Appelé à servir en Afrique et au-delà ! Expérience de leadership (PE n°1092 – 2018/06)

Mettez la photo dans les toilettes !

Je me souviens encore que lorsque j’ai été élu par les confrères de France pour participer au Chapitre général en tant que Délégué, je me suis dit qu’il n’y avait pas de danger. J’avais « échappé » au Chapitre général de 1998 et je terminais ma thèse tout en me préparant à ouvrir la maison francophone de théologie à Abidjan et à y enseigner au nouveau Institut Catholique Missionnaire d’Abidjan. Les candidats de la Fraternité Lavigerie (Toulouse) me taquinaient en me demandant où ils devaient mettre ma photo si j’étais élu Supérieur général. Je leur ai dit « vous pouvez la mettre dans les toilettes ; je suis sûr que là-bas vous me verrez tous les jours ! » Nous avons tous ri à ce sujet et je suis allé à Rome. C’était en 2004. Je ne savais pas que leur prophétie se réaliserait en 2010 ; mais entre temps le Centre de formation avait déménagé en Côte d’Ivoire. Je suis sûr qu’ils y ont trouvé un endroit différent pour ma photo !

Premier assistant général (2004-2010)

Quand j’ai été élu assistant général puis premier assistant général quelques jours plus tard, cela m’a choqué. Mon expérience dans le leadership était principalement dans le domaine de la formation en plus d’être le deuxième plus jeune de l’équipe du Conseil général. Sachant que ce n’était pas dû à mon talent particulier dans l’animation des confrères, mais plutôt une invitation de ces derniers à être au service de toute la Société dans un rôle de leadership, je l’ai acceptée dans la foi.

Il est vrai que les Constitutions et lois prévoient un rôle pour le Premier assistant, mais en réalité, alors que le Conseil général travaille en équipe, je ne me suis pas senti plus spécial que les autres. J’ai joué mon rôle dans l’équipe, en suivant les différents domaines de la mission et des provinces que le Supérieur général, le père Gérard Chabanon m’avait confiés à moi ainsi qu’à mes collègues assistants (P. Raphael Deillon, Georges Jacques et Jim Greene). Je rendais compte à lui, à l’équipe et, ensemble, nous cherchions le moyen d’avancer. J’ai appris qu’il était important de jouer mon rôle dans le Conseil et d’être vraiment une personne d’équipe plutôt que d’essayer de me montrer et de prendre le crédit d’une chose ou d’une autre, même si j’en étais convaincu ou si j’avais conçu et présenté l’idée.

J’ai senti qu’il était important d’être aussi ouvert que possible avec le Supérieur général et mes collègues assistants pendant les discussions sur les différentes questions et, à la fin, de m’aligner sur la décision commune et d’en payer le prix. Certaines choses m’ont troublé mais quand à la fin de la journée, j’ai prié le Rosaire et que je les ai mises entre les mains de ma Mère, j’ai trouvé le calme dont j’avais besoin pour dormir.

Richard Baawobr
P. Richard Kuuia Baawobr, alors Supérieur Général

En parcourant les communautés et les centres de formation, je me suis rendu compte que ce qui était important était d’être un symbole de l’unité de la Société et de faciliter la construction de ponts en partageant des informations et des idées. Quand nous avions vu qu’une chose était bonne dans une partie de la Société et pouvait donc enrichir l’autre partie, nous l’avons partagée à travers conférences ou articles.

C’est au cours des années comme Assistant général (2004-2010) que j’ai pris davantage conscience que la mission de Dieu que nous avons reçue en tant que Société appartient à tous, peu importe où l’on se trouve. Nous avons tous, par conséquent, le devoir de l’appuyer même, et surtout, lorsque les membres d’un Secteur en question n’ont pas de personnel capable de l’exécuter. J’ai senti que la nomination de confrères en Europe, en Amérique, en Inde et aux Philippines, était une bonne chose en ce qu’elle participe à la mission dans ces lieux comme Missionnaires d’Afrique avec un charisme spécifique, pour promouvoir les vocations et favoriser l’interculturalité dans nos communautés. De telles nominations étaient encore considérées comme spéciales, nécessitant de l’attention et devant être faites après des années d’expérience missionnaire en Afrique, véritable lieu de mission (comme certains ont pensé et l’ont limité géographiquement). Cela a dû évoluer dans notre praxis missiologique. Les ouvertures qui ont été faites ici et là étaient, à mon avis, importantes et nécessaires pour devenir une politique de nomination de stagiaires et de jeunes confrères. Ce n’était pas au détriment des provinces africaines mais plutôt un réveil de notre responsabilité commune à assumer ensemble.

En tant que Supérieur général (2010-2016)

La plus grande surprise est venue quand j’ai été élu Supérieur général au Chapitre général de 2010. J’avais apparemment, miraculeusement, survécu à une thrombose veineuse profonde en 2007 et j’étais maintenant prêt à relever le défi de retourner à la formation si le nouveau Conseil voulait que je me rende à Abidjan. Cette nouvelle invitation à continuer à servir comme chef de l’équipe de direction signifiait que je devais mettre de côté mes projets personnels ! Pas toujours facile mais quand c’est fait dans la foi, c’est gratifiant. Comme le dit l’adage, Dieu écrit tout droit sur des lignes tordues.

Représenter la Société, animer et diriger une équipe, être le gardien d’une vision et d’une mission communes telles qu’expliquées par le Chapitre général et dans la fidélité à la vision de notre Père, le cardinal Charles Lavigerie, etc., voilà quelques-unes des choses que j’ai dû faire comme Supérieur général pendant 6 ans. L’équipe générale qui m’a été donnée par le Chapitre général, composée des pères Jos Van Boxtel, 1er assistant, Emmanuel Ngona, Sergio Villasenor et Peter Welsh a été très utile. Compte tenu de nos expériences et de nos talents missionnaires différents, nous pouvions réaliser le mandat qui nous a été confié par le Chapitre.

P. Richard Kuuia Baawobr, alors Supérieur Général, dans son bureau

Ce fut, pour moi, un moment de mûrissement de la conviction que la mission ne se limitait pas seulement à l’Afrique mais aussi à l’Europe, aux Amériques, à l’Asie, etc. Les mots « en dehors de l’Afrique » devraient être abandonnés. Ma lecture missiologique et le dialogue avec d’autres Sociétés missionnaires m’ont fait prendre conscience de l’importance de la déterritorialisation de la mission et de voir cette mission au-delà des termes géographiques. Même si l’expression « Afrique et au-delà » n’a pas été retenue dans la formulation finale des documents du Chapitre de 2016, elle est reflétée dans les politiques de nomination qui ont été acceptées et qui sont actuellement en place. Nous venons de loin et je suis heureux d’avoir été témoin d’une partie de ce voyage en tant que membre de la Société dans un rôle de leadership au moment où il prenait forme.

Mgr Richard Kuuia Baawobr poussant son véhicule lors d’une tournée dans le diocèse de Wa

Après avoir été exposé aux différentes provinces, aux différentes expressions de la même mission en tant que Société, j’ai senti que j’avais grandi et que je pouvais apporter cela dans un autre domaine de service à la Société. Le pape François a décidé autrement. C’est pourquoi, depuis février 2016, j’ai accepté la nouvelle mission comme Servus Misericordiae Dei parmi le peuple de Dieu à Wa.

Merci à tous de m’avoir formé et de me soutenir encore dans mon apprentissage à servir. Que Dieu vous bénisse ! Priez pour moi !

+ Richard Kuuia Baawobr, M.Afr.,
    Évêque de Wa (Ghana)

Le Conseil général au service de la mission et de la communion fraternelle (PE n°1092 – 2018/06)

Au cours d’une rencontre des Supérieurs généraux à laquelle j’ai participé récemment, un des participants m’a demandé combien nous sommes dans la Société. Me souvenant des statistiques publiées par notre secrétariat administratif au début de l’année, je lui ai répondu que nous étions environ 1200 confrères.

Il s’est exclamé en me regardant et puis il m’a dit « et tu connais tous tes gars ? » Avant de lui répondre par un ‘non’, j’ai eu le temps de sentir dans son exclamation, l’expression d’un aspect qui me paraît non négligeable dans ce qu’on attendrait d’un Conseil général ou de toute instance de leadership : la nécessité d’aller à la rencontre des confrères là où ils habitent afin de sentir comment ils vivent leur vocation de missionnaires d’Afrique. Le leadership requiert d’une façon ou d’une autre, qu’on garde contact avec ceux qu’on est sensé conduire. Cela m’a aussi fait penser aux nombreuses fois dans ma vie de Missionnaire d’Afrique que j’ai entendu les confrères se plaindre qu’ils ne voient jamais leur provincial!

Pour le Conseil général, les visites régulières aux confrères font partie des priorités. En allant à la rencontre des confrères, nous espérons dépasser la connaissance purement virtuelle que nous pouvons avoir d’eux et des lieux où ils habitent, à travers des registres et à partir du livre du personnel, pour arriver à les connaître un peu et à créer des liens. Naturellement, et cela n’est un secret pour personne, cela nous obligent malgré les moyens de communications modernes à être souvent en voyage.

Selon ce qu’écrivait un confrère récemment sur sa page Facebook : « quand tout tourne normalement, la maison généralice est le lieu d’absence du Supérieur général ». Commentant la publication, un autre ajouta : « oui qu’ils continuent (le Supérieur général et son Conseil) à descendre sur le terrain ». Quand tout tourne normalement le Conseil général est à Rome de façon continue en septembre et octobre, en janvier et février et en mai et juin. Les autres mois sont consacrés normalement aux visites dans les provinces et aux congés.

Depuis deux ans, la descente sur le terrain nous a menés dans toutes nos provinces et sections même s’il reste toujours des communautés à visiter. Partout où nous allons, nous faisons l’expérience de notre unité en tant que missionnaires d’Afrique. Nous allons moins pour donner des instructions ; davantage pour écouter et encourager. C’est le moment de se rendre compte des réalités que les confrères vivent concrètement. Nous prenons des renseignements aussi pour éventuellement réfléchir par la suite en conseil sur des décisions à prendre concernant des situations rencontrées. C’est également l’occasion de partager des nouvelles de la Société, d’expliquer certains choix de la Société et de répondre aux questions que posent les confrères.

Ces visites sont pour la plupart édifiantes et encourageantes. Souvent elles font aussi beaucoup du bien à la plupart des confrères que nous rencontrons. Même si nous ne leur apportons pas toujours des nouveautés, les visites sont des moments de vrais sentiments de communion avec la Société. Depuis deux ans que je suis à Rome, sur les 1210 que nous étions au début de l’année, j’ai à moi seul eu à rencontrer 452 confrères lors de mes visites.

En dehors des quatre mois au total, que les membres du Conseil général passent à visiter les confrères dans les provinces, le reste du temps ils sont à la maison généralice en session ordinaire. C’est particulièrement au cours de ces sessions que le discernement se fait et que les décisions sont prises ensemble.

Nous délibérons sur diverses situations que les provinces et les confrères soumettent à notre discernement et sur lesquelles ils attendent que nous donnions une orientation. Dans ce sens, on pourrait dire que nos conseils ordinaires constituent le véritable lieu d’exercice d’autorité que nous tâchons de vivre dans l’esprit indiqué par nos Constitutions et Lois. A la lumière de ces dernières, nous prenons de plus en plus conscience que notre ministère en tant que Conseil général consiste avant tout à favoriser le dynamisme missionnaire chez nos confrères et à construire l’unité de la Société (voir CL 149).

Au Conseil général, nous faisons nôtre le souci de veiller à ce qu’en tant que Société nous restions le plus proche possible de notre identité et de notre charisme tels que les a compris le dernier Chapitre, pour être une « Société missionnaire et interculturelle avec un esprit de famille… envoyé au monde africain et là où notre charisme est sollicité… »

En règle générale, le Conseil général n’intervient pour entrer en dialogue avec une province ou avec des confrères individuels que lorsque selon son discernement, il perçoit que certains engagements et comportements tendent à s’éloigner de l’esprit et des traits essentiels de la Société, en particulier son caractère apostolique et communautaire (voir CL 150). Autrement, la marche et le suivi des activités apostoliques sont assurées par le provincial et son conseil. Ils sont les plus proches collaborateurs du Conseil général. Donc, c’est souvent, et cela est en quelque sorte normal, pour des cas et des situations difficiles que le Conseil général est sollicité.

Pour promouvoir la communion au sein de la Société et offrir une vision d’ensemble de la mission, le Conseil général organise une réunion annuelle avec les provinciaux. Cette rencontre permet de travailler ensemble sur les nominations. C’est aussi l’occasion d’échanger ensemble sur de nombreux sujets qui touchent à la vie de la Société.

Stanley Lubungo,
Supérieur Général

Congrès international Pluriel

Le second congrès international de PLURIEL a eu lieu à Rome du 26 au 28 juin 2018 sur le thème : « Islam et appartenances ».

PLURIEL est la Plateforme Universitaire de Recherche sur l’Islam en Europe et au Liban, dont le PISAI est un partenaire.

Les interventions du congrès seront mises en ligne dans les semaines à venir.

Pour plus d’information veuillez svp consulter : https://pluriel.fuce.eu/

Photos : Prises pendant la conférence de M Gianluca Parolin avec le modérateur, le Père Diego Sarrio du PISAI

Réflexion autour du 150ème

7 ème texte de réflexion pris dans les documents de nos Sociétés.

« Fraternité et lutte contre le racisme (1985) »

Missionnaires par vocation, nous avons épousé l’Afrique et l’Orient en faisant notre serment. Notre mission propre est d’accueillir, comprendre, respecter, aimer les Africains où qu’ils soient, et de faire partager aux autres nos convictions, et cela toute notre vie, ‘jusqu’à la mort’, précise la formule de notre serment. L’action apostolique dans des communautés internationales nous a déjà aidés à dépasser un nationalisme étroit. La vie en Afrique nous a formés à l’estime de ce qui est étranger à notre culture originelle. L’entrée de jeunes Africains dans notre Société Missionnaire se situe dans la même perspective. Nous nous devons d’être cohérents avec l’en- gagement de toute notre vie. Nous devons aller plus loin, du moins si nous voulons rester dans la ligne que nous a tracée notre fondateur, le cardinal Lavigerie, lui qui écrivait d’Alger : « Je suis évêque, c’est-à-dire père, et quoique ceux pour lesquels je plaide ici ne me donnent pas ce titre, je les aime comme mes fils, et je cherche à le leur prouver, heureux, si je ne puis leur communiquer ma foi, d’exercer du moins la charité envers ces créa- tures de Dieu. » Nous sommes ses fils, responsables de son héritage, témoins vivants de la fécondité de sa cha- rité. Son action et ses Instructions aux Missionnaires nous indiquent la voie à suivre.

Le cardinal Lavigerie n’a pas pu supporter les injustices et les souffrances dont étaient victimes tant d’Africains en son temps. Après une période d’action de type caritatif (rachat des esclaves pour les libérer), le Cardinal se lance dans une campagne internationale qu’on qualifierait aujourd’hui de « lutte pour les droits de l’homme ». Entre autres, il écrit aux chrétiens de Sicile : « Je n’ai en vue, en plaidant la cause de tant d’infortunés, que le salut de leurs corps et de leurs âmes, que le respect de la justice, des lois de la nature et des lois de Dieu, d’après lesquelles tous les hommes sont égaux, sont libres, sont frères, et doivent se traiter comme tels, quelles que soient leur origine et leur couleur. Avez-vous oublié, catholiques de Sicile, la règle de la solidarité chrétienne ? Ne savez-vous plus que, quand un membre souffre dans le corps immense de l’humanité, tous les autres lui doivent de compatir ? »

Le Cardinal multiplie les interventions auprès des autorités politiques, et leur signale que les mesures qu’elles prennent « se trouvent insuffisantes parce qu’elles n’atteignent que ceux qui vendent, et ne s’adressent pas à ceux qui achètent ». Il assure qu’il pourrait donner des noms et, comparant les souffrances des esclaves à la passion du Christ, il continue : « rien n’y manque, ni les Hérodes ni les Pilates, ni les Judas, ni la cruauté des flagellations ni les insultes lâches, ni la croix. » (…) Lavigerie a toujours eu un très grand respect des personnes, des langues, des cultures et des traditions africaines ; son action avait pour but de rendre leur dignité aux Africains. En cela aussi il était le disciple du Christ qui a redonné une place aux exclus de la société juive de son temps. Aujourd’hui, nous sommes appelés à faire de même, dans une autre époque et face à d’autres drames. C’est pourquoi : Un missionnaire d’Afrique ne peut être raciste, que ce soit dans l’accueil des étrangers en communauté, dans les conversations ou les réactions devant la télévision, dans les choix des journaux ou publications auxquels il s’abonne ou abonne la communauté. Un missionnaire d’Afrique doit avoir un regard positif sur les hommes et les femmes du Tiers-Monde, qu’ils soient ‘là-bas’ ou ‘ici’. Il doit être attentif à leurs souffrances, à leur faim de pain et d’amitié, comprendre leurs aspirations à prendre en main leur propre destin et les moyens légitimes qu’ils se donnent pour le réaliser.

(Lettre du Conseil provincial de France aux confrères français, in Le Lien, mai-juin 1985)

Texte présenté par Jean-Claude Ceillier
Publié dans le Mini-lien n° 475

C’était une longue fidélité…

Le livre sur nos confrères de Tizi-Ouzou vient de paraître. Même si nous ne savons toujours pas quand la Béatification sera célébrée, n’attendons pas pour nous réjouir et invoquer ces bienheureux.

Dans son Exhortation Apostolique sur la Sainteté, le Pape François écrit : ” Les persécutions ne sont pas une réalité du passé, parce qu’aujourd’hui également, nous en subissons, que ce soit d’une manière sanglante, comme tant de martyrs contemporains, ou d’une façon plus subtile, à travers des calomnies et des mensonges… Accepter chaque jour le chemin de l’Évangile même s’il nous crée des problèmes, c’est cela la sainteté ! “ n° 94

Le Pape François a été très sensible au martyre des 19 frères et sœurs d’Algérie qui ont offert leur vie. Était-ce de l’acharnement que de vouloir rester jusqu’au bout ? La question peut se poser et il ne faut pas l’éluder. Alors, pourquoi ? Comment ? Qui peut en témoigner ? Tout lecteur peut se forger lui-même une réponse à la lecture de cet ouvrage.

Nos quatre confrères de Tizi-Ouzou, ont été tués en présence de gens qui les aimaient. Ils les accueillaient, ils travaillaient avec eux, ils les réconfortaient. Ils menaient une vie de communauté, de prière, de partage et de solidarité.

Ce livre éclaire plusieurs aspects : c’est un discours qui ne craint pas de dire la vérité. C’est un témoignage qui montre jusqu’où peut mener la fidélité, un engagement total en milieu musulman. C’est un parcours missionnaire pour le XXIème siècle. Et qui plus est, il peut être lu par un large public catholique et musulman. ” C’était une longue fidélité… ” D’autres aspects s’en dégagent. C’est la première fois que des confrères sont béatifiés dans notre Société Missionnaire mais ils ne sont pas isolés. D’une part, ils se situent dans la lignée des 61 Pères Blancs et Sœurs Blanches qui ont consacré leur vie à l’Afrique en l’offrant jusqu’au don total. D’autre part ils sont en communion avec tout un peuple, non seulement avec les 19 religieux et religieuses, mais avec tous ceux et celles, musulmans et non-musulmans qui ont connu la même violence, la même souffrance, les même larmes.

Ces béatifications peuvent en susciter trois autres pour nous. Ces derniers-temps, avec notre confrère Terry Madden de Grande-Bretagne, nous nous sommes retrouvés dans la région du pays natal du Père Lourdel. De jeunes ougandais rêvent de voir béatifier, l’un des fondateurs de leur Église. Après la disparition de toutes ces victimes en Algérie, plusieurs se posent la question de la béatification du Cardinal Duval. Et puis tout récemment nous avons reçu une ‘enquête’ qui pose la question de la béatification du Cardinal Lavigerie et qui demande ce que nous en pensons.

Je ne vous demande pas ce que vous en pensez, mais je voudrais vous demander, simplement, si vous êtes heureux lorsque vous pensez à eux, lorsque vous vous rappelez d’eux ? Cela me suffit, car c’est le sens de la béatification : savoir rendre heureux.

Merci Père Armand Duval d’avoir écrit ce livre. Votre nièce nous a dit que vous aviez déjà relu la réédition, à Saint Malo. Nous souhaitons que les jeunes confrères prennent le temps de le lire et en fassent leur livre de référence dans les maisons de formation.

Bernard Lefebvre, M.Afr.
(paru dans le Mini-lien n° 475)


C’était une longue fidélité

Auteur : Père Armand Duval, M.Afr
ISBN 978-2-7122-1501-9
Editions Médiaspaul juin 2018 16 euros

Dans cet ouvrage, le père Armand Duval nous introduit dans la vie des quatre Pères Blancs missionnaires qui, par solidarité avec le peuple algérien, ont donné leur vie en 1994 et ont été reconnus bienheureux par le pape François avec 15 autres religieux et religieuses de l’Église d’Algérie.

Pourquoi rester fidèle à un peuple qui n’est pas le sien quand le péril est omniprésent et l’espoir d’agir sur l’homme si ténu ? Parce que « c’était une longue fidélité ».

À travers cet hommage, l’auteur nous livre « un enseignement sur la mission ». La flamme évangélique qui anime ces témoins de l’amour de Dieu nous fait signe là où nous vivons, et comme le dit Saint Augustin, « tout homme en tant qu’homme a le droit d’être aimé ».

Armand Duval, Père Blanc – Missionnaire d’Afrique, a été missionnaire au Zaïre, actuelle République Démocratique du Congo, ainsi qu’au Mexique. Il a longtemps vécu en Afrique du Nord, à Jérusalem, en Espagne, et a collaboré à Peuples du Monde et à Africana.

Melvin Doucette, R.I.P.

Le Père Gilles Barrette, Provincial des Amériques,
vous fait part du retour au Seigneur du Père

Melvin Doucette

le mercredi 27 juin 2018 à Tignish (Canada)
à l’âge de 79 ans dont 51 ans de vie missionnaire
en Zambie et au Canada.

Prions pour lui et pour ceux qui lui étaient chers.

Melvin Doucette RIP Continue reading “Melvin Doucette, R.I.P.”

Concours de chants Jubilé 150 : 1er Prix

Voici la version finale du chant qui a remporté la première place dans la compétition du 150ème anniversaire de la fondation de notre Famille Lavigerie.

La musique est l’oeuvre d’Emile Kimembe, en première année de stage à Toulouse. Les paroles ont été écrites par Emile Kimembe et Rodrigue Kasereka, en deuxième année de Théologie à Kinshasa. Le chant est exécuté en français et en anglais. Les partitions seront ajoutées dès qu’elles nous parviendront.

Partition du chant Jubilé en français

Music score of Jubilee in English

 

Renouvellement des mandats d’économe

Le Supérieur général, le P. Stanley Lubungo, M.Afr.,
avec l’approbation de son Conseil,
a nommé pour un second mandat comme économe général,
Fr. Anthony BAALADONG, M.Afr.
du 01 juillet 2018 jusqu’au 30 juin 2021
et a approuvé le renouvellement du mandat d’économe provincial,
du 01 juillet 2018 au 30 juin 2021, de
P. John ITARU, M.Afr. pour SAP
P. Jean-Guy LABRECQUE, M.Afr. pour l’AMS
Fr. Jérôme KODJO, M.Afr. pour PAC
P. Edmond BANDA, M.Afr. pour PAO
P. Claude VENNE, M.Afr. pour Mgh.

André Schaminée, M.Afr.
Secrétaire Général
22 juin 2018

18 0769 Publication of appointments of treasurers

Nouvelles des secteurs de la PAC

Flash PAC n° 45 – Echos du Conseil Provincial du 23 au 28 avril 2018 (restreint aux confrères)

BURUNDI

Le gouvernement est déterminé à faire le référendum le 17 mai. Beaucoup de gens ont peur de l’insécurité qui précéderait ou accompagnerait le référendum. Cependant malgré la crise politique burundaise, il y a des rapatriements de réfugiés en provenance de la Tanzanie et du Rwanda, et le taux du dollar a légèrement chuté. On constate ici et là la carence de carburant. Militaires et policiers font des patrouilles plus que d’ordinaire. Quant à la situation de l’Eglise, nous avons eu la circulation d’un tract sur whatsapp qui met en exergue que le nombre d’évêques Hutu est énormément supérieur à celui des Tutsi. Pour ce fait, l’auteur du tract demande qu’on nomme de nouveaux évêques Tutsi pour créer un équilibre ethnique. Malgré ce constat, les évêques du Burundi sont unis.

LUBUMBASHI

Dans la région de l’ancien Katanga, comme dans l’ensemble du territoire national, en décembre et en janvier, il y a eu des marches ou tentatives de marches pour réclamer le respect de la Constitution et la tenue des élections ; comme pour la plupart de ces manifestations, il y a eu une violente répression. A l’église de Sainte Bernadette, on signale un affrontement entre certains membres de partis politiques et des policiers : lancement de pierres et coups de matraque. Tout a commencé à la sortie de la messe dominicale du 21 janvier 2018 quand les promoteurs de la marche ont commencé à crier des slogans pour pousser la foule des chrétiens à s’insérer dans le cortège ; immédiatement la situation a dégénéré et l’incursion de policiers est arrivée jusque dans l’église. L’arrivée de la Monusco a apaisé les esprits et le calme est revenu.

Dans les quartiers de la ville et surtout ceux de la périphérie, les vols organisés suivis parfois de viols et meurtres sont monnaie courante et on ne voit pas un réel engagement des autorités pour essayer de les éradiquer. Les principales routes autour de Kalemie sont devenues dangereuses à cause des groupes armés ; cela bloque la circulation routière.

L’événement majeur a été la célébration du jubilé des 25 ans d’ordination épiscopale de Mgr Jean-Pierre Tafunga du 31 janvier au 4 février 2018. La célébration principale s’est déroulée au stade T.P. Mazembe avec la participation de 20.000 chrétiens (stade rempli) et d’une quinzaine d’évêques. Malgré la situation politique tendue, tout s’est bien passé.

On annonce un autre événement de taille en 2020 : le Congrès Eucharistique National. L’effort actuel du diocèse de Lubumbashi est concentré sur la réalisation du Centre Pastoral commencé, avec la pose de la première pierre, en 2014.

GOMA

Le diocèse de Goma a réussi à mobiliser les jeunes pour la Journée Diocésaine des Jeunes et à impliquer les acteurs politiques pour la construction de la paix : il y a eu un dialogue direct avec le gouverneur de la province.

Le diocèse organise des journées de formation et des sessions pour les agents pastoraux, les fidèles, les secrétaires des paroisses, etc.

Les chrétiens sont bien engagés dans les activités du diocèse, dans la prise en charge de leurs paroisses et de leurs pasteurs.

Le curé de Karambi a été kidnappé le jour de Pâques puis libéré dans la nuit du 4 avril 2018 après versement d’une rançon. Le curé de Kitshanga a été assassiné le 2ème dimanche de Pâques dans l’une de ses succursales.

Un pasteur protestant s’attaquait à l’Eglise catholique dans son église et sur sa chaîne radio par des insultes, des paroles indignes d’un pasteur. Après plainte de l’Eglise catholique, ce pasteur a été arrêté et emprisonné en tant que semeur de troubles et incitateur à la haine. Il était aussi impliqué dans le kidnapping d’un musicien de Goma ainsi que dans l’escroquerie.

Les rapports entre l’Eglise et l’Etat sont conflictuels.

La marche organisée par le comité des laïcs du diocèse suite à l’appel de la CENCO n’a pas été soutenue par le diocèse. Pour l’Evêque, Goma est une zone de fracture qui a toujours connu des problèmes, des troubles auxquels personne n’a jamais pu trouver de réponses pour ramener la paix. De ce fait, il n’est pas prêt d’engager son diocèse dans un bras de fer avec l’Etat. La construction de la nouvelle cathédrale du diocèse est prise en partie en charge par la Première Dame du pays, ce qui met l’Evêque dans une situation délicate. Il ne peut que fermer les yeux sur les réalités politiques. Les constructions se sont arrêtées pendant plusieurs mois.

ITURI

A Mahagi, c’est une situation de peur et d’insécurité. Un nombre grandissant de déplacés cherchent à aller en Ouganda pour trouver un statut de réfugiés à l’étranger. Le coût de vie devient très élevé. Il y a beaucoup de déplacés dans le territoire de Mahagi vers la paroisse d’Angumu (Mahagi Port).

À travers des conférences, des visites des déplacés dans les camps, l’Eglise de Mahagi essaie d’être présente auprès des gens en leur donnant le goût de tenir bon dans les moments difficiles.

A Bunia il y a un climat de peur, de méfiance et de mécontentement à cause du grand nombre de déplacés et de gens tués pendant la crise. La population est déçue de ses responsables. De l’aide est apportée par l’Eglise (Caritas) dans certains camps de déplacés. Certaines familles ont ouvert leurs portes aux déplacés, ainsi que notre paroisse de Yambi (Pukpa). Le secteur intervient matériellement grâce aux soutiens financiers reçus de Rome. La paroisse s’implique aussi à travers les chrétiens qui sont proches de ces déplacés.
Pour le gouvernement, la situation est celle d’une guerre interethnique et pour l’Eglise, c’est une manipulation des gens pour faire croire à une guerre interethnique et le gouverneur serait derrière tout ça.

Actuellement, le gouvernement est en train de forcer les gens contre leur volonté, à rentrer dans leurs villages pour faire disparaître les camps des déplacés en ville mais en vain : les déplacés retournent aux camps les plus proches dès leur arrivée au village où ils ne se sentent pas du tout protégés.
Les consacrés du doyenné du Nord de Bunia se retrouvent à Bunia. Les paroisses de Lita, Jiba et Pimbo sont fermées. Fataki et Drodro sont remplies de déplacés, Mongbwalu et Bambu fonctionnent au ralenti.

Le dimanche des rameaux ont eu lieu les JDJ avec environ 8 000 jeunes autour de l’évêque qui leur a redonné courage et les a exhortés à ne pas se laisser voler leur liberté.

La paroisse de Yambi Yaya a 25 villages pour 14 000 chrétiens, elle a bientôt un an depuis qu’elle a été érigée par son Excellence Mgr Dieudonné Uringi. La construction du presbytère dans la paroisse évolue bien. Les travaux de construction de l’évêché continuent et suivent bon cours.

RWANDA

La vie semble aller après les élections présidentielles qui ont eu lieu en août 2017. Il y a eu quelques changements dans le gouvernement. Beaucoup de réunions dans le cadre socio-politique se passent à Kigali Convention Center. Beaucoup de routes sont macadamisées dans les quartiers de Nyamirambo et Kicyukiro, les routes sont élargies dans Kigali, on construit des écoles et des hôpitaux, on encourage les gens dans l’agriculture, le transport, la sécurité d’une manière générale.

De nouvelles constructions et quartiers continuent à pousser presque partout dans le pays mais aussi des anciennes maisons ou bâtiments sont détruits, soit qu’ils ne vont pas avec la vision 2020, soit qui ont été construits sans autorisation de bâtir validement donnée par l’autorité compétente.

Au plan économique nous sentons que la vie continue à devenir de plus en plus chère malgré que nous trouvions beaucoup de choses sur place. Beaucoup de conditions et de taxes sont imposées pour faire même des petits commerces ; chercher de quoi vivre pour les petites gens est difficile. Beaucoup commencent à quitter Kigali pour la campagne ou pour d’autres pays où ils peuvent faire le business sans payer beaucoup de taxes. On dirait que la ville de Kigali devient de plus en plus une ville pour les riches.
Début 2018, le gouvernement a fermé autour de 700 églises qui n’avaient pas de papiers officiels, d’endroit ni d’aménagement avec tout le nécessaire pour un lieu de rencontre et de prières.

L’Eglise du Rwanda a consacré cette année à la réconciliation et le diocèse de Kigali dans sa pastorale a pris l’option pour les enfants et les jeunes car ils sont l’avenir de l’Eglise.

L’Eglise a perdu l’évêque du diocèse de Cyangugu, Mgr Jean Damascène Bimenyimana décédé le 11 mars 2018.

Le 24 mars 2018 s’est ouverte l’année jubilaire des 100 ans des Sœurs Benebikira, fondées par notre confrère Mgr Jean Joseph Hirth.

La paroisse Saint Pierre se prépare à célébrer ses 15 ans de fondation cette année en juin. La paroisse compte maintenant 14 000 chrétiens catholiques baptisés et 25 CEB. Pour Justice et Paix, notre paroisse est parmi les deux paroisses qui ont été choisies comme modèles dans l’archidiocèse de Kigali. Elle prend l’orientation des cas familiaux et sociaux, pas politiques. Ainsi, avec ses moyens limités, la paroisse fait ce qu’elle peut pour la Caritas.

Le projet CML (Centre Missionnaire Lavigerie) a été présenté au bureau de l’urbanisme de la ville de Kigali pour approbation mais il n’a pas été approuvé en disant que selon le plan du secteur Muhima dans lequel se situe notre parcelle, cette parcelle est réservée pour faire le jardin Sainte Famille, un jardin public. Mais en décembre 2017, après un long dialogue avec les autorités civiles de la ville, le Maire et son vice, expliquant que nous sommes une congrégation missionnaire (et non pas des diocésains de la Paroisse Sainte Famille toute proche), ils nous ont demandé d’écrire une lettre d’appel demandant « the change of land use ». La lettre a été écrite et envoyée au Maire de la ville le 10/12/2017. Après cette lettre, le directeur avec celui qui est chargé de la technique au niveau de la ville, nous ont appelés pour nous dire qu’il faut revoir notre projet. Il s’agit de diminuer l’espace à construire jusqu’à 10 % et dans le reste faire un jardin pour le recueillement. C’est ainsi qu’au niveau du secteur Rwanda on s’est mis d’accord pour enlever du projet tous les bâtiments commerciaux pour rester avec la résidence, le centre de formation et la chapelle dans la partie du bas comme sur l’ancien projet. Le jardin reste mais n’est plus public, il est pour les Missionnaires d’Afrique. Affaire à suivre…

KINSHASA

Nous constatons une accalmie par rapport aux manifestations politiques. La population continue de souffrir. La misère (surtout dans les quartiers périphériques) gagne encore du terrain. Le Franc Congolais a perdu en valeur et les prix des denrées alimentaires sont en hausse. Une trêve a été marquée jusqu’en juin dans les marches organisées par le Comité Laïc de Coordination (CLC). Il y a également une ébullition au niveau des partis politiques avec des regroupements et des coalitions, en vue des élections du 23 décembre. Il y a un éveil des consciences sur la vie politique, de la population et aussi des jeunes. Certaines personnes doutent sur l’organisation effective des élections.
Deux formes d’escroquerie deviennent préoccupantes : le vol des ordinateurs et autres gadgets électroniques dans les petits taxis et les fausses accusations portées par des filles ou femmes contre de généreux conducteurs qui leur donnent un coup de mains sur un trajet.

L’Eglise de Kinshasa a reçu son coadjuteur : Mgr Fridolin Ambongo, le dimanche 11 mars 2018 en la Cathédrale Notre Dame du Congo. Deux des trois Evêques Auxiliaires de l’archidiocèse ont été nommés évêques titulaires dans deux diocèses. L’Eglise a soutenu les trois grandes marches organisées par le Comité Laïc de Coordination pour réclamer l’application intégrale des accords de la Saint Sylvestre 2016. Les trois marches étaient interdites et ont été violemment réprimées dans le sang avec des pertes en vies humaines. Suite aux marches, un climat d’insécurité s’était installé à Kinshasa avec des intimidations de catholiques, des arrestations de laïcs, de prêtres et de religieuses, des profanations de lieux de culte, une stigmatisation de l’Eglise Catholique… Le cardinal est sorti plusieurs fois de sa réserve pour condamner les violences et encourager les chrétiens pendant les moments de tensions. Lors de la messe des Rameaux au stade avec les jeunes, il les a invités à prendre leurs responsabilités face à la crise que traverse le pays. Certaines Eglises protestantes ont soutenu l’Eglise Catholique dans ses initiatives.

Le diocèse de Kisantu (diocèse d’insertion du Philosophât) est en synode diocésain du 2 au 7 avril 2018.

BUKAVU

On constate une montée de l’insécurité et de la criminalité. Des armes sont trouvées dans certaines maisons. En réaction, le gouverneur a décidé des bouclages réguliers et des contrôles plus intensifs, a invité la population à dénoncer les détenteurs d’armes, a promis des récompenses aux motards informateurs. Les motards sont autorisés à rouler de nuit à condition de dénoncer les bandits. La situation sécuritaire s’est calmée depuis. La paupérisation augmente. C’est la lutte pour la survie. On vit au jour le jour. Les bars remarquent une baisse de consommation.

Il y a prolifération d’écoles privées au détriment des écoles catholiques. L’Etat refuse d’agréer de nouvelles classes et ne paie pas les enseignants. Les primes pour les enseignants introduites par l’Eglise s’essoufflent par le manque de capacité des parents.

Dans l’enseignement supérieur, le taux réactualisé du dollar est source de révolte des étudiants. L’évêque a passé des mois de janvier et février difficiles.
Critiqué dans sa position par rapport à la marche du 31 décembre 2017, escorté à sa sortie de la cathédrale, il est loin de son peuple. « Je suis une personne traumatisée » a-t-il dit. Les marches des 31 décembre et 21 janvier ont été dispersées, empêchées. L’archidiocèse de Bukavu a initié une chaîne de prière pour la paix : chaque paroisse a sa semaine d’animation à tour de rôle.

Le CDJP (Comité Diocésain Justice et Paix) dénonce les injustices par son flash. Il a été attaqué par le gouvernement, accusé de provoquer le soulèvement de la population. Des tensions surgissent entre les religieux et l’administration suite au recouvrement des taxes foncières.

La communauté de la Ruzizi a connu plus d’insécurité avec l’augmentation des vols, un cambriolage chez le Père Raphaël Lubala et un autre chez le Père Emmanuel Lengaigne. Comme mesures de sécurité, un chien a été mis du côté des piroguiers et on envisage de planter des sisals épineux, mettre une grille, éclairer la nuit. La communauté a reçu la visite du Supérieur Général qui a été très ouvert. Le Provincial a fait une visite d’une semaine qui s’est bien passée avec de nombreux échanges, y compris avec la communauté chrétienne.

La DGM (Direction Générale des Migrations) construit sur le terrain de la Ruzizi. Un dossier a été préparé avec l’avocat du diocèse pour porter plainte contre cette occupation du terrain par la DGM.

MANIEMA

Le chef de guerre des Maï Maï Malaika Sheik Assani, a conduit un mouvement de revendication de l’exploitation d’une partie de la montagne à la société « Maniema Gold ». Les FARDC (Forces Armées de la RDC) ont été envoyées et une guerre de trois mois s’en est suivie. L’arrivée de la MONUSCO (Mission de l’ONU pour la Stabilisation du Congo) a été annoncée. Le gouvernement impose le silence face à la guerre de la province. Le directeur de radio OKAPI a été interpellé car il avait parlé de la guerre au Maniema. Les policiers, voire la DGM, retournent dans leur poste.

La crise sécuritaire a affecté quatre paroisses : Kabambare, Kibangula, Wamaza et Salamabila dans le territoire de Kabambare. Les populations n’y ont pas cultivé suite à la guerre. Et cela a provoqué une crise alimentaire. Le diocèse de Kasongo organise une quête spéciale dans toutes les paroisses le 27 mai 2018 pour soutenir ces paroisses.

La dégradation de la route limite les déplacements. Quand il pleut, la route devient de plus en plus impraticable. Cela renforce la crise économique. Les articles sont très chers et tardent à arriver. La sécurité n’est pas très bonne. La présence militaire qui devrait être source de consolation et de sécurité devient une source de peur et d’insécurité : viol, réclamations exagérées d’argent aux passagers, etc.

A Kindu, le nouveau gouverneur n’arrive pas à travailler car il n’est pas de la majorité présidentielle. La province est frappée par la polio et le choléra. Malgré l’engagement du gouvernement, la population refuse de collaborer pour la vaccination des enfants. Certains sont convaincus que les vaccinations tuent leurs enfants.

Sur le plan social, le tribalisme est fort présent : il y a beaucoup d’oppositions quand un responsable n’est pas de la tribu de telle ou telle ethnie.

Le diocèse de Kindu a accueilli le 11 février 2018 deux nouveaux prêtres. Le diocèse de Kasongo a célébré l’ordination presbytérale de l’abbé Marcel le 27 janvier 2018 à Kibangula alors qu’il venait de perdre un prêtre, l’abbé Didace Fundi à Kinshasa.

Face au tribalisme qui existe dans le diocèse, l’évêque continue à évangéliser les fidèles à s’accepter comme frères et sœurs à travers ses homélies, ses lettres pastorales : c’est pourquoi il propose comme thème pastoral : « Tout homme est mon frère, toute femme est ma sœur ».

FLASH PAC nr 45 of April to June 2018