Gisela Schreyer, smndaComment faire un bon usage de la presse écrite dans le cadre de la Congrégation et de la mission ? À l’époque où beaucoup communiquent davantage par les réseaux sociaux et le langage abrégé des SMS, la presse écrite semble un genre journalistique d’hier.
Étant moi-même immigrée sur la planète digitale, je me sens souvent mal à l’aise en face de la rapidité et du flot de l’information. J’aime voir les choses « noir sur blanc », j’aime développer une pensée, mot à mot, au fur et à mesure que je parcours les lignes, mots pesés, choisis, appropriés dans un contexte donné.
En tant qu’éditrice, j’ai fait mes premiers pas avec la revue missionnaire germanophone Kontinente, produit d’un consortium de plus de 20 Instituts missionnaires et depuis une dizaine d’année sous la direction de Missio Aachen en Allemagne. Pendant mes cinq ans avec Kontinente, en tant qu’apprentie d’abord, et en tant que rédactrice par la suite, j’ai apprécié la presse écrite comme un moyen de parler de la mission, de l’Église missionnaire, de notre Congrégation et des valeurs d’autres peuples. Le rythme de parution de six fois par an nous donnait le temps de bien préparer et d’approfondir nos recherches.
Au Burundi, entre 2000 et 2002, j’ai collaboré aux bulletins diocésains de Gitega et de Ngozi. Avec le bureau pastoral de Gitega, nous avons tenu plusieurs sessions de formation pour des laïcs, « correspondants » des paroisses, pour faire de cette publication un bulletin de l’Église famille. Notre devise était tirée de la lettre de Saint Paul aux Ephésiens 4, 29 : « s’il en est besoin, dites une parole bonne et constructive, bienveillante pour ceux qui vous écoutent. »
Aujourd’hui, comme éditrice du bulletin SMNDA, Partage/Sharing Trentaprile, notre but est de promouvoir l’esprit de corps, de faire circuler la vie, de faire connaissance entre générations, de réfléchir en Congrégation…
Dans mon rôle d’archiviste aussi, je peux puiser dans le trésor inestimable des publications de « Presse – Mission » (cf. Rencontre des Missionnaires d’Afrique, PB et SB, « Presse-Mission » à Thy-le-Château, 1982) d’autrefois pour répondre aux chercheurs.
En relisant les documents clés de l’Église sur la communication sociale, le décret du Concile Vatican II Inter Mirifica (1963), les instructions pastorales Communio et progressio (1971) et Aetatis Novae (1992), je retrouve des principes qui valent encore (pour toute publication d’ailleurs) :
- La nécessité de formation de la conscience des producteurs et des utilisateurs
- L’appel au discernement de ce qui aide et de ce qui nuit parce que malhonnête
En tant qu’Église se laisser guider par la charité (1 Co 8,1)
- Assurer aux médias catholiques une place et une voix d’information équilibrée et de dialogue critique.
À la presse écrite, l’Église attribue un rôle important : la presse écrite « peut entrer dans le détail des événements, les expliquer, en provoquant la réflexion du lecteur et en lui permettant d’y revenir, s’il le désire. Complément indispensable des moyens audio-visuels, elle est particulièrement apte à éveiller le sens critique et à former le jugement. Sa capacité de diversification et son aptitude à servir de support à la réflexion en font un instrument de base du dialogue social.

La presse catholique d’intérêt général publie des informations, des commentaires et des opinions sur tous les aspects de la vie courante et sur tous les problèmes auxquels est affronté l’homme contemporain. » (cf. Communio et progressio n° 136 et 138)
Dans une conférence sur l’éthique des médias, le président du Bayerischer Rundfunk, Munich (Allemagne), M. Ulrich Wilhelm, a plaidé pour un « journalisme constructif » qui semble être mis à l’épreuve par 4 tendances : l’individualisation de l’information, le flot de l’information, la vitesse des technologies et, en conséquence, la perte des « règles du jeu » et de la responsabilité pour ce qui est proposé au grand public.
En face de ces tendances, il faudra un renouvellement du code de conduite pour les journalistes, et même une réflexion anthropologique, une nouvelle vision de la personne humaine dans la société. Que veut-on avec l’information, quel but poursuit-on ?
Devant cette exigence, nous, qui écrivons pour nos Instituts ou pour les amis de la mission et aussi pour le grand public, nous pourrions assumer un rôle de traducteurs et traductrices qui permettent à nos lecteurs et lectrices de se retrouver dans une réalité décrite parfois dans un état « liquide », difficile à capter et à saisir pour orienter.
Et de l’orientation, il nous en faut ! Car nous cherchons toujours à nouveau à évaluer la réalité qui nous entoure. Notre jugement n’est pas fait une fois pour toutes. Notre rôle pourrait donc être celui d’interprètes de la réalité à la lumière de l’Évangile et de l’enseignement de l’Église. Pour ce faire, la presse me semble le meilleur moyen.
Le pape François, dans son message pour la Journée mondiale des communications sociales 2017, propose comme clé de lecture de la réalité : « Communiquer l’espérance et la confiance en notre temps. »
Sr Gisela Schreyer, SMNDA