Waly Neven, R.I.P.

Société des Missionnaires d'Afrique

Le Père Yvo Wellens, Délégué Provincial du secteur de Belgique,
vous fait part du retour au Seigneur du Père

Walrave (Waly) Neven

le samedi 14 novembre 2020 à l’hôpital Brugmann – Bruxelles (Belgique)
à l’âge de 93 ans dont 69 ans de vie missionnaire
au Burundi, en Italie, en RD Congo et en Belgique.

Prions pour lui et pour ceux qui lui étaient chers.

(plus…)

Journée mondiale des pauvres

4ème Journée mondiale des pauvres - 15 novembre 2020

Extrait du message du Pape François : « Tends ta main au pauvre » (Si 7, 32)

… La prière à Dieu et la solidarité avec les pauvres et les souffrants sont inséparables…. Par conséquent, le temps consacré à la prière ne peut jamais devenir un alibi pour négliger le prochain en difficulté. Le contraire est vrai : la bénédiction du Seigneur descend sur nous et la prière atteint son but quand elles sont accompagnées par le service aux pauvres.

Chaque rencontre avec une personne en situation de pauvreté nous provoque et nous interroge. Comment pouvons-nous contribuer à éliminer ou, du moins, à soulager sa marginalisation et sa souffrance ? Comment pouvons-nous l’aider dans sa pauvreté spirituelle ? … Le cri silencieux des nombreux pauvres doit trouver le peuple de Dieu en première ligne, toujours et partout, afin de leur donner une voix, de les défendre et de se solidariser avec eux devant tant d’hypocrisie et devant tant de promesses non tenues, pour les inviter à participer à la vie de la communauté.

…Malheureusement, il arrive de plus en plus souvent que la hâte entraîne dans un tourbillon d’indifférence, au point que l’on ne sait plus reconnaître tout le bien qui se fait quotidiennement, en silence et avec grande générosité…. Certes, la méchanceté et la violence, l’abus et la corruption ne manquent pas, mais la vie est tissée d’actes de respect et de générosité qui, non seulement compensent le mal, mais poussent à aller au-delà et à être remplis d’espérance.

Tendre la main est un signe : un signe qui rappelle immédiatement la proximité, la solidarité, l’amour. En ces mois où le monde entier a été submergé par un virus qui a apporté douleur et mort, détresse et égarement, combien de mains tendues nous avons pu voir ! La main tendue du médecin qui se soucie de chaque patient en essayant de trouver le bon remède. La main tendue de l’infirmière et de l’infirmier qui, bien au-delà de leurs horaires de travail, sont restés pour soigner les malades. La main tendue de ceux qui travaillent dans l’administration et procurent les moyens de sauver le plus de vies possibles. La main tendue du pharmacien exposé à tant de demandes dans un contact risqué avec les gens. La main tendue du prêtre qui bénit avec le déchirement au cœur. La main tendue du bénévole qui secourt ceux qui vivent dans la rue et qui, en plus de ne pas avoir un toit, n’ont rien à manger. La main tendue des hommes et des femmes qui travaillent pour offrir des services essentiels et la sécurité. Et combien d’autres mains tendues que nous pourrions décrire jusqu’à en composer une litanie des œuvres de bien. Toutes ces mains ont défié la contagion et la peur pour apporter soutien et consolation.

… Ce moment que nous vivons a mis en crise beaucoup de certitudes. Nous nous sentons plus pauvres et plus faibles parce que nous avons fait l’expérience de la limite et de la restriction de la liberté. La perte du travail, des relations affectives les plus chères, comme l’absence des relations interpersonnelles habituelles, a tout d’un coup ouvert des horizons que nous n’étions plus habitués à observer. Nos richesses spirituelles et matérielles ont été remises en question et nous avons découvert que nous avions peur. Enfermés dans le silence de nos maisons, nous avons redécouvert l’importance de la simplicité et d’avoir le regard fixé sur l’essentiel. Nous avons mûri l’exigence d’une nouvelle fraternité, capable d’entraide et d’estime réciproque. C’est un temps favorable pour « reprendre conscience que nous avons besoin les uns des autres, que nous avons une responsabilité vis-à-vis des autres et du monde […]. Depuis trop longtemps, déjà, nous avons été dans la dégradation morale, en nous moquant de l’éthique, de la bonté, de la foi, de l’honnêteté. […] Cette destruction de tout fondement de la vie sociale finit par nous opposer les uns aux autres, chacun cherchant à préserver ses propres intérêts ; elle provoque l’émergence de nouvelles formes de violence et de cruauté, et empêche le développement d’une vraie culture de protection de l’environnement » (Laudato Si’ n. 229). En somme, les graves crises économiques, financières et politiques ne cesseront pas tant que nous laisserons en état de veille la responsabilité que chacun doit sentir envers le prochain et chaque personne.

« Tends la main au pauvre », est donc une invitation à la responsabilité comme engagement direct de quiconque se sent participant du même sort. C’est une incitation à prendre en charge le poids des plus faibles, comme le rappelle saint Paul : « Mettez-vous, par amour au service les uns des autres. Car toute la Loi est accomplie dans l’unique parole que voici : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. (…) Portez les fardeaux des uns les autres » (Ga 5,13-14 ; 6,2). L’Apôtre enseigne que la liberté qui nous a été donnée par la mort et la résurrection de Jésus Christ est pour chacun de nous une responsabilité pour se mettre au service des autres, surtout des plus faibles. Il ne s’agit pas d’une exhortation facultative, mais d’une condition de l’authenticité de la foi que nous professons. …

… Presque sans nous en apercevoir, nous devenons incapables d’éprouver de la compassion devant le cri de douleur des autres, nous ne pleurons plus devant le drame des autres, leur prêter attention ne nous intéresse pas, comme si tout nous était une responsabilité étrangère qui n’est pas de notre ressort. » (Evangelii Gaudium n. 54). Nous ne pourrons pas être heureux tant que ces mains qui sèment la mort ne seront pas transformées en instruments de justice et de paix pour le monde entier.

10… Même un sourire que nous partageons avec le pauvre est source d’amour et permet de vivre dans la joie. Que la main tendue, alors, puisse toujours s’enrichir du sourire de celui qui ne fait pas peser sa présence et l’aide qu’il offre, mais ne se réjouit que de vivre à la manière des disciples du Christ.

Que sur ce chemin quotidien de rencontre avec les pauvres nous accompagne la Mère de Dieu, qui plus que tout autre est la Mère des pauvres… Puisse la prière à la Mère des pauvres rassembler ses enfants favoris et tous ceux qui les servent au nom du Christ. Que la prière transforme la main tendue en une étreinte de partage et de fraternité retrouvée.

Si vous voulez lire le message complet, veuillez svp consulter la page web suivante :

http://www.vatican.va/content/francesco/fr/messages/poveri/documents/papa-francesco_20200613_messaggio-iv-giornatamondiale-poveri-2020.html

Prière universelle pour la journée mondiale des pauvres

Un ministère de prise en charge (dans le Petit Echo n° 1114)

Certains de nos confrères, surtout dans les régions éloignées, n’ont peut-être pas la chance de lire le Petit Echo, soit à cause d’un problème de distribution postale, soit parce qu’ils n’ont qu’un accès Internet sur leur téléphone portable. Chaque fois que je lirai des articles particulièrement essentiels, je les publierai sur le site Internet sous forme de postes ordinaires, qui devraient être plus faciles à lire depuis un téléphone portable. Ne les manquez pas. 
Ph. Docq

Intégrité du ministère : un ministère de prise en charge

Peter Joseph Cassidy , M.Afr. (dans le Petit Echo n° 1114)

Depuis la création du ministère tel que nous le connaissons aujourd’hui, nous avons été mis au défi d’évaluer régulièrement notre approche à son égard. Pendant mes années de formation (milieu des années 90), le terme « intégrité du ministère » n’existait pas et la réalité n’était pas mentionnée, mais on sentait qu’il y avait un mot inexprimé en rapport avec l’intégrité de soi et du ministère ; si on l’avait adopté à l’époque, il aurait complété notre approche du ministère et de l’autoprise en charge dans tous ses aspects d’aujourd’hui. Heureusement, actuellement, cette attitude a changé et notre programme de formation intègre désormais cette réalité et, nous l’espérons, prépare mieux nos confrères à leur voyage missionnaire quotidien face aux défis qui y sont associés.

Depuis que j’ai prêté serment en décembre 1996, comme la plupart d’entre nous, nous avons tenu des rôles différents et variés au sein de la Société. Certains de ces rôles, nous y étions préparés ; d’autres, par la nature de notre vocation, nous les avons acquis sans grande préparation, voire sans aucune préparation. En regardant mes années de ministère, je peux honnêtement dire que le point de l’intégrité du ministère a été le plus difficile à assumer, au point de susciter colère et frustration. Depuis le moment de ma première nomination jusqu’à aujourd’hui, j’ai été personnellement confronté, et j’ai également dû confronter les autres dans leur approche de la conscience de soi et du ministère, ce qui n’a pas été une tâche facile. Le plus grand défi lorsque l’on se confronte à soi-même et aux autres est l’image que l’on donne de soi et la façon dont on laisse tomber sa famille et les personnes que l’on sert. Parfois, nous tenons pour certain notre rôle dans la vie et oublions le rôle et l’image que nous donnons à ceux que nous servons. Il existe un certain sentiment d’arrogance lié à notre vocation, né de l’histoire où les gens avaient peur de nous affronter, mais cette attitude a changé : les personnes que nous servons sont prêtes à nous affronter, à nous défier et à nous exposer si nous sortons de notre rôle aujourd’hui.

Mon expérience

Mon séjour en Irlande et maintenant mon retour en Afrique du Sud ont montré clairement que notre peuple veut que nous soyons honnêtes et fidèles à notre vocation. Avec le nombre d’ateliers auxquels j’ai participé et, actuellement, la tenue d’ateliers dans l’archidiocèse de Johannesburg en rapport avec la sauvegarde du ministère, je suis constamment surpris par le nombre de personnes qui assistent à ces ateliers. Cela suggère que les gens que nous servons nous crient qu’ils veulent que nous répondions à notre vocation avec intégrité. Cela suggère également qu’ils se soucient de nous et veulent nous protéger au point d’être prêts à nous aider, non pas à nous couvrir, mais à nous aider si nous empruntons un chemin difficile dans notre ministère et dans notre vie.

Nous devons être proactifs, plutôt que réactifs, et développer une approche positive de la supervision professionnelle. Je me souviens qu’au sein de notre Conseil provincial européen, j’ai posé une question sur cette supervision ; on m’a répondu que nous l’avons dans la direction spirituelle ; mais la supervision est différente de la direction spirituelle. Comme nous le savons, il vaut mieux prévenir que guérir. Je crois qu’il y a un besoin de supervision où nos besoins et nos préoccupations sont suivis par un professionnel qui reconnaît une spirale émotionnelle descendante. C’est le cas de toute aumônerie, où il faut prouver, dans le domaine civil, la fréquence de la supervision. Comme tout conseiller professionnel aujourd’hui, il s’agit de faire de même. Notre ministère a changé aujourd’hui, mais les défis restent les mêmes : sommes-nous assez humbles pour chercher à nous faire soigner par un professionnel ?

En tant que missionnaires d’Afrique, nous avons consacré beaucoup de temps et d’argent à « soigner » nos confrères. Il faut se demander s’il n’aurait pas été plus productif d’investir et d’encourager une supervision professionnelle qui nous permettrait d’avoir un miroir pour regarder notre vie et prendre soin de nous-mêmes. Tous ceux d’entre nous qui se disent missionnaires sont confrontés quotidiennement aux horribles histoires personnelles des personnes que nous servons, qui sont parfois le miroir de nos propres histoires. Une fois que ces histoires ne sont pas prises en compte, elles peuvent nous amener dans un endroit « sombre » qui, à son tour, nous affectera, nous et notre ministère. Notre peuple veut que nous soyons vrais et honnêtes dans nos activités ; cela ne peut être accepté que si nous sommes vrais et honnêtes envers nous-mêmes.

Dans notre Société

Cette même réalité doit être acceptée dans nos communautés de missionnaires d’Afrique. Nous devons également être forts pour affronter nos confrères et en prendre soin si nous les voyons s’engager sur un chemin difficile. Nous avons tendance à nous tourner d’abord vers nos supérieurs, en prenant l’option facile, plutôt que de nous soucier du problème et de confronter le confrère en question. Nos communautés doivent être un « lieu de sécurité » où l’on prend soin de nous et où l’on se sent pris en charge. Parfois, nos communautés ont été un lieu de douleur et de manque de soins. Nous devons développer des communautés qui se soucient des besoins des uns et des autres, en ne faisant pas la police, mais en utilisant les compétences que nous avons acquises, en traitant avec les personnes que nous servons et en les mettant en œuvre dans notre communauté immédiate. Vivre dans une communauté où l’on ne parle pas des problèmes (l’éléphant dans le coin) est très difficile alors qu’on épuise son énergie en soi-même, dans la communauté et dans notre ministère.

La supervision est un moyen de se soigner soi-même et a été mentionnée au dernier Chapitre, mais n’est-elle pas restée lettre morte ? Soyons tous assez humbles pour rechercher des soins par le biais de la supervision avant qu’il ne soit trop tard et construisons sur un ministère qui fait partie intégrante de l’image de Dieu.

Intégrité du ministère et ses conséquences dans l’apostolat (PE n°1114)

Certains de nos confrères, surtout dans les régions éloignées, n’ont peut-être pas la chance de lire le Petit Echo, soit à cause d’un problème de distribution postale, soit parce qu’ils n’ont qu’un accès Internet sur leur téléphone portable. Chaque fois que je lirai des articles particulièrement essentiels, je les afficherai comme des articles ordinaires sur le site web, ce qui devrait être plus facile à lire à partir d’un téléphone portable. Ne les manquez pas. 
Ph. Docq

L'intégrité du ministère et ses conséquences dans l’apostolat

Peter Ekutt, M.Afr. (dans le Petit Echo n° 1114)

Sincérité et humilité

Suite à la récente révélation de nombreux cas d’abus sexuels commis par des prêtres ou personnes consacrées, le pape François a écrit une lettre à l’ensemble du peuple de Dieu. Cette lettre est un cri. Un cri pour exprimer la honte et la douleur du pape et de toute l’Église face à ces scandales des abus sexuels et d’autres formes d’abus avec leurs blessures. Ce cri se joint à celui des victimes dont les blessures accompagnent toute la vie. Nous sommes tous secoués, missionnaires d’Afrique (pères blancs) comme toutes les autres congrégations ainsi que les communautés chrétiennes. La question la plus importante à nous poser n’est pas de savoir qui se trouve derrière ces scandales, mais plutôt ce que ces scandales révèlent de notre manière d’être missionnaires. Comment est-ce que ce cri peut nous aider comme missionnaires d’Afrique à apprendre du passé afin de devenir plus attentifs à l’intégrité de notre ministère. Cette question nous invite aujourd’hui à poser un regard dépassionné et moins stéréotypé sur cette crise, sur les personnes et sur les cultures. Il n’y a ni limite d’âge, ni expérience pastorale, ni culture à l’abri de ce mal. Tout le monde, malgré son âge et son expérience missionnaire, y reste exposé.

Échanges pendant une session avec des religieux, religieuses et prêtres diocésains du diocèse de Mahagji

Expérience de terrain

J’ai eu la chance d’animer une session à des religieux, religieuses et prêtres diocésains. Pour la mise en route de la session, j’ai demandé aux participants un travail de « Brainstorming » sur ce qu’ils pensaient de l’« abus sexuel » et de l’« abus du pouvoir ». L’expression des visages des participants m’a fait comprendre que ces questions les mettaient mal à l’aise : c’était inhabituel et demandait un courage exceptionnel. Alors on comprend que la stigmatisation, la méfiance, la culture du silence et le tabou règnent autour de ces sujets à divers degrés selon les milieux. En général, je constate qu’il y a aussi une mystification autour de ces sujets. La peur de plaintes, de stigmatisations et de la justice, mais aussi les liens familiaux, empêchent les gens d’en parler et de dénoncer les cas qu’ils connaissent pourtant bien.

S’agissant de nos communautés, certains confrères acceptent souvent qu’il y a des abus sexuels et des adultes vulnérables, mais pour balayer du revers la question, on y va par des phrases stéréotypées du genre : «mais c’est rare en Afrique », « cela ne se passe pas dans notre secteur ni dans notre communauté », « l’homosexualité est moins grave que la pédophilie », « coucher avec une jeune fille de 17 ans, ce n’est pas de la pédophilie puisque c’est elle qui est venue vers moi ». Même quand on parle de la politique de protection à signer dans notre Société, d’aucuns pensent que c’est un piège pour attraper les confrères. Je connais même des secteurs où le confrère chargé de la question n’ose pas ou ne veut pas diffuser les documents aux confrères, mais attend que les problèmes éclatent pour commencer à citer les grands principes et sévir. Cela explique en partie la méfiance envers les confrères qui sont dans cet apostolat. Nous sommes considérés comme des policiers à l’affût d’infractions pour incriminer. Ainsi, se développe un blocage sur le sujet.

Si, au milieu des peines et des joies, des succès et des difficultés, la Société des Missionnaires d’Afrique continue son pèlerinage 150 ans après sa fondation, les difficultés de l’intérieur restent toujours les plus douloureuses et les plus destructrices. Le scandale de l’abus sexuel, de l’abus de pouvoir, de l’abus addictif et de l’abus de confiance fait souffrir tout le corps de la Société. Voilà pourquoi nous essayons non pas de chercher les victimes, mais plutôt de sensibiliser les confrères sur ce que le pape Benoît XVI a appelé « la blessure ouverte dans le corps de l’Église » en général, et au sein de notre Société en particulier.

Le père Peter Ekkut (en boubou) lors d’une session avec les candidats missionnaires d'Afrique, étudiants en philosophie à Kimbondo (Kinshasa)

Apprendre à allier rigueur et humilité

Nos approches peuvent avoir leurs limites, nous ne le nions pas. Mais la vérité est têtue. En effet, sur le banc des accusés, on identifie non seulement des acteurs politiques et des opérateurs économiques, mais aussi des enseignants, des responsables de groupes de jeunes, des parents, des ecclésiastiques. Souvent nous sous-estimons la prévalence des abus sexuels envers des mineurs et des adultes vulnérables, mais, en pratique, force est de constater qu’il y a de pénibles traces et des dossiers qui coûtent des fortunes à la Société. Ainsi, cet article veut provoquer une réflexion sur l’intégrité de notre ministère. Le fait d’être chrétien — en particulier consacré — dit le pape François, « ne veut pas dire nous comporter comme un cercle de privilégiés qui croient avoir Dieu dans leur poche ».

Il importe donc de réfléchir sur la sévérité des règles à adopter dans tous nos établissements, pour prévenir des faits semblables et s’inscrire dans la logique du pape François qui demande « plus jamais cela », dans nos communautés, nos secteurs et nos provinces. Il est également important que la Société s’engage pour le respect des droits tant de la victime que de la personne mise en accusation ; qu’elle veille à ce que la vérité soit accompagnée de la charité, tant envers les victimes qu’envers les accusés, afin de les conduire sur le chemin de la guérison et de la réconciliation avec soi-même et avec la société.

Lors d’une campagne de sensibilisation des jeunes dans les ecoles de Mahagji sur “l'agression sexuelle”

« Prudence » est le maître-mot

« Il ne suffit pas que la femme de César soit honnête, elle doit aussi en avoir l’apparence ! » Voilà, selon Plutarque, la réponse du grand César en ce qui concerne la répudiation de sa femme Pompéia, soupçonnée sans preuve explicite de relations extraconjugales avec Clodius ; la leçon de cette histoire est que tout responsable public doit, non seulement être intègre, mais aussi éviter tout comportement pouvant mettre en cause son intégrité ; en régime chrétien, nous appelons cela PRUDENCE.

Pour vivre cette prudence en matière de protection des mineurs et des personnes vulnérables, il est important que les missionnaires respectent les limites des espaces privés de nos communautés missionnaires d’Afrique. Plusieurs maisons de formations, heureusement, ces temps-ci, insistent sur l’interdiction de recevoir les visiteurs dans nos espaces privés à savoir nos chambres à coucher et nos salles d’équipe. Cette décision des formateurs ou des communautés des maisons de formation est à saluer et à encourager ; cela montre le sérieux de notre engagement et forme de futurs missionnaires d’Afrique dans l’esprit du cardinal Lavigerie qui ne cessait d’appeler à cette prudence dans ses lettres adressées aux premiers confrères.

Le monde a changé et cela pour tout le monde y compris les clercs jadis considérés comme des saints vivants sur terre. Je perçois ici un appel pressant à tous : apprendre à allier rigueur et humilité, aussi bien au niveau individuel que communautaire.

Intégrité et mission, toujours d’actualité (PE n°1114)

Certains de nos confrères, surtout dans les régions éloignées, n’ont peut-être pas la chance de lire le Petit Echo, soit à cause d’un problème de distribution postale, soit parce qu’ils n’ont qu’un accès Internet sur leur téléphone portable. Chaque fois que je lirai des articles particulièrement essentiels, je les publierai sur le site Internet sous forme de postes ordinaires, qui devraient être plus faciles à lire depuis un téléphone portable. Ne les manquez pas. 
Ph. Docq

Intégrité et mission, toujours d’actualité

Stéphane Joulain, M.Afr. (dans le Petit Echo n° 1114)

Au début des années 1960, notre Société mit fin à la publication de ce que l’on appelait les directoires. Ces documents prévoyaient les différents aspects de la vie des missionnaires. On y retrouvait des directives très claires quant à la manière d’être en relation avec les autres : hommes, femmes et enfants, laïcs et religieuses. On y retrouvait des indications sur les lieux où recevoir les personnes que les missionnaires accueillaient : dans les bureaux, jamais dans les chambres, etc. La Société était consciente depuis le début de sa fondation des limites de la nature humaine et des risques que ces limites faisaient planer au-dessus de l’œuvre des missions. Puis, plus rien. Les vents de liberté des années 1960-70 balayèrent ces documents. Seule la conscience individuelle devait être le guide pour discerner la moralité et l’intégrité de l’action du missionnaire.

Cette méconnaissance de la nature humaine, pour une Église qui s’autoproclamait pourtant par la voix de Paul VI comme « experte en humanité », amena de nombreux maux. Même s’ils n’étaient pas nouveaux, ces maux furent dramatiques pour beaucoup. Le risque, en supprimant toute forme de discipline ou de législation, est que l’individu se retrouve confronté à la dictature de son ego et de sa toute-puissance. Si l’individu n’a pas internalisé un cadre inhibiteur à sa toute-puissance, les dérives sont un risque très réel. L’apport d’un cadre inhibiteur externe, qui rappelle la loi fondamentale du respect de l’altérité du prochain, est alors indispensable. Autrement, le risque est trop grand que ce qui est central ne soit plus l’annonce de la Bonne Nouvelle du Christ ressuscité, mais l’annonce de la supériorité du missionnaire sur le reste des fidèles.

Heureusement, la vaste majorité des missionnaires sont des hommes de foi et de moralité, entièrement donnés à la mission du Christ, avec leurs limites certes, mais avec une générosité et un amour du prochain évidents. Toutefois, certains se sont glissés dans notre Société avec une intégrité moindre, et ils se sont alors servis de leur prochain ; ce sont les mercenaires pour lesquels « les brebis ne comptent pas vraiment », dont parle le Christ (Jn 10,13) ; ce ne sont pas des missionnaires.

Mesures récentes

Il était donc devenu important d’avoir dans notre Société des cadres clairs pour protéger ceux que nous servons. Pour cela, dès 2008, notre Société s’est dotée de ses premiers instruments pour encadrer le ministère auprès des plus vulnérables. Ces instruments ont été révisés régulièrement jusqu’à nous donner notre Politique actuelle sur la prévention des abus (2015), ainsi que différents outils du vade-mecum pour la gouvernance ou pour la formation initiale. Au niveau des provinces et des secteurs, différents instruments plus contextualisés ont été élaborés.

Certains, bien souvent les confrères ayant le plus de difficulté avec leur toute-puissance, les ont perçus comme une limitation de leur liberté. Mais ces instruments ne sont pas là pour limiter la liberté, mais pour protéger les plus faibles.

Certaines infoxs (fakenews) ont alors commencé à circuler ; par exemple, affirmer que l’on ne pouvait plus toucher les enfants même pour les bénir ; dire qu’une chasse aux sorcières était organisée ; que le coordinateur à l’intégrité du ministère (CIM) était le nouvel inquisiteur ; que le droit canonique et notre serment seraient suffisants, etc.

Ces infoxs sont autant de fantasmes qui reflètent la difficulté à intégrer de nouveaux paramètres de travail missionnaire et la difficulté de certains à sortir de la toute-puissance. Cela reflète aussi une autre difficulté : celle d’intégrer l’obéissance à la chasteté.

Soyons ici très clairs, il n’a jamais été interdit de « toucher chastement » les enfants pour les bénir. En Afrique, c’est fréquent à la fin de la messe de voir les petits venir vers le prêtre pour recevoir leur bénédiction ; c’est une belle expérience évangélique ; cela, il n’est pas question de l’interdire. Ce n’est pas ce qui se passe devant tout le monde qui est source d’inquiétude, c’est ce qui se passe derrière des portes closes, loin du regard inhibiteur d’autrui, qu’il faut encadrer.

De même aucune chasse aux sorcières n’est organisée mais, comme demandé par l’Église universelle et les successeurs de l’apôtre Pierre, nous devons répondre à un devoir de justice envers celles et ceux qui ont souffert des comportements de certains de nos confrères et ont dû vivre pendant des dizaines d’années, parfois toute leur vie, avec des conséquences dramatiques, pendant que le confrère, auteur des abus, continuait lui à jouir de tous les bienfaits de notre petite Société.

Le CIM n’est pas non plus un inquisiteur. Les seules personnes pouvant exercer le pouvoir de gouvernance dans notre Société concernant ce genre d’affaires sont le Supérieur général et les provinciaux. Ils sont les seuls autorisés à entreprendre les procédures canoniques qui pourraient s’imposer. Le CIM agit simplement comme conseiller et peut parfois rappeler le cadre de la loi.

Finalement, ni le droit canonique ni notre serment ne sont des instruments suffisant pour assurer une prévention efficace et une protection maximale des plus vulnérables. C’est pour cette raison que le Vatican, en particulier la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, a dû compléter les outils à sa disposition pour œuvrer à rendre la maison Église plus sûre. Tous les diocèses du monde, les congrégations religieuses et les Instituts de vie consacrée ont aussi été invités à le faire. Nous devrions nous réjouir que, depuis 2008, nous ayons de tels instruments dans notre Société.

Mahagi Sisters
Après une session du Père Peter Ekkut aux religieuses de Mahagi sur la protection des enfants et des personnes vulnérables

Le serment ne parle pas de la protection des plus vulnérables ; peut-être devrait-il le faire ? C’est une question légitime. Dans le passé, le serment n’incluait pas la formule d’engagement au célibat, puis elle fut introduite. Pourquoi ne pas introduire une petite formule dans laquelle nous nous engagerions à respecter l’intégrité physique, morale et spirituelle des personnes que nous servons ?

Le cardinal Lavigerie

Notre fondateur était très conscient des risques de l’apostolat missionnaire sans cadre précis. Je l’avais déjà rappelé dans un numéro précédent du Petit Écho. Notre archiviste à la maison généralice me partagea récemment un autre texte intéressant de notre vénéré fondateur. Alors qu’il était bloqué à Carthage à cause d’une épidémie de choléra (circonstances passées qui nous semblent aujourd’hui plus familières), il écrit, en 1885, aux missionnaires en retraite spirituelle. Au milieu de différents encouragements face aux critiques extérieures, il signale toutefois une situation de dérive intérieure inquiétante déjà à l’époque : « C’est donc à vous, mes chers enfants, que je m’adresse aujourd’hui.

La malice et l’audace de vos ennemis échappent à votre action et vous devez être résignés à les subir. Mais ce qui dépend de vous, c’est d’éviter tout ce qui pourrait dans votre vie de missionnaires refroidir le cœur de Dieu, arrêter le cours de ses bénédictions et amener ainsi une ruine bien plus douloureuse encore et plus irrémédiable que celle qui viendrait du dehors (…) Par suite des plus graves motifs et dans la crainte de malheurs à jamais déplorables, je me vois obligé de mettre un terme aux rapports trop fréquents et trop étroits qui existaient presque partout entre les sœurs et les missionnaires. Je laisse à votre père supérieur le soin de vous donner à cet égard les éclaircissements et les détails que la prudence m’empêche de confier au papier. Je me borne à dire que, de plusieurs côtés à la fois, 1l m’est arrivé, de personnes les plus graves et les moins suspectes de partialité, des observations et des plaintes sur ces rapports trop multipliés et sur les calomnies qui en étaient la conséquence. Après avoir donc pesé devant Dieu toutes ces considérations, J’ai décidé également de séparer complètement, au moins pour un temps et jusqu’à ce que les congrégations aient vieilli, la direction des sœurs et celle des missionnaires, quant à sa direction générale et particulière. » (Cardinal Lavigerie, Anthologie de textes, volume V (1885-1887), 29e texte : Lettre aux missionnaires réunis pour leur retraite annuelle à Maison-Carrée, 19 septembre 1885).

Notre fondateur était un visionnaire et un homme d’intégrité morale certaine. Il savait tous les dégâts que peuvent faire certains comportements : dégâts sur les personnes, dégâts pour l’annonce de la Bonne Nouvelle. Puissions-nous puiser à son exemple notre détermination et l’intégrité nécessaire à notre mission !

+ Herman Verhaeghe

Ce n’est pas notre habitude d’annoncer le décès de nos ex-confrères, mais vous comprendrez en lisant ce billet de Jef Vleugels, ancien Provincial de Belgique et actuellement archiviste du Secteur, que cet ex-confrère a sans doute connu et rendu beaucoup de services à bien des confrères. Voilà pourquoi, nous publions cette notice envoyée par Jef Vleugels. 

Nous venons d’apprendre le décès d’un ex-confrère, Monsieur Herman Verhaeghe, à Heverlee, le mardi 27 octobre, époux de Madame Maria Concetta Casarano et papa de Benedikt, David et Sarah.

Herman est né à Izegem en Flandre occidentale, le 24 juillet 1928. Après les humanités gréco-latines dans sa ville natale, il entra chez les Pères Blancs à Boechout en septembre 1946. Après le noviciat à Varsenare, il partit en septembre 1949 pour Thibar et Carthage pour la théologie. Après son serment missionnaire à Thibar le 27 juin 1952, il est ordonné prêtre le 5 avril 1953 à Carthage. Il fait ensuite un doctorat en Droit canonique à la Gregorienne à Rome.

Pendant son service militaire à l’université de Louvain, il remplace temporairement le titulaire du droit canon au scolasticat de Heverlee, le père Edgard Declercq, qui s’est cassé une jambe pendant un match de football contre les Scheutistes. Début mai 1957 Herman part pour le grand séminaire de Baudouinville, où il enseigne jusqu’en 1960. De 1960 jusqu’en 1964 il est professeur et depuis 1963 également recteur de notre grand séminaire de Carthage. En 1964 il est chargé de fermer définitivement la maison. Le 1er janvier 1964 on l’appelle à Rome comme Procureur général de la Société. Les dernières années dans cette fonction, il était également “Defensor vinculi” auprès du tribunal de la “Sacra Rota” au Vatican. Il était fier du rôle qu’il avait pu jouer dans le déroulement rapide du procès de béatification des Martyrs baganda. Durant les années après le Concile, Herman a aidé nombre de confrères désireux de quitter dans l’élaboration de leur dossier…

En 1973 lui-même décide de quitter. Il obtient la “dispensatio ab omnibus” (en d’autres mot le retour à l’état laïc) et se met en quête d’un travail comme traducteur assermenté (français, italien, anglais). Dans l’église de La Cambre il épouse Madame Maria Concetta Casarano. Il trouve un emploi à la banque KBC, où il devient en 1982 regional manager Africa. Leurs trois enfants réussissent fort bien leurs études. Lorsqu’en 1994 il est officiellement pensionné, Herman continue à travailler comme interprête et traducteur.

Herman et Concetta habitèrent à Heverlee. Une dizaine de petits-enfants vinrent compléter la famille. Chaque dimanche Herman en Concetta assistèrent fidèlement à l’eucharistie chez les jésuites de la chaussée de Wavre. Jusqu’à ce qu’il tomba malade et reçut le sacrement des malades. Il s’est éteint doucement le mardi 27. “Il a toujours parlé avec éloge et considération du temps qu’il a passé chez vous”, nous écrit sa fille Sarah. Et d’ajouter qu’une présence PB à l’adieu serait appréciée. Yvo et moi y serons mardi prochain.

Jef Vleugels, M.Afr.

Un siècle d’histoire de l’Eglise d’Afrique devant vous !

Un siècle d'histoire de l'Eglise d'Afrique devant vous !

Mini-Lien du Secteur France – 1er Novembre 2020 – Editorial

 « Évidemment, évidemment, on rit encore pour des bêtises comme des enfants… mais pas comme avant, pas comme avant », chantait France Gall sur des paroles de Michel Berger, après le départ d’un être qui lui était très cher. Ah le vide ressenti après un décès! Et il faut reconnaître que lorsqu’en ce 2 novembre nous visiterons les caveaux de nos confrères décédés, nous prendrons encore un peu plus conscience à quel point ils nous manquent.

Les noms sont gravés dans le granit, mais moins profondément que dans nos cœurs ou tout au moins dans nos mémoires. Plus rien en effet ne sera « comme avant ». Et cette triste année 2020 va marquer indélébilement nos mémoires : seulement en France – et l’année n’est pas terminée – 20 confrères nous ont quittés et c’est énorme.

Qui plus est, trop d’entre eux sont partis sans aucun confrère pour les accompagner, portés à la morgue par des fantômes en tenue de films d’horreur et puis tout aussi directement au cimetière sans passer par la case obligée d’une chapelle ou d’une église. Inhumain ! Non, ils ne se sont pas dévoués tant d’années en Afrique au service de l’Évangile, portés par un renoncement improbable propre aux Pères Blancs pour finir comme cela ! Ils ne méritaient pas ça ! Et pendant que les pompes funèbres faisaient leur travail, nous les « vivants » nous étions seuls dans nos chambres les yeux secs, mais le cœur bouleversé, murmurant sans fin comme pour stimuler notre espérance: « Ô mort, où donc est ta victoire ? »

Heureusement, la foi et la raison ont vite fait de prendre le dessus au point même de nous rendre plus forts ; la fête de la Toussaint est là pour nous le rappeler : « Oui, nous le savons », nos confrères sont vivants, et pour toujours, à l’apogée de leur vie active missionnaire et sacerdotale. Et leur départ, aussi douloureux a-t-il été, n’était que leur ultime épreuve, celle-là même qu’a vécue le Christ avant sa résurrection. Oui, ils sont vivants et nous y croyons profondément.

Comment alors, en ce 2 novembre, ne pas partager la fierté que nous sommes en droit de ressentir en voyant tout ce que Dieu a réalisé à travers eux en Afrique ou ailleurs ? Ce n’est pas pour rien qu’Il a choisi ses ouvriers dans une diversité et une richesse incroyables ; chacun d’eux a travaillé à sa façon à la vigne du Seigneur apportant à l’immense vitrail de la Mission ce petit coup de pinceau personnel qui lui donne toute sa luminosité : tous les champs humains comme spirituels ont été merveilleusement labourés depuis 150 ans. Et c’est bien cette diversité qui a fait de l’Église d’Afrique la perle qu’elle est aujourd’hui.

Mais la fête de Toussaint est aussi celle du pardon ou de l’oubli selon nos conceptions. Le départ de nos confrères en effet a aboli en nos mémoires tout le négatif qui leur était reproché de leur vivant. Et surtout, avec du recul, ce que nous pensions être des défauts n’a-t- il pas été finalement utile, voire nécessaire à la construction de l’Église d’Afrique ? C’est fou ce qu’elle a pu progresser grâce à toutes les imperfections de ses ouvriers !
Ce sont bien ces petites, mais nombreuses croix qui l’ont façonnée, et ce sont de multiples petites croix qui façonnent encore et toujours ce chef-d’œuvre en devenir. Ce sont les ombres qui depuis toujours font ressortir la splendeur de la lumière et des couleurs ! C’est alors que nous revient cet aveu réconfortant de Saint-Paul : « Quand je suis faible, c’est alors que je suis fort ! » « Tout est grâce ! » écrivait Bernanos.

Au cimetière de Bry comme dans d’autres cimetières, 10 caveaux « Missionnaires d’Afrique » sont alignés avec des dizaines de noms gravés dans la pierre, dans le ‘Livre de vie’. À un jeune couple venu se recueillir sur la tombe de leur oncle, je me suis permis de dire avec fierté : « Vous avez devant vous plus d’un siècle de l’histoire de l’Église d’Afrique. »

Rendons grâce à Dieu pour nos confrères décédés ! Qu’ils reposent en paix !

Père Clément Forestier, M.Afr.

Ecoutez ces belles paroles de Michel Berger, chantées par France Gall, en mémoire de nos confrères décédés depuis le 2 novembre 2019.

[wonderplugin_audio id="10"]
NomNation

Adriaan van de Laak, R.I.P.

Société des Missionnaires d'Afrique

Le Père Jozef de Bekker, Délégué Provincial du secteur des Pays-Bas,
vous fait part du retour au Seigneur du Père

Adriaan van de Laak

le samedi 31 octobre 2020 à la Maison de Soins de Horn (Pays-Bas)
à l’âge de 99 ans dont 75 ans de vie missionnaire
en RD Congo et aux Pays-Bas.

(plus…)

Le Père Rosner, “baptisé” Abooki

Le Père Rosner, 'baptisé' Abooki

Par Matthias Mazinga

Dans sa rubrique « Célébrons la Vie » du dimanche 25 octobre 2020, le premier quotidien ougandais “New Vision” a publié, sous la plume de son journaliste Matthias Mazinga, un hommage en l’honneur de notre confrère le Père Gotthard Rosner, décédé le 2 septembre dernier. Merci à Otto Katto pour nous en avoir envoyé la copie.

Rev. P. Gotthard Rosner

‘Abooki’

Du : 5 mai 1941
Au : 2 septembre 2020

Le révérend père Gotthard Rosner Abooki, en Ouganda dans les années 1970, était l’un des confrères de la Société Catholique Missionnaire des Pères Blancs (alias Missionnaires d’Afrique), qui a servi la congrégation et l’Eglise en Afrique avec un amour et un dévouement total.

Après son ordination sacerdotale en 1968, Rosner a été affecté à la paroisse catholique de Mugalike à Hoima, où il a travaillé en tant que vicaire puis curé de 1969 à 1973. Il a ensuite enseigné aux futurs prêtres au grand séminaire national d’Alokulum à Gulu (1977-79). Rosner a ensuite servi la congrégation et l’Église ailleurs en Afrique, en Europe et aux États-Unis.

Le temps que Rosner a passé en Ouganda a été de toute évidence le plus mémorable de sa vie. Il est resté en contact avec les chrétiens de la région de Mugalike et de Gulu, même après avoir été déplacé d’Ouganda. On se souvient généralement de Rosner comme d’un missionnaire pieux, qui prêchait l’évangile avec une admirable dévotion. Il a touché les gens partout où ils se trouvaient et leur a prêché l’évangile du salut. Rosner a permis aux gens de connaître et d’expérimenter la bonté de Dieu au travers de ses paroles et de son exemple.

En raison de sa vie vertueuse et de ses admirables qualités de prêtre, les chrétiens de Mugalike ont donné à Rosner (dont ils prononçaient le nom Gotihati) des noms traditionnels tels que Atalyeeba (celui qui ne pourra jamais être oublié), et Abooki, un nom d’animal de compagnie populaire (empaako) des Banyoro. Les habitants ont également donné à leurs enfants le nom de Gothard en reconnaissance de son ministère sacerdotal.

Josephine Kasaija Bigabwa, une paroissienne de Mugalike (qui est également la vice-présidente en exercice de l’Association des résidents extérieurs du diocèse de Hoima), est l’une des chrétiennes qui se souvient de Rosner avec beaucoup d’admiration. “C’était un prêtre terre-à-terre, qui se mêlait volontiers aux habitants et vivait aussi leur culture. Il a appris et parlé le runyoro encore mieux que certains banyoros. Il pimentait toujours ses homélies avec des proverbes intéressants. Ses homélies fascinantes attiraient les gens à l’Église. Sa générosité est aussi considérable. Il a aidé des centaines d’enfants nécessiteux et de femmes vulnérables. Il a soutenu des maisons de bienfaisance pour enfants. Son engagement en faveur des enfants était si solide que ceux-ci ne voulaient jamais le quitter après la messe. Les enfants voulaient aussi l’accompagner chaque fois qu’il était déplacé vers un autre poste de mission”.

Peter Bernard Kidega, un membre de la paroisse catholique de Layibi (Gulu), admirait également le Gothard, le qualifiant de “merveilleux prêtre dont on garde de doux souvenirs”. C’était un prêtre désintéressé et diplomate. Il servait le Seigneur de tout son cœur. C’était un vrai missionnaire de l’Afrique, qui aimait les Ougandais et tous les Africains”.

Un chrétien, qui a vécu au Lacor dans les années 1970, a également parlé avec gentillesse de Rosner. “Le père Rosner a payé les frais de scolarité de mon fils de la première année primaire à la sixième année secondaire. Lorsque notre maison a été pillée pendant la guerre de 1979, il nous a apporté des tasses, des assiettes et des casseroles de Nairobi et nous a aidés à reconstruire notre vie”.

L’évêque Vincent Kirabo du diocèse de Hoima a qualifié le Gothard de serviteur dévoué de Dieu. “J’ai eu l’occasion de collaborer avec lui lorsqu’il était encore ici. Il avait cette capacité unique de garder l’intérêt et de rester en contact avec les lieux et les personnes qu’il rencontrait”.

Contre toute attente, il a apporté un soutien énorme à la construction du centre de santé Mugalike III, longtemps après avoir quitté la paroisse. Il a écrit des lettres aux chrétiens, demandant à être informé des dernières nouvelles concernant la paroisse, les chrétiens et les projets de l’église.

Le dialogue œcuménique et interreligieux autour de Kampala (EAP Flashes n° 28)

Le dialogue œcuménique et interreligieux autour de Kampala

Kampala est au centre des principaux aspects de la vie de la nation ougandaise : la politique, l’économie, l’éducation, la santé, sans oublier la religion. Sa population est la plus diversifiée sur le plan religieux comparée à toute autre partie de l’Ouganda. Les sièges de l’Église catholique, de l’Église d’Ouganda, de l’Église orthodoxe et de l’Islam sont tous ici. La plupart des églises pentecôtistes ont leurs églises principales ici. Les deux conseils œcuméniques et interreligieux nationaux – le Conseil chrétien mixte d’Ouganda (UJCC) et le Conseil interreligieux d’Ouganda (IRCU) – ont leur siège ici.

La population de Kampala est donc naturellement multiconfessionnelle et est destinée à le rester à l’avenir. Les interactions et la vie interreligieuses et œcuméniques font partie intégrante de la vie des gens, que ce soit dans les quartiers résidentiels ou non. On peut dire qu’à Kampala, ce qui unit les gens de différentes confessions est plus fort que ce qui les divise et les oppose les uns aux autres.

Tous les partis politiques de ce pays ont leur quartier général ici à Kampala et cherchent à se doter d’une identité religieuse tant au niveau de leur présidence que de leurs membres. Dans la même veine, Kampala étant le siège du Royaume du Buganda, l’esprit œcuménique et interreligieux est plus prononcé dans sa population qu’ailleurs. Le Kabaka est le roi pour tous, indépendamment de leurs affiliations religieuses, et la plupart des activités initiées et promues par le Royaume sont inclusives.

Les mariages interconfessionnels sont l’un des défis pastoraux qui, à mon avis, est plus aigu à Kampala que dans toute autre partie du pays. Un certain nombre de couples, mariés à l’église ou non, vivent dans cette situation et il existe un grand besoin d’une catéchèse œcuménique – interreligieuse adaptée et de lignes directrices pastorales sur cette question particulière.

À Kampala, la solidarité œcuménique et interreligieuse se pratique surtout dans l’adversité et la souffrance : la pauvreté dans un nombre croissant de bidonvilles, les crimes et les injustices, sans oublier la mort qui survient plus souvent en ville que dans les villages. L’une de ces adversités s’est produite récemment lorsque l’une des églises protestantes de Kampala a été démolie par des personnes qui prétendaient être propriétaires du terrain sur lequel elle était construite. La solidarité qui s’est manifestée à cette occasion de la part de toutes les personnes, indépendamment de leur foi, a été une voix prophétique forte qui nous a rappelé l’importance et le rôle clé de la religion dans notre société.

Eglise St. Pierre à Ndeeba

Du côté officiel du dialogue œcuménique et interreligieux, les interventions des deux conseils œcuméniques et interreligieux nationaux mentionnés ci-dessus sont plus efficaces à Kampala qu’ailleurs dans le pays. Leurs interventions, souvent sur des questions de justice et de paix, par exemple, concernant la violation des droits de l’homme, la gouvernance et la démocratie, etc. deviennent le sujet de conversation du jour dans la ville.

Enfin, il convient d’observer que si “ce qui unit les personnes de différentes confessions à Kampala est plus fort que ce qui les divise et les oppose les unes aux autres”, il existe également une crainte – fondée ou non – chez certains chefs religieux et fidèles laïcs de différentes communautés religieuses à l’égard les uns des autres. Il est également triste de constater que certaines activités œcuméniques communes, comme par exemple la semaine annuelle de prière pour l’unité des chrétiens, ont récemment connu un certain relâchement. La pandémie COVID-19 pourrait-elle être un rappel de Dieu de la nécessité de renforcer notre coexistence pacifique et notre collaboration œcuménique et interreligieuse ? En fait, les habitants de Kampala ont été plus touchés par la pandémie que ceux des autres régions du pays.

Père Richard Nnyombi, M.Afr.