La justice sociale n’est pas simplement un concept abstrait : c’est une nécessité vitale pour les communautés aux prises avec des inégalités et des injustices systémiques. Dans les rues animées de Kampala, en Ouganda, le Sharing Youth Centre (SYC) se présente comme une lueur d’espoir, s’efforçant de relever les défis multiformes auxquels sont confrontés les jeunes de la région. Depuis ses modestes débuts, SYC est resté fidèle à sa mission de lutter contre l’injustice sociale et de promouvoir un accès équitable aux ressources, aux opportunités et aux droits pour tous.
Les racines de l’injustice sociale sont profondes, en particulier dans les communautés marginalisées comme Nsambya, où des barrières structurelles entravent l’accès aux nécessités de base, telles que l’éducation et l’autonomisation économique. Nsambya abritait et abrite encore certains bidonvilles de Kampala, tels Katwe, la caserne de police, d’anciens quartiers ferroviaires. De nombreux jeunes suivis par le SYC viennent de zones déchirées par la guerre et de régions pauvres, cherchant refuge dans le paysage urbain de Kampala. Le SYC accueille des réfugiés des pays voisins comme le Soudan, l’Érythrée, le Burundi, la République démocratique du Congo, etc. La plupart de ces étudiants sont accueillis, hébergés et nourris. Leurs frais de scolarité et leurs uniformes scolaires sont payés grâce à l’aide de partenaires qui nous soutiennent financièrement.
Les activités du SYC
A leur arrivée, ils se retrouvent souvent piégés dans un cycle de pauvreté et de désespoir, avec des possibilités limitées de croissance personnelle et professionnelle. En réponse à ces défis, SYC a mis en œuvre une série d’initiatives visant une autonomisation holistique. L’éducation est au cœur de leurs efforts, avec des programmes professionnels et techniques offrant aux jeunes les compétences pratiques nécessaires pour s’épanouir sur un marché du travail compétitif. L’une des fonctions les plus importantes du SYC et de son personnel est de savoir comment localiser ces jeunes pauvres, afin de leur fournir les services dont ils ont besoin. L’enseignement professionnel et technique semble négligé en Ouganda et de nombreux étudiants ne voient pas son importance, d’où le faible taux de scolarisation qui touche notre centre.
De plus, des efforts de plaidoyer en collaboration avec des partenaires tels l’ICEP (International Clean Energy Partnership), Kindermissionswerks, Hetzerath (une localité en Allemagne) et ADA, ont cherché à apporter des changements politiques et à faire respecter les droits légaux, garantissant que les voix marginalisées soient entendues et respectées. En outre, SYC reconnaît l’intersectionnalité des questions de justice sociale, en particulier en ce qui concerne l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes. Environ 70 % de nos étudiants sont des femmes qui, grâce à ces cours, peuvent trouver un emploi et vivre une vie meilleure.
Grâce à des programmes sur mesure dans les domaines de la fabrication de savon, de la restauration et du batik tie and dye, les femmes acquièrent les compétences et les ressources nécessaires pour atteindre l’indépendance économique. De plus, des initiatives menées par les jeunes se concentrent sur l’entrepreneuriat et la création d’emplois, permettant ainsi aux jeunes de devenir des agents de changement au sein de leurs communautés. Mon parcours avec SYC a été à la fois enrichissant et transformateur.
Mon expérience personnelle
En tant que ministre au sein de l’organisation, j’ai été témoin direct du profond impact de nos programmes sur la vie d’innombrables personnes. Qu’il s’agisse de fournir un refuge aux jeunes vulnérables ou de favoriser des processus décisionnels inclusifs, SYC incarne les principes de justice sociale en action. L’écoute et l’amplification des voix de la communauté sont au cœur de notre approche, garantissant que les besoins et les aspirations de ceux que nous servons sont entendus et pris en compte. De plus, l’établissement de partenariats et de collaborations avec des Églises locales et des ONG a contribué à élargir notre portée et notre impact.
En s’attaquant de front aux déséquilibres de pouvoir et aux problèmes systémiques, le SYC reste fidèle à son engagement à promouvoir la justice sociale et à créer une société plus équitable pour tous. La croissance spirituelle des jeunes n’est en aucun cas négligée. Les messes quotidiennes et les messes dominicales sont les normes du SYC. Tout comme nous fournissons aux jeunes des connaissances et la possibilité d’une inclusion financière à l’avenir, le concept de vie de prière est également très important. Des groupes de jeunes tels que Youth Alive, Catholic Youth Professionals, Xaverians et Sunday School offrent également des moyens de former les jeunes contre la drogue et la toxicomanie, la violence et la criminalité. Ensemble, ils se construisent eux-mêmes et construisent leur communauté. Il ne s’agit cependant pas d’une séance d’endoctrinement mais d’une plateforme d’évangélisation.
En conclusion, la poursuite de la justice sociale n’est pas simplement un noble idéal, mais un impératif tangible pour les communautés du monde entier. Grâce aux efforts inlassables d’organisations comme Sharing Youth Centre et Sharing Youth Centre Vocational and Business Institute-Nsambya, nous pouvons tendre vers un avenir où chaque individu, quels que soient ses antécédents ou ses circonstances, a la possibilité de s’épanouir et de contribuer au bien-être collectif de la société. Cela se fait grâce à la création d’un environnement propice permettant aux jeunes d’apprendre des métiers, tels que la coiffure, la thérapie esthétique, la restauration, la gestion hôtelière, la couture, la soudure, la menuiserie et l’agriculture. D’autres activités qui aident les jeunes à surmonter ces défis et ces moments difficiles comprennent le football, le basket-ball, le volley-ball, le netball, le break dance, les œuvres d’art, le karaté, la boxe, le badminton et le baseball. Alors que nous sommes confrontés aux innombrables défis de notre époque, restons fermes dans notre engagement en faveur de la justice, de l’égalité et de la dignité pour tous.
Par: Berthrand Dakyie, M.Afr.