. Il s’adresse à ceux qui sont passionnés par le soin de l’humanité et de la création. Elle suppose la bonne volonté. La première chose à faire est de regarder ses points forts ; ensuite, pensez à ce qui manque, comme l’argent et d’autres moyens matériels. Cependant, le financement des fonds ne peut se faire que si et seulement si une initiative volontaire a commencé à avoir lieu, en fonction du contexte missionnaire du moment.

À travers le projet Roma Cura Roma , nous voyons à quel point Laudato Si’ est toujours d’actualité. Elle reste une encyclique qui continue d’inspirer et d’informer notre charisme missionnaire. C’est à nous, selon nos divers contextes pastoraux, de mettre en pratique les intuitions et la sagesse qu’elle offre.

Par: Prosper Harelimana, M.Afr.

Promouvoir des valeurs universelles qui transcendent les différences culturelles et religieuses

Nous vivons dans un monde marqué par diverses cultures et des croyances religieuses très diversifiées. A l’heure où nous sommes, l’humanité devient de plus en plus interculturelle et interreligieuse. L’on remarque actuellement que les sociétés humaines se sont développées dans différents sens : diverses cultures et, par conséquent, différentes manières de nommer Dieu et les choses. La prise de conscience du multireligieux et du multiculturel a été vite accentuée par la communication, la mobilité des populations et la croissante interdépendance entre les peuples. C’est cet éveil de la diversité qui provoque en nous, chrétiens, des questions, l’affirmation de notre foi, notre manière de vivre et d’entrer en relation avec ceux-là que nous considérons différents de nous. Le christianisme a, dès les origines, pris conscience de l’existence des communautés juives et d’autres confessions religieuses.

Les questions qui se posent aujourd’hui sont celles de savoir : Qu’entendons-nous par dialogue interculturel et dialogue interreligieux ? comment pouvons-nous aborder la question du dialogue interculturel et interreligieux ? comment promouvoir, à la lumière de l’évangile, des valeurs universelles qui transcendent les différences culturelles et religieuses et favoriser la création d’un environnement propice à la coexistence pacifique et à la collaboration de diverses communautés ?

Qu’entendons-nous par dialogue interculturel et dialogue interreligieux ?

De manière générale, j’entends par dialogue, une conversation où des personnes cherchent à entrer en relation malgré leurs différences. C’est un échange entre deux ou plusieurs personnes qui cherchent à partager leurs expériences de vie.  Ceci se fonde sur le principe que l’homme est un être relationnel. Le dialogue interculturel sera alors entendu comme une conversation entre deux ou plusieurs personnes de cultures différentes. Le fait même de s’intéresser à apprendre la langue de l’autre constitue déjà un élément de dialogue interculturel. Nous cherchons à utiliser les mêmes mots pour nommer Dieu et les choses. Quant au dialogue interreligieux, c’est un échange de vie où des personnes de différentes confessions de foi cherchent à entrer en relation et à partager leurs expériences de vie malgré leurs différences religieuses.

En tant que témoins de l’amour de Dieu comment pouvons-nous aborder la question du dialogue interculturel et interreligieux ?

Partant de mon expérience de stage à Savelugu de 2009-2011, j’ai pu découvrir que pour aborder le dialogue interreligieux, il faut identifier un besoin humain. Dans l’évangile de Jean, au chapitre 4, 1-15, Jésus, l’homme de Nazareth et juif, est un exemple parlant. L’évangile nous dit que Jésus, pour entrer en dialogue avec la femme samaritaine, commence par exprimer un besoin : il a besoin d’eau. Ce dialogue a été possible parce que Jésus a pris l’initiative de s’adresser à la femme. Là, Jésus initie un dialogue à la fois interculturel et interreligieux. A Savelugu, j’avais besoin d’apprendre la langue. En prenant l’initiative d’entrer en contact avec les gens du milieu, j’ai été accueilli par une famille qui m’a logé pour une période de trois mois pour apprendre le dagbanili, la langue du milieu.

De nos rencontres quotidiennes est né le besoin d’avoir un terrain de football pour les jeunes. Ceci a davantage occasionné le dialogue entre la communauté des Missionnaires d’Afrique travaillant à Savelugu et les voisins. Aujourd’hui le terrain accueille beaucoup de jeunes venant d’autres communautés environnantes. Je trouve qu’en prenant l’initiative d’aller vers l’autre et en exprimant un besoin humain, on peut aborder le dialogue interculturel et interreligieux. Il faut entrer dans ce dialogue avec un esprit d’ouverture à l’autre, sans jugement. Une telle attitude aide à la préparation pour commencer le dialogue. Jésus a demandé de l’eau à une samaritaine ; il savait aussi les prohibitions sociales existant entre juifs et samaritains. Mais il adopte une attitude de liberté, allant au-delà de la culture et du genre. Il se montre libre des hostilités, tout en restant orienté vers l’essentiel : entrer en conversation avec la personne, ici la femme samaritaine.

Comment promouvoir, à la lumière de l’évangile, des valeurs universelles transcendant les différences culturelles et religieuses ?

En lisant les évangiles, un fait remarquable est que pour Jésus, c’est la personne qui compte. L’on voit sa lutte quotidienne pour le peuple, en particulier les marginalisés et les pauvres. Son ministère est toujours en relation avec une personne, les disciples comme la foule, les amis comme les ennemis. Jésus s’intéresse toujours à ceux qui ne sont pas Juifs,ceux donc qui ne font pas partie du peuple élu. Ses paraboles et ses rencontres avec les non-juifs devraient nous aider à promouvoir le dialogue avec d’autres personnes de traditions religieuses différentes. A travers la Bible, nous voyons Jésus qui s’entretien avec la samaritaine (Jn 4, 1-15) comme mentionné ci-dessus ; il admire la foi d’un païen (Mt 8, 10) ; il y a bien d’autres rencontres.

Comme nous l’avons souligné, nous sommes des disciples de Jésus qui cherchent à emboiter ses pas. Cette imitation de Jésus nous aide à aller au-delà des barrières religieuses qui se présentent à nous. En 1984, saint Jean-Paul II, alors pape, déclarait que « le dialogue (interreligieux) est fondamental pour l’Eglise qui est appelée à collaborer au plan de Dieu par des méthodes de présence, de respect et d’amour pour tous les hommes ». Comme chrétiens à la suite du Christ, l’exemple de la Trinité fonde l’exigence d’une Eglise qui soit en communion de dialogue. Nous comprenons que nous devons nous engager à présenter les louanges des hommes tout en nous engageant dans le dialogue avec d’autres confessions religieuses.

A l’exemple de Jésus de Nazareth, nous serons alors des personnes qui brisent les barrières, pratiquent la tolérance et la patience, s’engageant pour la libération de l’homme et réaliseant dans les faits la fraternité face à l’unique paternité de Dieu. Chacun gardant ses propres convictions religieuses, il faut entrer dans ce dialogue avec un esprit libre, sans critique négative pour arriver à une communion vraie ; car comme le dit Gustavo Gutierrez dans son livre Théologie de la libération, « l’homme est destiné à la totale communion avec Dieu et à la plus complète fraternité avec les autres hommes ». En ce sens, il nous faut l’écoute, donner place à l’autre. Il ne faut pas chercher à ramener l’autre à soi, mais reconnaitre et accepter les différences.

Par: Gaspard Cirimwami, M.Afr.

16 mai dans la vie de Charles Cardinal Lavigerie