Hermann Juchmes R.I.P.

Société des Missionnaires d'Afrique

Le Père Ludwig Peschen, Délégué Provincial du secteur d’Allemagne,
vous fait part du retour au Seigneur du Père

Hermann Juchmes

le mardi 20 août 2024 à Trier (Allemagne)
à l’âge de 87 ans dont 63 ans de vie missionnaire
en RD Congo et en Allemagne.

Prions pour lui et pour ceux qui lui étaient chers.

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Ordination épiscopale de Mgr Francis Bomansaan

Le 2 août 2024, les fidèles du diocèse de Wa ont eu la joie de vivre une cérémonie exceptionnelle : l’ordination épiscopale de leur nouveau berger, Mgr Francis Bomansaan. Cette cérémonie a étanché leur soif d’avoir un nouveau guide après la mort de feu l’évêque, le cardinal Richard Baawobr, M. Afr., le 27 novembre 2022.

De nombreux dignitaires ont assisté à cette cérémonie, parmi lesquels des évêques du Ghana, du Burkina Faso et de la République démocratique du Congo. Beaucoup de prêtres, religieux et religieuses, ainsi que des fidèles laïcs, ont assisté à la cérémonie. La famille Lavigerie était représentée par plus de cinquante (50) confrères (prêtres et frères) de la Société des Missionnaires d’Afrique (M. Afr.), et quelques Sœurs Missionnaires de Notre-Dame d’Afrique (SMNDA). Il y avait également des invités de la classe politique, d’autres chefs religieux, ainsi que des chefs traditionnels. L’ordination a eu lieu au Wa Sports Stadium.

L’archevêque métropolitain de Tamale, Mgr Philip Naameh, a présidé la cérémonie de consécration avec l’évêque émérite de Wa, Mgr Paul Bemile, et Mgr Mathew Kwasi Gyamfi, évêque de Sunyani et président de la Conférence des évêques catholiques du Ghana, qui l’ont co-consacré.

Homélie de Mgr Peter Paul Angkyier

Au début de son homélie, l’évêque du diocèse de Damongo, Mgr Peter Paul Angkyier, a invité les fidèles à s’arrêter un instant pour recommander à la miséricorde du Seigneur Jésus-Christ les âmes du défunt cardinal Mgr Baawobr et du défunt révérend père Edward Tengan, l’administrateur diocésain après la mort du cardinal Richard. Mgr Angkyier a remercié les fidèles du diocèse de Wa pour leurs ferventes prières en vue d’avoir un digne successeur suite au décès de feu le cardinal Richard Baawobr, ajoutant que Dieu a effectivement répondu à leurs prières en leur donnant le révérend père Francis Bomansaan, M. Afr. comme nouvel évêque du diocèse de Wa.

Commentant la première lecture du prophète Isaïe, Mgr Angkyier a déclaré : “Dieu a choisi notre évêque élu, M. Bomansaan, un missionnaire qui a œuvré dans les régions les plus reculées du monde, notamment en Tanzanie, et même dans des pays tels que le Kenya, le Royaume-Uni, la Pologne, la Zambie et aussi à Rome. Il l’a choisi pour se mettre au service de son peuple. Ses nombreuses années d’expérience missionnaire dans ces pays étrangers et ces endroits reculés l’ont rendu plus fort, en le dotant de dons et de capacités qui l’ont préparé à être le berger de ce diocèse. Grâce à son ministère, le grand esprit missionnaire de ce diocèse sera ravivé”.

Il a ajouté que le prophète Isaïe rend évident le fait que l’élection de Monseigneur Francis est une expression de la miséricorde et de l’amour particulier de Dieu pour ce grand diocèse de Wa ; et il a invité tout le monde à rendre grâce à Dieu pour le don du nouvel évêque, dont le ministère sera une véritable bénédiction pour le diocèse de Wa et l’ensemble de l’Église catholique.

Il a ensuite rappelé les fonctions de l’évêque selon Lumen Gentium, qui se résument à trois fonctions : sanctifier, enseigner et gouverner. Il a ensuite souligné que “l’un des principaux devoirs de l’évêque en tant que successeur des apôtres est d’être un prédicateur de la Bonne Nouvelle et un enseignant de la foi à l’exemple de Jésus-Christ, le grand enseignant”.

Dans le cadre de son rôle prophétique, l’évêque doit être la “voix des sans-voix dans les questions sociales, politiques et morales”, ce qui, selon Mgr Angkyier, est encore plus vrai aujourd’hui “où les droits politiques, sociaux et religieux sont souvent bafoués par de nombreuses forces”. L’évêque doit “faire l’option pour les pauvres, les souffrants, les opprimés, les faibles et les marginalisés de la société”.

Il a averti le nouvel évêque de la difficulté de prêcher l’Évangile aujourd’hui, où de nombreux chrétiens veulent une foi agréable et pratique qui leur permette de vivre leur vie “sans être dérangés ni gênés”. Cette tâche, selon lui, exige beaucoup de “détermination, d’intégrité et d’engagement”. Le nouvel évêque n’aura toutefois pas à avoir peur d’être fidèle à la prédication de l’Évangile, même si cela lui vaut beaucoup de souffrances, d’aversions et de haine de la part des autres : Dieu, par l’intermédiaire du prophète Isaïe dans la première lecture, l’assure “de sa protection, de sa force, de son aide et de sa victoire sur l’ennemi”.

Commentant le texte de l’Évangile dans lequel Jésus demande à Pierre à trois reprises “m’aimes-tu ?”, Mgr Angkyier a souligné le fait que “Jésus confère à Pierre une mission pastorale en tant que chef des bergers et chef de tout le troupeau”. Il a ajouté que cet épisode a apporté à Pierre une mission et une grande responsabilité, celle de nourrir, de paître et de prendre soin des brebis en l’absence de Jésus.

Il a rappelé au nouvel évêque qu’il était appelé à aimer ses brebis en suivant l’exemple de Jésus, quitte à donner sa vie pour elles : “Sachez qu’en tant qu’évêque, votre amour pour Jésus et votre fidélité à ses commandements seront démontrés dans la mesure où vous aimerez et prendrez soin de votre troupeau, même des brebis récalcitrantes”. Il a souligné à l’occasion le fait que de nombreux fidèles du diocèse retournent à la religion traditionnelle, à la recherche de réponses à leurs questions sur la foi. Voilà pourquoi il a exhorté le nouvel évêque non seulement à prêter attention aux besoins pastoraux des jeunes qui sont l’avenir de l’Église, mais aussi à être un modèle en disant : “En tant qu’évêque, vous devez être un exemple d’amour et de vocation de disciple pour vos prêtres, vos religieux et religieuses, ainsi que pour les laïcs. Vous sanctifierez ainsi votre troupeau par votre exemple et votre témoignage d’amour”.

Discours du Révérend Père Stanley Lubungo

Dans son discours de congratulations, le Supérieur général des Missionnaires d’Afrique, le Père Stanley Lubungo, M. Afr., a félicité le nouvel évêque, l’assurant des prières continues et du soutien de ses confrères alors qu’il conduit le diocèse de Wa vers un avenir rempli d’espoir, de foi et d’amour du Christ. Le Supérieur général a déclaré que “pour nous, Missionnaires d’Afrique, vos confrères, votre nomination est un témoignage de votre dévouement inébranlable, de votre foi profonde et de votre leadership exemplaire au sein de la Société et de l’Église”. Il a exalté la sagesse pastorale, l’humilité, la vision, la passion et la charité de Monseigneur Francis, en disant : “Au fil des ans, et ayant particulièrement eu le privilège de travailler à vos côtés au sein de notre Conseil général au cours des deux dernières années à Rome, j’ai été le témoin direct de votre profond engagement envers la Mission et de votre service plein de compassion envers le peuple de Dieu et nos confrères”.

Il a conclu en exprimant sa gratitude envers le peuple de Dieu du diocèse de Wa d’avoir donné l’évêque Francis, leur fils, et 23 autres personnes à la Société des Missionnaires d’Afrique, pour le service de la Mission en dehors de leur propre diocèse et pays, appréciant l’engagement exemplaire de ces missionnaires. Le Père Lubungo a révélé que l’un des défis auxquels l’évêque Francis a dû faire face était “l’idée de retourner définitivement dans son diocèse et son pays d’origine qu’il avait accepté de quitter lorsqu’il a répondu à l’appel à devenir missionnaire”. Il a ensuite rapporté à tous ceux qui étaient présents les paroles qu’il avait dites à l’évêque Francis avant qu’il ne quitte Rome : “Ce n’est pas un retour à la maison, c’est une nomination à la Mission qui attend d’être accomplie dans ce diocèse”.

Autres félicitations

À la fin de l’ordination épiscopale, le nouvel évêque, Francis Bomansaan, a été très chaleureusement félicité et encouragé par les nombreux éminents dignitaires présents à cette célébration, tels que le cardinal Appiah Turkson, chancelier de l’Académie pontificale des Sciences et de l’Académie pontificale des Sciences sociales, Mgr Mathew Kwasi Gyamfi, président de la Conférence des évêques catholiques du Ghana et évêque de Sunyani, Mgr Philip Naameh, archevêque métropolitain de Tamale, Mgr Paul Bemile, évêque émérite de Wa, et l’ancien président du Ghana, John Dramani Mahama, entre autres.

Nous rendons grâce au Dieu tout-puissant d’avoir choisi l’évêque Francis Bomansaan comme berger du troupeau du diocèse de Wa. Nous continuons à prier pour lui et pour les fidèles de ce diocèse qui a reçu la première annonce de l’évangile par les Missionnaires d’Afrique. Nos vives félicitations à Mgr Francis Bomansaan, et aux fidèles du diocèse de Wa.

Par: Vitus Danaa Abobo, M.Afr.

Otto Bailer R.I.P.

Société des Missionnaires d'Afrique

Le Père Ludwig Peschen, Délégué Provincial du secteur d’Allemagne,
vous fait part du retour au Seigneur du Père

Otto Bailer

le lundi 29 juillet 2024 à Trier (Allemagne)
à l’âge de 91 ans dont 64 ans de vie missionnaire
en Grande-Bretagne , en Ouganda et en Allemagne.

Prions pour lui et pour ceux qui lui étaient chers.

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René van der Mast R.I.P.

Société des Missionnaires d'Afrique

Le Père Jozef de Bekker, Délégué Provincial du secteur des Pays-Bas,
vous fait part du retour au Seigneur du Frère

René van der Mast

le dimanche 28 juillet 2024 à Horn (Pays-Bas)
à l’âge de 86 ans dont 66 ans de vie missionnaire
en Tanzanie, en Grande Bretagne et aux Pays-Bas.

Prions pour lui et pour ceux qui lui étaient chers.

Téléchargez ici le faire-part de décès du Frère René van der Mast

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Les initiatives de résolution pacifique des conflits au diocèse de Mahagi-Nioka (Ituri-R.D. Congo)

Le fait de traiter un sujet dans la paix, dans le calme et sans la moindre forme de violence, correspond à la gestion pacifique des conflits. Cela traduit une volonté des différentes parties impliquées, de traiter une situation dans la tranquillité et la sérénité, sans agressivité. Nul n’ignore la fièvre d’insécurité et des perturbations socio-sécuritaires enregistrées et vécues ici et là, sur l’étendue du territoire national en RD Congo, particulièrement dans la province de l’Ituri. Dans cette province, on n’arrive pas à asseoir une paix durable. Ces guerres et conflits armés à répétition ont occasionné plusieurs dégâts tant humains que matériels, ainsi qu’une grande fracture sociale entre les communautés. 

En effet, de juin 2020 à nos jours, le diocèse de Mahagi-Nioka est préoccupé, à travers la Commission diocésaine Justice et Paix, par la crise qui sévit dans cette province de l’Ituri en général ; spécialement dans les territoires affectés par les conflits armés ethniques, suite aux exactions commises par la milice CODECO et ses alliés, ainsi que par d´autres groupes armées. L’Ituri se porte très mal depuis plus de 20 ans. Il y a toujours des signes faisant craindre un retour brutal de la violence et du désordre du passé. Il vaut donc la peine de consolider les acquis positifs de la période qui a suivi ce conflit armé, et de travailler davantage pour minimiser les risques de retour de la violence. Telle est la situation que la population de l’Ituri vit en ces jours.

Oui, l’insécurité est présente dans le diocèse de Mahagi-Nioka et dans certains milieux. Des situations de frustration entre les communautés et le conflit foncier opposant les groupements et la chefferie, les écoles et les populations riveraines, les Eglises et les grands concessionnaires… ont secoué par moments et par endroits, beaucoup d’autres chefferies voisines et les paroisses se trouvant dans la circonscription du diocèse. En un mot, la situation sécuritaire n’est pas rose dans la province de l’Ituri.

Les facettes du conflit

Le conflit a plusieurs facettes : problèmes fonciers, identitaires, complexes, etc. Le conflit se manifeste d’une façon cyclique (environ tous les 5 ans), par des affrontements à l’arme blanche entre les membres des deux communautés : massacres, pillages et incendiés, etc. Par le passé, les affrontements étaient vite matés par le pouvoir en place, mais aujourd’hui, c’est une autre facette plus complexe. Le dernier conflit qui a démarré en 2017, a vite pris des allures nouvelles jamais vues par le passé.

Dans le domaine de la pacification et réconciliation entre les communautés, les manifestations des conflits sont visibles, telles que :

  • Méfiance entre les communautés, surtout dans les territoires de Djugu-Mahagi ; chaque communauté pense toujours que l’autre prépare une attaque : Walendu Watsi et Anghal II ;
  • Complexe de supériorité et d’infériorité entre les communautés ;
  • Les migrations de la communauté (personnes déplacées internes) posent toujours un problème très sensible dans les territoires de Djugu et Mahagi ;
  • Les conflits entre agriculteurs et éleveurs, liés à la divagation des bêtes d’élevage présentes dans les territoires affectés par les conflits ;
  • La présence des extrémistes dans certaines communautés ne favorise pas la réconciliation avec les autres ;
  • La récupération politicienne de certains problèmes ne favorisent pas non plus la réconciliation entre les communautés, etc.

On peut dire que les perceptions négatives, la non-acceptation des autres, des personnes déplacées, et surtout la manipulation de certains extrémistes sont à la base des tensions entre les communautés. Un dialogue franc entre les communautés et des médiations autour des problèmes qui les opposent seraient les voies de sortie vers la réconciliation.

Comment ces conflits se manifestent-ils dans le diocèse de Mahagi-Nioka ?

Dans le diocèse, plusieurs types de conflits fonciers et autres existent, notamment des conflits entre agriculteurs et éleveurs, des conflits entre les concessionnaires et les agriculteurs, des conflits entre les concessionnaires (grands troupeaux) et les autres éleveurs des pâturages collectifs, des conflits de limites administratives entre les familles et les clans, au sein d’un même village ou quartier ainsi qu’au sein d’une même chefferie ou secteur, des conflits d’occupation illégale entre les communautés religieuses et les communautés environnantes, des conflits de vente illégale de terrain (stellionat). Tous ces cas sont présents dans et autour des Eglises et des grandes concessions.

Les conflits fonciers sont encore entiers et constituent une grande menace pour la paix durable dans le diocèse. Des nouveaux conflits sont nés, surtout liés aux limites des entités administratives. Au stade actuel, toutes les tentatives de résolution de ces conflits par les voies de médiations et de dialogues servent juste à calmer les tensions. Les solutions durables ne proviendront qu’à travers une campagne de concertation pour la réconciliation et un sérieur dialogue lors de la semaine de la Paix.

Ces événements et d’autres qui ont marqué le chemin des personnes les années passées, nous renseignent qu’il est important de prendre soin les uns des autres par des initiatives afin de construire une société fondée sur des relations de fraternité. C’est dans ce cadre que Mgr Sosthène Ayikili Adjuwa, évêque du diocèse, organise chaque année « des dialogues » à travers la Commission Justice et Paix, rencontres de pacification à l’intention des chefs coutumiers, des notables et des autres couches de la communauté, afin de discuter, d’échanger sur les causes des conflits sévissant dans la région. Ces initiatives ont toujours eu des impacts visibles dans les communautés affectées par les conflits de tout genre.

Les délégués de la Commission de Pacification du territoire de Mahagi (CPM), réunis autour de l’évêque ont adopté par consensus, un projet de mécanisme transitoire pour la pacification et l’administration du territoire de Mahagi, sous la présidence de Mgr Sosthène. Mue par une telle détermination de voir aboutir la paix, la Commission de Pacification a pour mission de  diagnostiquer toutes les formes de misères engendrées par les conflits armés. Tels sont l’implication et l’engagement de l’Eglise catholique dans la résolution pacifique des conflits.

Par: Francisco Ostos Palma, M.Afr.

Michel Grelet R.I.P.

Société des Missionnaires d'Afrique

Le Père Michel Girard, Délégué Provincial du secteur de France,
vous fait part du retour au Seigneur du Père

Michel Grelet

le jeudi 25 juillet 2024 à Billère (France)
à l’âge de 95 ans dont 68 ans de vie missionnaire
en RD Congo et en France.

Prions pour lui et pour ceux qui lui étaient chers.

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Jean Deschildre R.I.P.

Société des Missionnaires d'Afrique

Le Père Michel Girard, Délégué Provincial du secteur de France,
vous fait part du retour au Seigneur du Père

Jean Deschildre

le dimanche 14 juillet 2024 à Billère (France)
à l’âge de 91 ans dont 64 ans de vie missionnaire
en Italie, au Rwanda et en France.

Prions pour lui et pour ceux qui lui étaient chers.

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Si tu veux la paix, sois familier des conflits

 Dans les relations humaines, les conflits semblent inévitables. Ils sont omniprésents et font partie de la vie quotidienne. Nous sommes dans une société où tentation de conflit et désir de paix sont étroitement liés. Étant donné que le conflit est naturel et qu’une vie sans conflit n’existe presque pas, il est important, voire essentiel, pour l’homme de prendre conscience de l’existence du conflit dans la vie quotidienne. Tout ce qui touche les relations humaines peut être source du conflit. Ce peut être au sein d’une famille, d’une communauté, ou entre deux individus. Le conflit est donc normal, en ce sens que l’homme est un être de relation. Il peut détruire, comme il peut construire l’unité des personnes ou d’une communauté humaine. Voilà pourquoi il est très important d’étudier tous les paramètres du conflit en vue d’aboutir à un consensus qui soit bénéfique à tous.

Le conflit comme facteur déstabilisateur

Qui dit conflit fait référence aux disputes, à la colère, à l’affrontement, au désaccord, à la violence, à la tension, à l’absence d’harmonie, à la confrontation, à la crise, etc. Considérant tous ces dérivés, on peut affirmer que cet élément déstabisateur vient troubler la quiétude d’un homme, d’un peuple, d’une communauté, d’une nation. Mal géré, il a un impact dévastateur pouvant affecter le tissu social, les relations interpersonnelles ou la personne humaine elle-même. L’un des aspects négatifs le plus évident est la destruction qui engendre des expériences douloureuses. Il peut surtout être source de démotivation et avoir des effets néfastes quand un climat de suspicion et de méfiance règne.

Le conflit comme facteur constructif

Bien que les conflits soient souvent associés à des conséquences néfastes, comme il a été mentionné ci-dessus, certains observateurs soutiennent qu’ils peuvent également être une source de bienfaits. Le conflit peut être un lieu de socialisation où on apprend à vivre ensemble en reconnaissant que l’autre est différent de soi. Aussi favorise-t-il la remise en question personnelle et mutuelle. Il devient ainsi source du développement personnel. Il peut être une opportunité pour mieux vivre ensemble et restaurer l’harmonie et la cohésion. Au Niger, en janvier 2015, nous avons été témoins d’une situation de conflit que nous avons vécue dans la foi et l’espoir d’un lendemain meilleur. Il s’agit de l’attaque anti-chrétienne dont l’Église-famille du Niger a été victime. Révoltés contre une publication faite par Charlie Hebdo caricaturant le prophète Mohamed, certains musulmans ont décidé de se venger en brûlant des églises, hôtels et débits de boissons. C’est ainsi que nous avons assisté, impuissants, à la destruction d’une quarantaine d’églises, toutes pillées et parties en flamme. Cette expérience vécue nous a permis de renouveler notre amitié et notre fraternité à l’ensemble de la communauté musulmane du Niger. Même si nos églises ont été brûlées, notre foi est restée intacte et renouvelée. Nous sommes restés fermes et unis dans la prière pour que l’amour soit plus fort que la haine et la violence.  

Quelques facteurs déclencheurs du conflit

Les sources de conflit sont variées et complexes. Les différences culturelles et politiques, la religion, l’idéologie, les inégalités socio-économiques et le style de communication peuvent jouer un rôle significatif dans l’escalade des conflits. En effet, la divergence du contexte culturel fait que l’interprétation d’une attitude, d’un comportement, d’un geste, etc. n’a pas forcément la même connotation d’une communauté à l’autre, d’un individu à un autre. Une compréhension approfondie de ces dynamiques est essentielle pour la prévention et la résolution des conflits.

Engagement de l’Église dans la résolution pacifique des conflits

Dans le cas du Niger, le message des évêques résume le rôle et la place de l’Église dans la résolution pacifique des conflits : « Nous, les Évêques de l’Église catholique, en communion profonde avec nos communautés durement éprouvées par les événements inattendus et tragiques que nous avons subis sans en comprendre les raisons, nous venons renouveler notre amitié et notre fraternité à l’ensemble de la communauté musulmane de notre pays… Notre cœur n’a jamais cessé d’être animé par des paroles fortes de Jésus : « aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient » (Lc 6, 27-28) » .

L’Église joue un rôle primordial dans la médiation, la réconciliation et la promotion de la paix. Ses leaders ont souvent servi de médiateurs neutres dans les conflits, facilitant le dialogue entre les parties en conflit. Leur autorité morale et leur capacité à transcender les divisions politiques et sociales, ont pour la plupart du temps contribué à créer un espace sûr pour la négociation. Il est du devoir de ces leaders de le rappeler aux fidèles et de les inviter à suivre l’exemple de Jésus en pardonnant aux autres, même lorsque cela semble difficile ou impossible. Cela implique le renoncement à la colère, à la rancune et à la vengeance. Ils n’oublieront surtout pas de les inviter à la vigilance et à la responsabilité pour ne jamais céder à la pression des influences externes peuvant fragiliser les relations et le vivre ensemble pacifique.

Que faire en tant que témoin de l’évangile pour la prévention et la résolution des conflits ?

Dans sa lutte contre l’esclavagisme, notre fondateur le cardinal Charles Lavigerie disait : « Je suis homme, l’injustice envers d’autres hommes révolte mon cœur. Je suis homme, l’oppression indigne ma nature … ». En tant que Missionnaires d’Afrique et témoins de l’évangile, nous ne devons pas rester indifférents aux conflits, ni les fuir. Nous devons développer les initiatives visant à préserver la cohabitation pacifique, le respect réciproque de nos convictions et la convivialité qui ont toujours caractérisé notre société. Il nous revient de nous engager dans le dialogue pour comprendre davantage que nos diversités religieuses et ethniques sont des richesses qui doivent contribuer à la consolidation de notre unité car « ce qui nous rassemble est plus fort que ce qui nous divise ».

Par: Innocent Habimana, M.Afr.

Conflits : défis et opportunités de vivre le témoignage prophétique

Qui de nous n’a pas vécu des conflits au sein de nos communautés ? Nous sommes loin d’un état paradisiaque de paix absolue. D’après mon expérience, le thème du conflit provoque facilement un malaise. Il renvoie à des réalités quotidiennes que nous vivons. Ne pas vouloir percevoir les conflits, ne pas en parler, les ignorer ou encore se précipiter à retourner à un état de tranquillité apparente, sans vraiment gérer ces conflits de manière constructive, sont des attitudes et des habitudes que nous observons, notamment dans nos milieux religieux. Il n’est alors pas surprenant que les conséquences se répercutent sur notre vie communautaire et que des confrères continuent à mijoter leurs frustrations et leurs mécontentements.

Des conflits latents

Suite aux formations interactives et participatives sur la gestion, la prévention, la résolution et la transformation des conflits que j’ai pu organiser avec des religieux et religieuses de différents Instituts, ma sensibilisé aux conflits communautaires s’est progressivement développée, façonnée et intensifiée au cours des 20 dernières années. Je découvre en moi un regard éveillé et alerté qui aperçoit rapidement des conflits latents, cachés et sous-jacents. Plusieurs confrères m’ont déjà fait la remarque que je « crée » des conflits. Créer n’est pas le mot juste, car il s’agit plutôt de rendre visible ce qui est caché. Il est dommage que nous ne parlions pas, ou pas suffisamment, de ces conflits latents. Nous ne saisissons pas ces opportunités pour renforcer et consolider notre vie communautaire. Nous n’offrons pas assez de conditions favorables au sein de la communauté pour en parler avant que la situation ne pourrisse, ne devienne trop explosive et, dans certains cas, n’éclate violemment. Nommer un conflit, l’aborder en communauté, s’écouter mutuellement, faire attention de ne pas confondre l’objet du conflit avec le confrère en face, chercher ensemble des solutions et se mettre d’accord pour transformer la situation d’une façon constructive, ce n’est pas un rêve. Selon mon constat personnel, c’est une pratique que nous n’apprenons pas assez pour la vivre continuellement dans nos communautés.

L’interculturalité

Je me demande si certains malaises ne proviennent pas de nos représentations du conflit. Pour ma part, je perçois un conflit comme une opportunité de changement, une chance de transformation continue. Une communauté qui maintient à tout prix la tranquillité et le statut quo se prive de grandir et d’avancer ensemble. N’oublions pas que dans le conflit, la divergence ou la dispute, s’opère toujours en même temps une forme de mise en relation, une rencontre avec l’autre, selon Georg Simmel. Parce que nous ne sommes pas indifférents l’un à l’autre, nous vivons des moments conflictuels. D’ailleurs, lorsque nous voulons bâtir des communautés interculturelles en vue du témoignage prophétique, de nombreux malentendus interculturels apparaissent inévitablement. Alors, je me pose la question : si nous, Missionnaires d’Afrique, mettons-nous suffisamment le paquet sur le processus d’apprentissage et d’acquisition des compétences interculturelles. L’enjeu est que chacun de nous puisse s’outiller solidement afin que nos conflits soient gérés, résolus et même transformés d’une façon constructive. Vivre ensemble ce processus de transformation consolide la confiance mutuelle, motive, stimule et encourage à s’impliquer pleinement dans la vie et le projet communautaire. Le processus de la transformation du conflit fortifie donc les relations entre les confrères et renforce l’esprit d’appartenance et d’identité commune.

A Bruxelles

Récemment, j’ai aperçu une affiche intéressante lors de mes promenades dans la commune d’Etterbeek à Bruxelles. La commune offre un service de médiation interpersonnelle aux résidents. Lorsqu’il y a des conflits entre voisins, causés par exemple par le bruit, la pollution, des habitudes et des modes de vie différents, les parties en conflit peuvent faire appel aux médiateurs/trices. Il s’agit de tierces personnes, plutôt neutres, qui offrent leurs compétences et facilitent la recherche d’une solution qui convient le mieux aux parties en conflit. Au sein de l’Église, au sein des Instituts religieux, la médiation n’est pas encore assez développée. C’est bien dommage, car dans nos communautés, ces médiateurs/trices peuvent être une alternative intéressante, surtout lorsque le conflit entre confrères s’aggrave et risque de bloquer les relations. Dans de tels cas, le provincial lui-même ou son délégué sont notamment appelés à intervenir avec force.

Dans nos engagements missionnaires

Le thème de la médiation me permet maintenant d’aller au-delà de nos communautés de Missionnaires d’Afrique. J’aimerais focaliser davantage notre regard sur nos engagements missionnaires.

Lors du dernier Chapitre général, nous nous sommes fixés des priorités missionnaires : « être envoyé dans les zones de fractures, aux périphéries du monde et de l’Eglise », notamment auprès des migrants, et témoigner dans « un monde de plus en plus polarisé où le tribalisme, le racisme, le fondamentalisme religieux et la cupidité divisent les personnes » (Actes Capitulaires 2022, p.21). Ces priorités nous conduisent inévitablement dans des contextes et des situations conflictuels.

Prenons l’exemple de la migration. En Europe, plusieurs élections se préparent, y compris celle de l’Union européenne. Il est sûr que le thème de la migration et de l’asile est utilisé pour polariser, attiser des ressentiments, propager des stéréotypes racistes et xénophobes, provoquer des émotions négatives et des colères contre les migrants, et faire escalader des conflits même par la violence. La réflexion suivante de Klaus Kraemer est révélatrice. Selon lui, les conflits de répartition face à l’inégalité économique au sein d’une nation, ne se dirige pas contre le « haut » (riches, privilégiés), mais contre les étrangers et les immigrés, c’est-à-dire vers le « bas » et vers l’« extérieur ».

Que ferons-nous face à ces conflits latents et ouverts ? Comment réagissons-nous ? L’Église catholique nous sollicite à accueillir, protéger, promouvoir et intégrer les migrants et les réfugiés (François, Journée Mondiale du Migrant et du Réefugié, 2018). En ce qui concerne l’intégration, notons que la pratique de la médiation sociale, en particulier la médiation interculturelle, a un potentiel énorme afin de contribuer à la construction de la cohésion sociale et de la paix sociale. D’ailleurs, nous sommes appelés à promouvoir la fécondation réciproque des cultures (Jean Paul II, Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié, 2005), à reconnaitre mutuellement les richesses, les possibilités et les limites des cultures (Fratelli Tutti, 147), et à vivre la culture de la rencontre (Fratelli Tutti, 215). A travers nos engagements interculturels nous vivons pleinement et authentiquement la Mission inter gentes en contribuant à la paix, la cohésion sociale et la fraternité universelle.

En même temps, nous sommes interpellés à veiller à ce qu’existe un cadre politique dans lequel les décideurs garantissent l’accueil et la protection des migrants. En conséquence, nos votes aux élections sont extrêmement importants, en particulier dans des sociétés de tendance de tribalisation et de recours désespéré à un régime public autoritaire, sous la forme d’un État nationaliste qui défend les intérêts de la tribu, selon l’analyse de Gaël Giraud.

J’aimerais conclure avec une parole sage de Vinicius De Moraes : « La vie, c’est l’art de la rencontre, même s’il y a tant de désaccords dans la vie » (Fratelli Tutti, 215). Que nos différences puissent coexister en se complétant, en s’enrichissant et en s’éclairant réciproquement ; voilà un souhait pour nous tous (Fratelli Tutti, 215).

Par: Andreas Göpfert, M.Afr.

André Fransen R.I.P.

Société des Missionnaires d'Afrique

Le Père Yvo Wellens, Délégué Provincial du secteur de Belgique,
vous fait part du retour au Seigneur du Père

André Fransen

le mercredi 3 juillet 2024 à Varsenare (Belgique)
à l’âge de 93 ans dont 70 ans de vie missionnaire
en Italie, en RD Congo, au Rwanda et en Belgique.

Prions pour lui et pour ceux qui lui étaient chers.

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